- CHAUFFAGE -
EAU ( FROIDE ET CHAUDE )
![]() crémaillère |
Vers
1900, à la
campagne, le seul moyen de
chauffage
utilisé était la cheminée. Papy-Louis
n'avait pas connu,
contrairement à certains camarades d'école, le
chauffage "animal" à
savoir obtenu grâce à la présence des
animaux de la ferme dans la
maison (étable jouxtant la pièce de vie ... ou
commune ou alors, les personnes couchaient dans l'étable). Chez lui, la cheminée était équipée d'une crémaillère qui permettait de mettre la marmite ou le chaudron à bonne hauteur sur le feu. Ces marmites étaient en fonte, de plusieurs dimensions, de la plus petite à la plus grande. On pouvait y faire cuire une grosse poule ou y cuisiner un grand pot-au-feu. |
chaudron |
cuit-pommes |
Différents
accessoires de
cuisson pouvaient se
trouver devant le feu de cheminée : par exemple le
"cuit-pommes" qui
permettait de disposer et de tourner des pommes afin de les faire cuire
et dorer à souhait. (voir aussi sur cette page les autres accessoires et quelques détails sur le four à pain) Un accessoire est apparu vers les années 30, lorsque les maisons ont été équipées de l'électricité : l'allumoir (qui servait pour allumer les brûleurs à gaz mais aussi la cuisinière ou la cheminée ). |
![]() Allumoir |
réchaud à alcool |
Pour faire la cuisine, il existait des petits fourneaux à essence ou à pétrole, ainsi qu'un autre, plus grand, plus haut et rectangulaire, appelé "flamme bleue, qui, bien réglé, donnait à la flamme cette belle couleur. Il y en avait aussi un petit, transportable grâce à sa poignée, qui fonctionnait à l'alcool à brûler. Celui-ci servait essentiellement aux tisanes et infusions. |
flamme bleue |
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Un accessoire qu'il était impensable de ne pas avoir à la maison : le grille-pain. Il a dû laisser sa place aux modèles entièrement métalliques ou électriques. (avantages et inconvénients des progrès techniques) | |
![]() collier douche |
Aujourd'hui, prendre une douche quotidienne est chose normale. Revenons cent ans en arrière, l'époque à laquelle il était au collège, en internat. La seule toilette complémentaire au "débarbouillage" quotidien était le "bain de pieds" hebdomadaire, le samedi, dans la buanderie ! A Angers, à Montgazon, en 1922, Papy-Louis a découvert les premières douches collectives, suspendues à des rampes (probablement aménagées par ou pour les soldats qui avaient occupé le collège, à la fin de la guerre 14/18). Quelques particuliers possédaient déjà, pour des ablutions plus confortables, un "collier-douche", d'ailleurs utilisé dans les casernes. |
![]() |
![]() Le luxe : la baignoire |
Les
familles plus
aisées et disposant à la fois de l'eau courante
et
éventuellement de domestiques, prenaient des bains dans des
baignoires de zinc ou un peu plus tard, de fer galvanisé. Pour les écolos : Un "journalier" (salarié agricole, employé à la journée) avait l'habitude de remplir une grande bassine galvanisée le matin en partant au travail afin de pouvoir prendre un bain le soir, grâce à l'eau chauffée au soleil. La même technique pour le bain de pieds est restée fréquente longtemps après. Aussi, cette "révolution" ( la douche ) s'est répandue, à la ville d'abord, puis à la campagne, et cela a contribué au confort et à l'hygiène individuels. |
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![]() seau
à douche
|
Pour cela, les jours de
lessive, c'est à
dire lorsque la
buanderie
était
réchauffée par le travail d'une
journée de "buée", on profitait du feu sous la
chaudière (nom donné à ce chaudron
spécifique et scellé en place)
qui avait servi à la lessive pour réchauffer une
grande quantité d'eau
(venant du
puits bien sûr). Un seau, équipé
d'une sorte de pomme d'arrosoir et d'une
petite
tirette prolongée d'une cordelette permettait de
déclencher l'écoulement.
Il était
accroché au plafond au dessus
d'une grande bassine en zinc, (plus tard en fer
galvanisé). Et la buanderie, au fond de la remise
n'était pas d'un grand confort. C'était agréable mais l'inconvénient majeur était le réapprovisionnement en eau avec un escabeau ... quelquefois au milieu de la douche (lorsque la quantité tirée avait été sous-estimée, surtout avec les enfants qui se bataillaient pour avoir droit à la première douche mais qui supportaient difficilement une présence pour ce remplissage). Chez Papy-Louis, nous étions cinq enfants et cette situation n'était pas chose rare ... |
![]() la buanderie |
![]() le battoir à linge |
Puisqu'il est question
de lessive, il faut
préciser que faire bouillir (pas la marmite) mais la
chaudière, ne suffisait pas, fallait-il aussi battre et
brosser
le linge à coté dans une grande bassine
galvanisée, sur une planche ou sur un banc (dits
à
laver). Le principe était donc le même qu'au
lavoir mais
avec de l'eau chaude. La brosse était du type "brosse
chiendent", comme une brosse à pont. Elle fut
remplacée
par la brosse à poils nylon après la
deuxième
guerre. A existé aussi un instrument particulier qu'ils appelaient "cloche". On trouve aussi le nom d'agitateur. Il s'agissait d'une double cloche en métal nickelé, à manche et le mouvement de ventouse sur le linge créait des aspirations et des reflux dans le linge, ce qui limitait le travail de brossage. |
![]() l'agitateur cloche |
![]() la lessiveuse |
Entre les grandes
lessives dans la buanderie,
lesquelles
étaient généralement hebdomadaires, en
particulier
avec l'arrivée des enfants, ils utilisaient une petite
lessiveuse (toujours en zinc qui devint métal
galvanisé
par la suite), de petites lessiveuses. |
![]() |
![]() ancêtre des pinces à linge |
Précisons
qu'il
fallait ensuite étendre ce linge sur un looooong fil
à linge. Il
fallait de la longueur pour 8 personnes
plus quelques tenues spécifiques des ouvriers agricoles. Le
linge
n'était jamais étendu directement au grenier pour
ne pas qu'il goutte
malgré les essorages. Cette opération
nécessitait beaucoup de force,
sans machine à tordre (cela a existé mais pas
chez Papy-Louis), et se
pratiquait parfois à deux. En effet, les vieux
tissus de draps étaient
extrèment difficiles à essorer et les
sèche-linge n'existaient pas... L'hiver, il n'était pas rare que le linge était "ramassé" raide par le gel ! Alors il fallait le mettre au grenier avec des bassines... Pour empêcher le linge de s'envoler, en particulier à l'extérieur, ils mettaient des pinces à linge et il est curieux de voir l'évolution. de celles-ci. |
![]() pinces à linge |
Et enfin, une fois le
linge propre et sec,
c'était
la séance de repassage avec les fers qui étaient
chauffés sur les poêles ou la
cuisinière. Le principe même du tirage d'une cheminée nécessite des courants d'air. Inutile de dire qu'ils avaient souvent froid aux pieds. Aussi, il existait des chaufferettes ordinaires en bois et fer mais aussi, |
chaufferette |
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![]() Stoker de luxe |
de
luxe, en
fonction de l'utilisation : à la
maison, à la
messe... , en voiture ! |
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bouillottes en étain |
Malgré les édredons de plume d'oie, il ne faisait pas toujours chaud dans son lit. Afin de pallier les grelottements, nous utilisions des bouillottes. Le joint caoutchouc n'existant pas encore, les fuites étaient au programme assez souvent, quand le feutre était un peu usagé. Nous en possédions en plomb, plates ou rondes (elles avaient la particularité de ne pas supporter les chutes et les chocs...) ou en cuivre, chromé ou non. |
![]() bouillotte en cuivre chromé |
![]() bouillotte "obus" de 75 |
La première guerre mondiale ayant généré des milliers d'obus, les douilles ne furent pas perdues pour tout le monde et certaines usines spécialisées en armement pendant le conflit ont légèrement modifié leurs chaines de production pour faire des bouillottes (c'était moins dangereux et plus utile mais toujours les mêmes qui profitaient de la fabrication et du recyclage...). | ![]() Inscription "75" sur la bouillotte obus de 1914 |
![]() |
Plus couramment, on laissait dans la journée une brique de maçonnerie dans le four de la cuisinière, voire une brique réfractaire. On l'enveloppait dans un journal, puis empaqué d'un linge retenu par des épingles à nourrice. Lorsque nous ne brûlions pas le drap, nous nous brûlions les pieds ou nous nous piquions aux épingles.... En l'évoquant, on a encore l'odeur du journal chaud dans les narines. Dans les milieux plus aisés, la pratique de la "bassinoire" (sorte de poêlon rempli de braises passé dans le lit pour réchuffer les draps) était utilisée. |
la bassinoire |
![]() Les poêles |
C'est seulement vers 1960 que Papy-Louis a fait installer le chauffage central avec une chaudière à anthracite qu'il fallait recharger avec une pelle comme les chaudières de trains ou de bateaux. Le chauffage central au fuel est arrivé après : quel progrès ... fini les approvisionnements quotidiens et les extinctions nocturnes, il faut seulement faire remplir la cuve une ou deux fois par an. Enfin, vers 1995, lorsque le gaz naturel est arrivé dans les petits villages, ceux qui ont opté pour ce dernier changement connaissent aujourd'hui la tranquillité totale en ce qui concerne l'approvisionnement en combustible. Nous ne ferons pas de bilan carbone. |
![]() Les poêles |
La cuisinière de sa grand'mère (1920) |
Remontons
un peu le temps, les premières
cuisinières à bois et charbon étaint
apparues juste avant la guerre 14/18 et, le commerce en
était même
florissant
car c'était un grand progrès pour les
ménagères. Des plaques chauffantes sur le dessus, un grand four et le petit réservoir d'eau chaude avec un robinet ! Pour la première fois, de l'eau chaude était disponible d'un simple geste. Toutefois, la réserve était minime et celle-ci ne permettait pas une "grande toilette". Et puis, ce fut l'occasion d'avoir de l'eau chaude pour le café ! Voir les changements sur le café => |
Le café à la maison |
L'approvisionnement en EAU froide et chaude | ||
![]() Pompe à eau manuelle |
De même, l'approvisionnement en eau courante a subi une évolution qui a contribué au progrès général : en 1910, il fallait aller chercher l'eau au puits à une quinzaine de mètres de la maison ... avec un seau et une corde enroulée autour d'un axe muni d'une manivelle (moulinet). Papy-Louis avait connu également une simple perche munie d'un crochet pour retirer un seau d'eau (la plaque d'ardoise du devant du puits en était toute usée au passage de la perche et quelquefois, un seau ("ein' seye" en patois angevin) restait au fond du puits. Ensuite, la pompe manuelle ( à bras ) avec clapet de cuir a permis de puiser l'eau, dans un premier temps au dessus du puits, et, dans un deuxième temps, lorsque les canalisations de plomb sont apparues (le saturnisme n'était pas connu) à l'évier de la cuisine. Le premier moteur électrique a équipé la maison avant la deuxième guerre mondiale. Ce moteur pompait l'eau avec une crépine et alimentait un réservoir situé dans le grenier afin de distribuer l'eau dans la maison par gravitation. Pour les plus aisés, dès 1925 les moteurs et les réservoirs puis les cuves sous pression ont fait leur apparition ce qui permit à ceux-ci de disposerde cabinets de toilette et de sanitaires avec chasse d'eau. Cela ne s'est généralisé, à quelques exceptions près, que vers 1965 .... il a fallu du temps pour délaisser la cabane au fond du jardin ! .Enfin, le service d'eau municipal n'est arrivé dans le village qu'en 1975. Parallèlement au chauffage, les premiers petits chauffe-eau de cuisine puis de salle d'eau sont apparus (gaz butane puis propane). Un peu plus tard, des chauffe-eau électriques puis la production d'eau chaude sur les chaudières de chauffage central. On pourrait résumer en disant que le confort et l'hygiène ont fait un grand pas entre les deux guerres et que la simplification due à la technique s'est surtout opérée après la deuxième guerre. Qu'il serait difficile de revenir en arrière aujourd'hui ... |
![]() La cabane au fond du jardin |