La
Pâssion d'not' frér' le poélu (Marc Leclerc - son
Maître)
Bonne année !
Boûnne Année
V'la
la Piée !
I' Gèle
Heureusement que l'Anjou ne connait pas souvent=<<Y ces
conditions
météorologiques ! Et quand il y a un peu de givre
aux vitres, pour nous "
I' gèle " !
Vous pourrez écouter paragraphe par paragraphe pour suivre
la "traduction" et/ou en entier en lien en bas de page.
Ces extraits ne sont qu'une modeste interprétation pour
conserver un peu de nos racines et que cela se transmette comme Emile
me le répétait peu de temps encore avant son
dernier voyage.
Il
gèle
C’est venu
tout d’un coup, sans
prévenir ;
Tandis que nous
étions en train de dormir,
La Vierge a filé
ses dentelles ;
De très bon matin,
On a dit : »
Tiens !
Sacrée surprise !
Il gèle ! »
Les
étoiles, elles brillent clair dans le ciel ;
Tous les arbres sont
des arbres de Noël ;
A toutes les
branches il y a des chandelles ;
Il y a des frimas,
Il y a du verglas,
On tombe par terre !
Il gèle !
Et puis le soleil il
a monté,
Bien sûr pas si
chaud que cet été,
Mais la campagne est
encore plus belle ;
Puis, dans le
couchant,
Voilà qu’il
descend,
Rouge comme du
sang ;
Il gèle !
Il va faire bon,
plus que sur les chemins,
A se chauffer les
pieds et les mains,
En écoutant le feu
qui grésille ;
Un petit grillon,
Dans la maison,
Dit sa chanson ;
Il gèle !
Une bonne soupe
chaude, une beurrée de beurre,
Et puis, au lit sur
le coup de huit heures
Qui font neuf heures
à l’heure nouvelle.
Il faut, pour bien
faire,
Ne pas se coucher
tard :
On se fait du lard !
Il gèle !
Il n’y a
pas que dehors qu’il gèle,
quelquefois ;
Chez soi, on se fait
une tête de bois,
On se fâche, on
cogne la vaisselle ;
Et, le bec cousu,
On ne se regarde
plus.
On se tourne le
cul !
Il gèle !
Nous ferions mieux,
nous qui sommes chanceux,
Au lieu de grogner,
de penser à ceux
qui ont des guenilles qui s’effilochent ;
(Tout est si cher !
) (*)
Seulement pas
couverts,
Quand vient l’hiver,
Qu’il gèle !
Allons, les femmes
de notre pays,
N’avez-vous pas
encore de vieux habits
Qui se mangent aux
mites, des vieilles frusques ?
Il ne faut faire fi
de rien !
Les gosses qui ont
faim
Les mettront bien :
Il gèle !
Songez à
eux, aux pauvres gamins
Qui n’ont
seulement pas de linge à se mettre sur le dos,
Quand nous dormons
au chaud dans nos coins de lits,
Qui n’ont
seulement pas de draps !
Ça
vous coûtera ?
Dieu vous le rendra
Il gèle !
24 janvier 1946 -
(*) juste au
lendemain de la seconde guerre mondiale.
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particulier le livre le plus connu "Rimiaux d'icitt', rimiaux d'laut'
bord" et ce dernier dans "RIMIAUX" Atelier d'Art Philippe Petit.