La drôle de guerre prenait fin
: les affrontements à propos de la
Norvège ont été le prétexte
pour Hitler de lancer ses troupes à travers
la Belgique, les Pays Bas et le Luxembourg. Les différentes
armées
prenaient place et, de ce fait, l'Amirauté anticipait
pour se mettre à l'abri en cas d'invasion, ce qui fut le cas
(les
Allemands étant déjà à
Reims, à cette date - depuis le 10 Mai : entrée
en Belgique). Dans ce même temps, les armées
Allemandes encerclaient
Dunkerque avant le pillonnnage meurtrier du 27 Mai 1940.
.
Suite
à mon départ de Lorient, j'envoie
cette première carte depuis l'Ecole Militaire de Paris, le
23 Mai 1940. |
Le
château de
Maintenon, côté parc, notre logis pendant 3
semaines. |
Correspondance
24 Mai 1940 |
Correspondance 25 Mai 1940 | Correspondance
27 Mai 1940 |
Correspondance
29 Mai 1940 |
Correspondances
du 30 Mai au 03 Juin 1940 |
Dans
mes cartes
des 02 et 03 Juin 1940, je relate les nouvelles concernant les
bombardements sur Paris et déjà le grand Ouest...
Il était évident que
nous n'allions pas tarder à partir.
Nous étions donc
(d'après ma carte du 31 Mai
1940) une vingtaine de marins à venir de Lorient.
Là-bas, nous
appartenions à une compagnie de 1500 environ. Je
peux dire que
j'ai
bien fait de me comporter de façon exemplaire à
la garde à Lorient, ce
qui m'a permis d'
être désigné pour la garde de
l'Amirauté. Certains de mes camarades
restés sur place n'ont pas eu cette chance et ont fini leur
temps comme
prisonniers en Allemagne.
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Une dernière
sortie nous est autorisée, avec
quelques camarades, nous
décidons d'aller voir "Zorro" mais une alerte par
sirène nous rappelle.
Plus de peur que de mal, il ne s'agissait pas de bombardement mais
d'une volonté de rassemblement afin de regrouper les troupes
pour
préparer le déménagement de
l'Amirauté.
Nous sommes tous employés pour déménager l'Amirauté à partir de midi et nous partons le soir pour Montbazon, en Touraine à bord du "train-amiral"; train que nous gardions jour et nuit sur une voie de garage en gare de Maintenon.
Nous arrivons à
Montbazon après .....18 heures
de voyage et une alerte en
gare de Nogent le Rotrou : En arrivant à Nogent,
à la tombée de la
nuit, les sirènes fonctionnent pour avertir de la
"défense passive"
(extinction des feux). Là nous voyons un autre convoi sur
une voie
parallèle; celui-ci est couvert de pierres de balast. Les
réfugiés nous
expliquent qu'ils avaient été
bombardés par l'aviation. A Tours, un car
nous a pris en charge et nous a conduits à Montbazon.
Fourbus de
fatigue, nous déchargeons le train et le soir, nous
aménageons dans les serres du "Chateau-Coty", nom qu'on nous
donne
localement; j'apprends plus tard qu'il s'agit du château
d'Artigny,
bâtisse
édifiée par le parfumeur Coty. Superbe demeure
"style XVIII".
Lettre
envoyée dès mon arrivée à
Montbazon (le 12 Juin 1940) |
Autre
lettre du 12 Juin 1940 Comment dormir dans des serres... |
Pendant
ce temps, mon
épouse
continue de noter, elle aussi, sur son petit carnet :
(taille 100% - ne cliquez pas - pas de page album pour cette vignette ) |
MERCREDI 12 JUIN : L'Italie en guerre d'avant-hier. Les Allemands à Senlis, Rouen...... Louis à l'Amirauté Française ! Où ? Rien aujourd'hui. Envoyé colis. Réfugiés plein les routes : Nord, Somme, Aisne, Calvados, Eure, Seine Inférieure, Paris. |
Nous partons de nouveau
vers l'ouest, le soir,
vers 18 heures. Nous repartons en car jusqu'à la gare de
Tours; les
quais sont bondés de réfugiés du Nord
et de
Paris
! Il est 19 heures,
notre wagon est
accroché à un train de
réfugiés et nous prenons la direction de Nantes.
Nous repartons à
2 heures et demie et le train
s'arrête à Saint Mathurin
à 8 heures du matin .... hasard ou bonne étoile
du moment, nous sommes
à 7 km
à vol d'oiseau de chez moi. Nous descendons du train, un
camarade d'un
village
voisin, Brèche et moi-même afin de
rédiger en hâte une carte postale au
café-tabac, près de la gare, à
l'intention de nos familles. Le train ne
repartira qu'à 11 heures mais nous ne le savons pas.
Brèche reconnaît
un
marchand de volailles : M.Picard ; il lui demande d'essayer de
prévenir
nos
familles. En revenant au wagon après un ravitaillement de
pain,
j'aperçois ma
femme descendant le pont de chemin de fer; elle avait
été prévenue par
M.Picard et arrive à vélo.
Mais, la
bonne étoile "filait" et le train avec. En effet, quelques
minutes
plus tard, le train s'ébranle avec, dit-on, un
arrêt probable en gare
d'Angers. Inutile de préciser que ma femme prend la
première
automotrice pour essayer de passer quelques minutes avec moi
à
Angers.
Malheureusement,
le train ne stationne pas en gare même mais en voie de garage
un peu
plus
loin et nous ne nous revoyons pas. Cet arrêt dure 1 heure et
demie.
Extrait du petit carnet de mon épouse :
(taille 100% - ne cliquez pas - pas de page album pour cette vignette ) |
journal
écit le 15 Juin 1940 concernant la journée de la
veille : Hier VENDREDI 14 JUIN 1940 : Louis St MAthurin à 10 h . de Tours à Brest (Picard) Angers, automotrice, 2 h moins 20, parti - Carte de Nantes, parti d'Angers 1h10- Angers, hier ! .... Quels spectacles ! La gare, les rues, ces défilés de réfugiés. Ces récits. Avrillé bombardé à midi - Préparé mon linge, choses précieuses - |
Nous repartons pour Nantes
à 13 heures 30 où
nous arrivons en soirée.
Cela
correspond à l'heure du ravitaillement et, comme
à "l'habitude" ,
déjà, la Croix Rouge est en gare pour accomplir
cette mission. Nous en
repartons vers 21 heures. A chaque fois que
cela est possible, nous envoyons une carte car nous ne savons pas
vraiment où
nous
allons ni si nous nous reverrons.
Nous passons devant
Lorient. Comme nous étions
basés à cet endroit avant
"Maintenon", nous ne savons pas si nous allons nous arrêter
là ou filer
sur Brest comme on nous l'a laissé entendre. Le train
continue
pour
Brest
probablement. Haltes
suivantes à Quimper, à Pont de buis (carte); ce
sera l'avant-dernière
carte que ma femme recevra de France ... Elle devra attendre
un
mois pour recevoir des nouvelles depuis un autre continent. Puis, nous
passons Landerneau, Plougastel : un
camarade achète
une
barquette de fraises à un cultivateur faisant une
expédition; les
mondes
semblent si différents.... aurons-nous l'occasion de
goûter des fraises
de
nouveau ?
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14
Juin au soir, gare de Nantes |
Carte
envoyée le 15 Juin 1940 de Pont de Buis (29) |
Mon
dernier courrier de France Le 16 Juin 1940 |
Nous arrivons à
Brest après 48 heures de
"voyage". A peine arrivés, en sortant de la gare, une alerte
nous
surprend : Des avions allemands survolent la rade; des tirs nourris de
DCA depuis les
bateaux les éloignent heureusement. Nous sommes
transférés en camions
au 2ème dépôt des
équipages . Là , on nous remet un sommaire repas
et un couchage. Les
officiers de service font une inspection et nous passons la nuit sur le
plancher.
(taille 100% - ne cliquez pas - pas de page album pour cette vignette ) |
SAMEDI 15 JUIN 1940 ... commence à évacuer (noms de familles) Ch.., La.., Go.., Co....... Il faut entendre parler - Moi je m'en vais, moi je reste . Ils sont à Alençon, au Mans - Dans 2 jours "dans nos rues" - Paris, ville ouverte - Pas de communiqués - |
Nous transportons les bagages de l'Amirauté depuis la gare à l'École Navale. Encore une alerte sur la place de la Gare à 8 heures : nous courrons nous réfugier dans un café tout proche : le scénario est le même qu'hier heureusement. Nous déjeunons et dînons à l'École Navale entre les corvées.
Le 17 Juin, nous prendrons le
bâteau pour
l'Angleterre , ce qui fera l'objet du chapitre suivant : DE
L'ANGLETERRE AU MAROC