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La grippe espagnole et le village |
Grâce
aux service
de l'État
civil, nous avons donc étudié
le nombre de décès, les âges, les
transcriptions,
pendant ces années et avons comparé mois
à mois, les
années 1918 et 1919 avec les années
précédentes pour intégrer le
paramètre
de la guerre afin de ne pas fausser l'étude. |
Les chiffres parlent d'eux-mêmes, en octobre et en décembre 1918 ainsi qu'en mars 1919, le nombre mensuel de morts a doublé par rapport à la moyenne mensuelle sur l'année ainsi que par rapport à la moyenne mensuelle des mêmes mois des deux années précédentes ! | |
Mortalité mensuelle au cours des années de juillet 1916 à mai 1919 | ||
Les trois pics de mortalité : En jaune, les pics de mortalité de octobre 1918 et décembre 1918 et en Bleu, le pic de mars 1919. | ||
Les quatre années en linéaire, en rouge avec, en superposition, en jaune, la moyenne des deux années précédentes comparée aux trois pics. |
A partir de ces constatations,on est en
droit de se poser deux questions :
- Les décès sont-ils des civils ou des militaires ? | L'enquête montre que l'état civil n'a enregistré des transcriptions que pendant le mois d'octobre 1918 et pour seulement 27% des décès. Les deux autres mois, aucune transcription n'a été saisie : seuls des décès dans la commune ont été enregistrés. | |
- Les décès concernent-ils des personnes de moins de 50 ans ? | ( la grippe
espagnole était connue pour son effet redoutable chez les
populations
"jeunes")
L'enquête montre que plus de la moitié (52%) de ces décès de personnes de la commune ont moins de 50 ans sur les trois pics cumulés et que cette proportion atteint 63% en octobre 1918 et 73% en mars 1919! |
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En bleu 73% 100% et 100% de personnes du village En jaune, la moyenne, trois mois confondus des moins de 50 ans En bordeaux les moins de 50 ans par mois (63% en 10/18 et 73% en 12/18) |
En conclusion,
on peut donc affirmer que dans cette petite
commune, la grippe est bien passée et s'est malheureusement
arrêtée, pour faucher sur place, comme en
parle l'oncle
René à son épouse dans
sa carte lettre du 14 octobre 1918.
On remarque, en lisant cette carte envoyée par l'oncle, combien le sujet de la grippe est encore banal à la mi-octobre 1918, mais aussi, que l'épidémie qui deviendra pandémie semble toucher le village comme la caserne. | ||
En retour, dans un courrier du 18 octobre, la tante de
Papy-Louis dit : <== Dans le premier extrait à gauche, que beaucoup de personnes sont touchées et "bien malades", que même le médecin et son épouse dont malades. Elle parle également d'Euphrasie. Puis dans le deuxième extrait ci-dessus que les écoles du village de Papy-Louis et du sien sont fermées pour cause de grippe. |
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Six
jours plus tard, un
échange de courrier permet de
constater qu'une cousine a été atteinte. Elle n'en décédera pas puisque ses obsèques ont eu lieu en 1960. Sur la photo, la cousine Euphrasie et son mari en permission à côté de la carte de l'oncle René. |
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Deux
jours
seulement s'écoulent et le ton n'est
plus le même : on remarque que le sujet devient beaucoup plus préoccupant, à la ville, au village et à la caserne. La plus importante contagion étant relevée dans les grandes villes. La vulnérabilité des plus jeunes est déjà constatée. |
Conclusion
Une note d'optimisme au lendemain de la guerre : l'homme est capable du meilleur comme du pire mais sait, quand il le veut, tirer les conséquences des tragédies.
On peut malheureusement remarquer que cette faculté est sélective et se limite aux catastrophes naturelles ou aux fléaux tels que des pandémies ou épidémies; pour la guerre, le vaccin n'a pas été trouvé...
Mais la grippe espagnole a été à l'origine d'une grande avancée dans le domaine de la santé :
En 1919, la SDN est née lors du traité de Versailles.
Elle créera un comité d'hygiène, après une prise de conscience internationale de la "non reconnaissance des frontières par les virus" et de la vulnérabilité de l'ensemble de la planète, le premier organisme de surveillance de santé mondiale : l'embryon de notre O.M.S.