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Sommaire Page Emile JOULAIN
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Émile
JOULAIN
dit "l'Gâs Mile"
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I' gèle ! | La Pâssion d'not' frér' le poélu (Marc Leclerc - son Maître) | ||
Bonne année ! Boûnne Année | V'la la Piée ! |
Papy-Louis,
lors de sa dernière année au pensionnat
Saint-Joseph, fréquenté quelques
années plus tôt par Emile. Photo en présence de Monsieur Peyre (à gauche). |
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Le patronage a été, avant tout, le lieu où il s'exprimait en public et physiquement. En effet, les pièces de théâtre étaient de coutume et les spectateurs venaient des communes environnantes et par fois de loin, souvent à bicyclette, même en hiver pour assister aux représentations dans la grande salle chauffée par un poêle à bois et charbon, porté au rouge, pour accueillir les gens transis.
C'est ainsi que, jeune, il jouait mais aussi mettait en scène et cela a duré tout le temps de l'existence de ce patronage, c'est à dire jusqu'à 1965 environ. Il entraînait dans son sillage avec une équipe de "joyeux drilles" toute une population, des plus anciens aux plus jeunes; je pense que mes cinq enfants ont dû participer à au moins une de ces représentations. Il a donc joué des vaillants "Lagardère" mais aussi des "malade imaginaire" , "Jean Valjean" , "Michel Strogoff" .... y compris des "Bossu" à l'âge où le dos voûté lui a permis d'interpréter le rôle sans artifice dorsal. (voir biographie)
Émile Joulain a longtemps été correspondant pour le Courrier de l'Ouest et , une fois par an, à l'occasion de la nouvelle année, il écrivait une page entière consacrée à tous les commerçants et artisans de la commune sous une forme humoristique et en patois angevin, il "piquait", "caricaturait" chacun d'eux avec un sens de l'observation qui lui appartenait. Ces portraits étaient accompagnés d'une photo ancienne commentée.
Noël 1981 |
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Dans celle qui suit, il questionnait les lecteurs pour retrouver des gens qui posaient sur la photographie. |
La photo a
d'ailleurs
été prise juste en face de la maison de l'Oncle
André que Papy-Louis a habitée pendant la guerre
14 et,
au fond, celle de sa future femme, fille de
Narcisse,
décédé de la grippe
espagnole en 1918. La tante de Papy-Louis y a reconnu son futur mari ( l'Oncle André). (voir la réponse d'Emile à sa tante sous la photo). Elle lui en avait fait part, ce qui leur avait donné l'occasion de communiquer alors qu'elle n'habitait plus dans la région. |
Mazé le
31 Décembre 1982 Chère Madame et Amie, Merci de votre bonne lettre. Je puis dire que cette fameuse carte postale illustrant la publicité de Noël de Mazé a eu beaucoup de succès : j'ai reçu plusieurs lettres me donnant des détails sur les personnages qu'elle représente et maintenant je les connais tous. Les deux cycliste du milieu sont bien votre mari et Martial Breton, mais celui le plus proche de la berme n'est pas, comme vous le croyiez Narcisse Bourneuf mais Marcel Flosseau. Quant à celui de droite, ce serait un de leurs camarades, Bédin que vous n'avez sans doute pas connu et qui fut tué, comme Martial, à la guerre 14-18. Le petit garçon, sur le trottoir est Raoul Lafay et sa sœur, à côté de lui. Le cycliste au 1er plan est Daniel Daniau, dont la mère était chef de gare à Mazé. Près de lui, un garçonnet qui habitait, parait il, sur la place. Ainsi, c'est tout le vieux Mazé qui ressuscite et je vois avec plaisir, ma chère Odette, que vous y êtes toujours attachée. Le pète avait raison, "Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ? " Et comme c'est plus important encore quand on découvre, comme vous, sur une vieille carte postale, les traits d'un être aimé ! J'ai reconnu, moi aussi, la silhouette d'André, sa belle carrure de petit athlète... Je me souviens l'avoir vu, sur la scène du patronage St Antoine, avec mon cher Papa, dans "la Patrie avant tout" - il tuait, par mégarde, dans une rixe, son rival - (Je me souviens que c'était un des frères Lindé) et quand la police arrivait, je le vois encore jeter son revolver ... je l'entends dire : "je suis prêt!". Comme il y a des souvenirs vivaces ! Pour moi, j'ai continué de jouer la comédie ... Le théâtre m'a toujours passionné .... La vie, n'est-ce pas cela : " Une ample comédie aux cent actes divers " ... Au seuil de cette année 1983, je vous la souhaite bonne et heureuse, Chère Madame et Amie, et je vous redis la fidélité de mon souvenir. Emile Joulain
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A quelques jours de
son
83ème anniversaire (rappelons qu'il est
décédé 6 ans plus tard, le 21
février 1989)
, il était encore très actif et continuait,
entre-autres
à alimenter le journal de ses billets, voeux et autres
rubriques.. Il aimait aussi correspondre avec des amis, avec des personnages connus et/ou célèbres, comme des inconnus. Si je vous livre cette lettre, c'est pour vous montrer comment son brin de plume et son érudition ressortaient, même dans un simple courrier. La description de ces personnages (aux environs de sa propre naissance - 1900 - ) est intéressantes même plus d'un siècle plus tard. Pour Papy-Louis, ces personnes, soit il les avait connues très âgées, soit il avait connu les enfants et les petits enfants. L'un de ceux-ci a été sauvé de la noyade par mes fils alors que très âgé et invalide, il tentait de couper une branche de saule sur les bords de l'Authion, à côté de leur lieu de pèche à la ligne... Plus loin, on parle de "garçonnet" alors que j'ai connu, de mon âge, feu son fils, comme le temps passe.... Encore plus loin, allusion à la gare du train "le petit-Anjou " , le cycliste a déjà bien grandi depuis sa promenade sur le quai ( carte postale ci-dessous) : Et voici Lamartine qui commente la photo souvenir ! On retrouve bien sa passion pour le théâtre qui lui fut transmise par son père ainsi que son viscéral attachement au patronage et à la gymnastique. Et moi, je suis allé à la même école avec leurs petits enfants... André était loin de penser qu'il allait être, 15 ans plus tard, obligé d'arracher le pistolet des mains d'un officier allemand qu'il allait secourir et qui voulait le tuer (et en scène grandeur nature cette fois-ci !) Après Lamartine voici La Fontaine. Magnifique lettre de notre poète ! |
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Ci-dessous quelques billets généralement publiés au moment des voeux (voir la page consacrée à la bonne année) | ||
Extrait de " Y-a qu'un maît' " avec quelques portraits de personnes du village :
Son domaine de prédilection était donc l'écriture : de la chronique au roman en passant par les poèmes en patois, les rimiaux, avec un thème favori : la Loire "Sa Loère" (voir la page spéciale Loire - "Les fill's d'la Loére" . Des enregistrements existent dans le commerce. Il a également écrit des chansons pour lesquelles il composait la musique, il était donc complet : auteur compositeur et interprète.
Musique particulière, il accompagnait à l'harmonium la messe à l'église du village du 1er Janvier au 31 décembre; il fallait vraiment une mauvaise grippe pour qu'Émile ne soit pas "fidèle" au poste
La foi qui l'a accompagné tout au long de sa vie, y compris dans les moments les plus difficiles, est omniprésente dans ses textes. Il savait s'appliquer les principes de la religion sans les imposer aux autres; c'était un exemple de tolérance et de respect.
Leçon de tolérance - la poutre et la paille - ("Tais té don' "):
Leçon de respect et démonstration d'égalité devant la mort - ("Tais té don' "):
Métaphore sur le temps de "l'Avent" (" L'temps dés avents"):
Supplique du paysan - prière pour conserver la foi (" Un coeur dé pésan ") :
Il n'a pas fait de longues études; il avait un certificat d'études primaires. Il s'était rattrapé : autodidacte parfait, il avait une connaissance de toute la littérature ancienne et moderne. Sa grande culture intellectuelle ne l'a pas éloigné de la culture de la terre, il s'est servi de sa plume pour montrer sa fierté d'apartenance au monde paysan.
Le paysan poête et sensible vu par Emile ("Un coeur dé pésan"):
Il était particulièrement attaché à la nature et opposé aux changements technologiques qui la mettaient en péril ( "les massacreur de la nature") : remembrements, constructions modernes au détriment du patrimoine existant sans parler de l'Administration et ses aberrations etc.
Chanson mettant en cause le remembrement (" darrièr' la haie") :
Retour à la nature après une visite en ville (" un pésan èvolué") :
Il a participé a une grande quantité de manifestations folkloriques, émissions radiophoniques puis de télévision un peu plus tard. Guide au château de Montgeoffroy, il a côtoyé des personnalités et des artistes qui rendaient visite au marquis de Contades.
Il recevait des écrivains et des chanteurs compositeurs à son domicile mais sa modestie et sa proximité des hommes de la terre faisaient qu'il ne mettait jamais cela en avant.
Ces périodes difficiles qu'il a vécues lui faisait :
- rendre hommage à ceux qui ont payé de leur vie (les cadets de Saumur 1940) :
- partager la douleur de l'éloignement dans les conflits (algérie) :
On a souvent assimilé Emile Joulain aux rimiaux, aux carricatures, et aux histoires drôles qui vont avec. Oui c'était une partie de son registre mais il était un grand poête, reconnu par ses pairs. Hervé Bazin disait de lui "On ne glose pas sur Joulain, on l'écoute". Il savait faire rire mais comme tout bon pôete, il savait émouvoir. Ecoutez cet extrait sur les peupliers qui changent d'aspect en fonction des saisons mais qui finissent comme une procession de deuil, écrit un soir de la deuxième guerre ...
Quelques éléments biographie à partir de celle écrite par son frère, l'Abbé René JOULAIN, juste après le décès d'Emile (les extraits en italiques sont de l'Abbé Joulain)
(biographie complète que vous pouvez trouver en préface de l'excellent livre d'un de ses disciples Yvon Péan : Emile JOULAIN - Tel que lui-même ... Chronique d'une rencontre )
Émile JOULAIN est né en 1900 à MAZÉ, aux BAS-PAYS, de :René JOULAIN | Marie MEFFRAY | Louis HAMELIN (2) | Jeanne GREFFIER |
Émile JOULAIN (1) | Jeanne HAMELIN (Yvonne : soeur / tante - 5 filles (3) ) | ||
Émile JOULAIN (Poète) - René JOULAIN (Abbé) |
Son père,
Émile
JOULAIN (1), fut
un des
premiers élèves du Pensionnat
STJOSEPH,fondé en 1875 par M.
BROSSARD, curé de MAZÉ et confié aux
frères des Ecoles
Chrétiennes, où M. Jean-Baptiste PEYRE,
originaire de l'ARIEGE, le
frère diacre, en religion, enseigna pendant plus de 50 ans
les
enfants de MAZE;
Quand le grand-père fut disparu, en décembre 1914, Émile logea chez la grand-mère, à partir de 1939, et sa chambre devint vite un lieu d'accueil très fréquenté par ceux qui faisaient partie du patronage. Elle disparaîtra en octobre 1927, l'avant veille du mariage d'Émile avec Madeleine CORMIER. C'est par cette alliance que nous avons un lien de parenté
Nous vivions donc avec les grands-parents JOULAIN, mais nous allions souvent à Montgeoffroy. Cette petite maison carrée, située au bord de route de Bauné, était un havre de paix, de chaleur, avec un grand-père HAMELIN, gai et pacifique, une grand-mère, malicieuse et futée, pleine de modestie, des tantes qui ne avaient quoi faire pour nous. Et tout cela dans un respect pour les maîtres différents, de 1888 à 1975.
Personnellement,
j'en ai un souvenir très présent car dans les
années 1960, j'allais avec mon presque "jumeau", fils
d'Émile, chez la tante Yvonne, d'où il rapportait
toujours quelques livres de sa bibliothèque impressionnante
! De plus, cela nous permettait d'avoir des accès
privilégié aux différentes visites
mais
essentiellement au cyclo-cross annuel où nous avons pu
obtenir
les autographes des grands de l'époque, Merckx, Anquetil,
Poulidor et j'en passe ... La première petite maison carrée sur la droite, qui matérialise l'entrée du château était la demeure d'Yvonne.
photos - du haut :
carte postale
- du bas,
à l'occasion du tour de France 78 -Sce
France3 - => |
L'Abbé René décrit leurs parents qui ont certainement tracé la route de notre autodidacte : Nous avions enfin de bons parents. Le père Émile : Un homme à l'intelligence claire, d'une droiture extraordinaire, admirateur de CHATEAUBRIAND, musicien, tenant l'harmonium à l'église, président du Patronage St Antoine, jouant à la boule. Il avait une femme faite sur mesure pour lui. De couturière qu'elle était, elle devint une cultivatrice des Bas-Pays. En sa jeunesse, chanteuse à l'église et actrice sur les planches du patronage, la voilà, avec son mari, et ses deux garçons, en bonne intelligence avec ses beaux parents, elle aimait recevoir sa famille et parfois aussi les amis d'Émile. Elle aimait beaucoup lire et surveillait les lectures d'Émile qui, dès onze douze ans, dévorait les livres, et elle l'avait abonné aux "Nouvelles Littéraires".
En ce début du 20ème siècle, nous avons vécu à MAZÉ, dans un climat de lutte. De tout temps, MAZÉ a été républicain, mais c'est surtout durant le ministère de l'Abbé BROSSARD, qui fut curé pendant 30 ans (1865 à 1895) et durant les 39 années de mairie du Dr HACQUES (1880 à 1919) que la lutte fut rude, déclenchée par la fondation du pensionnat St Joseph, une lutte sans merci, entre les tenants de chaque école, regroupés dans des amicales très militantes. Émile avait de très bons amis à l'école St Joseph.
Le Maire, Docteur
Hacques lors d'une fête sur la place du village (env.1900) en arrière plan, le clocheton et la statue du Sacré-Cœur du pensionnat Saint Joseph. |
Manoeuvres de
pompiers sur la place du village (env.1900) en arrière plan, la grille d'entrée du pensionnat Saint Joseph. |
Grille d'entrée du pensionnat Saint Joseph (côté place de l'église) | Même
grille vue depuis la cour intérieure (rue de Verdun) Ecole maternelle, encore appelée asile |
Revue de Pompiers (la caserne était en arrière plan à cette époque(env.1900) | Manoeuvres de
pompiers sur la place du village (env.1900) Une fontaine existait encore au centre de la place. |
Photographie de
la musique municipale, entre 1900 et la guerre 14 A la grosse caisse, le maire qui remplacera le Docteur Hacques : Monsieur Baudouin (au moins, en pensant aux accords de musique, on en oublie les désaccords entre "calotins et anti-calotins") |
Un peu plus tard, la musique propre au patronage. On reconnait Emile Joulain à droite, debout devant l'arbre |
Pendant ce temps, l'exploitation était tenue par la grand mère encore vaillante, notre mère, et Émile, qui apprit son métier de cultivateur, grâce à notre voisin, Auguste HILD, un homme compétent et d'une serviabilité extraordinaire. Notre père revenu du front, Émile travailla avec lui, labourant, passant la houe dans les vignes, et surtout bêchant des boisselées entières, à "taille ouverte", ou autrement, faisant du bois, dans "La Vague", sur le bord de l'Authion, ou dans le Bois Guérin, sur la route de ST GEORGES DU BOIS. Je le vois encore, appuyé sur son manche de pelle, scrutant d'un regard contemplatif les paysages de la Vallée.
J'ai bien connu Emile faisant du bois à la serpe , dénudant les "touesses" de saules pour en faire des fagots à destination de la cheminée. Nous l'accompagnions, son fils et moi pour jouer au bord de l'eau, dans la "Vague".
Mais, je crois que c'est dans les bois qu'il se plaisait le mieux, se redisant ô lui-même des passages entiers de Victor HUGO, de François COPPÉE ou d'Edmond ROSTAND, ou composant lui-même des pièces de poésie.
C'est vrai que nous en avons passé des après-midis en sa compagnie (il était piloté par sa femme jusque dans les "boés du Baugeoés"), et appréciaient ce temps, à l'ombre des arbres à écouter, regarder et lire... Je ne connaissais pas cela chez moi et j'en étais toujours étonné.
Eut-il aimé faire autre chose que cultiver la terre dans un coin des Bas-Pays de MAZÉ ? Sans doute. Il est resté à la terre parce que nos parents, tout en étant propriétaires, n'étaient pas assez riches pour faire faire des études à leur fils aîné. Il aurait sans doute réussi dans des études littéraires, mais devenu professionnel de collège ou d'université serait-il devenu le poète rural, chantant son pays et sa Loire dans le patois des Bas-Pays, un gars de la terre chantant la terre et les paysans qui la Cultivent?
Toujours est-il qu'il eut toujours la soif d'apprendre. Sans compter qu'étant correspondant du "PETIT COURRIER", devenu après la Libération, le COURRIER DE L' OUEST, il écrivait dans ce journal, racontant les petits faits du pays, en attendant d'écrire son célèbre Billet du Paysan de la Loire. |
Enfin, il faisait partie de la chorale paroissiale, en attendant de la diriger lui-même, et de lui faire chanter quelques morceaux de sa composition. Après 1945, il sera l'organiste jusqu'à la fin de sa vie succédant à notre père, organiste à Mazé depuis 1880 jusqu'en 1943 (la paroisse de Mazé aura donc eu un Émile Joulain, le père puis le fils, comme organiste pendant 108 ans). |
C'était un homme
remarquable que le hasard a donc fait entrer par alliance dans notre
famille (d'où le "cousin" de la signature de la lettre
ci-contre). Il a d'ailleurs écrit une lettre depuis la ligne Maginot en Avril 1940 pour le mariage de Papy-Louis; lettre qui fait ressortir sa piété et son patriotisme. (Pour comprendre le sens des extraits, il faut savoir que Papy-Louis profitait d'une courte permission pour se marier et il devait repartir aussitôt rejoindre l'Amirauté - lire les chapitres 1939 - 1940 -). |
C'est du temps de la guerre qu'il connut Marc LECLERC, qui s'était retiré à la MENITRE, près de la gare, au « joucq ». Ils se lièrent d'amitié et il encouragea Émile à écrire ses rimiaux.
Il vécut douloureusement son veuvage, près de nos vieux parents. Notre père étant mort en novembre 1947, Émile vécut près de notre mère jusqu'en 1951. Les poèmes de cette époque, qu'il ne disait jamais témoignent de la souffrance d'un homme qui aimait beaucoup sa femme "J'ai vécu avec Madeleine, m'a-til dit, 18 ans de bonheur".
Dans les mêmes temps, le frère de Madeleine, Roger CORMIER, marié à Andrée COTTIER, était revenu de captivité. Mariés en 1936, ils avaient une fille. Et voici que le malheur vint les visiter. Roger mourut en 1947. C'est alors qu'Émile et Andrée se rapprochèrent, mettant leur peine en commun.
Ils se marièrent en janvier 1951, au petit matin, en l'Eglise de MAZE. Et le 1er novembre 1952, naît à leur foyer un garçon, Émile-André, "nout' petit gars" ;
Emile André et moi, fils de Papy-Louis,
habitions donc
dans la même rue, nos maisons distantes de quelques
dizaines
de mètres. Combien de temps passé chez eux
à jouer
dans la grande pièce à vivre, aux
côtés
d'Emile qui écrivait et de son épouse qui lisait
ou
tricotait . La maman JOULAIN meurt en 1957. Émile a affermé maisons et terres. Il est toujours agent du Courrier de l'Ouest, et commence à donner un peu partout des récitals, tout en cultivant un grand jardin de 1500 m2, qu'il a acheté avec Andrée, (en souvenir, je suppose du "paradis des grands parents, ils appelaient cette parcelle de terre leur "paradoux"), jouxtant leur demeure, sans compter qu'il s'occupe encore beaucoup de théâtre, est organiste à l'église, et est omniprésent. En 1973, le malheur vient à nouveau frapper à la porte, et sa deuxième épouse décède à 60 ans, entourée de l'estime de tout un peuple. |
En perdant Andrée, il a perdu sa régulatrice, sa comptable, la confidente attentive de tous ses projets. Elle l'accompagnera par delà la tombe et l'aidera à entretenir son rêve intérieur. Tant et si bien que les 15 dernières années de sa vie vont être comme un feu d'artifice, en ANJOU, et dans toute la FRANCE, avecles Ecrivains Paysans d'Anjou et d'ailleurs. Ses calepins sont pleins pour toute l'année et il va chanter l'Anjou, les joies et les peines du monde paysan, dans le patois des Bas-Pays, voituré par ses amis, et tout spécialement par Yvon PEAN et André LANDRY. Il aimait son MAZE, sa vallée veuve de ses haies par la faute des hommes, MONTGEOFFROY, qu'il fit visiter pendant presque 20 ans, avec compétence et avec amour, les et tous ces gens de MAZE qu'il rencontrait chaque jour, au café les Floralies, amicalement reçu par les propriétaires, autour d'une ou de plusieurs "fillettes" de blanc.
Cet homme de foi, bon et tolérant n'est plus. Ces trois mots résument sa vie, et peut-être mieux encore ce que lui disait un jour notre chère tant Yvonne "Tu marches comme dans un rêve éveillé". "LES FILLES DE LA LOUERE", ne sont, me semble t-il, que la transcription écrite de ses songes et de ses musiques intérieures.
Qu'il nous aide à marcher tous, dans le jour comme dans la nuit, la joie, ou le malheur, dans son sillage.