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Émile   JOULAIN dit "l'Gâs Mile"

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L'temps des avents

En ce mois de décembre, j'ai envie de vous faire partager un rimiau d'Emile Joulain,
rimiau écrit en décembre 1963, c'est à dire tardivement par rapport à l'ensemble de son oeuvre.


Vous trouverez en bas de page, un extrait (merci Emile-André) de Nout' grouss' buch' (je n'ai pas pu y résister en cette période de Noël)

(Vous pouvez lancer la lecture strophe par
strophe. Evidemment, dans la version "traduite" - colonne de droite - les rimes ne sont plus toujours présentes)

 


L'Temps des Avents, c'est ein temps d'breume
Qui coll' son nez frèt' aux carreaux;
C'est, dès qu'on sôrt, l'brouillârd qu'on heume,
C't'i là qu'ent' point dans les bureaux;
L'temps des touss'ries et l'temps des rheumes;
Ein p'tit roug'gorg' vient, sous l'auvent,
Picorer l'pain; j'voés, sû' ses pieumes,
Couri' l'vent du temps des Avents.
Le temps de l'Avent, c'est un temps de brume
Qui colle son nez froid à la fenêtre;
C'est, dès que l'on sort, le brouillard que l'on inspire
Celui qui n'entre pas dans les bureaux
Le temps des toux et le temps des rhumes.
Un petit rouge-gorge vient sous l'auvent,
Picorer le pain ; je vois sous ses plumes,
Courir le vent du temps de l'Avent. 


 


L'temps des Avents, c'est ein tas d'pommes
A qui qu'les paîllers font d'z'abris,
Les clochers rayés d'ein trait d'gomme
Sû' la pag' d'ardoès' du ciel gris,
Les grands peûpelliers qui s'élancent
Et qui sont côr pûs bieaux qu'avant,
Pasqu'on dirait eine armée d'lances
qui défil', dans l'temps des Avents.
Le temps de l'Avent, c'est un tas de pommes
A qui les meules de paille font des abris
Les clochers rayés d'un trait de gomme
Sur la page d'ardoise du ciel gris,
Les grands peupliers qui s'élancent
Et qui sont encore plus beaux qu'avant,
Parce que l'on dirait une armée de lances
Qui défilent sans le temps de l'Avent.


 


L'temps des Avents, c'est temps des pouètes,
Tout pardus dans l'silence des champs;
L'brouillârd du soér qui met sa ouète
Sû' les piaies des soulés couchants;
C'est des grand's band's de grouss's groll's noéres
Sû' ein tracteûr rouge, et pis, d'vant,
C'est tout' ein' guerrouée d'mouett's de Loére
Qui s'envol', dans l'temps des Avents.
Le temps de l'Avent, c'est le temps des poètes,
Complètement perdus dans le silence des champs;
Le brouillard du soir qui met da ouate
Sur les plaies des soleils couchants;
Ce sont des grandes bandes de gros corbeaux noirs
Sur un tracteur rouge, et puis, devant,
C'est tout un amas de mouettes de Loire
Qui s'envolent dans le temps de l'Avent.



 


L'temps des Avents, c'est comme eine arche
Tendue enter' la terre et l'ciel;
C'est comm' quéqu'chous' qui s'rait en marche,
Par la grand' rout' des Avents d'Nouël;
Et moé qui pûs jamés n'me range
Aux boniments des groûs savants,
J'me dis qu'c'est p'têt les ail's des Anges
Qui rend'nt si bianc l'temps des Avents.
Le temps de l'Avent, c'est comme arche
Tendue entre la terre et le ciel;
C'est comme quelque chose qui serait en marche,
Par la grande route de l'Avent de Noël;
Et moi, qui plus jamais ne me plie
Aux annonces des grands savants,
Je me dis que ce sont peut-être les ailes des Anges
Qui rendent si blanc le temps de l'Avent.


haut de page

Buche
Noût' groûss' buche

Un poème magnifique sur la bûche de Noël et sa magie du "Divin Enfant"qu'on ne répand plus de la même façon... Et pourtant, vous comprendrez en écoutant, Dieu sait si il y a toujours plus de "trainiers" avec tous les migrants de notre époque qui fuient famines et guerres et qui aimeraient tant avoir un simple feu de cheminée. Bonne écoute et bonne lecture !

 


Extraits Traduction intégrale
1
J't'avions gardée pour la veillée,
Pour que tu chauff's tout' la bouillée :
L'pére et la mér', les fill's, les gâs,
Et les deux chiens et les quat' châts.
T'étais bein au sec sous la grange,
En attendant l'heûre où qu'les Anges
Dans les hauteûrs vont chanter : Nouël !
Tout au long des grand' rout's du ciel,
Tout' bianch's d'étoél's, de leun' et d'gel.
T'étais point d'l'umiau ni du chêne,
Mais ein' bonn' têt' de troéss' de frêne
Qu'j'avions déroché' sans trop d'mal,
Du talus qu'est l'long du canal,
Ovec ton lierr' comme ein' capuche,
Noût' groûss' bûche !
1
Je t'avais gardée pour la veillée (de Noël)
Pour que tu réchauffes tout le monde :
Le père et la mère, les filles, les gars,
Et les deux chiens et les quatre chats.
Tu étais bien au sec sous la grange,
En attendant l'heure où les Anges
Dans le ciel vont chanter : Noël !
Tout au long des grandes routes du ciel,
Toutes blanches d'étoiles, de lune et de gel.
Tu n'étais pas de l'ormeau ni du chêne,
Mais une bonne tête de trogne de frêne
Que j'avais déraciné sans trop de difficulté,
Du talus qui est le long du canal,
Avec ton lierre semblable à une capuche,
Notre grosse bûche !
2
J'avais bien essayé de te fendre,
Mais va te faire voir ! Tu n'étais pas tendre ;
Tu ne voulais pas entendre raison,
Tous les fendeurs de bois de la maison
En seraient tombés en pâmoison,
Les coins de fer nous frisaient la gueule
Et manquaient de défoncer le portail !
Si vous aviez vu ce travail !
Le manche du merlin et le manche du maillet
Qui cassaient ! J'en perdais la boule !
Alors, de mes deux mains pleines d'ampoules,
Je t'ai mis dans mes deux bras pliés,
Comme un gros marmot ému,
Et je t'ai couché dans notre foyer,
Comme un pain de douze dans le fond de la huche
Notre grosse bûche !
3
Maintenant te voilà ici, bien tranquille,
Une vieille centenaire qui ne se fait pas de bile,
Qui se couche de bonne heure et qui dort,
Sur ses chenets de cuivre brillants comme l'or,
Notre bûche, plus belle que celles de la ville,
Qui ont peut-être un bois sans défauts,
Mais qui brûlent mal, d'un feu qui est faux.
Tu es là, notre bûche ; tu attends qu'on mette
Sous le sarment sec une allumette.
Je ne t'allumerai qu'après le souper,
Et j'aurai bien de quoi occuper
Les deux ou trois heures de la veillée,
Toute notre attente émerveillée,
A regarder, les coudes sur les genoux
Et l’âme à demi ensommeillée,
Crouler ton bois sous ton feu doux,
Jusque vers onze heure et demie,
Quand nos quatre cloches, dans le ciel qui reluit,
Sur la vallée toute endormie,
Elles sonnent pour la Messe de Minuit.
Je t'envelopperai dans la cendre toute chaude,
Pour que le courant d'air qui maraude
En dessous de la porte t'éparpille moins,
Et tu resteras là, dans ton coin,
Brûlant toute seule, sans plus de témoins,
Rien que les yeux bleus d'un ours en peluche,
Notre grosse bûche !
...© "Rimiaux d'Icit' " E.Joulain
4
Tout' seul' tu mont'ras ta faction ;
Pis, quant sonn'ra l'élévâtion
Et qu'la cloche, à p'tits coups sonnée,
E' descendra par la ch'minée,
Tout d'ein coup, à la port', là-bas,
Qui mèn' sous l'vent son p'tit rabât,
Sortant du noér et d'la frédure,
Troés omb's pass'ront pa' l'trou d'sarrure :
L'enfant Jésus qu'on n’invit' point,
Marie et Joseph dans l'bésoin,
Les trois pouv's veilleux qui nous appellent,
Les trois tréniers d'Nouël qui terbuchent,
Dans la nuit froéd' tout' plein' d'embûches,
Qui quêt'nt le gît', l'pain, l'vin d'la cruche.
Tu les réchauff''ras, noût' vieill' bûche,
Jusqu'à dév'ni' groûss' comm' le poing,
Tandis qu'tes brais's, de loin en loin,
E's bourdonn'ront leû' baragouin,
Comme des avett's roug's dans n'ein' ruche,
Noût' groûss' bûche !
4
Toute seule tu monteras ta faction ;
Et puis, quand sonnera l'élévation
Et que la cloche, à petits coups sonnée,
Elle descendra par la cheminée,
Tout d'un coup, à la porte, là-bas,
Qui mène sous le vent son petit rabat,
Sortant du noir et de la froidure,
Trois ombres passeront par le trou de serrure :
L'enfant Jésus qu'on n’invite pas,
Marie et Joseph dans le besoin,
Les trois pauvres veilleurs qui nous appellent,
Les trois vagabonds de Noël qui trébuchent,
Dans la nuit froide toute pleine d'embûches,
Qui quêtent le gîte, le pain, le vin de la cruche.
Tu les réchaufferas, notre vieille bûche,
Jusqu'à devenir grosse comme le poing,
Tandis que tes braises, de loin en loin,
Elles bourdonneront leur baragouin,
Comme des abeilles rouges dans une ruche,
Notre grosse bûche !

Texte magnifique qui me rappelle le temps où, avec son fils, mon "presque jumeau", allions accompagner Émile "faire du bois" avec sa serpe, comme un druide du vingtième siècle,
Puis que nous jouions sur le tapis, devant la cheminée de la salle à manger-salon, pendant que les seuls bruits de la maison se résumaient :
 - au bois éclatant par la chaleur qui nous brûlait le dos,
- aux les aiguilles à tricoter qui menaient un duel effréné dans les mains de son épouse,
- au bruit du souffle des pages du livre que sa fille lisait, lesquelles tournaient avec la régularité d'une horloge,
- à la plume du stylo d'Émile qui rédigeait la chronique de presse pour le lendemain,
- et au tic-tac de l'horloge murale qui synchronisait cette harmonie que nous n'osions perturber.



Vous trouverez ses oeuvres dans toutes les bonnes librairies et en particulier le livre le plus connu "Rimiaux d'icitt', rimiaux d'laut' bord"
H.Siraudeau et Cie 1964.
(Merci Emile-André)
dedicace
Belle dédicace ! Et j'y tiens






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