1939 1940 | |||||
I | - | Le rappel du contingent | |||
II | - | Drôle du guerre | |||
III | - | A l'Amirauté | |||
IV | - | De l'Angleterre au Maroc | |||
V | - | La correspondance aux armées | |||
VI | - | La démobilisation |
II - 1939 / 1940 La Drôle de guerre -
Comme Papy-Louis l'expliquait dans le chapitre précédent, entre la déclaration de guerre et le 21 Mai 1940, il a passé cette "drole de guerre" à effectuer des gardes tout autour de Lorient :
Si
vous cliquez sur une de
ces trois vignettes, de
l'album du chapitre précédent, rappel du
contingent,
faites "précédent" pour
revenir à cette page ou remontez d'un niveau pour revenir au
chapitre.
Il a pris connaissance de la
mobilisation
générale alors qu'il était en poste puisqu'il avait été rappelé sous les
drapeaux une semaine
avant cette déclaration. C'est à Pen
Mané, à l'embarcadère pour Port
Louis (voir
panoramique) qu'il a vu le garde champêtre coller l'affiche de mobilisation générale ci-dessus.
Après chaque garde de quarante-huit
heures,
ils
revenaient au dépôt pour 24 heures de repos et
ensuite, ils repartaient
souvent pour un autre lieu à garder.
Après Pen Mané, sa deuxième garde fut dans une
usine
réquisitionnée remplie de mines
sous-marines.
Ils couchaient soit dans les greniers, soit dans un
camion
dans la
cour intérieure. N’ayant perçu
qu’une seule couverture, ils étaient
frigorifiés dans leurs hamacs compte tenu des
gelées qui
sévissaient
en ce début septembre 1939. Il y avait eu des
gelées blanches
précoces, comme il s'en trouve habituellement dans les
derniers jours
d'octobre; celles qui gèlent les chrysanthèmes avant la Toussaint.
Inutile de
dire qu'ils "dormaient" tout habillé et qu'il fallait sauter
du hamac
lorsque le camarade de garde venait les chercher pour la relève.
Ensuite, les gardes
se sont tenues d’abord à l’arsenal, aux
portes du dépôt et à
l’extérieur
à Priatec (dépôt de carburants),
Trefaven, Lanester (dépôt d'armements)
Le Mentec et Sac Queven où
se
trouvaient les poudrières. A ces endroits il y avait un
maître et deux
second maîtres sédentaires; Ils y allaient donc avec leurs deux
quartier-maîtres et ils couchaient dans les geniers,
au-dessus de
l'habitation du maître. Les navettes se faisaient par camion.
Ils gardaient également la
petite île Saint Michel
sur laquelle était installée une mitrailleuse
contre avions, actionnée par les matelots du fort de Port Louis, de faction
sur cette île. Ils en faisaient le tour plusieurs fois, pendant les deux
heures de garde, ce qui les réchauffait. Il y a retrouvé mon cousin
Pierre d'Ecouflant qui avait été
habillé au dépôt, fin Août,
en même
temps que lui.
C’est souvent, heureusement, avec les mêmes
camarades d’infortune qu'ils reprenaient les différentes gardes.
Depuis cette petite île, ils voyaient la plage de l'Armor et, comme
rien ne se passait pendant cette "drôle de guerre", ils enrageaient de
voir ces baigneurs (début septembre) alors qu'ils devaient, comme il disait,
"se
contenter de la compagnie de "Mademoiselle Lebel".
Une zone
à garder se situait entre le
Scrof et Priatec, ils l'appelaient le champ de choux car elle
était plantée de ces légumes. A travers
ces champs, passait un pipe-line
qui reliait les citernes de Priatec à l'arsenal et ils
devaient donc
faire des allers-retours sur ce trajet.
Ils montaient aussi la garde aux champs de manœuvres qui, sur la
nouvelle carte de Lorient s'appellent "Basfuco", c'est à
dire la base
d'entraînement des fusiliers marins et où le bord du Scorf
s'appelle
"l'esplanade Condé". Il y avait vu en 1930 , lors de son
service
militaire, le navire LE CONDE. En 1939, en revanche, à cet
endroit,
mouillaient deux ou trois torpilleurs.
Il a pris la garde à cet endroit, en plein hiver, avec,
ce qui est rare
pour le site, 50 centimètres de neige et une
température de -18° C.
Ils avaient un poêle qui avait bien du mal à
réchauffer le baraquement.
Difficile de s'endormir entre deux gardes, les pieds et les mains
gelés en se couchant. La capote de drap de laine ne
suffisait pas car c'était
deux heures quelquefois sans remuer, en fonction du poste, avec un vent
glacial sous la neige. Ils cassaient la glace dans les lavoirs et
chacun essayait d'approcher le plus possible le linge du
poêle et tout
cela comme ils disaient : "sans explications ni murmure...". Pendant ce
temps, les soldats du "front" enduraient des températures de -
25 à - 30
° C, ce qui les consolait un peu.
Ils avaient donc des quartier-libres,
ce qui leur
permettait quelques sorties en ville. En passant la porte
arrière de la
cour, ils entraient dans l'Arsenal où ils admiraient les
bateaux en
cale sèche ( dont le croiseur MOGADOR, tout neuf ). Courant
avril, il
y en avait un en réparation, c'était le
FOUDROYANT sur lequel un
camarade de son village était employé
à la cuisine des officiers. Il
arrivait de la campagne de Norvège, avec les Anglais et
avait été
touché en plusieurs endroits mais heureusement sans
gravité , ce qui
lui avait permis le retour au port de Lorient. Ce camarade lui avait raconté
sur le bord de la cale que lorsque les bombes tombaient , toute sa
batterie de cuisine se transformait en batterie d'orchestre
....
Il avait eu droit à quelques cheveux blancs.
Le 22 Mai 1940, alors qu'il était de garde au dépôt des carburants de Priatec, de l'autre côté du Scorf, un camarade qui venait faire la relève lui a dit : "Il faut que tu ailles tout de suite au bureau de la compagnie car tu as un embarquement" . Cela l'a surpris parce que la compagnie de garde était un poste fixe. Il fut plus surpris encore lorsque le Capitaine lui a dit "Vous embarquez pour un beau château" . Que voulait-il lui faire comprendre ? Il lui rajouta : "Préparez toutes vos affaires" et ce soir vous partirez avec un groupe dirigé par un second maître prendre le train".
Ils (le second maître et une quinzaine de matelots) ont donc pris le train en soirée pour une destination inconnue sauf du second maître, naturellement, dans un wagon à bestiaux, "40 hommes - 8 chevaux en long" avec de la belle paille. La croix rouge était présente dans toutes les gares.
Le lendemain matin, ils débarquaient à la gare Vaugirard à Paris et de là ont rejoint, à pieds, l'École Militaire.
L'énigme était
entière.