LA
BOULE
DE FORT EN ANJOU
: VII - LES
BOULES
ET LES "FILLETTES"
En
Anjou, on reproche souvent aux sociétés
d'être avant tout des endroits où l'on boit
beaucoup. Sipar
raison ou par peur du gendarme, les hommes ne boivent pas autant
qu'avant, "chopiner" et"baiser
des fillettes" est souvent un rite quasi obligatoire (les fillettes
sont des bouteilles de 33centilitres,
traditionnellement remplies de vin rouge ou blanc d'Anjou
supérieur). A Mazé, unefresque sur le mur de
la société "l'Avenir" rend un hommage particulier
à l'une des caractéristiquesde l'Anjou:
"Ici, ce n'est
pas sans buvettes
Qu'à
la boule de fort l'on joue
Puisqu'en
baisant force fillettes
On
célèbre le vin d'Anjou. "
Aujourd'hui ce sont les
consommations de la buvette qui permettent d'entretenir le jeu, et
quand il yen
a un, le concierge. Les
"boit-sans-soif ' qui font le tour des sociétés
sont mal vus des autresmembres
et souvent exclus.
De plus
en plus de joueurs se contentent de limonades ou de jus defruit. Mais en
général, la boisson fait partie des rites. Tout
est prétexte à boire un coup !
En challenge, le gagnant paie
à boire au perdant. En amicale, c'est le perdant qui offre.
Quand deuxéquipes
sont ex aequo, ou tout simplement après une belle boule, on
boit un coup.Organisées
sur le mode des associations loi 1901, les
sociétés ont un président, un
trésorier, unsecrétaire
et... une commission des vins.Le choix des
acheteurs de vin, élus pour leur compétence, est
important.
Le vin a la réputation
d'yêtre
bon
marché mais surtout meilleur qu'au café. Ce qui a
amené certains cafetiers à faire desprocès
pour concurrence déloyale à certaines
sociétés d'Angers. D'autant que trois ont la
licence IV.
C'est
souvent le concierge, quand il existe, qui tient et approvisionne le
bar. Le fonctionnement estprécis
lorsqu'il n'y a personne pour servir. C'est le cas au Loiron
à Mazé. Les sociétaires viennent,ouvrent une fillette,
se servent et placent quelques francs dans un tronc commun.La mise en bouteille
est l'un des événements importants de
l'année. Autrefois, il était obligatoire d'yparticiper sous peine
d'amende.Quant
aux femmes, pas question qu'elles entrent dans la cave : on racontait
qu'elles risquaient defaire
"tourner" le vin !Les
femmes étaient les vraies exclues des
sociétés de boules.