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Pendant
ses huit
premières années de polyculture, il avait
ajouté une parcelle de culture de tabac en
complément des légumes et des graines ainsi que
de la pépinière commencée
dès sa démobilisation. Toutefois, cette
dernière constituait déjà,
malgré son manque de rentabilité, "la
sève de sa vie"; c'est à dire celle pour laquelle
il aurait aimé se consacrer à part
entière. |

album 1932 1939

album Les halles
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Info : ces
vignettes ouvrent de nouvelles pages sans fermer cet album 45-60
Des
cousins du
côté de son épouse avaient dans la
génération précédente
quitté la région pour faire du négoce
aux halles à Paris. Ils avaient toujours gardé de
bonnes relations avec eux, son épouse ayant passé
de nombreuses périodes pendant son adolescence chez eux,
à Paris, à leur résidence secondaire
d'Epinay et en vacances sur l'atlantique et à Deauville. Il
en fut de même avec nous-mêmes, leurs enfants et
les leurs qui ont
toujours été présents pour les
accueillir soit en vacances soit plus tard, à chaque fois
que leurs déplacements leur imposaient des passages
à Paris et même pour procurer du travail
saisonnier à un de ses fils pendant des vacances scolaires.
Il s'est
étendu sur les relations avec ces
cousins car ils ont été non seulement toujours
présents pour eux et les enfants mais aussi, le vecteur de
vente de leur production par leur activité de mandataire,
aux halles jusqu'en 1969 puis à Rungis avec les
arrières petits enfants.
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album Les halles |
Info : cette
vignette ouvre une nouvelle page sans fermer cet album 45-60
Jusqu'à
1950 environ, un
transporteur du pays faisait le ramassage des colis chez tous les
cultivateurs qui avaient aussi des mandataires pour aller les
déposer au train à Saint Mathurin. Ces
marchandises étaient
récupérées par les mandataires
eux-mêmes sur le quai de Montparnasse et, comme disait
Jacques Dutronc :"Paris s'éveillait". Quelques
années plus tard, une entreprise de transports de la
région parisienne procédait à un
ramassage dans des dépôts qui
pré-collectaient auprès des producteurs. Les
fruits étaient donc parfois cueillis le matin,
préparés et emballés dans
l'après midi, collectés en fin
d'après-midi, partaient en camion en soirée,
étaient vendus aux détaillants dans la nuit et
pouvaient être achetés par le consommateur
dès 8h du matin suivant la récolte. Le
système était performant pour l'époque
car les autoroutes n'existaient pas encore et d'autre part, comme
à cette époque les fruits envoyés
étaient
mûrs, ils
craignaient la manutention. La rapidité d'acheminement
diminuait
les risques d'abîmer
la marchandise. |

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C'est donc essentiellement par leur
intermédiaire qu'ils ont vendu les produits de
l'exploitation :
légumes d'abord puis fruits. Ce type de vente l'a
encouragé à développer des
variétés extra-ordinaires, cultivées
en haies fruitières, pour répondre à
une demande particulière de certains commerçants
de Paris. Ces variétés étaient
très estimées de leurs clients, surpassant en
grosseur et qualité les variétés
commerciales du moment. Elles étaient bien
emballées en plateaux garnis de papier bleu par
son épouse qui les faisaient briller au chiffon de laine,
à l'unité, les disposant dans un joli soleil
jaune en papier crèpe : c'était superbe et
alléchant.... mais pas souvent rentable.
Dans
cette
pépinière, il a tenu à conserver des
variétés anciennes comme la "Sans-pareille de
Peasgood" dont la maturité s'échelonne
d'août à octobre (
les fruits pouvaient
dépasser la livre ! Aucune difficulté pour faire
une tarte avec une seule pomme)
, la reinette blanche du
Canada, de maturité plus tardive, prenant la
relève pour l'automne et le début de
l'hiver. |
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La
variété
Grand-Alexandre qui ressemble beaucoup à la Sans-pareille de
Peasgood est commercialisée mais ne la vaut pas. Quand la
Golden est arrivée sur le marché ( juste
après 1955), ils ont eu un peu de ralenti sur "leur"
Canada blanc mais cela a vite repris, au regard de sa
qualité.
Ils ont
également cultivé une
autre excellente variété : la Winter Banana.
Celle-ci n'a pas su résister à l'assaut de la
Golden ni rester parmi les variétés dites
commerciales. Il a donc fallu procéder à une
opération connue de tous les arboriculteurs se nommant le
"sur-greffage" . Cette opération consiste en un greffage
total du pied mère sur les plus belles branches à
l'aide de greffons d'une nouvelle variété. Il y a
sur-greffage car ces pieds ont déjà
été greffés à l'origine. Si
ces pieds sont suffisamment vigoureux, on les re-forme en haies
fruitières et ils re-deviennent fructifères
à la deuxième ou troisième
année.
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En
1958, il avait pris en location
un
verger dans la vallée de l'Authion; moitié
poiriers , moitié pommiers qu'il avait dû
remettre en état. Il avait acheté un
petit tracteur
à chenilles qui lui permettait de faire face aux terrains
les
plus difficiles et surtout, grâce à son
étroitesse et sa maniabilité, lui permettait de
manœuvrer aux extrémités des haies
fruitières. |
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C'est dans ces
années que les traitements
des haies fruitières a du être accentué
car la demande devenait de plus en plus exigeante en teme de
qualité. Aucun défaut, aucune piqure d'oiseau ou
de vers n'était tolérée. Il avait
donc été obligé de faire comme tout
le monde. Même en faisant attention, les informations
n'étaient pas toujours bonnes; pour exemple le parathion
pour
lequel on leur vantait l'efficacité sans risque jusqu'en
60/70. Ce produit était de la même famille que les
DDT et gaz moutarde de la première guerre mondiale; ils ne
le sures qu'àprès... Il a
été définitivement interdit
à la vente en 2003 seulement ! |
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Avant les canons, les
fumées, les
insecticides... il y avait les
épouvantails et en particulier un joli accessoire de jardin
: "LE CHAT
NOIR"
L'efficacité reste encore à prouver mais
c'était si joli !
A noter que j'ai trouvé sur internet des sites proposant
encore cet
accessoire. |
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Dans les
années 1959 et 60, la
sécheresse lui a donné beaucoup de mal
et, afin de sauver les arbres tout juste repartis,
greffés et sur- greffés, j'a dû faire
forer un puits pour arroser ceux-ci. Pour comble de malchance, l'hiver
1960 61 , la dernière inondation de la rivière
Authion a fait périr tous les pommiers par asphyxie des
racines (les poiriers résistent dans l'eau). La perte fut
lourde et il dût abandonner ce verger qui pourtant devait lui
permettre
de passer à une culture fruitière plus intensive.
Bien sûr, remède il y a eu, une
station d'exhaure a été construite aux Ponts de
Cé; ce fut une libération pour les habitants de
la vallée qui n'ont jamais revu l'eau
pénétrer chez eux depuis ce
demi-siècle. Hélas, pour eux, il
était trop tard. |
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Le progrès
aidant, il
a eu recours, à partir de 1965, à une
calibreuse qui lui permettait de trier et vendre les fruits par
caissettes. Ce système était plus avantageux sur
le plan du rendement mais moins lucratif : il n'était
malheureusement pas rare de produire avec un prix de revient au kilo
supérieur au prix d'achat par le grossiste... et bien que
l'Europe et les quotas n'existaient pas, les aides et assurances
étaient
inexistantes et il fallait attendre une "éventuelle"
meilleure saison pour renflouer le porte monnaie... |
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Et nous retrouvions les fruits identiques à ceux
produits par nos vergers dans les enseignes locales à environ 10
fois le prix de revient... oui, déjà des marges
impensables ! |