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Sommaire Page Emile JOULAIN
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Émile
JOULAIN
dit "l'Gâs Mile"
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Je vous livre donc ici une (modeste) lecture de son
poème
qu'il dédia aux Cadets.
Une île de Loire - Lundi et mardi de Pâques 1952, Île de Gennes. - En parallèle, vous pourrez suivre en français, le texte lu en patois : | ||
À la mémoire du lieutenant Jacques Desplats et de ses camarades, tombés au champ d’honneur dans l’île de Gennes, le 20 juin 1940. | ||
Il
n’y a pas de plaisir où il y a de la
gêne, Pas vrai, les filles, les gars fiers, Qui êtes venus, un beau jour, à Gennes, Goûter le beurre blanc des Dames Bareau ? Vous avez, parce qu’ils sont célèbres, Monté, comme vos pères, les pèlerins, Au clocher tout blanc de Saint-Eusèbe, Au clocher gris de Saint-Vétérin. Vous avez regardé la vallée : La Loire avait mis, pour le beau temps, Sa robe de mariée, déroulée, Sous les grandes arches vertes du printemps. Puis vous avez traîné dans l’île ; Il faisait bon, il faisait clair ; Il y avait, bien haut, sous le ciel tranquille, Un tremblement de chaleur dans l’air. Tout d’un coup, en travers les branches, Vous avez quasiment buté, Entre deux troncs, sur une croix blanche Qui a poussé là, depuis un été. |
Cet
été-là, comme sous un orage, L’eau était toute morte, sans courant ; Et même ceux qui avaient du courage Marchaient sur les routes en se serrant. Ils se sont battus, cent contre mille ; Ça sentait bon l’odeur du foin ; Une île toute verte… une petite île… Une île de Loire… un soir de Juin… Dans la vallée mûrissaient les poires, Mais leurs fruits à eux étaient mûrs ; C’est comme ça, dans une île de Loire, Qu’ils sont morts, les Cadets de Saumur. Ils ne sont pas morts pour sauver le monde, Ni même la France, ni même l’Anjou, Mais parce que la grève était blonde Et parce que le soir il était très doux. Pour qu’il y ait encore, sous le béret basque Des bonnes goules de petits gars heureux, Leurs yeux guettaient, plus durs sous le casque, Les champs et les arbres de chez eux. |
Pour
qu’il y ait encore des blondes, des brunes Égaillées dans les mêmes prés verts, Eux aussi, couchés sous la lune, Ils l’ont regardé le ciel, à l’envers. Pour qu’il y ait encore des pas qui sonnent Et des autos sur le pont suspendu, Leur petite croix blanche, où ne va personne, Fait signe, là-bas, de ses bras tendus. Pour qu’il y ait encore, dans de vieilles auberges, Des anguilles de Loire et du vin blanc, Et des bagnoles larges comme des barges, Et de grands chiens noirs sur le siège de devant ; De beaux dimanches, de la vie, des Pentecôtes, Des lundi de Pâques ; pour qu’il y ait encore Des groupes de personnes, qui montent la côte De Saint-Eusèbe, des jeunes gars sont morts, Dans une île.. une île entre mille Qui sentait bon l’odeur du foin ... Une île toute verte… une petite île… Une île de Loire… un soir de Juin… |