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1939 1939 1940
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PERIODE
SUIVANTE
ALBUM
1940/1945
Amiral Darlan
L'Amiral Darlan,
tel qu'il était lorsque je le saluais,
à la garde, au chateau de Maintenon,
en Mai et Juin 1940.
I - Rappel du contingent Le rappel du contingent
II - La drôle de guerre Drôle du guerre
III - VOUS Y ETES A l'Amirauté
IV - De l'Angleterre au Maroc De l'Angleterre au Maroc
V - Correspondance aux armées La correspondance aux armées
VI - La démobilisation La démobilisation

Drôle de guerre  III - 1940 A l'AmirautéDe l'Angleterre au Maroc

La drôle de guerre prenait fin : les affrontements à propos de la Norvège ont été le prétexte pour Hitler de lancer ses troupes à travers la Belgique, les Pays Bas et le Luxembourg. Les différentes armées prenaient place et, de ce fait, l'Amirauté anticipait pour se mettre à l'abri en cas d'invasion, ce qui fut le cas (les Allemands étant déjà à Reims, à cette date - depuis le 10 Mai : entrée en Belgique). Dans ce même temps, les armées Allemandes encerclaient Dunkerque avant le pillonnnage meurtrier du 27 Mai 1940.
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carte de l'école militaire
Château de Maintenon
Suite à mon départ de Lorient, j'envoie cette première carte depuis l'Ecole Militaire de Paris, le 23 Mai 1940.
Le château de Maintenon, côté parc, notre logis pendant 3 semaines.


Pour notre part, partis du 22 Mai 1940 de Lorient, nous étions sur les quais au bétail de la gare de Vaugirard, le 23 Mai 1940. Nous nous demandions bien où pouvait être ce château évoqué par notre. Capitaine de Lorient. Nous avons donc rejoint à pieds l'Ecole Militaire. La nuit passée, évidemment sans dormir, sans manger ni boire, sur la paille dans nos wagons de "40 hommes et 8 chevaux en long", l'inquiétude en plus, nous avions l'estomac creux et avons été heureux de prendre un bon déjeuner à cette étape. Puis, nous sommes repartis aussitôt, de la Gare Montparnasse rejointe à pieds, évidemment, pour prendre un train, dans l'après-midi en direction de Nantes .... Allais-je passer à Angers ?
En soirée, le train s'arrêta à la gare de Maintenon (à proximité de Chartres). Un car est venur nous chercher et là, nous avons découvert le fameux château : il s'agissait donc du château de Maintenon. Nous passions au service de l'Amiral Darlan. On doublait la garde qui était faite par des jeunes fusillers marins. Un autre autre groupe de marins comme nous était arrivé de Toulon. Nos premières nuit se passèrent dans les superbes écuries du château et, ensuite dans des baraquements bien camouflés par les grands arbres du parc.
Nous faisions notre lessive dans le canal qui borde le château.

Courrier du 24 Mai 1940

Courrier du 25 Mai 1940
Courrier du 25 Mai 1940
Courrier du 29 Mai 1940
Correspondances du 30 Mai au 03 Juin 1940
Correspondance 24 Mai 1940
Correspondance 25 Mai 1940 Correspondance 27 Mai 1940

Correspondance 29 Mai 1940

Correspondances du 30 Mai au 03 Juin 1940

Dans mes cartes des 02 et 03 Juin 1940, je relate les nouvelles concernant les bombardements sur Paris et déjà le grand Ouest... Il était évident que nous n'allions pas tarder à partir.

Nous étions donc (d'après ma carte du 31 Mai 1940) une vingtaine de marins à venir de Lorient. Là-bas, nous appartenions à une compagnie de 1500 environ.  Je peux dire que j'ai bien fait de me comporter de façon exemplaire à la garde à Lorient, ce qui m'a permis d' être désigné pour la garde de l'Amirauté. Certains de mes camarades restés sur place n'ont pas eu cette chance et ont fini leur temps comme prisonniers en Allemagne.

Prisonniers libérés
Courriers de Juin 1940
Courrier du 07 JUIN 1940
Château de Maintenon
Mes camarades de Lorient qui avaient été fait prisonniers
l'un d'entre-eux Henri B m'a donné cette photo plus tard.
Correspondance des
4 et 6  JUIN 1940
Correspondance du
07 JUIN 1940
Autre vue du Château de Maintenon (carte postale rapportée en juin 1940)


L'Amiral ne logeait pas, probablement pour des raisons de sécurité, au château lui-même mais dans une propriété à une entrée de la ville. Nous allions, à tour de rôle, garder cette propriété non seulement avec nos mousquetons mais également avec une mitrailleuse contre avions, cachée sur une butte, à proximité.
Entre les gardes nous allions nous entraîner au tir au mousqueton (le fusil des fusillers marins)  : en effet, jusqu'à maintenant, nous n'avions eu l'occasion que d'utiliser les armes de Lorient, à savoir le "vieux" Lebel .

Les journées à Maintenon furent répétitives : les gardes, les corvées...mais nous ne nous en plaignions pas car nous savions qu'à choisir entre les corvées et la "vraie guerre", la question ne se posait pas. Seuls quelques faits rompirent la monotonie de ces journées : les visites rendues à l'Amiral Darlan, par exemple celle de François d'Astier qui dirigea la bataille aérienne de France et qui vint chercher le soutien de l'Amiral (ce fut le point de départ d'une haine réciproque jusqu'à l'attentat de Darlan).



MAI :
24                 séance de vaccins et repos pendant 24 heures dans le hamac
25                 lessive àla rivière, orage.
26                 sorie en ville avec un camarade.
27                 champ de tir en pleine chaleur
28                 garde de 24h de l'Amiral
29                 maniement d'armes et tir (ce n'est pas le même orage...)
30                 corvées
31                 repos : lecture et cinéma

JUIN :
2                    diner en ville, temps orageux
3                    garde au train Amiral dans la gare de Maintenon
4                    exercices avec fusil mitrailleur "Maxime" (fusil des fusillers marins)
                      bombardements allemands sur la région parisienne que nous entendions nettement.
toutes les nuits, renforts de gardes auprès des engagés volontaires.
5                    corvées, gymnastique et baignade dans la rivière.
nous sommes dotés d'un casque lourd à partir de cette période.
6                    garde, chaleur et une alerte aérienne de nuit.
7                     Nous avons construit des tranchées autour du château ainsi que des barricades dans Maintenon dans l'hypothèse d'une avancée allemande. Cette avancée sera plus brutale et rapide que prévu et l'heure de mettre l'Amirauté plus à l'abri est arrivée.


EXTRAIT  DE  MON  JOURNAL  DE  BORD
PENDANT  LE  DEPART  DE  L' AMIRAUTE
DE  MAINTENON  A  BREST
ENTRE  LE  09 JUIN 1940  ET  LE  16 JUIN 1940

JUIN 1940

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Dimanche 9 Juin :

Une dernière sortie nous est autorisée, avec quelques camarades, nous décidons d'aller voir "Zorro" mais une alerte par sirène nous rappelle. Plus de peur que de mal, il ne s'agissait pas de bombardement mais d'une volonté de rassemblement afin de regrouper les troupes pour préparer le déménagement de l'Amirauté.


Lundi 10 Juin
:

Nous sommes tous employés pour déménager l'Amirauté à partir de midi et nous partons le soir pour Montbazon, en Touraine à bord du "train-amiral"; train que nous gardions jour et nuit sur une voie de garage en gare de Maintenon.

Mardi 11 Juin :

Nous arrivons à Montbazon après .....18 heures de voyage et une alerte en gare de Nogent le Rotrou : En arrivant à Nogent, à la tombée de la nuit, les sirènes fonctionnent pour avertir de la "défense passive" (extinction des feux). Là nous voyons un autre convoi sur une voie parallèle; celui-ci est couvert de pierres de balast. Les réfugiés nous expliquent qu'ils avaient été bombardés par l'aviation. A Tours, un car nous a pris en charge et nous a conduits à Montbazon. Fourbus de fatigue, nous déchargeons le train et le soir, nous aménageons dans les serres du "Chateau-Coty", nom qu'on nous donne localement; j'apprends plus tard qu'il s'agit du château d'Artigny, bâtisse édifiée par le parfumeur Coty. Superbe demeure "style  XVIII".

MONTBAZON CHATEAU COTY 12 Juin 1940
Courrier du 12 Juin 1940
Lettre envoyée dès mon arrivée à Montbazon (le 12 Juin 1940)
Autre lettre du 12 Juin 1940
Comment dormir dans des serres...

Pendant ce temps, mon épouse continue de noter, elle aussi, sur son petit carnet :

journal de mon épouse 12 Juin 1940
(taille 100% - ne cliquez pas - pas de page album pour cette vignette )
MERCREDI 12 JUIN :
L'Italie en guerre d'avant-hier.
Les Allemands à Senlis, Rouen......
Louis à l'Amirauté Française ! Où ?
Rien aujourd'hui. Envoyé colis.
Réfugiés plein les routes : Nord, Somme, Aisne, Calvados, Eure, Seine Inférieure, Paris.

Jeudi 13 Juin :

Nous partons de nouveau vers l'ouest, le soir, vers 18 heures. Nous repartons en car jusqu'à la gare de Tours; les quais sont bondés de réfugiés du Nord et de Paris ! Il est 19 heures, notre wagon est accroché à un train de réfugiés et nous prenons la direction de Nantes.

Vendredi 14 Juin :

Nous repartons à 2 heures et demie et le train s'arrête à Saint Mathurin à 8 heures du matin .... hasard ou bonne étoile du moment, nous sommes à 7 km à vol d'oiseau de chez moi. Nous descendons du train, un camarade d'un village voisin, Brèche et moi-même afin de rédiger en hâte une carte postale au café-tabac, près de la gare, à l'intention de nos familles. Le train ne repartira qu'à 11 heures mais nous ne le savons pas. Brèche reconnaît un marchand de volailles : M.Picard ; il lui demande d'essayer de prévenir nos familles. En revenant au wagon après un ravitaillement de pain, j'aperçois ma femme descendant le pont de chemin de fer; elle avait été prévenue par M.Picard et arrive à vélo.

wagon accroché 14 Juin 1940
Pour l'anecdote, elle n'a sans doute jamais fait autant de vitesse à vélo : M.Picard lui ayant dit que nous étions "accrochés à un train de réfugiés" (propos confirmés par la carte qu'il lui avait remise - carte que nous avions rédigée au café-tabac et qu'il devenait inutile de poster); je n'aurais pas dû employer ces termes dans ma carte et j'étais loin de penser à un quiproquo de la sorte.

Mais, la bonne étoile "filait" et le train avec. En effet, quelques minutes plus tard, le train s'ébranle avec, dit-on, un arrêt probable en gare d'Angers. Inutile de préciser que ma femme prend la première automotrice  pour essayer de passer quelques minutes avec moi à Angers. Malheureusement, le train ne stationne pas en gare même mais en voie de garage un peu plus loin et nous ne nous revoyons pas. Cet arrêt dure 1 heure et demie.

Extrait du petit carnet de mon épouse :

journal de mon épouse 14 Juin 1940
(taille 100% - ne cliquez pas - pas de page album pour cette vignette )
journal écit le 15 Juin 1940 concernant la journée de la veille :
Hier VENDREDI 14 JUIN 1940  : Louis St MAthurin à 10 h . de Tours à Brest (Picard) Angers, automotrice, 2 h moins 20, parti -
Carte de Nantes, parti d'Angers 1h10-
Angers, hier ! .... Quels spectacles ! La gare, les rues, ces défilés de réfugiés.
Ces récits. Avrillé bombardé à midi -
Préparé mon linge, choses précieuses -

Nous repartons pour Nantes à 13 heures 30 où nous arrivons en soirée. Cela correspond à l'heure du ravitaillement et, comme à "l'habitude" , déjà, la Croix Rouge est en gare pour accomplir cette mission. Nous en repartons vers 21 heures. A chaque fois que cela est possible, nous envoyons une carte car nous ne savons pas vraiment  où nous allons ni si nous nous reverrons.

Samedi 15 Juin :

Nous passons devant Lorient. Comme nous étions basés à cet endroit avant "Maintenon", nous ne savons pas si nous allons nous arrêter là ou filer sur Brest comme on nous l'a laissé entendre. Le train continue pour  Brest probablement. Haltes suivantes à Quimper, à Pont de buis (carte); ce sera l'avant-dernière carte que ma femme recevra  de France ... Elle devra attendre un mois pour recevoir des nouvelles depuis un autre continent. Puis, nous passons Landerneau, Plougastel : un camarade achète une barquette de fraises à un cultivateur faisant une expédition; les mondes semblent si différents.... aurons-nous l'occasion de goûter des fraises de nouveau ?

Courrier du 14 Juin 1940
Carte Pont de Buis 15 Juin 1940  Verso carte du 15 Juin 1940
Verso carte du 16 Juin 1940 BREST
14 Juin au soir, gare de Nantes
Carte envoyée le 15 Juin 1940
de Pont de Buis (29)
Mon dernier courrier de France
Le 16 Juin 1940


Nous arrivons à Brest après 48 heures de "voyage". A peine arrivés, en sortant de la gare, une alerte nous surprend : Des avions allemands survolent la rade; des tirs nourris de DCA depuis les bateaux les éloignent heureusement. Nous sommes transférés en camions au 2ème dépôt des équipages . Là , on nous remet un sommaire repas et un couchage. Les officiers de service font une inspection et nous passons la nuit sur le plancher.

Autre extrait du petit carnet de mon épouse :

journal 15 Juin 1940
(taille 100% - ne cliquez pas - pas de page album pour cette vignette )
SAMEDI 15 JUIN 1940
... commence à évacuer
(noms de familles) Ch.., La.., Go.., Co.......
Il faut entendre parler - Moi je m'en vais, moi je reste . Ils sont à Alençon, au Mans -
Dans 2 jours "dans nos rues" -
Paris, ville ouverte - Pas de communiqués -
On peut imaginer la peur de voir l'envahisseur "dans nos rues".... Quoi faire : fuir ou rester ?

Dimanche 16 Juin :

Nous transportons les bagages de l'Amirauté  depuis la gare à l'École Navale. Encore une alerte sur la place de la Gare à 8 heures : nous courrons nous réfugier dans un café tout proche : le scénario est le même qu'hier heureusement. Nous déjeunons et dînons à l'École Navale entre les corvées.

Je relate le départ de Brest, sur place, EN VIDEO , que vous pouvez consulter à partir de ce lien VIDEO BREST 1940



Le 17 Juin, nous prendrons le bâteau pour l'Angleterre , ce qui fera l'objet du chapitre suivant : DE L'ANGLETERRE AU MAROC


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