1914 - Pupille de la Nation - 1918
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Centenaire |
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1914 | Août | Septembre | Octobre | Novembre | Décembre | |||||||
1915 | Janvier | Février | Mars | Avril | Mai | Juin | Juillet | Août | Septembre | Octobre | Novembre | Décembre |
1916 | Janvier | Février | Mars | Avril | Mai | Juin | Juillet | Août | Septembre | Octobre | Novembre | Décembre |
1917 | Janvier | Février | Mars | Avril | Mai | Juin | Juillet | Août | Septembre | Octobre | Novembre | Décembre |
1918 | Janvier | Février | Mars | Avril | Mai | Juin | Juillet | Août | Septembre | Octobre | Novembre |
Plein hiver, le 4ème ! Courrier de famille et extrait du Journal des Marches et Opérations (J.M.O.) du 335ème RI, La Russie et des nouvelles de nos aviateurs célèbres (R.Garros - A.Marchal) !
Courrier de famille (deux frères encore survivants, et la belle soeur veuve du père de Papy-Louis, parti en octobre 1914) :
Vendredi 1er février 1918 Cher frère Je suis donc de retour de permission depuis avant hier soir. Je suis en retard pour te le dire car j'aurais pu le faire déjà mais le cafard me tenait. J'ai parti lundi soir pour aller rendre visite visite au père Dupont et Levron mais je n'ai pu le faire et voilà la cause. En descendant la route de Paris j'ai retrouvé deux camarades qui sont au dépôt après avoir été blessés au mois de Juillet. L'un était mon ancien sergent et l'autre un camarade d'escouade au temps où j'étais à la 22 è. tu as du savoir que je n'y étais pas allé. J'ai fait malgré un bon voyage un peu long il est vrai puisqu'il durât presque deux jours. J'ai rejoint par Tours, Orléans, Vaires, Torcy. A propos, Vaires touche Noisy le Sec. De là on prit la direction de Troyes Langres enfin ? Il ne fait pas si doux qu'en Anjou la température n'est pas la même. Il gèle, il fait du brouillard de la givre qui passe partout ce n'est plus le beau soleil de la semaine dernière. Il faudra quand même s'habituer de force ou de bonne volonté. Je t'écris à l'adresse que tu avais dit que tu dois avoir rejoint ces jours-ci. La réponse tu sauras sans doute fixé sur ton nouveau sort. Je dois te prévenir que j'ai changé de numéro de secteur ainsi que tu peux le voir. Je termine en te disant bonjour, bonne santé, bonne chance, les amitiés de ton frère. D.Milon Signaleur au 6è Bataillon 335è Régiment Secteur 66. |
Courrier
de
Désiré à René (deux
frères ) Dans ces quelques lignes et malgré les précautions qu'il prend habituellement, pour ne pas inquiéter sa famille, on ne peut que constater à quel point son moral est affecté par ce retour obligé. On a déjà parlé du combat qui avait fait plusisieurs victimes et de ces blessés dans un courrier précédent. Deux jours pour faire Angers Troyes ! Bien assez de temps pour se morfondre ! Quand on imagine les jours et les nuits en plein air, dans les tranchées, la neige ou la boue et le froid, les mots "brouillard et givre qui passent partout" donnent aussi des frissons au lecteur 100 ans plus tard ! Et puis, comme d'habitude, il y a la résignation ! En effet, dans le journal des marches et opérations du mois précédent (janvier 18), on apprenait le déplacement juste au moment de sa permission. Ils savent bien que la "chance" est un facteur important et que tout peut changer d'un instant à l'autre... |
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15.02.1918 Cher frère J'ai reçu hier soir ta lettre du 10 février. Je te remercie et suis heureux de te savoir en bonne santé. Je commençais à me douter si ma lettre t'était bien parvenue, il n'y aurait rien eu d'étonnant puisque ta position n'était guère stable. Je vois que depuis tu as retrouvé ton emploi même tu es devenu chef et gardien ce qui a pour toi autant d'inconvénients que d'avantages. Maintenant comme réussite sur la question d'employeur rien d'extraordinaire peut-être qu'à l'usage il y aura de l'amélioration. Il me semble que tu es dans les environs d'Etampes d'après l'adresse que tu me donnes. Les Fritz que tu surveilles ont meilleur caractère que ceux à Bocquillon mais la nourriture laisserait à désirer ce qui est ennuyeux et ce qui l'est encore davantage la question d'indemnité qui gardent sans en faire profiter. Espérons quand même que tu t'y habitues, la place sans être parfaite en vaut encore une autre, la saison devient meilleure qu'elle a été. Quant aux voyages à Paname, il faut leur dire adieu, il est vrai comme tu dis que d'autres ne l'oublie pas ce qui a peut-être sa valeur. J'ai reçu ces jours-ci une lettre de Jeanne qui dit que la santé est parfaite et qu'elle a profité du beau temps pour pousser un peu le travail. Elle me parle de l'Oncle Dupont qui est complètement guéri. Il est vrai qu'il a été obligé d'y mettre le prix mais enfin il faut qu'il se trouve heureux quand même il aurait pu en être autrement. Il parait qu'il veut se ménager davantage qu'il le faisait. Quant à moi, rien de nouveau, la santé se maintient bonne ainsi que le moral qui est aussi toujours élevé il ne peut en être autrement tu n'en doutes guère. Je termine ma lettre en te disant bonjour, bonne santé, bon courage. Reçois les meilleures amitiés de ton frangin. D.Milon Signaleur au 6e Bataillon 335è Régiment Secteur postal 66 |
Autre
courrier de
Désiré à René (deux
frères ) On constate une fois de plus l'importance de la correspondance. En effet, 5 jours après l'envoi, par René, Désiré est déjà inquiet de ne pas avoir reçu réponse. En effet, de par les autres informations recueillies sur les missions consacrées à rené, il seblerait qu'il ait été déplacé de l'école Militaire de Paris vers un secteur proche d'Etampes pour surveiller et faire faire des travaux à des prisonniers allemands. Ces missions étaient confiées à des entreprises privées, rémunérées par l'Etat (lesquelles se gardaient bien d'encourager les soldats par une redistribution, même minime d'une prime ou autre complément de leur maigre solde ...) toutefois, évidemment, la place de René était plus tranquille et surtout moins risquée que celle de Désiré mais il ne montre aucune jalousie bien au contraire, en est content pour son frère. Ils avaient prévu de se voir à Paris mais deux éléments doivent motiver les propos tenus (toujours à mots couverts pour éviter le censure ...) - Le changement d'affectation des deux frères mais surtout - les premiers bombardements récents de la capitale qui faisaient frémir les civils. Il continue d'afficher l'optimisme dans son courrier (si toutefois il était lu par un autre membre de la famille). La sécurité sociale n'est pas là .... et souvent, pour se sortir d'un mauvais pas, cela coute très cher, quand on le peut ! L'optimisme apparent est relatif : à son frère, il peut bien dire que le moral n'est pas au rendez-vous même s'il l'écrit à l'envers. |
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Mazé le 26 fébrouar 1918 Mon cher frère, C'est ce matin même que j'ai reçu ta carte. ...Louis continue toujours ses études et progresse assez sensiblement. Jeudi dernier nous avons été rendre visite à tante Madeleine lui faisant une compagnie pendant l'absence de tonton Louis qui était à livrer une charretée de carottes; il faut se trouver à l'heure pour envoyer ses marchandises, car les transports ne sont pas toujours faciles, les wagons étant presque tous réservés aux américains et à leur matériel. ... Je souhaite aussi que tu t'habitues à parler comme les Fritz et tu nous fera la leçon plus tard. C'est égal, tes distractions doivent être bien monotones et assez rares puisque tu es seul. Enfin, voilà la belle saison, le soleil changera les mauvaises idées et fera revenir la gaieté et surtout l'espoir de voir arriver le permission à toute vitesse et qui sait peut-être la grande et définitive depuis si longtemps attendue. En attendant, ce beau jour pour beaucoup, je te dis courage et santé et Louis ainsi que sa mère te donnons notre plus affectueux baiser. Au-revoir Ernestine |
La maman de
Papy-Louis (veuve depuis octobre 1914) à
René, un des deux frères survivants à
cette date. Je ne pense pas que ce terme "fébrouar", bien que phonétiquement allemand ait été utilisé par la maman de Papy-Louis avec cette idée. Je l'ai entendue, bien plus tard , l'utiliser. Je me demande si le nom du mois d'origine hébraïque n'aurait pas fait partie du parler local... Toujours la même promptitude dans les réponse ! Il faut dire que sur les trois frères, deux succomberont et le destinataire de ce courrier, seul survivant, n'aura pas d'enfant. Papy-Louis fut donc le seul descendant de la fraterie. Inutile de dire que les oncles suivaient les progrès, à l'école entre autres ! Ce passage est intéressant car on peut y lire que les convois ferrés devaient être occupés presque exclusivement par les renforts américains, en hommes et en matériel, depuis Saint Nazaire. Ce passage confirme bien la nouvelle situation de René auprès des prisonniers allemands. (on y remarquera qu'il était "seul") ... devait-il donc garder 24h/24 ces prisonniers, au teravail et au repos ?? Que de courage et de bonté d'âme ! Je reconnais bien là la maman de Papy-Louis telle que je l'ai connue. Elle qui est veuve,, quiélève seule son fils, qui a dû faire face à la maladie et au décès du père, qui entretient presque seule (aidée de la grand-mère...) malgré ses problèmes cardiaques, l'exploitation familiale ..... Comment peut elle faire pour apporter autant de courage à son beau-frère ? "la permission grande et définitive" "si longtemps attendue" "ce beau jour pour beaucoup" .... (elle sait que ce ne sera jamais un très beau jour pour elle ! Et il faudra que cela tombe le jour ... de l'anniversaire de son fils , pour lui rappeler encore que le papa ne reviendra pas ! ) |
1er et 2 février 1918 : Le régiment fait mouvement sur la zone de Lay-saint Christophe pour y être employé à exécuter des travaux. Le départ s'effectue comme suit : .... 6ème Bton à 7 heures de Vandoeuvre ...Itinéraire Vandoeuvre, bon-Secours, tombelaine, Pont d'Essay Le mouvement terminé, le dispositf est le suivant : ... EM 6è Bton : Bratte Le régiment remplace, sur ces divers chantiers les 268è et 290è RI retirés de la 17èDI du 3 au 7 février : même situation, mêmes cantonnements. 8 février : Le régiment fait mouvement dans la matinée (terminé à 6h45) 9 février : repos 10 et 11 février : reprise du travail avec même situation et mêmes cantonnements. 12 février : Les modifications sont apportées du 13 au 27 février : Même situation, mêmes cantonnements. 28 février : Dans la journée du 28 février, l4E.M. du 6ème Bataillon fait mouvement de Bratte pour Leyr et la 21ème compagnie quitte Bratte pour aller cantonner à Monntenoy. Après ce modifications, la situation du 6ème Bataillon est la suivante : E.M. 6èBton Leyr 21 è Cie Montenoy |
Alors que
l'Amérique est
entrée dans le conflit et apporte son aide aux
alliés des
années précédentes, la Russie, par son
attitude
politique va permettre à l'Allemagne de se renforcer sur le
front Ouest. En effet, différents états d'Europe
Centrale
ou Est, en accord avec les thèses de Lénine sur
le droit
des peuples à disposer d'eux-mêmes. Pologne,
Finlande,
Ukraine... se rapprochent de l'Allemagne, par influence, ce qui
conduira
le gouvernement des soviets à accepter que l'Allemagne dicte
ses
conditions de paix à Brest-Litovsk
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Après
trois ans de captivité, pourtant
transféré
plusieurs fois pour éviter l'évasion, il
réussira
avec son ami et collègue Anselme Marchal, à
s'évader, en volant des uniformes allemands, et en
rejoignant la
France via la Hollande et l'Angleterre, à la
mi-février
1918 (année qui lui sera malheureusement fatale le 5 octobre
à l'âge de trente ans).
Le célèble aviateur Roland Garros avait
défié la chronique entre-autre par le grand
prix d'Anjou en
1912 et son intégration dans l'aviation militaire. Il est
celui
qui a mis au point le tir synchronisé à travers
l'hélice. Puis, juste avant le
début de la guerre, il se lie d'amitié avec
l’Allemand Hellmuth Hirth,
pilote d'Albatros Werke. Il a pour admiratrice la belle-mère
du
Kronprinz Guillaume ! En 1914, suite au tragique meeting de Vienne, il participe, aux commandes de son Morane, à l'hommage aux officiers décédés dans l'accident... Mais c'est Sarajevo et la déclaration de guerre, Roland Garros n'a que le temps de franchir la frontière. Les pilotes amis deviendront rivaux. Ci-contre : - Au circuit d'Anjou 1912 (carte postale) - Remise de Légion Honneur R.Garros et R.Fonk (Le Miroir) et photo du monument sur la piste de Cholet (49) |
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Anselme Marchal
et Roland Garros (évadés d'Allemagne) "En dehors des faits de guerre, l'incident le plus retentissant a été la double évasion des aviateurs Garros et Marchal, tous deux prisonniers en Allemagne, Garros depuis le 18 février 1915 et Marchal depuis le 25 juillet 1916. Nul nom plus populaire, durant plusieurs années, que celui de Garros, deuxième vainqueur de Paris-Madrid, de Paris-Rome, du Circuit Européen, le conquérant des grands premiers records d’altitude, l'audacieux pilote qui se rendit deTunis en Sicile et traversa, en septembre 1913, la mer Méditerranée, de Saint-Raphaël à Bizerte, soit 800 kilomètres au-dessus des flots. Quant, au sous-lieutenant Marchal, il fut rendu célèbre par son exploit de 1916; parti de Nancy durant la nuit, il s’en alla jeter des proclamations sur Berlin et poursuivit sa route vers les lignes russes, dont il n’était plus éloigné que d’une centaine de kilomètres quand un accident de moteur l'arrêta à Cholm, après un parcours de 1500 kilomètres. Après de cruelles souffrances et d'indignes traitements, les deux aviateurs prirent la fuite de compagnie, gagnèrent la Hollande, puis l'AngIeterre, et enfin la France et Paris où ils furent brillamment fêtés dans une cérémonie officielle." - Hommage dans La Science et La Vie (N°38 - Mai 1918 - 21è Numéro spécial - collection personnelle) |