Une journée de poilu ... comme les autres, depuis 4 ans (27 mai 1918)
Extrait du JMO : Journal des Marches et Opérations du 27 mai 1918 | Transcription | |
![]() |
01h00: Déclenchement d'une préparation d'artillerie ennemie extrêmement violente. Obus toxiques formant vagues très denses. 01h30: La 3è Cie va occuper la bretelle du Bois quartier (ordre la Division). 02h00: La 1re Cie monte de Rouge-Maison à Rochefort (ordre de la division). 03h30: Le Chef de Btn Chevallier Cdt le 3è Btn fait connaître par TPS : "Rien à signaler - Beaucoup de gaz" 03h45: Du Commandant Chevallier par TPS : "Rien à signaler. Pas d'action d'infanterie" 04h00: Déclenchement de l'attaque d'infanterie ennemie. 04h35: Des Vaumaires par TPS "On se bat dans la grotte" 04h45: La compagnie Angeli (7e) se porte sur le Camouflet et carrefour Ouest de Froidmont. 06h00: De la 1é Cie de l'Epine par TPS : tiens toujours mais les boches me tournent. Il me manque des munitions. Envoyez des renforts le plus vite possible; sans cela je ne pourrai pas tenir longtemps". 06h10: De la 9è Cie de l'Abordage par TPS :"Le Lieutenant Chambre tient toutes ses positions. Une centaine de Boches se sont infiltrés vers la Royère. Demande de renfort". 06h17: Le peloton Ternon de la 2è Cie de Bartan part pour contre attaquer au Belvédère. 06h12: La section Hilléreau de la 1èreCie part pour dégager l'Abordage. 06h17: Le reste de la 2è Cie est mis à disposition du Colonel. De même pour la 1è Cie (ordre de la Division). Les deux unités doivent rejoindre Rochefort. 06h14: De Froidmont par TPS "Nous tenons Belvédère, Culot, Chemin des Dames, peut-être Etang. Demande de renfort et de demande de tir sur le fond des Vaumaires". 06h15: L'artillerie française tire trop court. 06h15: Le Commandant Caruel, Cdt le 3è groupe du 51è d'artillerie demande au Comdt Chevallier à ce que le tir d'artillerie française soit réglé par fusées signaux. 06h50: Du Comdt Chevallier par TPS " Nous tenons difficilement au Belvédère, Culot, Gorge. Demande de renseignements et renforts". 06h45: 12è Cie par pigeon voyageur "je suis tourné au PA de l'Epine" 06h50: De Froidmont par TPS : "Combat à la grenade à la sortie nord du Belvédère, le Boche me déborde. Je crois que Culot tient encore ainsi que le Chemin. Mais il y a du Boche entre nous". 07h21: De Froidmont par TPS : "Nous sommes cernés à Froidmont, nous résistons". 07h22: De l'Abordage par PV : "Lieutenants Chambre et Robert prisonniers. Encerclés au CA du Moulin Didier". 07h24: Le Capitaine Gougeon avec deux sections de la 1ère Cie se porte vers Froidmont pour se relier à la 7è Cie et dégager la sortie Sud. 07h25: Demande de renforts à la Division. 07h45: Le Commandant Chevallier est prévenu par TPS que le Capitaine Gougeon était parti le dégager. 07h30: Par TPS au Comt Chevallier :"Avez-vous établi contact avec Cie Angéli dirigée sur Camouflet (voir plan tranchées)et carrefour Ouest de Froidmont ?" 07h30: Du Capitaine Eluère Cdt le 2è Btn : "Les boches débouchent dans le ravin de Certeaux. Par trois fois, je les ai remontés sur le plateau. Camouflet et Couteau tiennent toujours". 07h45: Infiltration ennemie dans le ravin de Certeaux avec lance-flammes. 08h00: La Division téléphone : "Si la situation devient trop critique, vous pouvez vous replier sur Chavonne". 08h05: Le Commandant Eon en est informé. Il continue l'organisation de la défense de Rochefort. 08h10: Le Lt Colonel Cdt le 64è quitte Rochefort emportant toutes les archives. Les Boches débordent par la Croix sans Tête et Folemprise. 08h30: Des Vaumaires par PV: "Sommes une quarantaine dans la creuse des Vaumaires dont nous défendons les entrées. Peu de munitions, signé Le Bihan" 10h00: Le Lt Colonel passe l'Aisne au pont 3, regroupe les éléments qui se replient et organise la défense du pont. 10h20: Le Capitaine Eluère, après avoir évité l'encerclement à Certeaux et ensuite à Ostel est parvenu jusqu'au pont 3. 11h00: tous les éléments regroupés sont placés sous le commandement du Capitaine Eluère qui organise la défense de la deuxième position en liaison avec le 146è. 17h00: Ordre est donné au Régiment de regrouper à Ciry-Salsogne. Mouvement terminé à 22 heures. Pertes de la Journée : Officiers : Tué 1 Disparus 39 = 40 Troupe : Tués 5 Blessés 33 Disparus 1503 = 1541 (y compris les pertes des sections de discipline d'armée et de division rattachées au 64ème) |
La fiche est répétée en format original ci-dessous.
Elle semble bien correspondre à cette attaque du 27 mai 1918 A partir de cette heure la situation devient préoccupante.
Aussi, entre les unités qui tentent de se replier, les autres qui continuent de tenir, par voie de conséquence, celles qui se retrouvent prises en tenaille, les renforts difficiles car tout le front est attaqué; et ce, par tous les moyens ennemis (grenade, fusil, obus, gaz, lance-flammes etc...) ![]() La fiche est répétée en format original ci-dessous. Demande pour allonger le tir devant les Vaumaires. On notera à 06h45 l'information par pigeon voyageur Voir la position Des Vaumaires carte ci-dessous Voir Les Vaumaires (proximité) carte ci-dessous Voir le détail des tranchées ci-dessous ![]() ![]() Radios de tranchées : Voir les illustrations ci-dessous ![]() ![]() Utilisation des pigeons voyageurs Voir les illustrations ci-dessous |
Et pourtant ils s'y battaient depuis un moment (on peu dire "à corps perdus") dans ce secteur, sur seulement quelques kilomètres carrés ! Le sol n'était plus qu'une fosse commune.... |
||
21 Mars 1918 : Journée marquée par une très grande augmentation de l'activité de l'artillerie ennemie. Bombardement par rafales contenant une très grande quantité d'obus toxiques sur différents points du Bataillon en ligne, sur le Chemin des Dames, Certeaux, ravin d'Ostel et Ostel. Environ 1100 obus enregistrés au cours des 24 heures. 23 Mars 1918 : Les patrouilles envoyées ce matin en avant des PA n’ont rien signalé de particulier. A 9h45, une patrouille allemande s’est approchée de la pointe d’Abia. Trois hommes ont été vus, à une soixantaine de mètres environ par les grenadiers qui se trouvent près du canal. Reçus à coups de fusil et de VB, les Boches se sont dispersés. L’artillerie ennemie est active, de 16h30 à 18h00, violent bombardement par obus de tous calibres sur les Vaumaires, le groupe de combat du Taillis, accompagné d’obus toxiques ; 600 coups environ. 24 Mars 1918 : Nuit très agitée. Vers 21h violent bombardement par obus toxiques sur les Vaumaires et le Groupe des rondins. Vers minuit, violent bombardement des GC de la Pointe par obus toxiques (400 obus environ). De 1h30 à 3h30 tir assez violent de 77 et de 105 sur le ravin de l’Abordage (200 obus environ). |
Evolution du masque à gaz entre le début et la fin du conflit. (voir les illustrations ci-dessous) - PA : pistolets automatiques - Il doit s'agir du Mont d'Abias à 300m des Vaumaires - VB : Grenades à fusil françaises => 600 coup en 1 h 30 soit un obus toutes les 9 secondes !!! de quoi devenir fou (et ce fut le cas pour beaucoup) Comment pouvaient-ils résister à de telles conditions ? Psychologiquement, moralement et physiquement ... La quantité d'obus est impressionnante, ce qui veut dire qu'en plus des risques permanenets, ils n'avaient aucun momment de recupération possible ! |
![]() |
P.C."R xxx" Cdt Chevallier à Colonel Cdt le Régiment Renseignement : 5 h 45 . Un
groupe boche d'effectif
indéterminé s'est présenté
vers 4 h Celui-ci s'est déclenché dans de très
bonnes conditions. L'ennemi, après
échange de grenades a été
repoussé n'a L'attaque
allemande d'artillerie
s'est produite environ 10 minutes avant nos demandes de barrage, se
produisant
sur tout l'éperon des Vaumaires. |
![]() |
6h25 : Commandant Chevallier à Groupe d'Artillerie Gouraud Actuellement devant les Vaumaires, l'Artillerie est priée d'allonger son tir de 300 mètres, si elle a à tirer. |
|
Carte du secteur entre LAON et SOISSONS . Le rond orange représente la position du mont d'Abias et les Vaumaires (aujourd'hui, sur géoportail, il n'y subsiste qu'un petit bois. La manoeuvre de repli du soir les a amenés (les survivants) , au sud de Chivres-Val, sous l'Aisne. |
Carte du secteur de proximité des Vaumaires. Les combats ont fait rage toute la journée sur la diagonale Fosse aux Louips / Froidmont (rond orange). La carte ci-contre ne représente guère plus d'un kilomètre en verticale. Quant au repli, il s'est effectué dans le secteur inférieur gauche de la carte, secteur qui avait fait l'objets de combats précédement et encore truffé de tranchées. (voir photo ci-dessous) |
|
Détail des tranchées anciennes et nouvelles, sur et entre les lignes qui évoluent. Dans le secteur identifié à ce jour sur la carte précédente "La grande pièce", on peut y voir en rouge, les tranchées (Culot, desMarocains, du Camouflet, Person de la Douille, de la Sape, de la Dragonne etc ). On imagine bien les difficultés rencontrées par les hommes du Capitaine Eluère qui : "Les boches débouchent dans le ravin de Certeaux. Par trois fois, je les ai remontés sur le plateau. Camouflet et Couteau tiennent toujours". On remarquera la construction de ces tranchées selon un parcours tortueux. La raison n'en était pas la nature du sol mais pour éviter les tirs en enfilade lors de la prise des tranchées par l'ennemi et également pour limiter les effets de souffle. ![]() |
Poste de radio de tranchées : ![]() |
![]() Ici, l'Oncle André dans un poste à l'abri.
|
(ci-dessus et ci-dessous : source musée du génie Angers.)![]() |
![]() Les communications radio ont contribué largement au changement de tactique des combats. Il faut ajouter à cela la photographie aériennes par avions mais en particulier par aéronefs. (voir les pages des photos du front de l'oncle André) (voir les pages sur la photographie) Ci-dessous deux phtographies (source musée du génie Angers.) de combattants colombophiles. Détail intéressant, c'est la nuit et sans lune, mais par temps clair, que le pigeon faisait le mieux son trravail. On a recensé , à la fin du conflit, jusqu'à 30 000 pigeons répartis sur 350 colombiers ambulants(donc sans compter les fixes) On estime des pertes de 20 000 pigeons. |
![]() |
![]() Unité de transmissions - pigeons voyageurs - combattants colombophiles :
les As ![]() |
![]() |
![]() |
Evolution
du masque à gaz entre le début et la fin du conflit. (sur
certains sites, vous pouvez voir les masques à gaz
confectionnés pour les chevaux et les chiens.
(source musée du génie Angers.)![]() |