1914   -  Pupille de la Nation   - 1918

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CENTENAIRE DE LA GRANDE GUERRE 1914 - 1918
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Février 1918 :

Plein hiver, le 4ème !   Courrier de famille et extrait du Journal des Marches et Opérations (J.M.O.) du 335ème RI, La Russie et des nouvelles de nos aviateurs célèbres (R.Garros - A.Marchal) !

Courrier de famille (deux frères encore survivants, et la belle soeur veuve du père de Papy-Louis, parti en octobre 1914) :

Courrier_1918_02_01_Site_de_Papy-Louis

Vendredi 1er février 1918





Cher frère



Je suis donc de retour de
permission depuis avant hier
soir. Je suis en retard pour te
le dire car j'aurais pu le faire
déjà mais le cafard me tenait.






J'ai parti lundi soir pour aller
rendre visite visite au père
Dupont et Levron mais
je n'ai pu le faire et
voilà la cause. En descendant
la route de Paris j'ai
retrouvé deux camarades
qui sont au dépôt après
avoir été blessés au mois
de Juillet. L'un était mon
ancien sergent et l'autre un
camarade d'escouade au
temps où j'étais à la 22 è.














tu as du savoir que je
n'y étais pas allé. J'ai fait
malgré un bon voyage
un peu long il est vrai
puisqu'il durât presque
deux jours. J'ai rejoint par
Tours, Orléans, Vaires, Torcy.









A propos, Vaires touche
Noisy le Sec. De là on prit
la direction de Troyes
Langres enfin ? Il ne fait
pas si doux qu'en Anjou
la température n'est pas
la même. Il gèle, il fait
du brouillard de la givre
qui passe partout ce n'est
plus le beau soleil de
la semaine dernière.  Il
faudra quand même
s'habituer de force ou de
bonne volonté.

















Je t'écris à l'adresse que
tu avais dit que tu dois
avoir rejoint ces jours-ci.
La réponse tu sauras
sans doute fixé sur ton
nouveau sort. Je dois te
prévenir que j'ai changé
de numéro de secteur ainsi
que tu peux le voir. Je
termine en te disant
bonjour, bonne santé, bonne
chance, les amitiés de ton
frère.














D.Milon Signaleur au 6è
Bataillon 335è Régiment
Secteur 66.
Courrier de Désiré à René (deux frères )












Dans ces quelques lignes et malgré les précautions qu'il prend habituellement, pour ne pas inquiéter sa famille, on ne peut que constater à quel point son moral est affecté par ce retour obligé.
























On a déjà parlé du combat qui avait fait plusisieurs victimes et de ces blessés dans un courrier précédent.












Deux jours pour faire Angers Troyes ! Bien assez de temps pour se morfondre !





















Quand on imagine les jours et les nuits en plein air, dans les tranchées, la neige ou la boue et le froid, les mots "brouillard et givre qui passent partout" donnent aussi des frissons au lecteur 100 ans plus tard ! 










Et puis, comme d'habitude, il y a la résignation !













En effet, dans le journal des marches et opérations du mois précédent (janvier 18), on apprenait le déplacement juste au moment de sa permission.











Ils savent bien que la "chance" est un facteur important et que tout peut changer d'un instant à l'autre...
courrier_1918_02_15_Site_de_Papy-Louis


15.02.1918




Cher frère



J'ai reçu hier soir ta lettre
du 10 février. Je te remercie et
suis heureux de te savoir en
bonne santé. Je commençais à
me douter si ma lettre t'était
bien parvenue, il n'y aurait
rien eu d'étonnant puisque
ta position n'était guère
stable. Je vois que depuis tu
as retrouvé ton emploi même
tu es devenu chef et gardien
ce qui a pour toi autant
d'inconvénients que d'avantages.
















Maintenant comme réussite
sur la question d'employeur
rien d'extraordinaire peut-être
qu'à l'usage il y aura de
l'amélioration. Il me semble
que tu es dans les environs
d'Etampes d'après l'adresse
que tu me donnes. Les Fritz que
tu surveilles ont meilleur
caractère que ceux à
Bocquillon mais la nourriture
laisserait à désirer ce qui
est ennuyeux et ce qui l'est
encore davantage la question
d'indemnité qui gardent sans
en faire profiter. Espérons
quand même que tu t'y
habitues, la place sans être
parfaite en vaut encore une
autre, la saison devient
meilleure qu'elle a été.
























Quant aux voyages à Paname,
il faut leur dire adieu, il
est vrai comme tu dis que
d'autres ne l'oublie pas ce
qui a peut-être sa valeur.
J'ai reçu ces jours-ci une
lettre de Jeanne qui dit
que la santé est parfaite et
qu'elle a profité du beau
temps pour pousser un
peu le travail. Elle me parle
de l'Oncle Dupont qui est
complètement guéri. Il est
vrai qu'il a été obligé d'y
mettre le prix mais enfin
il faut qu'il se trouve
heureux quand même il
aurait pu en être autrement.





















Il parait qu'il veut se
ménager davantage qu'il
le faisait. Quant à moi, rien
de nouveau, la santé se
maintient bonne ainsi que
le moral qui est aussi
toujours élevé il ne peut
en être autrement tu n'en
doutes guère. Je termine
ma lettre en te disant
bonjour, bonne santé,
bon courage. Reçois les
meilleures amitiés de ton
frangin.














D.Milon Signaleur au
6e Bataillon 335è Régiment
Secteur postal 66




Autre courrier de Désiré à René (deux frères )






On constate une fois de plus l'importance de la correspondance. En effet, 5 jours après l'envoi, par René, Désiré est déjà inquiet de ne pas avoir reçu réponse.













En effet, de par les autres informations recueillies sur les missions consacrées à rené, il seblerait qu'il ait été déplacé de l'école Militaire de Paris vers un secteur proche d'Etampes pour surveiller et faire faire des travaux à des prisonniers allemands. Ces missions étaient confiées à des entreprises privées, rémunérées par l'Etat (lesquelles se gardaient bien d'encourager les soldats par une redistribution, même minime d'une prime ou autre complément de leur maigre solde ...)















toutefois, évidemment, la place de René était plus tranquille et surtout moins risquée que celle de Désiré mais il ne montre aucune jalousie bien au contraire, en est content pour son frère.































Ils avaient prévu de se voir à Paris mais deux éléments doivent motiver les propos tenus (toujours à mots couverts pour éviter le censure ...)
- Le changement d'affectation des deux frères mais surtout
- les premiers bombardements récents de la capitale qui faisaient frémir les civils. 









Il continue d'afficher l'optimisme dans son courrier (si toutefois il était lu par un autre membre de la famille).














La sécurité sociale n'est pas là .... et souvent, pour se sortir d'un mauvais pas, cela coute très cher, quand on le peut !













L'optimisme apparent est relatif : à son frère, il peut bien dire que le moral n'est pas au rendez-vous même s'il l'écrit à l'envers.
Courrier_1918_02_26_Site_de_Papy-Louis

Mazé le 26 fébrouar 1918






Mon cher frère,



C'est ce matin même
que j'ai reçu ta carte.


...Louis continue toujours
ses études et progresse assez
sensiblement. Jeudi dernier
nous avons été rendre visite
à tante Madeleine lui
faisant une compagnie
pendant l'absence de
tonton Louis qui était à
livrer une charretée de
carottes; il faut se trouver
à l'heure pour envoyer
ses marchandises, car les
transports ne sont pas
toujours faciles, les wagons
étant presque tous réservés
aux américains et à leur
matériel.




















... Je souhaite
aussi que tu t'habitues
à parler comme les Fritz
et tu nous fera la leçon
plus tard. C'est égal,
tes distractions doivent être
bien monotones et assez rares
puisque tu es seul.










Enfin, voilà la belle
saison, le soleil changera
les mauvaises idées et
fera revenir la gaieté et
surtout l'espoir de voir
arriver le permission à
toute vitesse et qui sait
peut-être la grande et
définitive depuis si longtemps
attendue.








En attendant,
ce beau jour pour beaucoup,
je te dis courage et
santé et Louis ainsi que
sa mère te donnons notre
plus affectueux baiser.
Au-revoir Ernestine
La maman de Papy-Louis (veuve depuis octobre 1914) à René, un des deux frères survivants à cette date.

Je ne pense pas que ce terme "fébrouar", bien que phonétiquement allemand ait été utilisé par la maman de Papy-Louis avec cette idée. Je l'ai entendue, bien plus tard , l'utiliser. Je me demande si le nom du mois d'origine hébraïque n'aurait pas fait partie du parler local... 






Toujours la même promptitude dans les réponse !


Il faut dire que sur les trois frères, deux succomberont et le destinataire de ce courrier, seul survivant, n'aura pas d'enfant. Papy-Louis fut donc le seul descendant de la fraterie. Inutile de dire que les oncles suivaient les progrès, à l'école entre autres !













Ce passage est intéressant car on peut y lire que les convois ferrés devaient être occupés presque exclusivement par les renforts américains, en hommes et en matériel, depuis Saint Nazaire.


















Ce passage confirme bien la nouvelle situation de René auprès des prisonniers allemands. (on y remarquera qu'il était "seul") ... devait-il donc garder 24h/24 ces prisonniers, au teravail et au repos ??











Que de courage et de bonté d'âme ! Je reconnais bien là la maman de Papy-Louis telle que je l'ai connue.

Elle qui est veuve,, quiélève seule son fils, qui a dû faire face à la maladie et au décès du père, qui entretient presque seule  (aidée de la grand-mère...) malgré ses problèmes cardiaques, l'exploitation familiale ..... Comment peut elle faire pour apporter autant de courage à son beau-frère ?




"la permission grande et définitive"



"si longtemps attendue"


"ce beau jour pour beaucoup" .... (elle sait que ce ne sera jamais un très beau jour pour elle !
Et il faudra que cela tombe le jour ... de l'anniversaire de son fils , pour lui rappeler encore que le papa ne reviendra pas ! )

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Journal des marches et opérations Février 1918 (mémoire des hommes)   Mémoires des hommes       Mem_hommes_335RI    

Mem_hommes_335RI
Mem_hommes_335RI
Mem_hommes_335RI
Mem_hommes_335RI

1er et 2 février  1918 :

 
Le régiment fait mouvement sur la zone de Lay-saint Christophe pour y être employé à exécuter des travaux.
carte
Le départ s'effectue comme suit : ....
6ème Bton à 7 heures de Vandoeuvre
...Itinéraire Vandoeuvre, bon-Secours, tombelaine, Pont d'Essay










carte2

Le mouvement terminé, le dispositf est le suivant :  ... EM 6è Bton : Bratte















 

Le régiment remplace, sur ces divers chantiers les 268è et 290è RI retirés de la 17èDI

du 3 au 7 février : même situation, mêmes cantonnements.

8 février : Le régiment fait mouvement dans la matinée (terminé à 6h45)

9 février : repos 

10 et 11  février : reprise du travail avec même situation et mêmes cantonnements.

12 février : Les modifications sont apportées





du 13 au 27  février : Même situation, mêmes cantonnements.

















28 février :
carte 3

Dans la journée du 28 février, l4E.M. du 6ème Bataillon fait mouvement de Bratte pour Leyr et la 21ème compagnie quitte Bratte pour aller cantonner à Monntenoy.
Après ce modifications, la situation du 6ème Bataillon est la suivante :
E.M. 6èBton Leyr
21 è Cie Montenoy

La Russie

Alors que l'Amérique est entrée dans le conflit et apporte son aide aux alliés des années précédentes, la Russie, par son attitude politique va permettre à l'Allemagne de se renforcer sur le front Ouest. En effet, différents états d'Europe Centrale ou Est, en accord avec les thèses de Lénine sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Pologne, Finlande, Ukraine... se rapprochent de l'Allemagne, par influence, ce qui conduira le gouvernement des soviets à accepter que l'Allemagne dicte ses conditions de paix à Brest-Litovsk



Roland GARROS
R.Garros
Legion_honneur_R_GarrosR.Garros
Après trois ans de captivité, pourtant transféré plusieurs fois pour éviter l'évasion, il réussira avec son ami et collègue Anselme Marchal, à s'évader, en volant des uniformes allemands, et en rejoignant la France via la Hollande et l'Angleterre, à la mi-février 1918 (année qui lui sera malheureusement fatale le 5 octobre à l'âge de trente ans).

Le célèble aviateur Roland Garros avait défié la chronique entre-autre par le grand prix d'Anjou en 1912 et son intégration dans l'aviation militaire. Il est celui qui a mis au point le tir synchronisé à travers l'hélice. Puis, juste avant le début de la guerre, il se lie d'amitié avec l’Allemand Hellmuth Hirth, pilote d'Albatros Werke. Il a pour admiratrice la belle-mère du Kronprinz Guillaume !
En 1914, suite au tragique meeting de Vienne, il participe, aux commandes de son Morane, à l'hommage aux officiers décédés dans l'accident... Mais c'est Sarajevo et la déclaration de guerre, Roland Garros n'a que le temps de franchir la frontière. Les pilotes amis deviendront rivaux.

Ci-contre :

- Au circuit d'Anjou 1912 (carte postale)


- Remise de Légion Honneur R.Garros et R.Fonk (Le Miroir) et photo du monument sur la piste de Cholet (49)

Roland_Garros_anselme_Marchal_evades  Anselme Marchal et Roland Garros (évadés d'Allemagne)

"En dehors des faits de guerre, l'incident le plus retentissant a été la double évasion des aviateurs Garros et Marchal, tous deux prisonniers en Allemagne, Garros depuis le 18 février 1915 et Marchal depuis le 25 juillet 1916. Nul nom plus populaire, durant plusieurs années, que celui de Garros, deuxième vainqueur de Paris-Madrid, de Paris-Rome, du Circuit Européen, le conquérant des grands premiers records d’altitude, l'audacieux pilote qui se rendit deTunis en Sicile et traversa, en septembre 1913, la mer Méditerranée, de Saint-Raphaël à Bizerte, soit 800 kilomètres au-dessus des flots. Quant, au sous-lieutenant Marchal, il fut rendu célèbre par son exploit de 1916; parti de Nancy durant la nuit, il s’en alla jeter des proclamations sur Berlin et poursuivit sa route vers les lignes russes, dont il n’était plus éloigné que d’une centaine de    kilomètres quand un accident de moteur l'arrêta    à Cholm, après un parcours de 1500 kilomètres. Après de cruelles souffrances et d'indignes traitements, les deux aviateurs prirent la fuite de compagnie, gagnèrent la Hollande, puis l'AngIeterre, et enfin la France et Paris où ils furent brillamment fêtés dans une cérémonie officielle."

- Hommage dans La Science et La Vie (N°38 - Mai 1918 - 21è Numéro spécial - collection personnelle)





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