1914 - Pupille de la Nation - 1918
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CENTENAIRE DE LA GRANDE GUERRE 1914 - 1918 Vous pouvez naviguer dans l'album en cours ou
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1914 | Août | Septembre | Octobre | Novembre | Décembre | |||||||
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1916 | Janvier | Février | Mars | Avril | Mai | Juin | Juillet | Août | Septembre | Octobre | Novembre | Décembre |
1917 | Janvier | Février | Mars | Avril | Mai | Juin | Juillet | Août | Septembre | Octobre | Novembre | Décembre |
1918 | Janvier | Février | Mars | Avril | Mai | Juin | Juillet | Août | Septembre | Octobre | Novembre |
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Nolay 14 juin 1918 Je vous embrasse et souhaite bonne santé, pour moi, je m'ennuie, je suis exempt de service hier et aujourd'hui. Hier, le dentiste m'a arraché les dents, je n'en ai plus une, il les a insensibilisées; ce n'est pas que cela m'a fait trop de mal mais ça fait une drôle de bouche, pour manger, ce n'est pas bien commode, surtout le pain, je force sur la soupe; hier ça a saigné pas mal, aujourd'hui il n'y a que les gencives tendres qui font mal. Je ne sais pas quand on me mettra mon râtelier, ça demande 2 ou 3 semaines mais comme mes dents étaient bien ... |
Le régime
alimentaire et l'hygiène de vie n'ont pas
dû être étrangers à
la perte de ses dents. Il devra se les faire toutes arracher pour se faire poser un appareil à l'hôpital militaire. Quand on sait ce que les soins dentaires sont douloureux, on peut imaginer ce que cela devait être dans ce milieu, avec les moyens dont ils disposaient surtout pour tant d'extractions simultanées ! On pourrait imaginer qu'il va profiter de l'arrêt pour se reposer ou au moins éviter certaines contraintes. Et bien non, veut déjà reprendre du service.... (je suppose que le décès très récent de son frère devait le faire culpabiliser). |
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Bourges 28 juin 1918 Ma chère Jeanne Depuis quelques jours, j'attends en vain une lettre de toi. J'espère que ce n'est qu'un retard et qu'il ne t'arrive rien qui ne t'ennuie. Pour moi, la santé va son train, jeudi et vendredi après mardi, le voyage du polygone que l'on connaît un peu, jeudi conducteur de chevaux; entre ça théories, voilà une semaine et bientôt un mois de passé, on annonce des bonnes nouvelles, tant mieux et que ça continue dans ce sens là, ça ne va jamais... |
Il est probable qu'entre
l'hôpital militaire et son retour au
dépôt, les courriers aient eu du mal à
retrouver le poilu... Le moral est plus que bon pour un soldat qui reprend ses missions, sans ses dents et probablement sans prothèse. Il recommence donc à acheminer des prisonniers, des chevaux et enseigne aux bleus... l'élocution ne devait pas être à son meilleur niveau ! Quelles bonnes nouvelles avait-il eu ? Depuis 4 années, la fin proche était toujours espérée, annoncée, je ne crois pas qu'il était déjà question de l'armistice dans les cours de casernes... |
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De
son côté, le beau-père de Papy-Louis
(qu'il ne connaîtra pas en tant que tel puisqu'il
décédera en octobre 1918, de la grippe espagnole (voir
la page
sur la grippe espagnole) ,
se trouve affecté dans une entreprise pour y faire
du bois de sape (pour la réalisation des sapes,
d'où le nom de sapeur). Il écrit (ci-dessous) sur un dos de facture de son entreprise, créée par les parents en 1873 et tenue pendant ce temps par son épouse (ma grand-mère maternelle - belle-mère de papy-Louis) pour lui donner des conseils de vente et de plantations (ils étaient maraîchers et négociants en légumes ). |
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Dimanche le 30 Juin 1918 Mes Chères Céciles, Je reçois ta carte du vendredi 28 J. Je vois que vous avez encore beaucoup d'embarras pour tout ce foin, enfin il... 2° il ne fait nullement bon à expédier des marchandises sur Paris et dans les environs de Paris sans toute, la marchandise payée d'avance car en ce moment, il y a des réfugiés de Paris et Juvisy chez Madame Lambert, ils disent que c'est intenable Paris et les environs sont bombardés tous les jours donc il vaut mieux s'abstenir que d'envoyer sans les fonds à l'avance. ... Pour le charbon, je vous ai écrit il vaut 50 francs les deux sacs... |
Pour l'explication, son épouse et sa fille d'à peine 6 ans à cette date (future épouse de papy-Louis) portaient le même prénom. Le courrier de plusieurs pages donne les instructions et conseils pour faire au mieux avec les cultures, les achats et les ventes. Bien sûr comme tout poilu, il s'inquiète pour la santé de son épouse qui se donne souvent trop au travail physique. Cette partie concernant les incitations à ne pas envoyer de marchandises sans garanties sur Paris correspond bien aux informations dont nous disposons aujourd'hui puisqu'elle fait état de lourds bombardements destructifs et meurtriers sur la capitale entre le 20 et le 30 juin 1918, en particulier le 26. Ce furent les derniers bombardements importants avec la grosse Bertha ... C'est toujours la pénurie et, entre le coût élevé et les difficultés d'approvisionnement, il faut penser à l'hiver prochain...sera-t-il encore un hiver de guerre ? |
Bien sûr ils ont eu l'occasion de s'entraîner nos poilus pendant les nombreuses périodes militaires avant la guerre mais le combat... c'est autre chose !
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Nous avons laissé l'Oncle
André les derniers jours de mai 1918 sur une
opération de retraite lors de la bataille de l'Aisne,
bataille qui fût particulièrement
meurtrière. Le 64ème régiment d'infanterie a en effet subi de très lourdes pertes au cours de cette guerre : Il était composé de 3 324 soldats, répartis en 55 officiers, 199 sous-officiers, 3 125 soldats; or, le bilan fait état de : 2 314 morts et 852 disparus ! Ce qui veut dire que seulement 158 en ont réchappé et dans quel état sans doute .... pas étonnant qu'ils n'étaient qu'une petite centaine lors de la retraite cela correspondrait à seulement une soixantaine d'hommes en permission, à l'hôpital ou autre arrêt à ce moment ... Le livre : Campagne 1914 – 1918 - Historique sommaire du 64 ème Régiment d’Infanterie Henri CHARLES-LAVAUZELLE , Éditeur militaire – Paris - 1920 Source : B. D. I. C. - Droits : Domaine public - Transcription intégrale : F. Santi & P. Chagnoux - 2016 dit concernant cette retraite : "Les débris du 64ème qui repassent la rivière ne comprennent plus qu’une centaine d’hommes. Avec le C.I.D., appelé à la rescousse, on parvient à former trois petites compagnies qui tiennent à ajouter encore à l’ampleur du sacrifice. Quatre jours elles luttent et cèdent pied à pied, ne négligeant pas une occasion d’infliger des pertes à l’adversaire"... "Sa conduite héroïque durant ces sombres journées lui vaut une deuxième citation à l'ordre de l’armée et l’attribution de la fourragère. " Citation du 24 juin 1918 : « Superbe régiment, qui, sous les ordres du lieutenant-colonel Ducongé, a combattu dans la bataille récente avec un entrain, un courage et une abnégation remarquables. » Jusqu'au 2 juin, ils ont donc subi le choc de l'offensive allemande ; se sont repliés en combattant, par Chassemy, Chacrise, Hartennes, Billy sur Ourcq et Dampleux. RÉORGANISATION. Retrait du front à partir du 8 juin avec transport par voie ferrée de la région de Château-Thierry, dans celle de Châtel-sur-Moselle. Une réorganisation permet donc au 64ème de renaître de ses cendres. Bretons et Vendéens rescapés, blessés ou permissionnaires de mai, reviennent donner l’ossature du régiment qui conserve sa forme et son caractère; des méridionaux s’y amalgamant, lui apportent leur étincelle et leur vivacité. Puis c'est de nouveau l'instruction à partir du 13 juin pour un mouvement vers le front et l'occupation d'un secteur dans la région de Metzeral dans les Vosges. Ils n'auront pas eu beaucoup de repos avant de retrouver les tranchées, le bruit et l'odeur de la poudre ... et su sang . (JMO juin 1918) |
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( Sources : photos cartes Musée du Génie d'Angers)
Journal
des marches
et
opérations Juin
1918 (mémoire des
hommes)
14 Juin : Le 2è Btn du 60è Régiment Américain monte en secteur relever les éléments restants des 4è et 5è Byns du 360è. ... Le 2è Btn américain est ainsi amalgamé dans chaque PA avec le Btn Français. |
Il est intéressant de noter là que les Américains sont répartis dans chaque compagnie et chaque régiment. | |
17 Juin : A 2 H précises, les GC des centres de résistance de Goutte Morel et de Croix-Le-Prêtre ainsi que les GC voisins sont soumis à un tir violent de "minen légers et lourds (lancés par projectors) et d'obus toxiques et explosifs. Après que s'est écoulé le temps nécessaire aux gaz pour se dissiper, l'ennemi maintenant un tir d'encagement et appuyant son action de tirs indirects de mitrailleuses, se porte en deux détachements à l'attaque des GC 766 et 762. |
"Livens projectors" : Sorte de mortiers lancés à partir de tubes par déclenchement électrique. |
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Les Garnisons de ces deux GC reçoivent l'ennemi à coups de grenades et de FM tandis que nos mitrailleuses, alertées par signaux, exécutent leurs flanquements. Le barrage d'artillerie demandé aussitôt devant 766 est rapidement obtenu. Devant cette riposte énergique, l'ennemi se replie après combat sans avoir pu entamer notre ligne en aucun point. A 4h, le calme est rétabli. Nos pertes sont de 9 tués, 9 blessés et 38 intoxiqués. |
Encore et toujours des morts et combien de blessés auront de séquelles ou ne retrouveront plus jamais une vie normale sans parler des décès prématurés lés aux gaz ! | |
22 Juin : Journée calme sauf de 15h45 à 16h où l'artillerie ennemie déclenche un violent tir sur la région au sud de Beulay (GC Arras). | (A part un "violent tir", journée calme...) | |
26 Juin : A minuit 50, le GC Bérézina tenu par des Américains est attaqué sur ses deux |
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flancs. L'ennemi exécute en même temps des diversions sur les GC Bautzen, Visembach et Belfort. Quelques obus toxiques sont tirés sur plusieurs points du secteur notamment sur la Cense de Chapy. La vallée de Visembach est fortement balayée par les mitrailleuses allemandes. Grâce à la vigilance du poste et au sang froid et à l'énergie de ses défenseurs, les projets de l'ennemi échouent comme en témoignent les nombreux objets abandonnés par l'assaillant sur le terrain. L'ennemi a dû subir des pertes élevées; les cisailles, calots, masques, sacs de grenades, fusils etc... trouvés sur le terrain étant couverts de sang. |
On imagine ce que veut dire "balayée" Les mêmes souffrances les mêmes inquiétudes et les mêmes conséquences pour les familles issues de l'autre côté du Rhin. |