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Mourmelon et Prosnes : 1920 - 2001

Voir aussi en bas de page : Guillaume Apollinaire et Mourmelon 

Mourmelon avant la guerre

après la guerre
Ci-dessus : le village de Mourmelon avant la guerre
Il se souvenait qu'ils avaient pénétré dans ce cimetière puis qu'ils avaient cherché le bois de Prosnes, le lieu de sa blessure.
Tous les bois étaient hachés, coupés au maximum à 1 mètre du sol, les maisons des villages étaient toutes détruites.
Il revoyait très bien le village de Prosnes. Les rues avaient été dégagées mais rien n'était reconstruit. Les maisons étaient toutes complètement détruites, seuls quelques pans de murs arrivaient à dépasser 1m50 ou 2 m.
 
après la guerre
après la guerre
En 2001, lors de son seul retour sur place, nous avons demandé en vain le chemin du "bois de Prosnes" à plusieurs habitants de la commune. Un des plus âgés  (environ 80 ans) nous avait donné la direction en disant : "il n'y a plus de bois mais j'ai entendu dire qu'il y en avait un par là-bas...".
Nous nous sommes dirigés vers le Nord-Ouest, suivant ces indications et , aussi bizarre que cela puisse vous paraître,  à la sortie du village, devant un paysage métamorphosé, il a "reconnu" les lieux et nous a ensuite dirigé dans le secteur du supposé bois...

Prosnes en 2001

Voici ce que nous avions sous les yeux et pourtant, il savait que le bois dans lequel ils s'étaient arrêtés en 1920 se situait là-bas derrière ces quelques arbres, au milieu des champs !



Des centaines de milliers d'autres y sont passés et y sont restés .... Je citerai toutefois un illustre poète qui a écrit depuis Mourmelon dans ses "lettres à Lou" :

Guillaume Apollinaire
avait été grièvement blessé à la tête, il contracta la grippe espagnole pour en décéder à quelques jours de l'Armistice (comme mon grand père maternel Narcisse) !

Voici donc quelques extraits de :  Ma Lou je coucherai
(Poèmes à Lou)   -  Ma Lou je coucherai 

Apollinaire
Ma Lou, je coucherai ce soir dans les tranchées
Qui près de nos canons ont été piochées.
C’est à douze kilomètres d’ici que sont
Ces trous où dans mon manteau couleur d’horizon
Je descendrai tandis qu’éclatent les marmites
Pour y vivre parmi nos soldats troglodytes.
Le train s’arrêtait à Mourmelon le Petit.
Je suis arrivé gai comme j’étais parti.
Nous irons tout à l’heure à notre batterie.
En ce moment je suis parmi l’infanterie.
Il siffle des obus dans le ciel gris du nord
Personne cependant n’envisage la mort.
...

Mes souvenirs se sont ces plaines éternelles
Que virgules, ô Lou, les sinistres corbeaux
L’avion de l’amour a refermé ses ailes
Et partout à la ronde on trouve des tombeaux.
...
Cette boue est atroce aux chemins détrempés.
Les yeux des fantassins ont des lueurs navrantes.
Nous n’irons plus aux bois, les lauriers sont coupés,
Les amants vont mourir et mentent les amantes.

J’entends le vent gémir dans les sombres sapins
Puis je m’enterrerai dans la mélancolie
...

Dix-neuf cent quinze, année où tant d’hommes sont morts
Va-t’en, va-t’en aux Enfers des Furies
Jouons, jouons aux dés; les dés marquent les sorts
J’entends jouer aux dés les deux artilleries

Adieu, petite amie, ô Lou mon seul amour
Ô mon esclave enfuie,
Notre amour qui connut le soleil, pas la pluie
Fut un instant trop court.
...
Et j’entends la voix rauque
Des canons allemands crier sur Mourmelon
— Appel de la tranchée. —
...
Quelqu’un lime une bague avec l’aluminium qui se trouve dans la fusée
des obus autrichiens.
Un képi de fantassin met du soleil sur cette tombe.
...
Adieu, mon petit, Lou, adieu
Adieu, Le ciel a des cheveux gris.

Guillaume Apollinaire, 
Mourmelon-le Grand, le 6 avril 1915


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