LES HALLES DE PARIS  -

Ecoutez : Extrait de J.Dutronc "Il est cinq heures, Paris s'éveille...", mais après une nuit aux Halles, j'ai sommeil...

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fort des halles baladeuse camion pour l'approvisionement Les premiers véritables camions moyens de locomotion du milieu du XXème les halles de Paris avant 1969 LE TRANSPORT AU XXIème RUNGIS en 2000
Le "Fort" La "baladeuse" Le "camion" Les premiers véritables camions Accident de chargement Le "carreau" et les pavillons Baltard Gigantisme et modernisme de Rungis
N'importe laquelle des vignettes ci-dessus vous permet, en la sélectionnant, d'accéder à la page de présentation :  " D'un site à l'autre : des halles de Paris à Rungis ou voyage à travers le temps  "
Cette première page photographique vous permettra de mieux visualiser l'évolution au cours du XXème siècle et vous pourrez ensuite revenir en détail aux photos "grand format" en cliquant sur chaque vignette ci-dessous ou parcourir l'album à l'aide des boutons "suivant" et précédent".


RAPPEL HISTORIQUE
Je n'ai nullement l'intention de vous faire un cour d'histoire sur la capitale ni la prétention de vous raconter l'histoire des halles de Paris. Simplement vous faire voir quelques photographies prises par ma famille, mandataires aux halles et qui ont connu la mutation du XXème siècle du coeur de Paris à Rungis.  
DE L'ILE DE LA CITE A RUNGIS
camion pour l'approvisionement Quelle que fut l'époque, l'homme a eu besoin de se nourrir. Paris, ou plus exactement Lutèce, concentrée sur l'île de la cîté, était approvisionnée au Port Saint Landry.Ce ne furent donc pas les halles de Paris qui ont connu la première migration mais le "marché lutécien".

C'est à proximité, en conservant un accès fluvial que le marché a été déplacé, sur décision de l'occupant Romain, place de l'hôtel de ville (place de Grève) et ceci pour une période allant jusqu'au XIIème siècle. Les futurs "forts des halles" (travailleurs intérimaires, dirait-on maintenant) y venaient chercher le travail : ils étaient "en grève".

Comme à chaque changement de site, ce sont : l'exiguité des lieux, la densité de population, l'urbanisation et l'hygiène qui ont motivé les déplacements.
Au XII ème, Louis VI "décentralisa" une nouvelle fois le marché pour l'implanter dans une zone de marécages asséchés non encore urbanisée : les "petits champs" ou Champeaux et c'est Philippe Auguste qui fit construire les premiers "pavillons" et le nom de halles  va apparaître avec la halle aux drapiers et aux tisserands.

Au XIIIème, sous Saint Louis, trois bâtiments furent ajoutés;  ce fut
d'ailleurs le début d'un "secteur" poisson.
Tout le moyen âge connaîtra ces infrastructures et ce marché sera également le lieu choisi par le Roi pour y installer le pilori en son centre afin que tout le monde puisse "contempler" les repris de justice (justice souvent rendue en public au même endroit) attachés et exposés sur une roue pendant plusieurs jours de marché,  visibles de toutes les directions.

Au XVIème, François Premier décidera une "réformation des halles" et ces énormes travaux durèrent une trentaine d'années pour aboutir, sous Henri II, à un secteur constitué de bâtiments fermés, à arcades autour du futur "carreau", permettant de conserver les marchandises des vendeurs.

Puis, juste avant la révolution, l'église des Saints innocents, le cimetière et le charnier des innnocents désaffectés (on pourrait presque dire "désinfectés" car sous Philippe Auguste, les cochons étaient encore "autorisés" à fouiller les tombes...) permirent l'extension des halles et, en particulier le secteur des fruits et légumes.

Trois cents ans plus tard, Napoléon considéra qu'une réforme des halles de Paris était prioritaire, il voulait en faire "le Louvre du peuple". Il ne fit pourtant construire qu'un seul bâtiment.

Ce fut sous Napoléon III et à la demande de celui-ci que le Baron Haussmann, Prefet de Paris soutint le projet étudié ensuite par Zola dans "le Ventre de Paris" publié en 1873. Ce sont ces halles que les plus anciens d'entre-nous aujourd'hui ont connu qui virent le jour.

Victor Baltard nommé architecte du projet, d'abord interrompu dans ses travaux par la révolution de 1848, entreprit la construction d'un premier bâtiment de pierre, reconnu inadapté et laid, surnommé le "Fort des Halles".
Il fut aussitôt détruit sur ordre du Prefet Haussmann qui venait d'être nommé, pour être remplacé par les fameux "pavillons Baltard" à toits de verre et à structure entièrement métallique réclamés par Napoléon III : " Ce sont des vastes parapluies qu'il me faut, rien de plus !" qu'Haussmann complètera par «Je veux du fer ! Rien que du fer !» .

Un arrêté préfectoral du 20 juillet 1897 organise et divise le carreau en 2 zones :
- La zone intérieure, délimitée au nord par la rue Rambuteau, à l’est par la rue Pierre Lescot, au sud par la rue Berger et à l’ouest par la rue Vauvilliers. Elle comprend aussi la rue des Halles et de la Poterie, une partie de la rue des Bourdonnais et une partie de la rue Turbigo. où les cultivateurs et approvisionneurs qui se font livrer ou qui amènent des produits achetés en dehors de Paris doivent produire un certificat (pour les cultivateurs) ou l’empreinte du timbre de l’octroi (pour les approvisionneurs). Ils placent devant leur marchandise une plaque de tôle réglementaire portant leur nom, leur qualité, etc. Pour les cultivateurs, cette plaque est écrite en blanc sur fond vert et pour les approvisionneurs, en vert sur fond blanc.
- La zone extérieure, avec ’extrémité de la pointe Saint-Eustache, une partie de la rue Rambuteau, la rue Montmartre et une partie de la rue Montorgueil. Pour y figurer, les marchands sont abonnés.

Sur ces deux zones du carreau, les denrées sont réparties soit par produit vendu, soit par lieu de production.

Un arrêté du 20 avril 1908 désigne le carreau comme « l’annexe de la vente en gros des fruits et légumes et des produits du jardinage ».

Les dix pavillons ont donc constitué un des plus grands marchés au monde, à la veille du XXème siècle, faisant dire à Gustave Eiffel : "Baltard ouvre Paris au XXème siècle".
Une voie ferrée a permis, au début du siècle, l'approvisionnement jusque dans la rue des halles (les voies étaient encore présentes après la guerre 39-45) des marchandises venant des producteurs de la proche banlieue actuelle : il y avait les trains de pois, de choux etc...

Au milieu du XXème siècle et pour les mêmes raisons, les infrastructures mais aussi l'implantation géographique recommencèrent à faire défaut.
En effet, lorsque sont évoquées les halles de Paris aujourd'hui, on a tendance à penser à un marché couvert sous les pavillons Baltard. En fait, il faut savoir que le marché occupait plus de 30 hectares alors que les pavillons ne représentaient pas le dixième et que les  immeubles et commerces de mandataires équipés de magasins fixes avec  entrepôts, voire chambres froides ou à "murir", à bananes etc ... ne représentaient que la moitié ! Ce qui veut dire qu'il y avait 15 hectares de marché sur la voie publique avant le transfert.

Jusqu'à cette époque, le marché commençait très tôt  pour finir vers 8h00 du matin; il fut décidé d'avancer cette heure pour faciliter la circulation : pour cela, les approvisionnement pouvaient se faire à partir de 23 h00 et le marché commençait à minuit pour finir vers 7h00. Cela ne suffit pas, la circulation devenait de nouveau très difficile, le marché, jusque là limité, au sud, à la rue des halles, s'étendait sur le  Boulevard Sébastopol, rue de Rivoli jusqu'à la Samaritaine, à l'est sur le pourtour  de la place du Châtelet et à l'ouest sur la rue du louvre ...

D'autre part la banlieue commençait à s'agrandir et, autant un marché central pour une ville de taille moyenne était justifié, autant générer ces "nuisances" au coeur de la ville pour des transactions de marchandises arrivées de toute la France et même plus qui repartaient se vendre au détail en banlieue ou en province semblait incohérent.



En 1953, l'apparition des marchés d'intérêt national (M.I.N.) relancèrent le débat et, en 1962, Michel Debré, à la demande du Général de Gaulle, prit la décision d'un transfert qui se fit à Rungis. Les premiers travaux commencèrent en 1964 pour une ouverture les 3 et 4 mars 1969. La viande suivra en 1973 après un passage par la Villette pour des raisons de proximité des abattoirs, dans un premier temps.
A la demande des mandataires, après une pression de deux annnées, le marché de nuit a été remplacé par le marché de jour; ce fut une révolution presque aussi importante que le changement de lieu.

Rungis devint le plus grand marché du monde de ce type et à cette date.
Les pavillons Baltard étaient donc voués à la destruction et cela fut là l'origine de polémiques et d'échanges politiques sérieux pendant plusieurs années.

1970 a été l'année de la destruction et, heureusement, le pavillon N°8 a été démonté soigneusement et reconstruit à Nogent sur Marne. Il est désormais classé monument historique en  devenant un espace contemporain polyvalent. Il contribue à la préservation du patrimoine du XIXème; on pourrait même dire que cette polémique aboutit à la prise de conscience de la nécessité de conserver ce patrimoine peut-être encore trop récent pour avoir été appréhendé de la sorte auparavant.
Le Président Pompidou fit construire un centre culturel qui porte son nom. L'esthétique est contestée, le "trou des halles" n'en finit pas de créer des polémiques jusqu'à la rénovation du métro et du RER. Ce noeud ferroviaire sera complété par le "Forum des halles", qui marie équipements de loisirs, piscine, vidéothèque, cinéma et un centre commercial qui a été (plus qu'il ne l'est à ce jour) la vitrine du prêt à porter.
Une rénovation du centre, l'adjonction d'un jardin suspendu sont actuellement à l'étude. Serions-nous entrain de recréer le "Louvre du peuple" désiré par Napoléon ?
Dans la cour du mandataire après la nuit
Camion hippomobile 1910 Après le travail de la nuit
La vente de l'ail, de l'oignon à même le sol La vente de l'ail, de l'oignon à même le sol
La vente à même le sol  Aulx et oignons jonchent le sol
La vente de l'ail, de l'oignon à même le sol la baladeuse
Les femmes au travail 1914 Pause sur la baladeuse
le pesage à la balance à main (peson) le transport du cresson en manne
Le pesage au peson
Les mannes à cresson
les pommes de terre Pommes de terre
1930 Pommes de terre 1935 PdT et Oignons
Les pommes de terre en sac L'architecture d'un pavaillon Baltard
LE FORT DES HALLES
Structure d'un pavillon Baltard
Le cours des halles La bascule
Après la nuit,
journée au magasin ! 
Le pesage
VUE DU MARCHE ET D' UN PAVILLON BALTARD 1958_fin_de_nuit
Vue générale avec Baltard 1958 - fin de nuit
Quand les triporteurs renversaient LA DERNIERE NUIT AUX HALLES
1960 renversement de triporteur La dernère nuit à Paris 1969
LA DERNIERE NUIT AUX HALLES LA DERNIERE NUIT AUX HALLES
La dernère nuit à Paris 1969 La dernère nuit à Paris 1969
RUNGIS
LA CAISSE A RUNGIS
Le changement : Rungis
La caisse à Rungis
LES ETALAGES A RUNGIS
LES ETALAGES A RUNGIS
Pavillon légumes Rungis
Pavillon fruits et légumes Rungis

LES ETALAGES A RUNGIS

J'ai été contacté par le rédacteur en chef du magazine "Champignons magazine" pour "prêter" quelques photos afin d'illustrer un article sur les champignons aux halles de Paris, dans le numéro 55 de janvier 2007. Je vous invite à découvrir cet article reproduit dans son intégralité, avec l'autorisation du rédacteur en chef.

Témoignage reçu en juin 2008 (merci à michelle) :
Je suis tombée par harsard sur votre site, j ai vécu dans le quartier des halles depuis 1948 jusqu'à son départ pour rungis (ou j'ai pleuré) que de bons souvenirs et d'émotions me reviennent :
- le jour de mon mariage les petits wagonnets étaient dans la rue,
- sous la porte cochère de l 'immeuble travaillaient des caseurs de têtes qui récupéraient les cervelles , les langues,
- je revois toujours aussi la marchande de suif qui venait récupérer cette marchandise pour les produits de beauté,
- le troc du fort des halles qui avait toujours son couteau et taillait en vrac un morceau de boeuf sur les quartiers pendus pour allez manger rue du jour, ou rue montorgueil, il payait la cuisson avec un légume et le rouge.

Mes parents travaillaient dans cette grande famille, maman à la volaille et papa chargait à bercy pour livrer dans les halles.
Enfin, après la disparition de baltard dans le trou des halles mon fils alors agé de 9 ans à tourné un film pour l O.R.T.F. à lépoque dans ce même trou et quartier en future rénovation mais qui n'avait plus rien à voir avec cette époque, (qui n'a pas vécu cela n 'a rien vu )
Salutations, Michelle.

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