I
- A 95 ans, quelle que soit la météo, il continuait d'entretenir ses "bébés" : les variétés de pommes et de poires qu'il avait gardées autour de sa maison. La journée entière, la loupe dans la poche pour surveiller les éventuelles maladies, les lunettes adaptées pour soigner, comme mon frère l'a évoqué à sa sépulture, en véritable orfèvre, ses arbres issus des plants de sa propre pépinière (certains depuis avant son départ à la guerre en 1939). Chaque bourgeon, chaque brindille faisait l'objet d'une analyse et d'une projection sur la et les saisons suivantes pour choisir la taille adaptée. Je vous avoue que j'ai essayé, sous son contrôle, mais n'ai jamais tout assimilé... |
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Il a donc
entretenu
pendant près de 70 ans, avec le plus grand soin, on peut
dire, avec amour,
ces terrains, plantés d'arbres fruitiers. Dans cette direction, il pouvait voir l'heure au clocher du village, voir partir les courageux pompiers volontaires, depuis la construction du récent centre de secours, juste en face de sa maison. Tout autour de ses terrains et de ses arbres, les maisons anciennes de la rue principale et les autres, beaucoup plus récentes, qui avaient poussé depuis un demi-siècle, entourent désormais complètement la propriété qui est devenue un petit verger au centre de la commune. Son grand-père qui avait acquis cette propriété pour échapper aux inondations de 1910, un comble, aurait-il pu s'imaginer que des opportunistes d'un autre siècle qualifieraient ces terrains de "prairies inondables"(*) au cœur même du village ... On peut le dire aujourd'hui, cette volonté de dévaluation l'a anéanti et a eu raison de sa santé : Il écrivait, quelques jours avant son décès, que sa nuit avait encore été hantée de cauchemars à propos de ses terrains. |
II - (*) Voilà ce que ces opportunistes appellent des "prairies inondables" !
Et pour avoir une idée beaucoup plus précise de la proximité, la vue à l'angle arrière de la maison d'habitation :
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Alors
qu'à hauteur du val
d'Authion la situation était celle-ci en 1856![]() Évidemment, quand la brèche s'est ouverte, le lit s'est étendu jusqu'à "mourir" aux pieds des dites parcelles. (Quoi de plus normal au vu du schéma, même à 7 km compte tenu de la configuration des lieux) Moult travaux ont été effectués des turcies du IXème au moyen âge, puis sous Colbert et, après les déversoirs des années 1700 et renforcements durant tout le XVIIIème et ce jusqu'à privilégier la profondeur, comme expliqué ci-dessus, pour la navigation, en fragilisant des digues pensées mais encore "artisanales" |
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![]() Et ils continuent de nos jours encore avec des mur de béton coulés et autres renforcements. |
Et ces travaux se sont
poursuivis ici de 1573 à 1922 ![]() |
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Pour en arriver à aujourd'hui![]() Une levée rehaussée, renforcée et surtout un val qui n'est désormais plus jamais en crue depuis les pompes d'exhaure qui refoulent l'eau du val d'Authion dans la Loire, en Aval aux Ponts de Cé. |
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Oui l'accident provoqué par
cette rupture (principale et d'autres brèches) a eu des conséquences
dévastatrices (jusqu'aux mines des ardoisières de
Trélazé remplies - à droite) Et c'est là que je reviens sur la notion d'inondation, de crue et d'accident et j'aimerais faire un parallèle avec un autre oh combien plus tragique que fut celui de la rupture du barrage de Malpasset (Fréjus), en 1959. Et pourtant, de tout temps (au passage quelques dates qui ont plus ou moins marqué l'histoire du fleuve pour des hauteurs importantes : 1519, 1520, 1521, 1522, 1523, 1524, 1527, 1549, 1585, 1608, 1628, 1633, 1649, 1665, 1689, 1700, 1707, 1709, 1710, 1711, 1733, 1744, 1755, 1788-1789, 1790, 1825, 1846, 1856, 1866, 1872, 1902, 1907, 1910, 1913, 1933, 1940, 1958, 1963, 1977, 1981, 1983, 1995, 2001, 2003, 2005...), des crues de la Loire (sans inondation des parcelles de Papy-Louis - la preuve quand toute la France était sous l'eau, même la capitale en 1910, c'est à cette date que le grand-père de Papy-Louis a acheté cette propriété et les terrains pour y faire sa pépinière car là où il était auparavant, c'était inondé, un comble ! ) Mais non, ICI, on ne retient que la "hauteur des plus hautes eaux connue" soit 1856 alors que c'était la conséquence d'un accident ! |
Et pourtant vous voyez les parcelles concernées, à gauche sur le dessin ci-dessus, situées, à 7 km du lit, elles sont toujours considérées comme présentant un risque d'aléas moyens à forts donc classées zone rouge et zone naturelle en plein bourg, pendant que l'on autorise des constructions en pied de levée à un niveau bien plus bas, pour des raisons dite de "respiration économique" ! J'espère qu'ils auront un tuba en cas de nouvel accident .... Il est de plus à noter, et nous avons les preuves écrites dans nos archives familiales, que l'eau est arrivée 3 jours après la rupture "lécher" les parcelles concernées ou devrais-je dire la désormais réserve foncière...(rien à voir avec le Tsunami de 40 m de haut et dévalant sur Fréjus encore à 7m de haut et à 70km/h en 1959 !) |
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III - CRUES - INONDATIONS - ACCIDENTS Si je vous ai parlé de Malpasset c'est qu'à Fréjus, en 1959, ce furent 421 personne qui ont été noyées dans des quantités et des hauteurs et des courants incomparables... et pourtant, c'était un accident "Une cataracte de 50 millions de mètres-cubes d’eau et de 40 m de haut s’engouffre dans la vallée du Reyran à une vitesse de 70 km/h, dévastant tout sur son passage. En un quart d’heure, la déferlante, haute de 7 mètres, envahit les quartiers ouest de Fréjus puis le centre-ville (…). A 21 h 40, la vague se perd dans la mer, charriant toutes sortes de débris et des dizaines de cadavres". |
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Le Barrage de Malpasset en 1958 | Le Barrage de Malpasset en 1959 | ||
Et pourtant on se contente aujourd'hui de dire que depuis la catastrophe, "le Reyran a été définitivement canalisé dans une immense voie de béton" (pour cela que les ruisellements et inondations y sont si fréquentes 50 ans plus tard ...) Le volume du cours nouveau "a été, dit-on, calculé" sur la crue maximale du siècle. (comme d'habitude mais dès 1979 j'étais allé sur place et des constructions commençaient à être autorisées. L'urbanisme et ses impératifs économiques a repris ses droits ou sinon droits : marques ! Il en sera de même pour les terrains de Papy-Louis... Vous me direz alors "portez cela devant le Tribunal administratif" . Mais que croyez vous que nous faisons depuis 25 ans ? LES T.A. et surtout les Cours d'Appel sont aux bottes de l'Administration donc des préfets, lesquels changent régulièrement de postes, cause promotions, et ne désavouent jamais leurs prédécesseurs (en 25 ans entre 15 et 20 préfets et 7 recours devant la justice)! |
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Et voilà
donc comment on fait face au danger ou plutôt comment nos hauts
fonctionnaires et énarques utilisent (grâce à leurs
plans de préventions de toutes sortes) les dites catastrophes
naturelles (y compris celles qui ne le sont pas ) pour les (se)
servir ! Car si on voulait vraiment faire des plans de préventions efficaces, là où nous en sommes, il faudrait vraiment interdire l'habitation dans presque toutes les régions, voire détruire certaines maisons existantes. (entre inondations, les vraies, tous les jours aux infos, les zones sismiques, les bords de falaises, les bords de mer, vagues submersion, les maisons anciennes, les proximités d'usines type Sevezo Tout autour des parcelles de Papy-Louis, les constructions ont poussé comme des champignons dans les années 1970/1980, c'est l'exemple concret que nous avons sous les yeux. Mais si on réfléchit un instant aux besoins toujours croissants du nucléaire, comparé aux dégâts provoqués et victimes de Tchernobyl ou Fukushima, compte tenu du nombre de centrales en France mais il faudrait quitter le pays et vite ...surtout à la vitesse à laquelle on les entretient ! |
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RAPPEL DE LA SITUATION
(visible sur l'album enfance et sommaire)
1910
(au sec) : Arrivée au bourg : la maison familiale.
Sces : cartes postales
A gauche, lors de l'achat de la
maison afin "d'échapper" aux inondations de 1910. |
A droite, après que le
grand-père de Papy-Louis en ait pris possession. |
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![]() Faites le calcul : 75m3/s = 6.5 millions de m3 par jour (alors que jamais l'Authion n'a effleuré nos terrains, même avant l'installation de celles-ci ! ) Essayez d'expliquer à des techniciens, fonctionnaires et élus bornés que cela changerait les choses, au moins dans la vitesse de progression, donc en aléas, en cas de rupture de levée ... |
Dans
son poème, Emile JOULAIN reprend des
titres des ouvrages de Lise Laurent Martin. "La Villa perdue" à laquelle Emile fait allusion, il s'agit bien sûr de son roman mais elle avait donné le nom à son petit cabanon dans lequel elle s'isolait pour écrire. Elle l'avait fait construire au bout de sa propriété, en limite des jardins de Papy-Louis, en plein bourg - ci-contre ) Photographie prise depuis l'angle du jardin de Papy-Louis Rappel : (terrains classés par la municipalité - qui se fait sa réserve foncière - : non urbanisés, non urbanisables, inondables d'aléas conséquents, zone naturelle - L'église à moins de 100 mètres et la Loire à plus de 7 km ! ) |
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êtes
le
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