LA
VILLE DE BREST (telle
qu'elle était avant 1940 : cette carte lui avait
été envoyée par sa
voisine en
1920)
Après
une
douche de fortune, le lavage
de nos
effets
personnels et les corvées, on les conduit au "Petit
Lycée" car il n'y
a pas suffisamment de places au dépôt des
équipages :
les marins se repliant
depuis Dunkerque,
depuis les postes du front de mer et depuis Cherbourg sur Brest.
Ils ne savent toujours pas ce que l'on attend d'eux ...
Ils
vont encore dormir sur
le plancher au
deuxième
étage et "essayent" de dormir ... entre les alertes et les
tirs de
DCA !
Il apprendra,
après sa démobilisation, que ce
même jour, la luftwafe
avaient bombardé et fait couler le Lancastria et quelques
autres
bateaux qui sortaient de l'estuaire de Saint Nazaire. Un de ses
camarades de
faction à "La Pointe" avait été
témoin de ce bombardement terrible pour
lequel le nombre de victimes n'a jamais été
établi avec précision ...
entre 4000 et 9000 ! Il avait vu le Lancastria exploser (une bombe
était
tombée à travers une cheminée dans la
salle des machines provocant
immédiatement un incendie ) puis couler en un quart d'heure !
Il apprendra
également que, toujours ce même jour, pendant
que les bombardements
touchaient le port et les bateaux à proximité de
nous, à Brest, les
mêmes évènements se produisaient
à Lorient , là où il montait
la garde
avant de partir à l'Amirauté.
Un camarade de sa
région s'y trouvait et,
à son retour de déportation, il lui a appris que,
à Lanester, aux
chantiers de construction de bateaux qu'ils gardaient, des
tranchées
avaient été creusées comme abris.
Les
bombardements arrivant, deux
jeunes marins voulaient s'y réfugier. Son camarade leur dit
: "Ne vous
mettez pas dans ces trous, si un obus tombe à
proximité, vous risquez
d'y être enterrés". Lui courrut vite se
réfugier sous des grandes
plaques d'acier destinées à la construction des
bateaux et, le
lendemain matin, les deux matelots ont été
retrouvés morts et enterrés.
Son camarade avait eu ses vêtements
déchirés par le souffle d'un obus
mais aucun éclat ne l'avait touché, heureusement
pour lui...
Retout sur place 64 ans
plus tard ! :