Je
vous ai déjà fait part de quelques informations
à
propos de cet endroit, sur la page libération car la
(relative)
récente tour Cheux avait été
bombardée en
1944, lors de la libération d'Angers,
mais revenons un peu plus en arrière (un 1/2
millénaire) :
A
à peine 3
kilomètres à vol d'oiseau, en aval du
château du
Roi René, il existe un petit piton rocheux de schiste qui
surplombe la rivière Maine (ardoise d'Angers,
exploitée à cet endroit - des vestiges en
témoignent).
Ci-dessous, (SUIVEZ LES LIENS) : vue
à distance réelle,
intermédiaire
et zoomée
sur la ville depuis le piton de la Baumette
L'Anjou a eu du mal à en finir avec la guerre de 100 ans
mais
enfin, vers la moitié du XVème siècle,
le calme
revient et le Roi René regagne sa province.
Il acquiert ce piton rocheux dit "Roc de Chanzé" qui
comporte un
petit manoir mais pas pour celui-ci, le logis ne lui fait pas
défaut, en Anjou comme ailleurs... S'il a un coup de coeur
pour
ce lieu c'est parce qu'il y voit une ressemblance avec la grotte de la
Sainte Baume connue sous le nom de grotte de Sainte-Marie-Madeleine et
qui aurait servi d'ermitage à sainte Marie
Madeleine en
Provence.
Or, le Roi René a une dévotion pour cette Sainte
et
décide de lui consacrer cet endroit (sa petite Baume,
d'où le nom de Baumette).
De petit oratoire à la chapelle, pour laquelle il posa
lui-même la première pierre, il n'y a qu'un pas et
c'est
ainsi que l'histoire de ce lieu a commencé, sur ce
promontoire
qui a une vue imprenable sur la cité de l'époque,
sur la
ville aujourd'hui :
Une
vue sous un
angle peu connu, sauf depuis la rivière.
Un site où vous pourrez voir des jardins de plantes
médicinales, aromatiques etc...
Là où ont poussé, depuis le Roi
René beaucoup d'espèces aujourd'hui au jardin
méditerranéen
Au
cours des premières décennies puis des
siècles,
les lieux ont évolué pour répondre aux
différents besoins et aléas de l'histoire :
On voit bien sur
ces
trois maquettes, les différentes
grandes époques qui ont marqué ces lieux :
Tout d'abord ce
petit
Ermitage constitué de la chapelle
édifiée sur une sorte de terrasse d'ardoise
à
flanc de roc et quelques logements pour les rares occupants religieux.
La rançon du succès :
Le Roi René ayant réalisé une statue
de Sainte
Marie-Madeleine (en bois, la représantant vêtue de
ses
seuls cheveux, comme à l'accoutumée) et
ayant fait
don de nombreuses reliques importantes à la Baumette
(morceaux
de la vraie Croix, de la couronne d'épines etc...) les
pélerins ont été nombreux
à vouloir se
recueillir en ces lieux : il fallait des structures et du "personnel",
en l'occurence, une communauté religieuse.
Ce seront les franciscains "Cordeliers" d'Angers (habillés
comme
Saint François avec une robe ceinte d'une "corde
liée"
qui furent les premiers à investir les lieux et les
organiser
conformément à la règle
(créer un couvent,
disposer d'une sacristie, d'une bibliothèque, de salles
d'étude, d'un réfectoire, mais aussi de logements
et de
tout ce qui permettait de vivre quasiment en autarcie -
légumes
- volailles etc...)
On comprend donc
que pour
"repousser les murs" il n'y avait qu'une
solution : créer une énorme excavation dans le
schiste en
extrayant des centaines de tonnes d'ardoise !
Un siècle durant, les Cordeliers ont donc fait
prospérer
et la communauté et la vie religieuse mais les guerres de
religions ne les ont pas épargnées
et pendant
une trentaine d'années, l'esprit franciscain n'y
était
plus (ni les religieux d'ailleurs qui avaient rejoint
d'autres
monastères de la ville).
Ce furent les Récollets qui, à la veille de 1600,
vont
faire renaître l'esprit de pauvreté franciscain et
vont
faire revivre les lieux à tel point que deux Rois de France
viendront à la Baumette : Henri IV en 1598 et Louis XIII en
1614.
(Henri IV est d'ailleurs venu assister aux vêpres avant
de se rendre signer l'Edit de Nantes)
Puis, les besoins changent et les Récollets
eux-mêmes qui
avaient beaucoup œuvré pour soigner les malades de
la
peste, quittent peu à peu la Baumette pour aller soigner les
malades sur place et, pour des raisons pratiques, rejoignent le couvent
/ hospice dans le secteur Saint Laud d'Angers.
Le couvent devient une "maison d'hôtes accueillant
d'importantes
personnalités venues suivre des retraites ou des instances
capitulaires de l'Ordre".
Il faut plus de confort et de luxe, c'est à ce moment que
des
modifications sont apportées : un cloître en
tuffeau
remplaçant les préaux de bois, des chiens assis
décoratifs, des terrasses etc...
Puis
c'est la
révolution et le couvent n'est pas
épargné. Heureusement, il n'y aura pas de
victime, seuls
trois personnes restaient sur place à l'époque
mais des
dégâts furent causés et ... la statue
de Sainte
Marie-Mademeine jetée dans la Maine.
Le couvent est alors vendu comme bien national. Plusieurs
propriétaires s'y succèderont jusqu'à
Jules Cheux
qui l'aménage suivant l'organisation actuelle. Il ajoute une
tour pour son fils, passionné d'astronomie et de
météorologie.
"Depuis 1914 au décès d'Albert Cheux, la Baumette
reste
dans la famille, son cousin Henri Robert en devient
propriétaire
puis son fils Pierre Robert et ses enfants qui perpétuent
l'esprit d'accueil du premier ermitage" (Sce
: document
journées du patrimoine - Merci à cette famille de
nous
faire partager mensuellement ce lieu chargé d'histoire).
Vue
de la ville d'Angers
depuis la terrasse du bâtiment principal
On voit bien sur cette photo ce qu'il a fallu creuser de schiste pour
construire les bâtiments et le couvent ! (à droite
l'escalier taillé dans l'ardoise) Clocher
et escalier
Ci-dessus Le
clocheton, (à l'origine placé au milieu
de la chapelle puis sur ce bâtiment).
A droite :
L'escalier taillé dans le roc !
(avec de l'antidérapant d'époque ...
cela doit glisser quand même les jours de pluie !)
C'est quand même émouvant de penser que nous
foulons les
mêmes marches qu'Henri IV se rendant à Nantes pour
signer
l'Edit !
Et si vous
regardez bien ,
derrière
le mur de l'escalier,
côté façade, vous verrez une superbe
petite statuette de Saint Pierre tenant la
clé du Paradis
Depuis
la Maine
(carte postale)
Bâtiments
et
cloître
Des bassins sur terrasses
Au cœur du cloître dans la roche
Voyez la hauteur la roche par rapport au bas du cloître !
Chapelle Sainte
Marie-Madeleine
Plaque
visible dans la chapelle
"Parmi les
tombeaux les
plus célèbres que renfermait le couvent de la
Baumette se trouvait celui de Philippe de Nérestan,
capitaine des gardes du corps, tué aux
Ponts-de-Cé en 1620 en combattant dans l'armée de
Louis XIII. Celui-ci l'avait nommé le 04 avril 1608 ptrmirt
grand maître de l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel et de
Saint-Lazare en récompense de ses services." (*)
Il a été blessé d'un coup de mousquet
le 7 août et décéda le 20 du
même mois
Les moines avaient demandé et étaient venus
chercher son coeur en procession avec "chapelet au cou et torche de
cire à la main". Un maisolée fut
érigé, on lisait sur sa tombe "Ayant maintes fois
dans les armes, Vaincu les plus grands gens d'armes, Chargé
de coups et de lauriers, Je meurs laissant les bords de Loire,
Témoins de mes actes guerriers, Car je meurs
après la victoire".
Sa fille, abbesse fit rapatrier le corps dans la chapelle de son abbaye.(*)
La
statue de Marie-Madeleine dans "sa grotte"
Vous vous rappelez que plus haut nous avions dit que la statue avait
été jetée dans la Maine à
la
Révolution; mais aussi qu'elle était en bois !
Elle a donc flotté et dérivé pendant
plusieurs
kilomètres avant d'être
récupérée et
cachée par un batelier-pêcheur de Loire !
Il l'a restitué en 1920 aux
bénédictines de Notre Dame du Calvaire et y est
exposée.
Il s'agit là d'une copie qui a été
replacée dans la chapelle.
Clic
Clac Tôpette
(Page Facebook) nous permet d'en apprendre encore plus sur cette
bataille de
Sorges Les Ponts-de-Cé . Son
administrateur m'a
transmis sa chronique pour une diffusion sans modération,
merci à Pierre-Benoît. Ne manquez pas ses
chroniques à écouter sur le 101.5 (Radio
G)
Visite
du 19 juillet 2020 : Je ne
peux résister
à vous faire partager ces clichés qui
illustrent si bien le double
caractère de ce site ; à la fois
chargé d'histoire et empreint d'une
sérénité particulière :
(cliquez
sur
chaque photo pour la visionner en taille réelle et cliquez
à nouveau sur la grande photo pour revenir à ce
paragraqphe)
1 - Entrée du public (dans le bloc de schiste ) 2 -
Bâtiment principal (ancien réfectoire au rez de
chaussée surmonté d'un étage de
cellules) 3 - Clocheton 4 - La ville vue de la terrasse
5 - Vol de reconnaissance 6 - Paisible Maine en
été 7 - Sans le reflet on en oublierait
l'eau
8 - Le Cloitre creusé dans la roche 9 - Tableau sur le
Maître-Autel 10 - La vierge et l'Enfant
Visite
du 30 mai 2021
: Une fois de plus, je ne peux résister
à vous faire partager ces récents
clichés qui illustrent si bien le double
caractère de ce
site ; à la fois
chargé d'histoire et empreint d'une
sérénité particulière
(peut-être
encore plus après un troisième
confinement) :
(cliquez
sur
chaque photo pour la visionner en taille réelle et cliquez
à nouveau sur la grande photo pour revenir à ce
paragraqphe)
Ville
d'Angers vue depuis la terrasse - zoom
Vue
sur la terrasse
Rien qu'en
regardant l'une ou l'autre des deux photos, "si on est focus", on
ressent soit la chaleur , soit la douce brise.
En regardant bien
à travers les arbres : le Lac de Maine
Le clocheton qui
surplombe non plus la chapelle mais le bâtiment principal
LE CLOȊTRE
: Un Havre de Paix où le silence n'est troublé
que par
quelques chants d'oisillons et par les gouttes de la fontaine !
Enfin,
je ne peux que vous encourager à visiter ces lieux et/ ou
lire
le passionnant livre (*) "100
jours
à la Baumette" (Pierrre
Hommey) que
vous
pourrez trouver sur place ou à l'adresse
contact@labaumette.net