1914 - Pupille de la Nation - 1918
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1918 | Janvier | Février | Mars | Avril | Mai | Juin | Juillet | Août | Septembre | Octobre | Novembre |
Octobre 1916
Dans cette
première lettre
de Désiré, qui décèdera en
avril
1918, je
n'arrive pas à situer géographiquement (ce n'est
plus
Verdun, comme au premier semestre, mais il est soit revenu
auprès de Metz, soit déjà reparti sur
la Somme).
Il écrit à son frère qui est
sur Paris
auprès des prisonniers. Il continue de rassurer la famille
en y
parlant des banalités, des visites, des échanges
de
courriers et des récoltes. Il parle de son neveu : il s'agit
de "Papy-Louis" et il fait un commentaire sur la
nécessité d'utiliser la baguette en classe qui en
ferait
trembler plus d'un aujourd'hui !! Il espère la fin du conflit et ne parle même plus de morts ou de blessés dans ses rangs mais de "manquants" ! |
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Vendredi 19 octobre
1916
Cher
frère,
Je viens de recevoir hier soir ta lettre du 16. J'ai été heureux d'avoir de vos nouvelles car j'en avais pas eu depuis ta dernière carte lettre des premiers jours du mois. Malgré cela Baptiste MILON m'avait écrit en me disant que son père était venu le voir et que tu y avais été toi-même avant de partir en permission. donc je savais où tu étais et qu'il faisait meilleur au pays que d'aller à la cote car je crois qu'il y a des manquants. Comme tu dis, la surprise était meilleure pour Jeanne, ton passage aura été plus utile il y a moyen de faire du travail, le temps étant toujours au beau. Le vin sera bon mais il n'y a pas des quantité. Les semailles sont avancées à part le blé pour qui il était trop tôt mais tu as fait la préparation espérons que l'on te laisse les faire complètement. Baptiste me dit ne pas souffrir par trop pour son cas. Il a été content de voir son père et qu'il avait trouvé du changement depuis son passage dans la grande ville. J'ai vu Leré mercredi soir avant son départ en permission il faisait route avec Eugène Durand c'était même lui qui m'avait prévenu que je pourrai le trouver à la gare. J'ai pu causer avec lui un petit moment, il m'a dit lui aussi que tu étais en permission mais comme je vois vous ne vous êtes pas trouvés ensemble. J'ai eu des nouvelles d'Ernestine avant la visite que vous lui avez faite. Elle me dit que leur santé est bonne, que le neveu va à l'école, que la grande classe est plus sévère qu'il y a quelques coups de baguettes mais que c'est nécessaire pour corriger les mauvaises têtes . Il apprend assez bien et aime toujours l'école vaut mieux encore. André est attendu tout prochainement ils seront tous contents. Pineaau s'est éloigné un peu et E.Bodin est venu faire un tour lui aussi.L.Levron va revenir en convalescence mais ses douleurs l'ont peut-être quitté mais pas abandonné. Je suis toujours en bonne santé rien de changé c'est l'attente qui va peut-être toucher à sa fin. Si toutefois tu changeais d'adresse il faudrait me prévenir car les lettres s'égarent il y a aussi perte de temps. Je termine en te souhaitant le bonjour, bonne santé bon courage , bonne chance en attendant ta prochaine réponse, reçois les meilleurs amitiés de ton frère D.MILON signaleur 6ème bataillon 335ème Regt L.P.94 J'écrirai demain à la Monnaie. |
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Dans celle-ci,
René, son
frère, écrit à son épouse
en lui faisant
part de tous les travaux qu'on lui confie entre les gardes des
bâtiments publics et les gardes des prisonniers. Les peaux
des
animaux ne doivent pas être perdues pour tout
le monde...
Un paragraphe intéressant fait état des camarades partis à Bizerte et qui ont dû être victimes de l'explosion du Gallia le 4 octobre 1916. Les rares moments libres sont consacrés à des visites à des blessés ou convalescents ... quelle vie ! |
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Paris le 27 octobre
1916 Ma chère Jeanne, Je mets la main
à la plume
pour te donner de mes nouvelles qui sont bonnes et je souhaite que les
tiennes soient de même, il doit te tarder de recevoir, je
pense
que tu m'excuseras, c'est pas pour ça que je t'oublie mais
je
suis assez occupé, d'ailleurs je vais t'expliquer un peu de
mon
passe temps de cette semaine.
Dimanche matin, corvée des cuirs verts, c'est une nouvelle corvée, les camarades avaient goûté cela pendant ma permission et rien d'étonnant qu'en arrivant ce soit mon tour. On a baptisé cela la corvée des vaches. C'est les peaux de vaches, il y a aussi celles des chevaux mais on ne les remue pas tant qui sont mangées sur le front. Elles sont salées à l'intérieur et pliées, le poil en dessus, on les prend dans les wagons à la gare , on les amène dans un dépôt, pesées et classées selon le poids, on les déplie, les traîne dans le sel et les replie le poil dedans et de là reconduite en gare pour être envoyées aux tanneries. C'est une odeur qui soulève le coeur, c'est pire que de faire le vidangeur, des Belges étaient payés 10 Fr et plus par jour, n'ont point resté, les annamites ne voulaient rien y faire, c'est sur nous que ça revient pour nos 5 sous, ce n'est pas ragoutant surtout en arrivant, à la fin on s'y fait un peu. Heureusement, comme c'était dimanche, on n'a travaillé que jusqu'à midi après s'être nettoyé, j'ai mangé la soupe à 5 heures et avec Lemoine de Vallée, on est allé voir Baptiste. Je l'ai trouvé levé pour ses premières fois . Il va bien, Il m'a appris la mort de Pierre Rabouin. Lundi c'est la corvée des bois, c'est plus propre plus dur mais il y a quelques sous à gagner en rentrant j'ai reçu une lettre de Joseph, il me dit qu'il t'écrit en même temps de mardi . De mardi jusqu'à mercredi 10 h de garde, là j'ai reçu tes deux lettres une le matin et l'autre le soir, l'après midi c'est la chambre des députés pour rentrer manger la soupe vers 6 heures, ce soir, je pensais t'écrire et au lieu de cela j'ai regardé jouer aux cartes à la cantine. Jeudi matin exercice et le soir prise d'armes aux Invalides, j'ai écrit une carte à Auguste Leré et une autre à Joseph et ensuite j'ai poussé jusque chez les Choplin. Lundi soir j'avais été jusqu'à la porte et comme je les voyais en grande compagnie, j'ai trouvé des camarades qui m'ont emmené dans un cercle militaire dont j'avais bien entendu parlé sans y avoir jamais été c'était une soirée passée sans débourser. Là rien d'extraordinaire, ils m'ont dit avoir vu André Choplin samedi qui s'en allait en permission puis aujourd'hui j'étais à la pare de Grenelle pour charger et décharger les wagons. Hier, on a reçu une lettre d'un de ceux qui sont sauvés à Bizerte, il ne dit rien comment est arrivé le naufrage mais il dit qu'il n'oubliera jamais cette nuit où les pères de famille se mourant appelaient leurs femmes et leurs enfants ni la longueur de cette nuit qu'il a passé sur des planches en pleine mer. Il dit je m'en crois encore fou, sa lettre est passée entre toutes les mains. Si à leur départ, les lits vides paraissaient grands, maintenant on est sûr que ceux qui y couchaient ne sont plus. J'aurais été content d'être libre de dimanche en 8 Baptiste aurait peut-être pu sortir mais je crois que je le serai dimanche , par conséquent pas l'autre, on verra d'ici ce temps là. J'ai remis mon certificat mais les permissionnaires ne sont remplacés qu'à mesure qu'ils reviennent. Je n'ai pas à espérer avant la Saint Martin. Il faut attendre pour en parler plus sûrement. En attendant tes nouvelles, je te souhaite bon courage et bonne santé. Bien le bonjour à Auguste Leré qui va bientôt être obligé de repartir , aux oncles et tantes à toute la famille , les voisins ainsi qu'à MM Levron et toi, je t'embrasse comme je t'aime. Ton mari René |
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