1914 - Pupille de la Nation - 1918
Mon Oncle
Désiré 1881 - 1918
( tué
à l'ennemi, comme le veut
l'expression consacrée )
Né en 1881, Désiré était le deuxième de la fratrie de trois garçons d'une famille d'agriculteurs. Il travaille alors dans l'exploitation familiale et les jours s'écoulent paisiblement. Pour exemple, le "retour de noces" probable de son frère aîné (il a 17 ans en bout de table). | |
1900 - Avoir vingt
ans à la
naissance d'un siècle : le bel âge au bon moment.
Le service militaire
: un passage obligatoire mais aussi une période importante,
en milieu
rural . C'est l'occasion de voyager, la deuxième
étape de la vie, après
l'école, qui permet de rencontrer des jeunes gens issus de
différents
milieux. Même si le service est long, les conditions souvent
difficiles
et plus tard les périodes trop fréquentes et
dures (marches, manoeuvres
...) et même si 1870 n'est pas effacé des
mémoires, on n'imagine pas la
guerre si proche, le service est donc assez bien accepté par
les
conscrits. |
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Entre
1901 et
1914, les périodes militaires étaient
fréquentes et il me reste quelques cartes
envoyées par lui et mon père,
très souvent du "Camp du Ruchard" en Indre et Loire. |
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1913 -
Désiré m'a fabriqué une
jolie brouette en bois et mon père lui fait part, dans la
carte postale
ci-contre, de mes premiers tours
de roue.... La guerre n'est pas encore à l'horizon et la vie
semble si
paisible dans la famille; malheureusement, cela ne durera pas. |
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Puis, la guerre arrive et Désiré est mobilisé au mois d'Août dans le 335ème régiment d'infanterie : il s'agissait du même régiment que celui auquel appartenait mon père à Angers, mais, comme il faisait partie de la réserve (né en 1881) les régiments reprenaient le même numéro + 200 (135+200 = 335). | |
Lettre du 30 octobre 1914 que
mon oncle Désiré a envoyée
à son frère
René (plus vieux et pas encore mobilisé, il le
sera plus tard) alors
que leur frère commun (mon père) est
déjà décédé. Le
contenu de la
lettre laisse à penser que lui sait
déjà et feint de ne pas savoir ou
au moins à peu d'espoir pour son frère "il
préfère charger son
frère de souhaiter le bonjour à sa belle
sœur et son neveu (moi)" ... On peut également noter dans cette lettre : - des cultures qui se font entre les lignes de front .... - le souci de dire à leur famille, ce qui durera toute la guerre, qu'ils vont ...bien ! |
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Lettre du 08 décembre 1914 :
l'hiver est là. On ne
parle pas encore de fraternisation comme dans le film "Joyeux
Noël".
Les vêtements chauds envoyés par les familles sont
les bienvenus.
Toutefois, il ne faut pas trop alourdir le sac à dos du
poilu. On prendra connaissance, dans cette lettre, des combats sur la ville de Metz, de l'importance de la reprise de l'Alsace aux Allemands et des nouvelles venues d'Italie. Malgré ses origines rurales, mon oncle très lucide par rapport à l'intoxication faite par les médias de l'époque et à la censure qui leur est imposée. Il est bien conscient du pourrissement probable du conflit, dès ce troisième mois de guerre. |
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Lettre du 13 décembre 1914 : le
courrier joue un rôle
important dans la conservation du moral, aussi bien au front que dans
les familles. On s'aperçoit que quelquefois, les poilus sont
au courant
très tôt des nouvelles de leur village et de leur
famille; il faut dire
que ces nouvelles, ils les reçoivent par
l'intermédiaire de leurs
camarades d'infortune croisés lors les mouvements de troupes
ou
simplement par ceux qui constituent les mêmes
régiments qu'eux et qui
sont également originaires des mêmes
contrées. Désiré dit et redit à son frère plus âgé de faire tout ce qu'il peut pour essayer d'être exempté. Il sait, lui ce qu'il risque de connaître et il ne le veut pas pour son frère. On commence à parler de longues listes de poilus décédés, de carnage et de grandes difficultés dans les identifications. Je suppose qu'il avait dû être tenté un rapatriement du corps de mon père mais celui-ci n'a pas eu lieu; je n'en sais pas plus. Le médecin que mon oncle cite était un spécialiste que mon père avait consulté avant la guerre, c'est lui qui a rapporté à ma mère les quelques effets personnels et le petit carnet relatant ses derniers déplacements. |
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Lettre du 27 décembre 1914 : Les
colis envoyés aux
poilus sont si nombreux qu'il faut des trains entiers pour les
acheminer... Le moral semble bon; c'est du moins ce que les poilus
veulent faire entendre aux familles. Cela fait maintenant trois mois, jour pour jour, que Louis, mon père a été mortellement blessé. Désiré a enfin pu écrire à sa belle soeur (ma mère) depuis la mort de mon père. Je suppose qu'il ne savait pas comment exprimer sa "honte" d'être en vie.(carte ci-dessous) Le temps est froid, il neige, il gèle : Désiré dit simplement que ce n'est pas une vie "rêvée". Il n'oublie pas de souhaiter une meilleure année à son frère et sa belle soeur. |
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Secteur d'activité en ce dernier
trimestre 1914. 25
kilomètres de Metz, sur des terres reprises à
l'ennemi, le canon tonne. |
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Janvier 1915 : Correspondances entre front et
civils (entre frères, sœurs et belles
sœurs) Le froid règne, les chemins impraticables, les douleurs physiques et morales des uns et des autres sont lisibles dans les lettres, dans ou entre les lignes. On a plus de précisions sur la nature de la blessure et les circonstances du décès du père de Papy-Louis. (voir aussi lettre du 29 janvier - album "père de Papy-Louis") |
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Février 1915 : Tenir moralement, les courriers et le tabac (y compris à priser) étaient nécessaire - bien sûr il y avait le quart de rouge ... auraient-ils pu sortir des tranchées au signal ? !!! Correspondances familiales. | |
Mars 1915 : André est dans la Somme, Désiré à 20 km au sud de Metz et René fait des exercices en Indre-et-Loire pour rejoindre la capitale. | |
Parcours des trois oncles (privés par notes peronnelles et extraits de JMO - Mémoire des hommes) : Désiré en Lorraine, André dans la Somme et René arrivé en région parisienne. Analyse des courriers d'Avril 1915 (8) entre les différents acteurs et la famille. Maladie sévère du petit Louis (le futur Papy-Louis) | |
Juin 1915 : Photo carte postale
(Désiré est complètement à
droite
au premier plan et debout) 335 ème régiment
d'infanterie (135ème
rappelé = 135 + 200) Correspondances : Les premiers vrais contacts après le décès du père de Papy-Louis. JMO (journaux mémoire des hommes) - Blessure d'André, combats dans l'Est. |
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Juillet 1915 : Désiré est encore en Alsace et Lorraine, même s'il descend un peu plus au sud. André regagne la Somme après sa convalescence et René retourne faire ses gardes et ses marches à Paris après sa permission. Courriers et les extraits des J.M.O. (journaux des marches) ci-dessous. | |
Août 1915 : Poincaré,
Milerand et tous les hauts gradés font de la "comm" Journal de René, Correspondances familiales - Journaux de marches (extraits Mémoire des Hommes) |
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Septembre 1915 : Récits et photographies sur les conditions de "travail" du Poilu, Journaux, correspondances familiales. | |
Quelques précisons sur le courrier et la censure de rigueur. | |
Les
journées et les nuits
sont longues. De plus il faut tromper l'angoisse et la peur.
Confectionner des objets-souvenirs est donc une occupation favorite des
poilus. Ici, un briquet à mèche d'amadou et une
feuille transparente. Superbe feuille datée de 1916 et mentionnant "souvenir de Lorraine" avec la petite colombe qui transporte le "courrier souvenir". |
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Différentes carte-lettres et voeux . Décembre 1915. | |
1916 - Passages du 335ème RI sur
le théatre de Verdun. La "sur"vie dans les
tranchées. Interview télévisée (TF1) sur le centenaire de Verdun 19 février 2016 - François (petit neveu et webmestre) |
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1916 - Juin - Verdun et la Lorraine (correspondances) | |
1916 - Aout - Toujours Verdun - La presse, l'humour et l'art. | |
1916 - Octobre (correspondances) La vie (des nouvelles de papay-Louis qui rentre à l'école) ... l'attente de la fin du conflit en passant entre les gouttes, Bizerte, etc... | |
1917 - Janvier (correspondances) Il fait très froid en ce mois de janvier 1917 et les poilus souffrent au front. Les femmes seules, à l'arrière tentent, tant bien que mal, d'assurer le quotidien de leur ferme. Les enfants aussi ont froid sur le chemin de l'école.. Malgré cela, les échanges de correspondances permettent de réchauffer le coeur et de ne pas perdre espoir. Ils font tous preuve d'une force remarquable ! | |
1917 - Février (correspondances) Le froid continue en ce mois de février, les poilus n'en peuvent plus, les femmes, à l'arrière tentent d'entretenir les exploitations agricoles afin qu'elles se maintiennent mais les graines et les plants gèlent. la taxe sur le beurre est instaurée, les restrictions se multiplient... | |
La presse en février 1917 - Une page sur le "Tournant de la guerre " L'entrée des Etats-Unis est imminente, le blocus maritime, l'industrialisation à outrance et bien d'autres choses encore. | |
1917 - Mars - Des nouvelles des deux blocs (l'Amérique qui se tient prête à intervenir, la Russie en pleine toumente de changement de régime) et le courrier du front de nos soldats qui s'impatientent .... | |
1917 - Avril - Le blocus maritime allemand, l'entrée en guerre des Etats-unis aux côtés des alliés, le début de l'offensive du "Le Chemin des Dames". En Russie, les souverains sont arrêtés et Lenine rentre à Pétrograd. | |
1917 - Mai - Les échanges entre frères et soeurs, du front à la famille. La mission française aux Etats-Unis, Les mutineries, les grèves, | |
1917 - Juin - Courriers - échanges
famille :
Grèves, la censure, Anastasie, le Canard
enchaîné, Le débarquement des Américains etc .... |
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1917 - Juillet - Courrier de famille, Extraits du JMO17 (journal des marches et opérations) Les Américains arrivent sur le terrain, Nouvelles du monde (Fatima, La Russie etc...) |
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1917 - Août - Courrier de famille,
Extraits du JMO17 (journal des marches et opérations) Le Gaz moutarde et ses effets La nouvelle bataille de Verdun / Nouvelles du monde |
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1917 - Septembre - Courrier de famille,
effets du gaz moutarde Explications détaillées de la fabrication artisanale d'un poste de T.S.F. à Galène (par mon grand-oncle) Hommage à Georges Guynemer abattu un 11 septembre ! Depuis le front, Désiré explique à son frère en permission comment réaliser un poste à galène. |
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1917 - Octobre - La troisième
bataille d'Ypres, Courrier de famille et extrait du Journal des Marches et Opérations (J.M.O.) du 335ème RI, La publicité pendant la guerre en 1917. Russie, Mata-Hari, Natalité - Santé. |
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1917 - Novembre - Les chars surprennent et
permettent une avancée. Courrier de famille et extrait du Journal des Marches et Opérations (J.M.O.) du 335ème RI, |
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1917 - Novembre - L'ORGANISATION DU TRAVAIL,
LES
RÈGLES DE L’HYGIÈNE ET DU REPOS DANS
UNE USINE
MODERNE Par André CITROËN - La Science et La Vie |
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1917 - Décembre - Le
quatrième hiver commence, Courrier de famille et extrait du Journal des Marches et Opérations (J.M.O.) du 335ème RI, Avancées technologiques (téléphonie - moteurs à gaz - véhicules terrestres à hélice) |
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1918 - Janvier - Courrier de famille de janvier 1918 et extrait du Journal des Marches et Opérations (J.M.O.) du 335ème RI, | |
1918 - Janvier - Cartes postales de voeux | |
1918 - Février - Courrier de famille de février 1918 et extrait du Journal des Marches et Opérations (J.M.O.) du 335ème RI, l'affaiblissement de la Russie et l'évasion de Roland Garros | |
1918 - Mars - Courrier de famille de mars 1918 et notes prises par le grand oncle, sur lesquelles on retrouve les évènements connus depuis (Gothas, bombardements, Explosion de la Courneuve, Bombardement de l'Eglise St Gervais, Offensive allemande à dans la somme etc....extrait du Journal des Marches et Opérations (J.M.O.) du 335ème. | |
1918 - Avril - Hommage spécial à Désiré, tué à l'ennemi le 06 avril 1918. (JMO) du 335è R.I. - Courriers de famille - Derniers combats, derniers instants | |
La rubrique
du centenaire est désormais à poursuivvre sur les
pages
de l'Oncle André, de l'Oncle René
ainsi que du
grand-père maternel lequel succombera de la grippe espagnole
en octobre 1918, désormais les trois seuls survivants à
cette date
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Le
théatre de ses derniers
instants : le 06 avril 1918, près d'Amiens dans la Somme. |
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Sa fiche militaire faisant mention de "tué à l'ennemi", c'est sa dernière trace... et encore, cette fiche a supporté un rectificatif concernant la commune du décès, probablement dû à la plaque retrouvée par un cultivateur ou un promeneur comme pour beaucoup. | |
La médaille militaire, la croix de guerre, le certificat les accompagnant et la tombe du soldat inconnu : tout ce que la famille possède pour faire son deuil. | |
Vous pouvez ici, voir les détails des médailles (médaille militaire et croix de guerre) ainsi que le certificat les accompagnant. |
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90 ans après, sur le lieu des hostilités et des derniers instants de mon Oncle Désiré, mort pour la France. |
D'autres Poilus tomberont de la même façon jusqu'à l'armistice (témoignage de Martine lors du reportage TF1 sur les souvenirs familiaux) PAGE HOMMAGE.