Au
XIXe siècle, le Hutreau acquiert une fonction résidentielle. De 1816 à
1872, les Grille, puis les Chatelin s’y succèdent. Tous sont négociants
en mousseline, blanc et nouveautés. Leurs affaires sont prospères : ils
agrandissent le domaine et le régularisent en agrégeant un ensemble de
terres autour de la maison. Le 12 octobre 1872, Armand-François-Rupert
Laity, ancien sénateur du Second Empire et préfet des Basses-Pyrénées,
achète l’ensemble. La presse de l'époque et ses biographes le donnent
comme un « ami personnel » de Napoléon III. En 1860, il a été chargé de
préparer le rattachement des populations de Savoie à la France, puis
commissionné pour prendre possession du duché. Il va donner au Hutreau
son aspect définitif.
En
moins de deux ans, l'architecte Charles Roques, auteur de l'église de
la Madeleine, bâtit le château actuel, dans le style néo-Renaissance.
Des communs, une buanderie et une serre sont édifiés peu après. Le parc
est replanté dans le goût anglais, mais le tracé des allées du XVIIIe
siècle est maintenu.
Parce que le domaine manque d'eau sur sa hauteur
rocheuse, on va la chercher à plus de vingt mètres de profondeur, grâce
à l’un des premiers prototypes d’éolienne d’Auguste Bollée, ingénieur
hydraulicien au Mans. La grille d'entrée sur la route de Sainte-Gemmes
et la tour de l'éolienne sont au chiffre des propriétaires : le B de
Bonet (sa deuxième épouse) et le L de Laity. ==>
Le
nouveau château a belle allure. Les pièces de réception, salle à
manger, grand et petit salons, jardin d'hiver, sont disposées de part
et d'autre d’un vaste vestibule à colonnes et pilastres.
Représentons-nous - grâce à l'inventaire après décès d'Armand Laity -
le grand salon dans sa splendeur de style Louis XV : cheminée en marbre
blanc, pendule et grands candélabres en bronze doré, consoles en bois
doré supportant des lampes en porcelaine de Chine et du Japon. Trois
canapés, un divan en soie capitonnée, huit fauteuils, quatre chaises
occupent le centre de la pièce sur un grand tapis d'Aubusson.
Jardinière en bois de rose, casier à musique, tricoteuse se glissent
entre les sièges. Aux fenêtres, huit grands rideaux avec galeries et
lambrequins découpés.
Armand
Laity meurt sans enfants en 1889 à Bagnères-de-Bigorre, dans le
département dont il fut préfet pendant trois ans. Divers propriétaires
se succèdent alors jusqu'à ce qu'en 1932 une société anonyme
immobilière, constituée pour l'occasion, achète le domaine et le loue
aux ursulines pour y établir un pensionnat. |

Aujourd'hui, le puits alimente toujours le secteur mais avec une pompe électrique . |