Au jour le jour 1914
Extraits des communiqués du journal
"Pendant la bataille"
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Le
grand-père de Papy-Louis lisait, à partir du mois
d'août 1914, le journal "Pendant la Bataille".
Puis, dès que la famille a commencé à
être durement touchée, il a, semble-t-il,
arrêté de lire ou au moins de conserver les
exemplaires.
Je vous livre les communiqués
des premiers mois de guerre. Ils sont particulièrement
intéressants pour la compréhension de
l'enchaînement des premières provocations,
alliances et ensuite
des premiers combats. |
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de la
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LA MOBILISATION
ALLEMANDE
Berlin, 31 juillet (4 h. 1/2). – I’Empereur,
conformément a
l'article 68 de la constitution de l’Empire a
décrété l'état dit de
menaces
« militaires »
Pour la Bavière, une ordonnance semblable est prise.
L'état concerne toutes les mesures militaires à
la
frontière
et la protection des
chemins de fer, la restriction du service postal et
télégraphique et des chemins de
fer au profit des besoins militaires.
Il en résulte aussi la déclaration de
l'état de guerre, qui
équivaut à l'état de
siège en Prusse avec défense de publier des
nouvelles sur
les mouvements de
troupes et sur les moyens de défense.
Cet état comporte en soi-même l'état de
siège.
ORDRE DE
MOBILISATION GENERALE EN FRANCE
Samedi 1er août.
Par décret du Président de la
République, la mobilisation
des armées de terre
et de mer est ordonnée ainsi que la réquisition
des
animaux. voitures et harnais
nécessaires au complément de ces
armées.
Le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août.
Tout Français soumis aux obligations militaires,
doit, sous peine d'être puni
avec toute la rigueur des
lois, obéir aux prescriptions du fascicule de mobilisation
(page coloriée placée dans son livret).
Sont visés par 1e présent ordre, tous les hommes
présents
sous les drapeaux et
appartenant :
1° A l’armée de terre, y compris les
troupes coloniales et
les hommes du service auxiliaire ;
2° A l’armée de mer, y compris les
inscrits maritimes et les
armuriers de la
marine.
Les
autorités civiles
et militaires sont responsables de l’exécution du
présent
Décret.
LE MINISTRE DE LA GUERRE, LE
MINISTRE DE LA MARINE.
PROCLAMATION DU
PRESIDENT DE LAREPUBLIQUE
Samedi 1° août.
Depuis quelques jours, l'état de
l‘Europe s'est considérablement
aggravé. En dépit des efforts de la
diplomatie, l'horizon s'est assombri. A l'heure présente,
la plupart des nations ont
mobilisé leurs forces; même des pays
protégés par la neutralité
ont cru devoir prendre
cette mesure a titre de précaution.
Des puissances dont la
législation constitutionnelle ou militaire ne ressemble pas à
la notre ont, sans avoir pris
un décret de mobilisation, commencé et poursuivi
des
préparatifs qui équivalent, en
réalité, à la mobilisation
même, et qui n'en sont que
l'exécution anticipée.
La France, qui a toujours affirmé
ses volontés pacifiques, qui a, dans des jours
tragiques, donné à l’Europe des
conseils de modération et un vivant exemple
de sagesse, qui a multiplié ses
efforts pour maintenir la paix du monde, s'est,
elle-même, préparée a toutes
les
éventualités et a pris, dès
maintenant, les premières dispositions indispensables
à la
sauvegarde de son territoire.
Mais notre législation ne permet
pas de rendre ces préparatifs complets s'il n'intervient pas
un décret de
mobilisation.
Soucieux de sa responsabilité,
sentant qu'il manquerait à un devoir sacré s'il
laissait les choses en l'état, le
Gouvernement vient de prendre le décret
qu'impose la situation.
La mobilisation n'est pas la
guerre. Dans les circonstances présentes, elle apparait, au
contraire, comme le
meilleur moyen d'assurer la paix dans l'honneur.
Fort de son ardent désir
d'aboutir a une solution pacifique de la crise, le Gouvernement,
à l’abri de ces
précautions nécessaires, continuera ses efforts
diplomatiques
et il espère encore réussir.
Il compte sur le sang-froid de
cette noble nation pour quelle ne se laisse pas
aller à une émotion injustifiée. Il
compte sur le patriotisme de tous les Français et
sait qu'il n‘en est pas un seul
qui ne soit prêt a faire son devoir.
A cette heure, il n'y a plus de
partis, il y a la France éternelle, la France
pacifique et résolue, il y a la patrie
du droit et de la justice, tout entière unie dans
le calme, la vigilance et la
dignité.
LA REPONSE BELGE A L’ULTIMATUM
ALLEMAND
Par sa note du 2 août 1914, le
Gouvernement allemand a fait connaitre que,
d'après des nouvelles sûres, les forces
françaises auraient l’intention de marcher
sur la Meuse, par Givet et
Narnur, et que la Belgique, malgré sa meilleure
volonté,
ne serait pas en état de
repousser sans secours les marches en avant des troupes
françaises.
Le Gouvernement allemand s’estimerait
dans l’obligation de prévenir cette attaque et de
violer le
territoire belge.
Dans ces conditions, l’Allemagne
propose au Gouvernement du Roi de prendre,
vis-à-vis d’elle, une attitude
amicale et elle s'engage, au moment de la paix, à
garantir l’intégrité du royaume et
de ses possessions dans toute leur étendue.
La note du Gouvernement allemand
ajoute que, si la Belgique fait des difficultés à
la marche
en avant des
troupes allemandes, l’Allemagne sera obligée de la
considérer comme ennemie et de laisser
le règlement ultérieur des deux Etats, l'un
vis-à-vis de l'autre, à la
décision des armes.
Cette note a provoqué chez le
Gouvernement du Roi un profond et douloureux
étonnement.
Les intentions qu'elle attribue à
la France sont en contradiction formelle avec celles qui nous ont
été faites
le 1er août au nom du Gouvernement de
la
République. D’ailleurs, si, contrairement
à cette note, une violation de la neutralité
belge venait à être commise
par la France, la Beigique remplirait tous ses
devoirs internationaux et son
armée s’opposerait à
l’envahisseur avec la plus vigoureuse résistance.
Les traités de 1839 confirmés par
ceux de 1870, consacrent l’indépendance et la
neutralité de la Belgique, sous
la garantie des puissances, et notamment du Gouvernement de S.M. le Roi
de
Prusse.
La Belgique a toujours été fidèle
à ses obligations internationales. Elle a accompli ses
devoirs dans un esprit
de loyale impartialité. Elle n’a
négligé aucun effort pour maintenir et faire
respecter sa neutralité.
L’atteinte à son indépendance
dont la menace le Gouvernement allemand constituerait une flagrante
violation
du droit des gens.
Aucun intérêt stratégique ne justifie
la violation du droit de neutralité.
Le Gouvernement belge, en
acceptant les propositions qui lui sont notifiées,
sacrifierait l’honneur de la
nation en même temps qu’il trahirait ses devoirs
vis-à-vis de l’Europe.
Conscient du rôle que la Belgique
joue depuis plus de quatre-vingts ans dans la civilisation du monde,
elle se
refuse à croire que l’indépendance de
la Belgique ne puisse être conservée
qu’au prix de la violation de sa neutralité.
Si cet espoir est déçu, le
Gouvernement belge est fermement décidé
à repousser,
par tous les moyens en son
pouvoir, toute atteinte à son droit.
MESSAGE PRESIDENTIEL
AUX CHAMBRES
Mardi 4 août.
La France vient d'être l'objet d‘une
agression brutale et préméditée, qui
est un
insolent défi au droit des gens.
Avant qu‘une déclaration de
guerre nous eut encore été adressée,
avant même que l’ambassadeur
d’Allemagne eut
demandé ses passeports, notre territoire a
été
violenté.
L’empire d’Allemagne n’a fait,
hier soir, que donner tardivement le nom veritable à un
état de fait qu'il
avait déjà créé.
Depuis plus de quarante ans, les
Français, dans un amour sincère de la paix,ont
refoulé ou fond de leur cœur
le désir des réparations légitimes.
Ils ont donné
au monde l’exemple d'une grande
nation qui, définitivement relevée de la
défaite par la volonté, par la patience
et le travail, n'a usé de sa force renouvelée et
rajeunie
que dans l'intérêt du progrès et
pour le bien de l'humanité.
Depuis que l'ultimatum de l’Autriche
a ouvert une crise menaçante pour l’Europe
entière, la France s'est attachée
à suivre et à recommander partout une politique
de prudence, de sagesse et de
modération. On ne peut lui imputer aucun acte, aucun
geste, aucun mot qui n'ait été
pacifique et conciliant.
A l'heure des premiers combats,
elle a le droit de
se rendre
solennellement cette
justice, qu'elle a fait, jusqu'au
dernier moment, des efforts suprêmes pour conjurer
la guerre qui vient d’éclater et
dont l'empire Allemand supportera, devant l'histoire,
l'écrasante responsabilité.
Au lendemain même du jour ou nos
alliés et nous, nous exprimions publiquement
l'espérance de voir se poursuivre
pacifiquement les négociations engagées
près du
cabinet de Londres, l’Allemagne a
déclaré subitement la guerre à la
Russie.
Elle a envahi le territoire du
Luxembourg, elle a outrageusement insulté la noble
nation belge, notre voisine et
notre amie, elle a essayé de nous surprendre
traîtreusement, en pleine
conversation diplomatique.
Mais la France veillait.
Aussi attentive que pacifique,
elle s'était préparée et nos ennemis
vont rencontrer
sur leur chemin nos vaillantes
troupes de couverture, qui sont à leur poste de bataille
et à l'abri desquelles s'achèvera
méthodiquement la mobilisation
générale de toutes
nos forces nationales.
Notre belle et courageuse armée,
que la France accompagne aujourd'hui de sa
pensée maternelle s'est levée
toute frémissante pour défendre l'honneur du
drapeau
et le sol sacré de la patrie.
Le Président de la République,
interprète
de l'unanimité du pays, exprime à nos
troupes de terre et de mer
l'admiration et la confiance de tous les Français.
Etroitement unie en un même
sentiment, la nation persévèrera dans le
sang-froid dont elle a donné depuis
l'ouverture de la crise, la preuve quotidienne.
Elle saura, comme toujours,
concilier les plus généreux élans et
les ardeurs les
plus enthousiastes, avec cette maîtrise
de soi qui est le signe des énergies durables
et la meilleure garantie de la
victoire.
Dans la guerre qui s'engage, la
France aura pour elle le droit dont les peuples
non plus que les individus ne
sauraient impunément méconnaître
l'éternelle puissance morale; elle sera
héroïquement
défendue par tous ses fils, dont rien ne
brisera, devant l'ennemi, l'union sacrée
et qui sont aujourd'hui fraternellement assemblés
dans une même indignation contre
l'agresseur et dans une même foi patriotique.
Elle est fidèlement secondée par
le Russie, notre alliée, elle est soutene par la
loyale amitié de l’Angleterre et,
déjà, de tous les points du monde
civilisé viennent
à elle les sympaties et les vœux,
car elle représente aujourd'hui, une fois de
plus, devant l’univers, la liberté, la
justice et la raison.
Haut les coeurs et Vive la France ! ! !
LA DECLARATION DE
GUERRE DE L’ANGLETERRE
LONDRES,
lundi 4 août. - A la Chambre des Communes, dans la
séance de lundi
soir, sir Edward Grey a annoncé
que l’Allemagne avait demadé à la
Belgique,
dimanche, à 7 heures du soir,
qu'elle observe une neutralité amicale et permette
aux troupes allemandes de
traverser ses territoires, lui promettant de respecter
l'indépendance de la Belgique
après la conclusion de la paix et la menaçant de
la
traiter en ennemie en cas de
refus.
L’Allemagne donnait à la Belgique
douze heures pour répondre.
La Belgique refusa, se disant
fermement décidée à repousser
l’agression par
tous les moyens possibles.
Le Gouvernement anglais, a ajouté
sir Edward Grey, prend en grave considération cette
information.
LONDRES,
mercredi 5 août. - Mardi soir, à 7 heures, M.
Goschen ambassadeur
d’Angleterre à Berlin, s'est
rendu à la Wilhelmstrasse et a remis la
déclaration de
guerre de l’Angleterre au
Ministre des Affaires étrangères, puis il a
réclamé ses
passeports.
LONDRES,
5 août. - La mobilisation de l'armée anglaise est
signée, une ordonnance paraît au
«Journal
officiel ».
LA VIOLATION DE LA
NEUTRALITE BELGE
BRUXELLES,
5 août. - Le journal « Le
Vingtième Siècle » de
Bruxelles, annonce
que l’Allemagne a déclaré
officiellement la guerre à la Belgique.
LONDRES,
5 août. - On annonce officiellement que les Allemands ont
envahi la
Belgique. Ils ont dynamité les
ponts de la vallée de Vesdre.
LA PROTESTATION DU
LUXEMBOURG
Paris, 4 août. - M. Eyschen,
ministre d’Etat du Luxembourg a adressé
à M. Viviani, 1a protestation suivante :
« J’ai l'honneur de porter à
la connaissance de Votre Excellence les faits suivants :
Dimanche 3 août, de grand matin.
les troupes allemandes, d'après des informations qui sont
parvenues au
gouvernement grand-ducal à l'heure actuelle, ont
pénétré sur le territoire
luxembourgeois par les ponts de Wasserbillig et de Remich, se
dirigeant spécialement vers le
Sud du pays et vers la ville de Luxembourg,
capitale du grand-duché.
Un certain nombre de trains
blindés, avec des troupes et des munitions, ont
été acheminés par la voie du
chemin de fer de Wasserbillig à Luxembourg, où
l'on attend de les voir arriver
d'un moment à l'autre.
Ces faits impliquent des actes
manifestement contraires à la neutralité du
grand-duché, garantie par le
traité de Londres de 1867.
Le gouvernement luxembourgeois
n'a pas manqué «le protester
énergiquement contre cette agression
auprès des
représentants de S. M. l’Empereur
d’Allemagne
à Luxembourg ».
LA
MOBILISATION GENERALE ANGLAISE
LONDRES,
5 août. - La mobilisation de l'armée anglaise est
signée, une ordonnance parait au Journal
Officiel ».
UN
LIVRE BLANC
LONDRES,
6 août. - - ll vient d’être
distribué un Livre Blanc renfermant la correspondance entre
Sir Edward Grey
et les ambassadeurs de la Grande-Bretagne à
Berlin, à Vienne, à
Saint-Pétersbourg, à Rome et à Paris,
en ce qui concerne le
maintien de la paix.
On y voit comment, les efforts de
l’Angleterre se sont heurtés aux
résistances de L’Allemagne et de
l’Autriche.
Sir Edward Grey rapporte, du 29
juillet, que l’Angleterre invitait l’Allemagne
à
proposer une procédure permettant
aux quatre puissances de maintenir la paix
entre l’Autriche et la Russie. Le
même jour, l’Allemagne offrait, en
échange de
la neutralité de l’Angleterre de
s’engager
à n'enlever à la France aucun territoire
en Europe, mais ne promettait pas
de respecter l’intégrité du domaine
colonial
français. Quant aux opérations
allemandes en Belgique, elles dépendraient de
la ligne de conduite de la France.
En tous ans, à la fin de la guerre,
l'intégrité de la Belgique serait
respectée,
pourvu que la Belgique n'eût pas porté les armes
contre l’Allemagne.
Sir Edward Grey fait savoir à
l'ambassadeur de France que si la France est
impliquée dans la crise, l’Angleterre,
libre de tout engagement, agira dans le
sens des intérêts purement
britanniques.
Mais il informe, d'autre part,
l'ambassadeur d’Allemagne que l’Angleterre pourrait
intervenir si certaines
éventualités se produisaient, et il ajoute que
l’Angleterre
ne peut pas accepter les
propositions allemandes en vue d'obtenir sa neutralité
pour de nombreuses raisons. Un
pareil marchandage avec l’Allemagne, au détriment
de la France, serait une
honte pour l’Angleterre; elle ne peut pas faire de
ses obligations relativement à la
neutralité de la Belgique, l'objet d'un troc. Elle
entend conserver sa pleine
liberté d'action.
Le meilleur moyen pour l’Allemagne
de conserver de bonnes relations avec
L’Angleterre est de travailler
avec elle pour le maintien de la paix.
Le 31 juillet, sir Edward Grey
dit à l'ambassadeur d’Allemagne que si
l’Autriche et l’Allemagne peuvent faire
quelques propositions équitables, l’Angleterre les
appuiera énergiquement à Paris et
à Saint-Pétersbourg.
Sir Edward Grey informe la France
que l’Angleterre ne peut pas s'engager
à intervenir dans la guerre;
toutefois tout dépendra des
événements. Sir Edward
Grey assure M. Cambon que l’Angleterre
n'a plus donné au Gouvernement allemand l'impression qu'elle
conservera sa neutralité.
Le 2 août, on apprend que le Luxembourg
est envahi. Sir Edward Grey promet de demander au Parlement
que la
flotte anglaise protège le littoral et la marine marchande
de la France contre des
attaques éventuelles de l’Allemagne, mais
l’Angleterre ne s'engage nullement a
déclarer la guerre à l’Allemagne. En
cas d'une
guerre franco-allemande, cette protection
du littoral et de la marine marchande de la France par
l’Angleterre
permettra a la France de maintenir toute sa flotte
dans 1a Méditerranée.
M. Cambon demande a sir Edward
Grey ce que l’AngIeterre dirait d'une violation de la
neutralité belge. Sir
Edward Grey répond que ce serait 1à une affaire
autrement plus sérieuse pour
l’Angleterre que la violation du Luxembourg et,
le jour même, le Gouvernement
examinait si ce cas ne devrait pas être matière
à « casus belli ».
LA
MOBILISATION
PARIS,
7 août. - Le gouverneur militaire de Paris à
signé un ordre de mobilisation appelant sous les drapeaux
les 13, 15 et 17 août, les classes 1892. 1891, 1890 et
1889 de 1a réserve et de 1a
territoriale de l'artillerie et du génie.
LORD
KlTCHENER MINISTRE DE LA GUERRE
LONDRES,
7 août. - Lord Kitchener est nommé ministre de la
Guerre, en remplacement de M. Asquith, qui
avait pris ce portefeuille lors des troubles d’Irlande.
LE
TZAR « EMBRASSE LA FRANCE "
SAINT-PETERSBOURG,
7 août. - L'empereur Nicolas a reçu en audience
notre ambassadeur, M. Paléologue, à.
Péterhof, mercredi après-midi. Le tzar a tenu
à
exprimer à notre ambassadeur, dans les
termes les plus émus, la gratitude et l'admiration qu'i1
éprouve envers la
France pour sa fidélité envers son
alliée.
A l'issue de son entrevue. 1e
tzar a serré M, Paléologue dans ses bras en lui
disant « qu'il embrassait
avec lui toute la France ».
LES
DEUX FANIONS
Le grand-duc Nicolas, commandant
en chef des armées russes, a adressé au
général Joffre l'assurance de sa
foi robuste dans la victoire. Le généralissime
russe
fera porter, à coté de son
fanion, au cours de la campagne, le fanion français
que le general Joffre lui a donné,
lorsqu'il y a deux ans ce dernier est allé assister aux
manœuvres françaises.
LA
VILLE DE LIEGE DECOREE
PARIS.
8 août. - L’ « Officiel publie le rapport
suivant du ministre des Affaires étrangères au
Président «le
la République :
« Au moment où l’Allemagne,
violant délibérément la
neutralité de la Belgiue, reconnue par les
traités,
n'hésita pas à envahir le territoire belge, la
ville de Liège, appelée en première
ligne à subir
le contact des troupes allemandes, vient de réussir, dans
une lutte aussi inégale
qu’héroïque, à tenir en
échec l'armée des envahisseurs.
Ce splendide fait d'armes
constitue, pour le Belgique, et la ville de Liège en
Particulier, un titre admirable
de gloire dont il convient que le Gouvernement de
la République perpétue le
souvenir mémorable en conférant à la
ville de Liège la croix de la Légion
d'honneur.
J'ai, en conséquence, l'honneur
de vous prier de bien vouloir revêtir de votre
signature le projet de décret
ci-joint, approuvé par le Conseil de l'Ordre de la
Légion d'honneur et décidant que
la croix de la Légion d'honneur est
conférée à la ville de
Liège.
Le Président de la République
française, sur la proposition du Ministre des
Affaires étrangères,
décrète : La
croix de chevalier de la Légion d'honneur est
conférée à la ville de
Liège ».
UNE
PROCLAMATION DU ROI DES BELGES
BRUXELLES,
8 août. - Un ordre du jour du roi à la
troisième division et à la
quinzième brigade mixte dit que,
attaqués par des forces quatre fois supérieures,
elles repoussèrent tous les
assauts.
Aucun fort n'a été enlevé.
Liège
est toujours en leur pouvoir. Des étendards et de
nombreux prisonniers ont été
capturés.
Le roi salue, au nom de la
nation, la troisième division et la quinzième
brigade mixte, qui ont rempli tout
leur devoir. Elles ont fait honneur aux armées
belges et montré à l’ennemi ce
que coûte d'attaquer injustement un peuple paisible, puisant
sa force
invincible dans une juste cause.
La patrie a le droit d’être fière
d'eux. L'armée belge n'oubliera pas qu’elle
est l'avant-garde des armées de cette
lutte gigantesque: et elle attend l'arrivée des
frères d'armes pour marcher à la
victoire. Le monde entier fixe les yeux sur elle.
L'armée montrera par la vigueur
de ses coups que le pays entend vivre libre et
indépendant.
Le roi termine ainsi :
« La France, noble pays,
associée dans l’Histoire aux causes justes et
généreuses, vole à notre secours. Ses
armées entrent sur notre territoire. En votre nom. je
leur adresse un salut fraternel. »
L'UNION
FRANCO-BELGE
PARIS,
10 août. - Les gouvernements français et belge ont
donné des ordres précis
afin que les ressources
industrielles des deux pays soient intégralement mises en
commun. Dès maintenant, les fournitures
de matériel militaire seront acheminée sur
la Belgique et les fabriques de
revolvers belges travaillent pour l’armée
française.
Le charbon et 1e blé seront
utilisés en commun.
LE
ROI ALBERT MEDAILLE MILITAIRE
PARIS,
10 août. - M. Poincaré a signé un
décret conférant au roi Albert la
médaille militaire, c'est-à-dire la
plus haute distinction militaire française, celle
qu'on accorde aux généraux qui se
sont distingués sur le champ de bataille.
LES
COMMUNIQUES
Communiqué officiel du 6 août
1914 (11 h. 30). - Dans la journée d'aujourd'hui
jeudi, le calme a été a peu près
complet sur tout le front. Les opérations de mobilisation et
de concentration
s'exécutent sans incidents. Nos troupes qui, jusqu'au jour
de la déclaration de guerre,
avaient respecté une zone de 8 kilomètres en
deçà de
la frontière, l'ont franchie sur
divers points. Nos escadrons ont occupé Vic et
Moyen-Vic.
Du coté du Luxembourg, les
Allemands n'ont pas encore débouché.
Communiqué du Gouvernement. - PARIS, 7
août. - Les nouveaux renseignements arrivés de
Liège montrent
que la résistance des forts a été
admirable et se
maintient.
La bataille a été particulièrement
importante. Plusieurs corps d'armée allemands
sont engagés contre 40.000 Belges.
Les pertes allemandes, morts et hors
de combat, atteignent plusieurs milliers; il s'agit donc
d’une
véritable
bataille qui est jusqu’ici favorable aux Belges.
8 août (Officiel). - Un
débarquement de troupes anglaises
s’opère sous la direction d'officiers
français.
PARIS,
8 août. (Officiel). – Des escadrons
français entrés en Lorraine à Vic et
Moyen-Vic ont rapporté des
affiches militaires fournissant des renseignements sur
la mobilisation et prouvant que
les Allemands préparaient la guerre pendant l'effort
pacifique de la Triple Entente.
8 août. 20 heures (Officiel). -
Les troupes françaises ont franchi la frontière
d’Alsace et ont livré un très
violent combat à Altkirch. Ils prirent la ville, et les
troupes allemandes battent actuellement
en retraite devant les nôtres. Les Français les
poursuivent et
continuent leur marche vers Mulhouse.
Le succès remporté par nous a
été
très brillant.
Dans leur joie à voir les
Français, les Alsaciens renversent les poteaux de la
frontière.
8 août. 22 heures. - Le
Gouvernement français est avisé que les troupes
françaises sont entrées à Mulhouse.
9 août. - Le général Joffre a
fait afficher en Alsace la proclamation suivante :
« Enfants d’Alsace, après
quarante-quatre années d'une douloureuse attente,
des soldats français foulent à
nouveau le sol de votre noble pays; ils sont les
premiers ouvriers de la grande
œuvre de la revanche; pour eux, quelle émotion et
quelle fierté ; pour parfaire
cette œuvre, ils ont fait le sacrifice de leur vie.
La nation française, unanimement,
les pousse et, dans les plis de leurs drapeaux, sont inscrits les noms
magiques
du Droit et de la Liberté.
Vive l’Alsace! Vive la Frange! »
Le
Général on chef des Armées
françaises : JOFFRE.
PARIS,
10 août (Officiel). - Les Français tiennent
toujours Cernay, Mulhouse et
Altkirch. Ils enlevèrent, sur les
crêtes des Vosges; après un violent combat.
samedi, les cols du Bonhomme et de
Sainte-Marie; dimanche, Sainte-Marie-aux-Mines.
(Officiel). - Le total des pertes
françaises dans l'affaire d'Altkirch ne dépasse
pas cent morts ou blessés.
Par contre, dans l'engagement de
Sainte-Marie-aux-Mines, nos pertes ont
été plus fortes.
BRUXELLES,
9 août (Officiel). - Le grand état-major de
l'armée dit que la situation des troupes allemandes ne
s'est guère modifiée depuis samedi. Il y a lieu,
cependant, de signaler un recul
de leurs détachements avancés de cavalerie,
sous la poussée irrésistible des
troupes françaises, dont les effectifs sont
considérables.
Tout le territoire au sud de la Meuse
est débarrassé des troupes allemandes.
Les troupes françaises et belges
vont prendre simultanément l'offensive,
conformément au plan concerté.
L’ETAT
DE GUERRE AVEC L’AUTRICHE
PARIS,
10 août. - On annonce que l'ambassadeur d’Autriche
a
quitté Paris ce soir, a sept heures quinze.
Avant
son départ, le comte Szecsen est venu au Quai d'0rsay.
Le gouvernement français, en raison de la situation
internationale et vu
l'insuffisance des explications fournies par le gouvernement.
austro-hongrois
au sujet de l'envoi de troupes autrichiennes en Allemagne, a fait
connaître à
l'ambassadeur autrichien qu'il se voyait dans l'obligation de rappeler
en
France l'ambassadeur de la République à Vienne,
M. Dumaine. L'ambassadeur a
répondu à cette communication en priant M.
Doumergue de bien vouloir lui faire
remettre ses passeports.
LE
LIVRE BLANC ALLEMAND
PARIS,
14 août. - Le Livre blanc allemand qui vient d'être
publié contient les lettres échangées
entre le tzar Nicolas II et l'empereur
Guillaume II, à la suite de la déclaration de
guerre de l’Autriche-Hongrie à la
Serbie.
Ces documents sont
particulièrement intéressants, car on
peut y suivre l'évolution savamment combinée du
souverain allemand.
Guillaume II à
Nicolas II, 28 juillet. 10 h. 45 du soir :
Avec une grande
inquiétude, j'apprends l'impression que
l'action austro-hongroise a produite dans ton Empire. L'agitation sans
scrupule
qui s'exerce depuis des années en Serbie a
déterminé l'assassinat de
François-Ferdinand. Les Serbes sont encore
dominés par l'esprit qui 1es a
poussés à l'assassinat de leur roi et de leur
reine. Sans aucun doute, tu
conviendras avec moi que tous deux, comme tous les autres souverains,
avons
intérêt à ce que ceux qui portent la
responsabilité de cet horrible crime
soient punis.
D'autre part, je comprends
très bien combien pour toi et ton
Gouvernement il est difficile d'aller contre l'opinion publique.
Grâce a
l'amitié qui depuis longtemps me lie étroitement
à François-Joseph, je déploie
sur l’Autriche-Hongrie toute mon influence pour la pousser
à s'entendre
ouvertement et pacifiquement avec la Russie. J'espère
ardemment que tu aideras
mes efforts pour éloigner les difficultés
existantes. Ton dévoué
cousin, »
GUILLAUME.
L'empereur de Russie a
répondu aussitôt en plaçant la
question sur son véritable terrain.
Nicolas II à
Guillaume II, 29 juillet, 10 heures matin :
« Je me
réjouis de te savoir rentré en Allemagne en ce
moment sérieux. Je te prie vivement de m'aider. Une guerre
honteuse a été
déclarée à un pays faible.
L'indignation est
énorme en Russie, je la partage. Je
prévois que bientôt je ne pourrai plus
résister aux pressions qui s'exercent
sur moi et que je serai obligé de prendre des mesures qui
provoqueront la
guerre.
Pour éviter le
malheur que serait une guerre européenne, je
te prie, au nom de notre ancienne amitié, de faire tout le
possible pour
empêcher l’alliée d'aller trop
loin. »
NICOLAS.
Le 29, Guillaume proteste
contre le mot « honteuse ».
Il croit possible une entente directe entre Vienne et
Saint-Pétersbourg.
Le 30, il écrit
: « Tu as la responsabilité de la
guerre ou de la paix ». Il estime, d'autre part,
qu'il lui est difficile,
sinon impossible, à lui Guillaume, de tenter une
médiation.
Le tsar,
espérant encore dans 1a cause de la paix, malgré
le
ton de la dépêche de l'empereur allemand,
écrit :
Nicolas II à
Guillaume II, 30 juillet, dans la soirée :
« Je
te remercie cordialement pour ta médiation qui
fait espérer une solution pacifique.
Véritablement, il est impossible
d‘arrêter
nos préparatifs militaires, rendus nécessaires
par la mobilisation
autrichienne. Nous ne désirons pas une guerre et tant que
dureront les
tractations avec l’Autriche, mes troupes ne prendront aucune
attitude hostile,
je t'en donne solennellement ma parole. J'ai confiance dans la
grâce de Dieu,
et j’espère en le succès de ta
médiation a Vienne, pour le bien de nos pays et
la paix européenne. Cordialement et tout
dévoué à toi.
NICOLAS
L'empereur
d’Allemagne envoie alors cette note menaçante :
Guillaume II à
Nicolas II, 30 juillet, minuit :
« Pendant
que ma médiation, assumée selon ton
désir,
entre ton gouvernement et le gouvernement viennois était en
plein action, tes
troupes ont été mobilisées contre mon
alliée l’Autriche-Hongrie, ce qui a rendu
mon action presque illusoire.
Néanmoins, je la
continuai. Or, je reçois des nouvelles
certaines sur tes préparatifs belliqueux à mes
frontières. La responsabilité de
la sûreté de mon empire m'oblige à
prendre des contre-mesures défensives.
J'ai fait tous mes efforts
en faveur du maintien de la paix.
Je ne porterai pas la responsabilité du malheur qui menace
le monde civilisé.
En ce moment, tu as encore la possibilité de le conjurer.
Personne ne menace
l'honneur et la force de la Russie, qui aurait pu attendre le
résultat de mes
efforts. L'amitié que pour toi, pour ton pays, j'ai
jurée au lit de mort de mon
grand-père, m'a toujours été
sacrée et je suis demeuré fidèle
à la Russie dans
les moments les plus difficiles, dans la dernière guerre
notamment. Aujourd’hui,
la paix européenne ne peut être sauvée
que par toi, si la Russie se décide à
arrêter les mesures militaires qui menacent
l’Allemagne et
l’Autriche-Hongrie. »
GUILLAUME.
UN
NOBLE GESTE DU TZAR
SAINT-PETERSBOURG,
15 août. - L’empereur Nicolas a adressé
aux populations polonaises de la Russie, de l’Allemagne et de
l’Autriche-Hongrie
une proclamation annonçant son intention de restituer
à la Pologne son
intégrité territoriale.
La Pologne ainsi reconstituée serait dotée d'une
complète
autonomie locale et pourvue de garanties en ce qui concerne
l’exercice du culte
et l'emploi de la langue polonaise. Elle serait placée sous
la direction d'un
lieutenant-gouverneur désigné par l'empereur de
Russie.
D'autre part, voici le texte de l'appel que le
généralissime, le grand-duc Nicolas, adresse aux
Polonais :
« Polonais, l’heure a sonné
où le rêve sacré de vos
pères et de vos aïeux peut être
réalisé. Il y a un siècle et demi que
le corps
vivant de la Pologne fut déchiré par morceaux,
mais son âme ne mourut pas. Elle
vivait de l'espérance que, pour le peuple polonais,
viendrait l'heure de la
résurrection et de sa réconciliation fraternelle
avec la grande Russie. Les
troupes russes vous portent la nouvelle solennelle de cette
réconciliation. Que
le peuple polonais s‘unifie sous le sceptre du Tzar russe.
Sous ce sceptre renaître
la Pologne, libre dans sa religion, dans sa langue et dans son
autonomie.
La Russie n'attend de vous que le respect des droits de ces
nationalités auxquelles l'histoire vous a liés.
Le cœur ouvert, la main
fraternellement tendue, la grande Russie vient à votre
rencontre. Le glaive qui
trappe nos ennemis auprès de Gruenwald n'est pas encore
rouillé. Des rivages de
l'Océan Pacifique jusqu'aux mers septentrionales marchent
les armées russes. L'aube
d'une nouvelle vie commence pour vous. Que dans cette aube resplendisse
le
signe de la croix, le symbole de la souffrance et de la
résurrection des
peuples !
L’ARRIVEE
DU GENERAL FRENCH
PARIS,
15 août. - Le général French,
commandant en chef de
l'armée anglaise, est arrivé a la gare du Nord,
à midi 25, par train spécial.
Il était accompagné de ses officiers
d'état-major. Les Parisiens lui ont fait
un accueil enthousiaste.
ULTIMATUM
DU JAPON A L’ALLEMAGNE
TOKIO,
16 août. - Par l'intermédiaire de son ambassadeur
à
Berlin, le gouvernement japonais a fait remettre au gouvernement
allemand un
ultimatum qui a été également
communiqué à l'ambassadeur d’Allemagne
à Tokio
dans l’après-midi d'hier.
Le gouvernement japonais demande au gouvernement allemand :
1° De retirer des eaux japonaises et chinoises ses
bâtiments de guerre ou de
les désarmer ; 2° D’évacuer,
dans le délai d'un mois, le territoire du
protectorat de Kiao-Tchéou.
Le gouvernement japonais se réserve de restituer
éventuellement ce territoire à la Chine.
Dans la déclaration qui accompagne cet ultimatum, le
gouvernement japonais insiste sur la nécessité de
respecter les intérêts en vue
desquels fut conclue l'alliance anglo-japonaise, ainsi que sur son
désir
d'éviter toute cause de trouble dans les mers
d’Extrème-Orient.
Avant d'agir, le Japon a réglé son attitude de
concert avec l’Angleterre.
LES
COMMUNIQUES
PARIS, 11 août
(Officiel). - Au cours de l’avant-dernière
nuit, des forces allemandes très considérables,
venant de Mulheim et de
Neu-Brisach, ont attaqué les avant-gardes
françaises qui avaient été
poussées
en flèche sur Cernay et Mulhouse.
Devant cette attaque, le commandant des troupes françaises a
quitté Mulhouse et rassemble ses forces
légèrement en arrière, sur des
emplacements où il a arrêté
l’offensive de l'ennemi, supérieur en nombre.
Les actions de détail ont été
très brillantes pour nos
troupes qui restent maîtresses de la Haute Alsace.
De nombreux mouvements de troupes ont lieu vers Morhange.
Dans la région de Blamont, une tentative a
été faite sur
Rogervillers et Hublin-ville. Grâce à l'appui du
canon du fort de Manonvillers,
cette tentative a complètement échoué.
D’après les derniers renseignements relatifs
à notre action
contre les cols de Sainte-Marie-aux-Mines et du Bonhomme, ces deux
affaires
font le plus grand honneur a nos troupes.
Nos avions survolent constamment les zones de débarquement
de l'ennemi, salués au passage par des fusillades et des
coups de canon dont
ils ne se préoccupent pas.
(Communiqué
à la presse du 11 août 1914. 10 heures). - Sur
le front. il n’y a eu aucun mouvement pendant la nuit de
lundi a mardi.
(Communiqué
du Ministère de la Guerre du 11 août. 23 h. 30).
- Les troupes françaises sont sur presque tout le front en
contact avec
l'ennemi. Les soldats français montrent partout un courage
et une ardeur
irrésistibles.
Dans la région de Spincourt, a Mangiennes, les Allemands ont
attaqué, dans la soirée du 10, les avant-postes
français qui se sont repliés
d'abord devant l’ennemi, mais qui ont repris ensuite
l'offensive avec l’appui
de la réserve. L’ennemi a
été repoussé avec des pertes
considérables. L’artillerie
française a détruit une batterie allemande. Les
Français ont pris trois canons,
trois mitrailleuses, deux caissons et des munitions.
Les régiments de cavalerie allemande ont
été très
éprouvés.
Dans la région de Château-Salins, vers Moncel, un
bataillon
et une batterie allemande, provenant de Vic, ont tenté
d'attaquer nos
avant-postes. Ils ont été repoussés
avec de grosses pertes.
Dans la même région, le village de Lagarie, en
territoire
annexe, a été enlevé à la
baïonnette.
Les Allemands se sont présentés devant Longwy,
qu'ils ont
sommé de se rendre. Le commandant a refusé
fièrement. Longwy est une petite
place forte. Elle possède une simple enceinte de la
deuxième moitie du XVII ème
siècle.
(Communiqué
du Ministère de la Guerre. 12 août. 10 heures.)
- On a raconté qu'un engagement important aurait eu lieu aux
environs de
Givet ; rien n'est moins exact, mais ce qui semble avoir
donné naissance à
ce bruit, c'est que depuis le début des
hostilités, de nombreux cavaliers en
patrouille ont été capturés aux abords
de la frontière franco-belge entre
Dinant, Rochefort et Givet et qu'après avoir
été dirigés chaque jour sur
Mézières, ils ont été
transférés, à cause de leur nombre,
dans la direction de
Reims.
Par contre, en Belgique, un engagement assez sérieux a eu
lieu du coté de Tirlemont et l'armée belge a
1à encore, résisté
énergiquement à
l'attaque allemande.
PARIS, 13 août
(Officiel). – L’artillerie lourde allemande a
bombardé Pont-à-Mousson.
Une centaine de gros obus détruisirent des maisons et
tuèrent ou blessèrent quelques habitants.
Le bombardement n'a produit aucune impression sur la
patriotique population de la ville.
(Communiqué
officiel du 13 août, 10 heures du matin). - Un
combat vient de se dérouler dans la région de
Diest, au nord de Hasselt, entre
une division de cavalerie allemande soutenue par de l'infanterie et de
l'artillerie, et une division de cavalerie belge, soutenue par une
brigade mixte.
La lutte, qui fut des plus vives, se termina à l'entier
avantage des Belges qui ne paraissent pas avoir trop souffert.
Les Allemands, après avoir éprouvé des
pertes énormes,
furent rejetés vers Hasseldt et Saint-Trond.
LES COMMUNIQUES
13 août, 15
heures. - Un combat qui s'est livré sur l’Othain,
au Sud de Longuyon, le 11 août, s'est poursuivi le 12
août dans des conditions
très brillantes.
Il convient d'en résumer les
péripéties:
Le premier acte a été l'attaque de deux
bataillons français
par des forces allemandes très supérieures en
nombre. Les deux bataillons se
sont repliés, mais, dans la nuit même, ils ont,
avec du renfort, prononce une
contre-attaque extrêmement vigoureuse.
Cette contre-attaque, appuyée par notre artillerie, a
obligé
les Allemands a une retraite précipitée, au cours
de laquelle ils ont perdu de
nombreux morts et blessés. Nous avons fait de nombreux
prisonniers.
C'est au cours de cette contre-attaque que les Allemands ont
abandonné une batterie d'artillerie, trois mitrailleuses et
plusieurs caissons
de munitions.
Notre avantage s'est poursuivi le 12 août.
Une batterie française a surpris le 21ème
régiment
de dragons allemands pied a terre.
Nos places ont immédiatement ouvert le feu et le
régiment a été anéanti.
Le résultat de ce double succès a
été immédiatement
sensible. Non seulement le mouvement en avant des forces allemandes
s'est
arrêté dans cette région, mais leurs
colonnes se sont repliées, suivies de près
par les nôtres.
C'est au cours de cette poursuite que nous avons trouvé,
dans les villages voisins, de nombreux blessés allemands
atteints dans le
combat de la veille.
Neuf officiers et un millier d'hommes blessés ou prisonniers
sont restés dans nos mains.
14 août, 23
heures. - La ville et le col de Saales sont
maintenant occupés par les troupes françaises
qui, jeudi, avaient pris le
plateau voisin. L’artillerie française a pris
à revers les positions allemandes
et son feu a grandement facilité la tâche de notre
infanterie, qui a eu
quelques blessés, mais pas un tué.
Nous avons trouvé à Saaies des monceaux d'effets
d'équipements abandonnés, ce qui indique une
vraie débandade.
(communiqué).
- PARIS,
14 aout. - La liaison entre les armées belge et
française est assurée par un
échange d'officiers.
Au grand quartier général de l'armée
belge ont été détachés :
le lieutenant-colonel Aldebert, le commandant du génie
attaché militaire à
Bruxelles, le capitaine de Cholet.
Au grand quartier général des armées
françaises ont été
détachés : le colonel de cavalerie d'Orjo de
Marchovelette, major de cavalerie,
et le chevalier Melotto, attaché militaire belge
à Berlin.
Les troupes allemandes, battues avant-hier a Diest et qui se
sont retirées sur Hasselt y ont été
très éprouvées. Elles ont
essayé de
reprendre l’offensive sur le flanc Sud des Belges. La
division de cavalerie
allemande, chargée de cette opération, a
été repoussée dans la
soirée. Une
colonne d'infanterie allemande s'est mise en mouvement dans la
direction de Vise,
Tongres. Aucun engagement nouveau n'a été
signalé.
BRUXELLES, 15
août.
(Officiel). - La situation de l'armée belge est toujours
fort bonne. Les
derniers combats victorieux livrés à
l’ennemi ont encore relevé son moral.
La situation stratégique est avantageuse pour elle.
Les détonations entendues aujourd'hui provenaient souvent de
destructions par la poudre effectuées par le
génie en divers endroits.
Les forts de Liège tiennent toujours et font le plus de mal
possible aux Allemands. Un de leurs commandants, qui a eu les cuisses
traversées par des balles, continue cependant son service en
se taisent
conduire dans un fauteuil roulant.
PARIS, 16
août. - On
peut préciser ainsi les résultats acquis
jusqu'à présent :
Echec du plan allemand primitif d’une double attaque
brusquée
de notre couverture, tant du coté de Nancy, où
elle avorta, à peine dessinée,
que par la frontière belge, où les forces
allemandes sont accrochées depuis
huit jours sur la ligne de la Meuse par la résistance des
forts de Liège, la
vaillance de l'armée belge et l'intervention de 1a cavalerie
française.
Régularité parfaite de la mobilisation et de la
concentration françaises obtenues dans le délai
minimum.
Gràce a cet échec, à la coordination
de nos mouvements avec
les armées alliées chez lesquelles les Belges ont
joué brillamment 1e rôle de
couverture, les Anglais ont débarqué sans peine
leur corps expéditionnaire.
Les Russes accélèrent leur mobilisation et les
Serbes, dès
maintenant maîtres de l’Herzégovine,
feront hésiter l’Autriche à continuer
d'envoyer des troupes en Haute-Alsace.
Enfin, la maîtrise de la mer est acquise.
incontestée aux
alliés.
PARIS, 16
août, 17 h.
30. (Communiqué officiel). - Les Allemands ont
attaqué Dinant avec la division
de cavalerie de la garde, la cinquième division de
cavalerie, plusieurs
bataillons d'infanterie et des compagnies de mitrailleuses.
La cavalerie française les a repoussés en
désordre sur la
rive droite et s'empara de plusieurs centaines de chevaux de uhlans.
Notre élan admirable a enthousiasme les Belges.
Dans la Basse-Alsace, nous avons remporté un nouveau
succès
en avant de Cirey, où nous avons fait reculer, pour la
seconde fois, le corps
d'armée bavarois.
Nous occupons ainsi les positions en avant de la frontière.
Dans la Haute-Alsace, la situation est excellente. Nous
tenons fortement au pied des Vosges sur le versant allemand.
PARIS.
(Dépêche Officielle).
- Les affaires de Blamont et de Cirey ont été
particulièrement brillantes.
L'ennemi était fortement retranché par des
ouvrages de campagne, mais les
troupes françaises, appuyées par l'artillerie,
dessinèrent un double mouvement
débordant qui détermina la retraite des troupes
allemandes dans la direction de
Sarrebourg.
Pendant l'occupation du massif du Donon, nous avons fait
plus de cinq cents prisonniers.
PARIS, 17
août, 15
heures. (Communiqué officiel). - Notre marche en avant
continue a se développer.
Après 1e combat de Blamont, nos troupes ont
enlevé les hauteurs au nord de la
frontière, sur la ligne qui passe à
Abreschwiller, Lorquin, Azoudange. Marsal.
Dans la région de Donon, nous occupons Schirmeck,
à douze kilomètres
en aval de Saales.
Le nombre de canons de campagne pris par nous sur ce point
n'est pas de quatre mais de douze, plus douze caissons et huit
mitrailleuses.
Noire cavalerie a poussé jusqu'à. Lutzelhausen et
Muhlbach.
Plus au Sud, nous avons occupé la ville et le col d'Urbeis.
Sur la route de Schlestadt, Sainte-Croix-aux-Mines, en aval de
Sainte-Marie, a
été pris avec de l'artillerie lourde de campagne.
En Haute-Alsace, nous sommes fortement appuyés par la ligne
de Thann, Cernay, Dannemarie.
Au cours des opérations engagées dans la
Haute-Alsace, le
drapeau du 182° d’infanterie allemand a
été pris à Saint-Blaise, dans la
vallée
de la Bruche, par le 10ème bataillon de chasseurs. Il a
été apporté ce
matin à Paris, au ministère de la Guerre, par le
colonel Serret, hier encore
notre attaché militaire en Allemagne.
Le drapeau sera transféré ensuite aux Invalides.
A remarquer que c'est le 10ème bataillon de chasseurs qui,
a Solférino, a
pris un drapeau autrichien et fait décorer le drapeau des
chasseurs a pied. Le
ministre de la Guerre lui-même, ancien capitaine de chasseurs
a pied, a adressé
immédiatement une dépêche de
félicitations aux bataillons.
PARIS, 17 août.
23 h. 30. (Communiqué officiel). - La
situation continue à être bonne et
notre progression méthodique continue.
En Haute-Alsace, les forces allemandes se retirent en grand
désordre, les unes vers le Nord, les autres vers
l’Est. La preuve de ce
désordre se trouve dans l'abandon d'un énorme
matériel tombé entre nos mains (approvisionnement
d'obus, voitures fourragères, etc.)
Il se confirme que dans les engagements qui ont eu lieu
depuis le début de la campagne dans cette région,
l'ennemi a subi des pertes
beaucoup plus élevées que nous ne l'avion cru au
premier abord; on s'en rend compte
tant par les cadavres retrouvés que par le
témoignage des prisonnier.
Nous progressons également dans les vallées de
Sainte-Marie
et de Ville.
Dans la vallée de la Bruche, nous continuons, fortement
appuyés sur le Donon, à nous avancer dans la
direction de Strasbourg. Il se confirme
que les troupes allemandes rencontrées devant nous dans
cette région sont
complètement désorganisées.
Sur la ligne Lorquin, Azoudange, Marsal, nos troupes gagnent
aussi du terrain.
Nous avons donc, sur la ligne frontière, depuis Chambrey
jusqu'à Beltort,
gagné sur l'ennemi une
distance qui varie de 10 à 20 kilomètres et pris
pied fortement en Alsace aussi
bien qu'en Lorraine.
(communiqué
officiel). - Le ministre de la Guerre a reçu du
commandant en chef le télégramme suivant :
« Grand quartier général des
armées de l’Est. 18 août.
9 h. 15.
Pendant toute la journée d'hier, 17 août, nous
n'avons cessé
de progresser en Haute-Alsace.
La retraite de l'ennemi s’effectue de ce coté en
désordre.
Il abandonne partout ses blessés et son matériel.
Noue avons conquis la majeure partie des vallées des Vosges
sur le versant d’Alsace, d'où nous atteindrons
bientôt la plaine.
Au Sud de Sarrebourg, l'ennemi avait organisé devant nous
une position fortifiée, solidement tenue avec de
l'artillerie lourde.
Les Allemands se sont repliés précipitamment dans
l'après-midi d'hier. Actuellement, notre cavalerie les
poursuit. Nous avons,
d'autre part, occupé toute la région des
étangs jusque vers l'ouest de Fenetrange.
Nos troupes débouchent de la vallée de la Seille,
dont une partie des passages
ont été évacués par les
Allemands. Notre cavalerie est a Château-Salins.
Dans toutes les actions engagées au cours de ces
dernières
journées, en Lorraine et en Alsace, les Allemands ont subi
des pertes
importantes.
Notre artillerie a des effets démoralisants et foudroyants
pour l'adversaire.
De façon générale, nous avons donc
obtenu, au cours des
journées précédentes, des
succès importants et qui font le plus grand honneur
à
la troupe dont l'ardeur est incomparable, et aux chefs qui la
conduisent au
combat.
Signé :
Général Joffre.
(Communiqué
officiel du 19 août. - Le bruit a couru a
diverses reprises que le Gouvernement belge s'était
retiré a Anvers. Cette
nouvelle n'est pas confirmée, mais elle ne comporte, en tous
cas, en elle-même,
aucun symptôme grave et encore moins inattendu.
L'organisation défensive de la Belgique telle que l'a
conçue
le général Brialment, telle qu'elle a toujours
été présentée dans tous les
ouvrages techniques, suppose que le centre de résistance du
pays est a Anvers,
considéré comme centre de la défense.
Ce port, qui assure le maintien des communications de la
Belgique avec la mer et qui se place dans le flanc d'une
armée ennemie
d'invasion, a été fortifié avec soin
et constitue un camp
retranché.
Anvers pourrait donc devenir même le refuge
momentané de
l'armée belge, ce dont il ne peut d'ailleurs pas
être question, sans que cela
ait une portée quelconque sur la suite des
opérations ni sur le rôle de
l’armée
belge, qui est certainement appelée a jouer un
rôle important dans la bataille.
(Communiqué
à la presse du 19 août 1914, 23 heures). - La
situation reste sans grand changement en Alsace. Toutefois, dans la
Haute-Alsace, nous avons continué à progresser.
Dans les Vosges, les Allemands
ont repris le village de Ville, où nous avions une avant
garde. Nos troupes
sont sur la Seille. Elles occupent Château-Salins et Dieuze,
malgré des fortifications
fortifiées et solidement tenues.
Nous avons progressé rapidement dans l'après-midi
au-delà de
la Seille, dans la partie centrale. En fin de journée, nous
avons atteint Delme
d‘un côte, Morhange de l’autre.
A signaler une rencontre de cavalerie heureuse pour nos
armes à Florenville.
(Communiqué
officiel, 20 août. matin). - En Belgique, à
l'est de la Meuse, les Allemands atteignent la ligne
Dinant-Neufchâteau.
Des forces importantes ont continué à passer la
Meuse entre Liège
et Namur, leurs avant-gardes ont atteint la Dyle.
Devant ce mouvement, l'armée belge a commencé
à se retirer
dans la direction d’Anvers.
(Communique officiel. 20
août. 15 heures). - Notre situation
demeure la même aux cols des Vosges.
En Haute-Alsace nous avons occupé Guebwiller
après un combat
très vif.
Nous avons enlevé à la baïonnette un des
faubourgs de
Mulhouse ; six canons et six caissons sont restés
entre nos mains et
Mulhouse a été réoccupé par
nous.
En Lorraine, notre ligne s'étend dans la région
au Nord de
Sarrebourg en passant par Morhange jusqu'à Delme.
LES COMMUNIQUES
(Communiqué
officiel, 21 août, 15 heures). - Les forces
allemandes continuent à passer la Meuse aux environs de Huy,
et une
concentration importante est en voie d'exécution en
Belgique.
Il est agréable de constater que, vendredi matin, il n'y
avait plus aucun point du territoire français
occupé par l'ennemi, sauf une
légère enclave à Audun-le-Roman, dans
l'arrondissement de Briey (Meurthe-et-Moselle).
Ainsi, le vingtième jour de la mobilisation, en
dépit de
toutes les assurances allemandes, des écrits de leurs
auteurs les plus connus
et de ceux même du grand état-major, non seulement
les Allemands n'ont pas encore
obtenu les avantages décisifs qu'ils comptaient, mais encore
ils n'ont pu
porter la guerre sur notre territoire.
Cet avantage, dont il convient d'ailleurs de ne pas exagérer
outre mesure l'importance, a néanmoins une valeur morale
qu'il est bon de
signaler.
Communiqué
officiel du 22 août, 2 h. 45 soir). -L'entrée des
Allemands à Bruxelles est, pour les Belges, une
épreuve douloureuse. Elle est
cruellement sentie par tous les Français, et le gouvernement
de la République a
tenu a affirmer que les souffrances de la Belgique étaient
aussi les nôtres.
Du jour où le sol belge a été
foulé par les soldats
allemands, où le sang belge a été
versé pour s'opposer à leur passage, les
causes des deux pays sont devenues indissolublement unies, et elles se
confondent désormais.
La France,
résolue à tout faire pour libérer le
territoire
de son alliée, considère que son devoir n'aura
été entièrement accompli que
lorsqu'il ne restera plus un soldat allemand en Belgique.
Il n'a pas
été possible, en raison des
nécessités
stratégiques, de participer plus tôt, avec
l'armée belge, à la défense du pays,
mais les engagements que nous avons pris n'en sont que plus solennels,
notre
coopération n'en sera que plus étroite et elle se
poursuivra avec une extrême
énergie.
La retraite de l'armée belge sous le canon
d‘Anvers est une
opération prévue qui ne porte aucune atteinte
à sa valeur ni à son
incontestable puissance. Lorsque le moment en sera venu,
l'armée belge se
trouvera aux cotés de l'armée
française, à laquelle les circonstances l'ont
étroitement et fraternellement unis.
(Communiqué
du 22 août 1914, 23 heures). - En Belgique, la
situation reste sensiblement la même. Le mouvement des forces
allemandes
continue vers l’Ouest,
précédé par des forces de cavalerie
éclairant dans les
directions de Gand, d'une part, de la frontière
française, de l'autre. L'armée
belge est prête dans le camp retranché
d’Anvers.
Dans la Wœvre, la situation n'est pas modifiée.
PARIS, 23
août
(Communique officiel). - L'armée russe a remporté
deux nouveaux succès
importants près de Gumbinen, sur la ligne
Gumbinen-Goldap-Lyck, à quarante
kilomètres environ de la frontière. Elle renversa
trois corps allemands,
captura de nombreux canons ainsi que du matériel roulant,
fit une quantité de prisonniers
et s'empara de Goldap et Lyck.
PARIS, 23
août 1914,
23 heures (Communiqué à la presse). - La bataille
est engagée sur tout le
front.
Dans les Vosges, la situation générale nous a
déterminé a,
ramener en arrière nos troupes du Donon et du col de Saales.
Ces points
n'avaient plus, en effet, d'importance, étant
donné que nous occupons la ligne
fortifiée qui commence au Grand-Couronne de Nancy.
Lunéville a été occupé par
les Allemands.
A Namur, les Allemands font un grand effort contre les forts
qui résistent énergiquement. Les forts de
Liège tiennent toujours.
L'armée belge est tout entière
concentrée dans le camp
retranché d’Anvers.
Mais, c'est sur 1a vaste ligne allant de Mons à la
frontière
luxembourgeoise que se joue la grosse partie. Nos troupes ont pris
partout l’offensive
: leur action se poursuit régulièrement en
liaison avec l'armée anglaise.
Nous trouvons, en face de nous, dans ce mouvement offensif,
la presque totalité de l'armée allemande :
formations actives et formations de
réserve.
Le terrain des opérations, surtout à notre
droite, est boisé
et difficile. Il est à présumer que la bataille
durera plusieurs jours.
L'énorme extension du front et l’importance des
effectifs
engagés empêchent de suivre pas a pas les
mouvements de chacune de nos armées.
Il convient, en effet, pour apprécier cette situation,
d'attendre un résultat qui serve de conclusion à
la première phase du combat.
Si l'on procédait autrement, on fournirait à la
presse des données divergentes
et contradictoires, puisqu’une telle bataille est
nécessairement faite d'action
et de réaction qui se succèdent et
s’enchaînent de façon continue.
D'ailleurs, des informations fournies au cours du combat sur
la position momentanée de nos armées
risqueraient, d'autre part, de procurer à
l'ennemi des renseignements.
Héroïsme
des artilleurs
liégeois.
- Le fort de Chaudfontaine, à Liège, a
été
le théâtre d'un acte
d’héroïsme
qui affirme, une fois de plus, avec éclat, la valeur de
l'armée belge.
Ce fort qui commande la voie ferrée
d’Aix-la-Chapelle à
Liège, par Verviers et le tunnel de Chaudfontaine,
était commandé par le major
Namèche; il a été soumis par les
Allemands à un bombardement continuel extrêmement
violent. Lorsque le fort ne fut plus qu'un monceau de
décombres et que le
commandant jugea la résistance impossible, il barra le
tunnel en y faisant
entrer en collision plusieurs locomotives et en mettant ensuite le feu
aux
fourneaux de mine.
Sa mission était, dès lors, terminée.
Le commandant Namèche
ne voulut pas cependant que le drapeau allemand flottât
même sur les ruines de
son fort. Il mit le feu à ses poudres et le fit sauter.
Un tel acte d’héroïsme se passe de
commentaires.
SAINT-PÉTERSBOURG,
23 août.
(Communique de l'état-major du
généralissime ) – Les combats des 17,
18, 19 et
20 août, dans la Prusse Orientale, ont
été livrés avec un grand acharnement.
L'esprit des troupes est excellent. Le front de combat
s'étend sur 40 verstes.
Les troupes russes ont occupé Goldaparis. La retraite du
vingtième corps
allemand aux environs de Lyck ressemblait à une
déroute. Dans la région de
Willenburg, les troupes ennemies évacuent la
frontière. La population allemande
abandonne les villages et fuit vers le Nord.
Le 20 août, dans les environs de Gumbinen, l'armée
allemande
engagea dans un combat trois corps d'armée qui
tentèrent d’envelopper l'aile
droite russe. C'est de ce coté que le combat atteignit son
plus haut degré
d'acharnement. Les troupes du centre russe prirent l'offensive et
s'emparèrent
de nombreux canons. L'ennemi demanda un armistice pour enterrer ses
morts.
Cette demande fut rejetée.
Le 21, la victoire couronna les efforts de l'armée russe.
Les Allemands, qui ont subi des pertes énormes, se replient,
poursuivis par les
troupes russes.
Sur le front autrichien, on ne signale, jusqu'au 20 août,
aucune collision sérieuse. Aux environs de Berestetschka,
les Russes ont chassé
dans les marais un escadron du 9ème hussards et lui ont fait
prisonniers deux
officiers et cent cinq soldats. Les troupes russes ont
obligé un bataillon à
évacuer la bourgade russe de Rasa.
WILNA.
- On annonce de
source autorisée qu'après un nouveau combat, les
troupes russes occupèrent
lntersbourg.
PARIS, 24
août. matin.
(Communiqué officiel). - La grande bataille entre le gros
des forces françaises
et anglaises et le gros des forces allemandes continue.
Pendant que cette action se poursuit, dans laquelle nous
avons l'importante mission de retenir la presque totalité
des armées ennemies,
nos alliés de l’Est, les Russes, obtiennent de
gros succès dont les
conséquences doivent être
considérables.
En Prusse orientale, ils ont poursuivi leur mouvement en
avant et occupé le front Tilsitt-Intersburg-Arys,
à soixante-dix kilomètres
environ de la frontière.
La population allemande évacue Villenherg, à
raison de
l'arrivée des forces russes de Pologne, qui ont
déjà pénétré
très avant vers
Soldau.
En Serbie, après leur défaite sur la Drina, les
Autrichiens,
qui avaient tenté un mouvement offensif vers Chabatz, ont
été repoussés, et les
Serbes sont prêts à envahir les territoires
situés au Nord de la Save.
PARIS, 24
août. 3 h.
1/2. (Communiqué officiel). - Nos armées,
placées face à leurs objectifs, se
sont ébranlées avant-hier samedi, prenant partout
résolument l’offensive.
Depuis la Moselle jusqu'à Mons, la bataille
générale est
maintenant engagée et la parole n'est plus qu'aux
combattants eux-mêmes.
Leur situation peut être résumée comme
suit :
En Haute-Alsace, sur les Vosges et dans la Meurthe,
l'ensemble de nos troupes est placé sous le commandement du
général Pau.
Ces forces tiennent le front précédemment
indiqué, qui n'a
pas subi de modifications (Badonviller et Lunéville sont
occupés par les
Allemands, Amance et Dieulouard occupés par les
Français).
Une armée française, partant de la Woevre
septentrionale et
se portant sur Neufchâteau, a attaqué les forces
allemandes qui ont défilé dans
le grand duché de Luxembourg et sur la rive droite de Semoy,
se portant, vers
l'ouest.
Une autre armée, partie de la région de Sedan et
traversant
l'Ardenne, attaque des corps allemands en marche entre la Liesse et la
Meuse.
Une troisième armée, partant de la
région de Chimays, s'est
portée à l'attaque de la droite allemande entre
la Sambre et la Meuse. Elle est
appuyée par l'armée anglaise, partie de la
région de Mons.
Le mouvement des Allemands, qui avaient cherché à
déborder
notre aile gauche, a été suivi pas a pas, et leur
aile droite se trouve donc
maintenant attaquée par notre armée d'aile
gauche, en liaison avec l'armée
anglaise.
De ce coté, la bataille se poursuit vivement depuis plus
d'une journée.
Sur tout le reste du front, elle est aussi engagée avec le
plus grand acharnement et déjà les pertes sont
sérieuses de part et d'autre.
A notre extrême-gauche, un fort groupement a
été constitué
dans le Nord pour parer à tout
événement de ce coté.
(Communiqué
à 1a presse du 24 août 1914, 23 heures). -
L'armée anglaise, qui se trouvait à notre gauche
a été attaquée par les
Allemands. Admirable sous le leu, elle a résisté
à l'ennemi avec son impassibilité
ordinaire.
L’armée française, qui
opérait dans cette région, s'est
portée à l'attaque. Deux corps
d'armée, dont les troupes d’Afrique, qui se
trouvaient en première ligne, entraînés
par leur élan, ont été
reçus par un feu
très meurtrier. Ils n'ont pas cédé ;
mais, contre-attaqués par la garde
prussienne, ils ont dû ensuite se replier.
Ils ne l'ont fait qu'après avoir infligé
à leur, adversaire
des pertes énormes.
Le corps d'élite de la garde a été
très éprouvé.
A l'Est de la Meuse, nos troupes se sont portées en avant,
à
travers un pays des plus difficiles. Vigoureusement
attaquées au débouché des
bois, elles ont dû se replier après un combat
très vif au Sud de la Semoy.
Sur l’ordre du général Joffre, nos
troupes et les troupes
anglaises ont pris position sur les emplacements de couverture qu'elles
n'eussent pas quittés si l'admirable effort des Belges ne
nous avait pas permis
d'entrer en Belgique. Elles sont intactes. Notre cavalerie n'a
aucunement souffert
; notre artillerie a affirmé sa
supériorité. Nos officiers et nos soldats
demeurent
dans le meilleur état physique et moral.
Du fait des ordres donnés, la lutte va changer d'aspect.
Pendant quelques jours, l’armée
française restera pour un temps sur la
défensive. Au moment venu, choisi par le commandant en chef,
elle reprendra une
vigoureuse Offensive.
Nos pertes sont importantes. Il serait prématuré
de les chiffrer.
I1 ne le serait pas moins de chiffrer celles de l'armée
allemande qui a
cependant souffert au point de devoir s'arrêter dans ses
mouvements de
contre-attaque pour s'établir sur de nouvelles positions.
La situation
en Lorraine.
- Nous avons hier contre-attaqué à quatre
reprises en partant des positions que
nous occupons au Nord de Nancy, et nous avons infligé aux
Allemands de très
grosses pertes.
Aperçu
d'ensemble.
- D’une manière générale,
nous avons conservé la pleine liberté de notre
réseau
ferré et toutes les mers nous sont ouvertes pour nous
approvisionner.
Nos opérations ont permis à la Russie d'entrer en
action et
de pénétrer jusqu’au cœur de
la Prusse Orientale. On doit évidemment regretter
que le plan offensif, par suite de difficultés
d'exécution impossibles à
prévoir, n’ait pas atteint son but ; cela eut
abrégé la guerre. Mais notre
situation défensive demeure entière en
présence d’un ennemi déjà
affaibli.
Tous les Français déploreront l’abandon
momentané des
portions du territoire annexé que nous avions
occupées.
D’autre part, certaines parties du territoire national
souffriront
malheureusement des événements dont elles seront
le théâtre. Epreuve
inévitable, mais provisoire ! C'est ainsi que des
éléments de cavalerie
allemande appartenant à une division indépendante
opérant à. l'extrême-droite
ont pénétré dans la région
de Roubaix-Tourcoing qui n'est défendue que par des
éléments territoriaux.
Le courage de notre vaillante population saura supporter
cette épreuve avec une foi inébranlable dans le
succès final qui n‘est pas
douteux.
En disant au pays la vérité entière,
le gouvernement et les
autorités militaires lui donnent la plus forte preuve de
leur absolue confiance
dans la victoire qui ne dépend que de notre
persévérance et de notre
ténacité.
LES COMMUNIQUES.
LONDRES,
24 août.
(Communiqué anglais). - Les forces britanniques ont atteint
avec
plein succès
leurs nouvelles positions. Le combat continue sans interruption, mais
l'ennemi
n’a pas efficacement empêché nos
opérations.
Les mouvements ont été
exécutés
avec beaucoup de décision par le commandant des premier et
deuxième corps d'armée.
Nos pertes ne peuvent pas être évaluées
exactement, mais
elles ne sont pas lourdes.
Nos troupes étaient opposées à deux
corps d’armée allemands
et a dix régiments de cavalerie. L'ennemi a
été très fortement
éprouvé.
Les positions que nous occupons actuellement sont bien
protégées; la situation
générale est bonne.
Les alliés ont poursuivi le combat dimanche et lundi, mais
en présence de la supériorité
numérique écrasante des forces que les Allemands
avaient massées, le commandant en chef français
décida de retirer ses troupes
sur la ligne de défense originelle où elles sont
fortement établies.
Deux divisions françaises ont souffert assez
sérieusement,
mais le gros des forces n‘a pas été
touché et reste plein d'enthousiasme.
Les pertes allemandes, surtout dans le corps d'armée de la
garde, sont lourdes.
Le moral des troupes alliées est excellent.
(Communique à
la presse du 25 août, 23 heures). - En
Belgique, à l’Ouest de la Meuse, par suite des
ordres donnés dimanche par le
général en chef, les troupes qui doivent demeurer
sur la ligne de couverture,
pour y prendre une attitude défensive, se sont
massées de la manière suivante :
Les troupes franco-anglaises occupent une ligne de front
passant dans le voisinage de Givet. Elles ont gagné ce front
en combattant et
en tenant en respect leur adversaire, dont l’offensive a
été nettement arrêtée.
A l’Est de la Meuse, sur ce front aussi, par ordre du
général en chef, nos troupes ont
regagné leurs emplacements de départ en
maîtrisant les débouchés de la grande
forêt des Ardennes.
Plus à droite, nous avons pris une vigoureuse offensive en
faisant
reculer l'ennemi.
Mais le général Joffre a fait arrêter
la poursuite, pour
rétablir, sur les lignes qu'il avait assignées
dimanche, le front de combat.
Dans cette offensive, nos troupes ont montré un admirable
entrain. Le 6° corps a, notamment, fait subir a
l’ennemi, du coté de Virton,
des pertes considérables.
En Lorraine, les deux armées ont pris une offensive
combinée
: l'une partant du Couronné de Nancy, l'autre du Sud de
Lunéville.
La bataille engagée lundi continue au moment où
est
communiqué ce bulletin.
On n’entend plus le canon comme on l’entendait
lundi aux
environs de Nancy.
Le 15ème corps qui, fortement
éprouvé depuis la
dernière affaire, avait été
replié en arrière et s'était
reconstitué, faisait
partie d'une des deux armées combinées.
Il a exécuté une contre-attaque très
brillante dans la
vallée de la Vezouze.
L'attitude des troupes a été très
belle et montre qu'il ne
reste aucun souvenir de la surprise du 20 août.
En Haute-Alsace, le général en chef ayant fait
appel, pour
faire face sur la Meuse, à toutes les troupes, avait
donné l'ordre d'évacuer
progressivement le pays occupé. Mulhouse a
été de nouveau évacué.
La grande bataille est engagée entre Maubeuge et le Donon.
C‘est la que le général en chef
appelle, pour l'attaque décisive, toutes les
troupes de la nation.
L'action militaire entreprise dans la vallée du Rhin en
distrairait des troupes dont dépend peut-être la
victoire. Il leur faut donc
quitter momentanément l’Alsace, pour lui en
assurer la délivrance définitive,
quel que soit leur chagrin de n'avoir pu la soustraire
déjà à la barbarie
allemande. C'est une cruelle nécessité, que
l'armée d’Alsace et son chef ont eu
peine à subir et à laquelle ils ne se sont soumis
qu’à la dernière
extrémité.
Dans le Nord, des partis de cavalerie, qui s'étaient
montrés
dimanche dans la région de Lille, Roubaix, Tourcoing, ont
apparu lundi du cote
de Douai. Cette cavalerie ne peut s'avancer davantage qu'en
s‘exposant à tomber
dans les lignes anglaises, renforcées lundi par des troupes
françaises.
Malgré les énormes fatigues imposées
par trois jours
consécutifs de combat et malgré les pertes
subies, le moral des troupes est
excellent, et elles ne demandent qu’à combattre.
Dans la journée de dimanche, le fait saillant a
été la
rencontre formidable des tirailleurs algériens et
sénégalais avec la troupe
réputée de la garde prussienne. Sur cette troupe
solide, nos soldats africains
se sont jetés avec une inexprimable furie.
La garde a été éprouvée
dans un combat qui dégénérait en
corps a corps.
L'oncle de l'empereur, le général prince
Aldebert, a été
tué. Son corps a été
transporté à Charleroi.
Notre armée, calme et résolue, va continuer son
magnifique
effort. Elle sait le prix de cet effort; elle combat pour la
civilisation. La
France tout entière la suit des yeux, elle aussi calme et
forte, et sachant que
tous ses fils supportent seuls, pour le moment, avec
l’héroïque armée belge
qui, lundi, a repris Malines, et la vigoureuse armée
anglaise, le poids d'un
combat sans précédent par l'acharnement
réciproque et par la durée.
Pendant ce temps, les Russes marchent par les chemins de la
Prusse Orientale et l’Allemagne est envahie.
(Communiqué
officiel du 26 sont, 23 heures). - PARIS
- D'une façon générale, notre
offensive
progresse entre Nancy et les Vosges. Toutefois, notre droite a eu
légèrement se
replier dans la région de Saint-Dié.
L'ennemi paraît avoir subi des pertes
considérables. On a
trouvé plus de 1.500 cadavres dans un espace très
restreint. Dans une tranchée,
une section tout entière avait été
fauchée par nos obus. Les morts étaient
cloués sur place, encore dans la position de mise en joue.
Il se livre, dans cette région, depuis trois jours, des
combats acharnés, qui paraissent, dans l'ensemble, tourner
à notre avantage.
Aucun fait saillant en Wœvre, où les forces
opposées
semblent se recueillir, après les combats de ces derniers
jours.
Dans le Nord, les lignes franco-anglaises ont été
légèrement
ramenées en arrière. La résistance
continue.
PARIS, 27
août, 3
heures soir. (Communiqué officiel) - Sur le front, les
événements de mercredi,
dans la région du Nord, n'ont a aucun degré
compromis ni modifié les
dispositions prises en vue du développement
ultérieur de nos opérations.
Dans la région située entre les Vosges et Nancy,
nos troupes
continuent à progresser.
En Prusse Orientale, les troupes allemandes ont
évacué, après
la victoire des Russes, la région de Mazurenland. Les Russes
n’ont subi aucun arrêt
dans ce terrain très difficile dont ils occupaient hier les
débouchés à l’Ouest.
Il se confirme qu'ils prirent cent canons à l'ennemi.
En Galicie, l'offensive russe se poursuit normalement dans
la région située au sud et au sud-ouest de
Tarnopol.
Le prince de
Saxe-Meiningen
blessé et prisonnier. - On confirme qu'au cours
d'un engagement le prince
Ernest de Saxe-Meiningen a été
grièvement blessé. Il a été
hospitalisé à
Maubeuge.
Les
Autrichiens
reculent devant les Serbes. - Les victoires
remportées par l'armée serbe
ont amené les troupes austro-hongroises, qui
s'étaient avancées dans l'ancien
Sandjack de Novi-Bazar, sur Priepolje et Nova-Varos, à
évacuer cette dernière
ville et à se retirer du Sandjack.
LE NOUVEAU MINISTERE
PARIS, 26
août. -
Voici les termes de la lettre que M. Viviani a remise à M.
Poincaré :
« Monsieur le Président,
Dans les circonstances que le pays traverse, il m'a paru
nécessaire d’élargir les bases du
ministère que je présidais. J'ai réuni
mes
collègues en Conseil de Cabinet et, après les
avoir remerciés tous du
dévouement patriotique avec lequel ils ont rempli leur
rôle difficile, je leur
ai fait part de mon désir, leur exposant que je vous
remettrais ma démission et
vous prierais de charger une personne politique de continuer
l'œuvre que nous
avons commencée.
Mes collaborateurs ont bien voulu accepter les raisons que
je faisais valoir, et j'ai l'honneur de vous remettre, avec ma propre
démission, celle du Cabinet. »
M. Poincaré a alors accepté la
démission que lui remettait
M. Viviani, le chargeant de constituer le nouveau Cabinet.
M. Viviani est retourné, à onze heures,
à l’Elysée, où il a fait
connaître au Président de la République
la composition du nouveau Cabinet qui
est ainsi constitué :
Président du Conseil sans portefeuille, M. Viviani;
Justice, M. Aristide Briand;.
Affaires étrangères, M. Delcassé;
Intérieur, M. Malvy;
Guerre, M. Millerand; ,
Marine, M. Augagneur ;
Finances, M. Ribot;
Instruction publique, M. Serrant
;
Travaux publics, M. Marcel
Sembat;
Commerce. M. Thomson;
Colonies, M. Gaston Doumergue;
Agriculture, M. Fernand David;
Travail, M. Bienvenu-Martin;
Ministre sans portefeuille, M.
Jules Guesde;
Sous-Secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts,
M. Dalimier.
LE NOUVEAU
GOUVERNEUR DE PARIS
PARlS,
27 août. - Ce matin, a paru au « Journal
Officiel » un décret nommant
le général Galliéni commandant de
l'armée de Paris et gouverneur militaire.
LETTRE DE M.
MILLERAND AU GENERALISSIME JOFFRE
PARIS,
27 août._- Le Ministre de la Guerre a adressé au
général Joffre, commandant en
chef, la lettre suivante :
« Mon cher Général,
Au moment où je reprends la
direction du Ministère de la Guerre, je veux que mon premier
acte soit pour
envoyer aux troupes qui combattent sous vos ordres et à
leurs chefs le témoignage
d'admiration et de confiance du Gouvernement et du pays tout entier.
La France, assurée de la
victoire, parce qu'elle est résolue à l'obtenir,
à votre exemple et à celui de
vos armées, gardera jusqu'au bout le calme et la
maîtrise de soi, gages du
succès. »
Soumise au fer, qui est la loi et
la force des armées, la nation tout entière
levée pour la défense de son sol et
de ses libertés, a accepté d'avance, d'un
cœur ferme, toutes les épreuves, même
les plus cruelles.
Patiente et tenace, forte de son
droit, sûre de sa volonté, elle tiendra.
Je vous donne l’accolade. »
Signé : A. MILLERAND.
LE MANIFESTE DU GOUVERNEMENT
PARIS,
27 août. - Voici le texte du manifeste que 1e Gouvernement a
décidé d'adresser
au pays :
Français,
Le Gouvernement nouveau vient de
prendre possession de son poste d'honneur et de combat. Le pays sait
qu'il peut
compter sur sa vigilance, sur son énergie et que, de toute
son âme, il se donne
à sa défense.
Le Gouvernement sait qu'il peut
compter sur le pays.
Ses fils répandent leur sang pour
la patrie et la, liberté aux côtes des
héroïques armées belge et anglaise; ils
reçoivent sans trembler le plus formidable ouragan de fer et
de feu qui ait
jamais été
déchaîné sur un peuple, et tous se
tiennent droits.
Gloire à. eux, gloire aux vivants
et aux morts. Les hommes tombent, la nation continue.
Grâce à tant
d’héroïsme, la
victoire finale est assurée.
Un combat se livre, capital,
certes, mais non décisif. Quelle qu‘en soit
l'issue, la lutte continuera. La
France n'est pas la proie facile que s'est imaginée
l’insolence de l’ennemi.
Français,
Le devoir est tragique, mais est
simple : repousser l’envahisseur, le poursuivre, sauver de sa
souillure notre
sol et de son étreinte la liberté, tenir tant
qu’il faudra, jusqu'au bout, hausser
nos esprits et nos âmes au-dessus du péril, rester
maîtres de nos destins.
Pendant ce temps, nos alliés
russes marchent d'un pas décidé vers la capitale
de 1'A11emagne, que l'anxiété
gagne, et infligent des revers multiples à des troupes qui
se replient.
Nous demanderons au pays tous les
sacrifices, toutes les ressources qu‘il peut fournir en
hommes et en énergies.
Soyez donc fermes et résolus. Que la vie nationale,
aidée par des mesures
financières et administratives appropriées, ne
soit pas suspendue.
Ayons confiance en nous-mêmes,
oublions tout ce qui n'est pas la patrie.
Face à la frontière ! Nous avons
la méthode et la volonté, nous aurons la
victoire.
(Suivent les signatures
des ministres.)
LES COMMUNIQUES
(Communiqué 0
la presse du 27 août, 23 heures). - 1° Dans
les Vosges, nos troupes ont repris l'offensive et refoulé
les forces allemandes
qui les avaient, mercredi, fait reculer du coté de
Saint-Dié. Les Allemands
ont, mercredi, bombardé Saint-Dié, ville ouverte.
2° Dans la région entre les Vosges et Nancy, notre
offensive
est ininterrompue depuis cinq jours. Les pertes allemandes sont
considérables.
On a trouvé, au Sud-Est de Nancy, sur un front de trois
kilomètres, 2.500 morts
allemands. Dans la région de Vitrimont, sur un front de
quatre kilomètres,
4.500.
3° Longwy, très vieille forteresse, dont la garnison
ne
comportait qu'un bataillon, bombardé depuis le 3
août, a capitulé jeudi, après
avoir tenu vingt-quatre jours. Plus de la moitié de
l'effectif est tué ou
blessé. Le lieutenant-colonel d’Arche, gouverneur
de Longwy, est nommé officier
de la Légion d'honneur pour sa conduite
héroïque dans la défense de Longwy.
4° Sur la Meuse, nos troupes ont repoussé avec une
extrême
vigueur plusieurs attaques allemandes. Un drapeau a
été pris.
5° Les troupes belges de la défense mobile de Namur
et le
régiment français qui les appuyait ont rejoint
nos lignes.
6° Dans le Nord, l'armée anglaise,
attaquée par des forces
très supérieures en nombre, a dû,
après une brillante résistance, se reporter
un peu en arrière. A sa droite, nos armées ont
maintenu leurs positions.
7° En Belgique, l'armée d’Anvers, par son
effectif, a attiré
et retenu devant elle plusieurs divisions allemandes.
En
Prussc Orientale.
- PARIS, 28
août, 1.5 h. 30. (Communiqué
officiel). - Repoussées par l'armée russe, les
troupes allemandes continuent
leur mouvement de retraite sur Kœnigsherg et Allenstein.
La défense mobile de Kœnigsberg est
progressivement refoulée
dans la place.
En
Galice. - Par
une offensive énergique, les Russes, après des
combats heureux du côté de
Romanov, marchent sur Lemberg, dont ils ne sont plus
séparés que par une
trentaine de kilomètres.
Sur mer. - On confirme
que le croiseur allemand
« Magdeburg » s'est
échoué dans le golfe de
Finlande et que des croiseurs russes s'en sont emparés.
D'autre part, il est exact que le croiseur léger anglais
« Highlyer »
a coulé le croiseur auxiliaire allemand
« Kaizer-Wilhelm-der-Grosse »
au large de Rio-de-Oro.
(Communiqué à
la presse du 28 août. 23 heures). - La
situation de notre front de la Somme aux Vosges est restée
aujourd'hui ce
qu'elle était hier. Les forces allemandes paraissent avoir
ralenti leur marche.
(Communiqué
officiel du 29 août. 23 heures). - En Lorraine,
la progression de nos forces s'est accentuée.
Nous sommes maîtres de la ligne de la Mortagne et notre
droite avance.
Rien à signaler sur le front de la Meuse.
Une violente action a eu lieu vendredi dans la région de
Launois, Signy-l’Abbaye
Novion-Porcien, sans résultat décisif. L'attaque
reprendra
aujourd'hui dimanche.
A notre aile gauche, une véritable bataille a
été menée par
quatre de nos corps d’armée.
La droite de ces quatre corps, prenant l'offensive, a
repoussé sur Guise (Aisne) et a lEst, une attaque conduite
par le 10ème
corps allemand et la garde qui ont subi des pertes
considérables.
Notre gauche a été moins heureuse contre les
forces
allemandes dans la direction de La Fère.
(Communiqué
à la Presse du 30 août, a minuit). - La
situation dans l'ensemble est la même que dimanche matin.
Après une
accalmie, la bataille a repris dans les Vosges et
en Lorraine.
Sur la Meuse,
à Sassaye, près de Dun, un régiment
d'infanterie ennemi, qui avait tenté de passer la
rivière, a été presque
complètement anéanti.
A notre couche, les
progrès de l'aile marchante allemande
nous obligent à céder du terrain.
Un
avion allemand sur
Paris. - Dimanche après-midi, vers une heure et
demie, un avion allemand,
qui se trouvait a une hauteur d'environ deux mille mètres, a
laissé tomber une
bombe sur Paris.
Les dégâts sont nuls, l'effet moral aussi. Il n'y
a pas eu
de victimes.
(Communiqué
à la Presse du 31 août 1914, 16 heures 45). - La
situation d'ensemble est actuellement la suivante :
Vosges et Lorraine. - On se rappelle que nos forces qui avaient
pris l'offensive dans les Vosges et en Lorraine dès le
début des opérations et
repoussé l'ennemi au-delà de nos
frontières, ont ensuite subi des échecs
sérieux devant Sarrebourg et dans la région de
Morhange, où elles se sont
heurtées a des organisations défensives
très solides.
Ces forces ont dû se replier pour se reconstituer, les unes
sur le Grand-Couronné de Nancy, les autres dans les Vosges
françaises.
Les Allemands sont alors passés a l'offensive, mais,
après
avoir repoussé les attaques ennemies sur les positions de
repli qu'elles
avaient organisées, nos troupes ont repris l'attaque depuis
deux jours.
Cette attaque n'a cessé de progresser, bien que lentement.
C'est une véritable guerre de siège qui se livre
dans cette
région : toute position occupée est
immédiatement organisée de part et d'autre
; c'est ce qui explique la lenteur de notre avance, qui n'en est pas
moins
caractérisée, chaque jour, par de nouveaux
succès locaux.
La région de Nancy et
de la Wœvre
méridionale- Depuis
le début de la campagne, cette région, comprise
entré la place de Mets (coté
allemand) et les places de Toul et de Verdun (coté
français), n'a été le
théâtre d'aucune opération importante.
Direction de la Meuse
entre Verdun et Mézières. - On se
rappelle que les forces françaises
avaient initialement pris l'offensive dans la direction de Longwy,
Neul-château
et Paliseul.
Les troupes opérant dans la région de Spincourt
et Longuyon
ont fait éprouver un échec a l'ennemi
(armée du prince royal).
Dans les régions de Neuchâteau et Paliseul, au
contraire,
certaines de nos troupes ont subi des échecs partiels qui
les ont contraintes a
s'appuyer sur la Meuse, sans toutefois être
entamées dans leur ensemble.
Ce mouvement de recul a obligé les forces opérant
dans la région
de Spincourt à se replier aussi vers la Meuse.
Au cours de ces dernières journées, l'ennemi a
cherché à
déboucher de la Meuse avec des forces
considérables, mais, par une vigoureuse
contre-offensive, il a été rejeté dans
la rivière, après avoir subi de très
grosses pertes.
Cependant des forces nouvelles allemandes se sont avancées
par la région de Rocroy, marchant dans la direction de
Retlhel.
Actuellement, une action d'ensemble est engagée dans la
région comprise entre la Meuse et Rethel, sans qu'il soit
possible d'en prévoir
l'issue définitive.
Opérations dans le
Nord. - Les forces franco-anglaises se sont initialement
portées jusque dans
la région de Dinant, Çharleroy et Mons.
Quelques échecs partiels subis et le forcement de la Meuse
par les Allemands, dans la région de Givet, sur notre flanc,
ont contraint nos
troupes à se replier.
Les Allemands cherchant toujours a nous déborder par
l’Ouest,
c'est dans ces conditions que nos alliés anglais,
attaqués par un ennemi très
supérieur en nombre, dans la région du Cateau et
Cambrai, ont dû se replier
vers le Sud, au moment où nos forces opéraient
dans la région d’Avesnes et de
Chimay.
Le mouvement de recul s'est prolongé dans les
journées
suivantes.
Cependant une bataille générale a
été engagée, avant-hier,
dans la région de
Saint-Quentin et de Vervins, en même temps que dans la
région Ham-Péronne.
Cette bataille a été marquée, pour
nous, par un succès
important sur notre droite, où nous avons rejeté
la garde prussienne et le 10ème
corps.
Dans l’Oise, par contre, et toujours en raison des
progrès
de l'aile droite allemande, où nos adversaires ont
réuni leurs meilleurs corps
d'armée, nous avons dû marquer un nouveau
mouvement de recul.
En résumé. a notre droite, après des
échecs partiels, nous
avons pris l’offensive et l'ennemi recule devant nous.
Au centre, nous avons eu des alternatives d'échecs et de
succès, mais la bataille générale est
de nouveau engagée.
A gauche, par une série de circonstances qui ont
tourné en
la faveur des Allemands, et malgré des contre-offensives
heureuses, les forces
anglo-françaises ont du céder du terrain.
Nulle part encore, nos armées, malgré quelques
échecs
incontestables, n'ont été réellement
entamées.
L'état moral de la troupe est excellent, malgré
les pertes
considérables subies ; mais les envois des
dépôts ont pu boucher les vides.
(Communiqué
officiel du mardi ler septembre. 15heures). - La
situation générale ne s'est modifiée
que sur nos ailes.
A notre gauche, les Allemands- ont gagné quelque terrain.
Dans le centre, pas de modifications sensibles; on ne s'est
pas battu.
En Lorraine, nous avons remporté de nouveaux avantages.
(Communiqué
à la presse du ler septembre, 23 heures). -- 1°
A notre aile gauche, par suite du mouvement enveloppant des Allemands,
et dans
le but de ne pas accepter une action décisive qui aurait pu
être engagée dans
de mauvaises conditions, nos troupes se sont repliées partie
vers le Sud,
partie vers le Sud-Ouest.
L'action engagée dans la région de Rethel a
permis à nos
forces d'arrêter momentanément l'ennemi. .
2° Au centre et à notre droite (Wœvre,
Lorraine et Vosges),
la situation est sans changement.
Les
aéroplanes
allemands. - Il a été
organisé une escadrille d’aéroplanes
blindés et munis
de mitrailleuses pour faire la chasse aux aéroplanes
allemands qui survolent
Paris.
Le Comité américain, constitué par M.
l'ambassadeur des
Etats-Unise a pris parmi les plus hautes notabilités
américaines présentes à
Paris, au jour de la déclaration de guerre. a
demandé au ministre de la Guerre
de bien vouloir lui donner les preuves que les bombes,
tombées sur Paris,
avaient été jetées par un avion
allemand.
M. Millerand, répondant à ce désir, a
fait mettre sous les
yeux de M. l’ambassadeur des Etats-Unis et de deux
délégués du Comité tout le
dossier. L'ambassadeur, après avoir pris, ainsi que les
membres du Comité,
connaissance des pièces qui lui ont
été soumises, a décidé
d'adresser par câble
à son Gouvernement un rapport sur ces
procédés de guerre qui, non seulement
sont des actes contre l'humanité. mais encore sont en
violation absolue de la
Convention de La Haye, signée par l’Allemagne
elle-même.
Le Comité a, en outre, décidé de
demander au gouvernement
américain, tout en demeurant fidèle à
sa déclaration de neutralité, de
protester énergiquement auprès du gouvernement
allemand.
(Communiqué
officiel du 2 septembre). - A notre aile gauche,
dans la journée du 1er septembre, un corps de
cavalerie allemande,
dans sa marche vers la foret de Compiègne, a eu un
engagement avec les Anglais
qui lui prirent dix canons.
Un autre corps de cavalerie allemande a poussé
jusqu'à la
ligne de Soissons-Anizy-le-Château.
Dans la région de Rethel et la Meuse, l'ennemi n'a
manifesté
aucune activité.
En lorraine, nous avons continué à progresser sur
la rive
droite du Sanon.
Au Sud, la situation est inchangée.
En Haute-Alsace, les Allemands ne semblent avoir laissé
devant Beltort qu'un rideau de troupes.
Dans la région du Nord, on ne signale pas d'ennemis
à Lille,
Arras, Douai,
Béthune et Lens.
Ca annonce de Belgique que des fractions appartenant s,
plusieurs corps d'armée allemandes se sont mises en
mouvement vers l'Est et
rentrent en Allemagne.
(Communiqué du Ministère de la Guerre, 2
septembre, 23
heures). - Les Russes ont remporté en Galicie une grande
victoire, mais les
détails n'en sont pas encore complètement connus.
PETROGRAD,
2 septembre.
(Communiqué de l'état-major du
généralissime}: Après un combat de
sept jours.
L’armée
russe,
s'emparant des positions de Lemberg,
très fortifiées et avancées
à quinze ou vingt verstes à l'est de la ville,
s'approcha des forts principaux.
Une bataille extrêmement tenace eut lieu, à la
suite de
laquelle, le 1er septembre, les
Autrichiens
furent jetés dans une déroute
désordonnée, abandonnant des pièces
d'artillerie
grosse et légère, des parcs d'artillerie entiers,
des cuisines de campagne.
Nos avant-gardes et notre cavalerie poursuivirent l'ennemi,
qui subit d'énormes pertes en tués,
blessés et prisonniers.'
L'armée autrichienne opérant dans la
région de Lemberg était
composée des troisième, onzième et
douzième corps et de parties des septième et
quatorzième corps.
Cette armée parait être complètement
défaite.
Pendant la poursuite que leur donnaient les troupes russes,
les Autrichiens, qui battaient en retraite de Gnilalipa, furent
obligés d'abandonner
encore trente et un canons.
Nos troupes opèrent leur mouvement par des routes
encombrées
de parcs d‘artillerie, de convois surchargés de
provisions de toutes sorte.
Le total des canons que les Russes ont pris dans la région
ne Lemberg s'élève à cent cinquante.
LE GOUVERNEMENT A
BORDEAUX
PARIS, 2
septembre, 23heures.
- Le Président de la République et le
Gouvernement ont quitté Paris, cette
nuit, pour Bordeaux.
Le Président de la République et le Gouvernement
ont décidé
d'adresser au pays le manifeste suivant :
« Français,
Depuis plusieurs semaines, des combats acharnés mettent aux
prises nos troupes héroïques et l'armée
ennemie.
La vaillance de nos soldats leur a valu, sur plusieurs
points, des avantages marqués, mais, au Nord, la
poussée des forces allemandes
nous a contraint à nous replier.
Cette situation impose au Président de la
République et au
Gouvernement une décision douloureuse. Pour veiller au salut
de la nation, les
Pouvoirs publics ont le devoir de s'éloigner, pour
l'instant, de la ville de
Paris.
Sous le commandement d'un chef éminent, une armée
française,
pleine de courage et d'entrain, défendra, contre
l'envahisseur, la capitale et
sa patriotique population.
Mais la guerre doit se poursuivre en même temps sur le reste
du territoire.
Sans paix ni trêve, sans arrêt ni
défaillance, continuera la
lutte sacrée pour l’honneur de la nation et pour
la réparation du droit violé.
Aucune de nos armées n'est entamée ; si
quelques-unes
d'entre elles ont subi des pertes trop sensibles, les vides ont
été immédiatement
comblés par les dépôts et l'appel des
recrues nous assure, pour demain, de
nouvelles ressources en hommes et en énergies.
Durer et combattre, tel doit être le mot d‘ordre
des armées
alliées anglaises, russes, belges et françaises.
Durer et combattre pendant que, sur mer, les Anglais nous
aident à couper les communications de nos ennemis avec le
monde.
Durer et combattre pendant que les Russes continuent à
s'avancer, pour porter au cœur de l’Empire
d’Allemagne le coup décisif.
C’est au Gouvernement de la République qu'il
appartient de
diriger cette résistance opiniâtre. Partout, pour
l’indépendance, les Français
se lèveront. Mais, pour donner a cette lutte formidable tout
son élan et toute
son efficacité, il est indispensable que le Gouvernement
demeure libre d'agir.
A la demande de l'autorité militaire, le Gouvernement
transporte donc momentanément sa résidence sur un
point du territoire d'où il
puisse rester en relations constantes avec l'ensemble du pays. Il
invite les
membres du Parlement à ne pas se tenir
éloignés de lui, pour pouvoir former
devant l'ennemi, avec le Gouvernement et avec leurs
collègues, le faisceau de
l'unité nationale.
Le Gouvernement ne quitte Paris qu'après avoir
assuré la
défense de la ville et du camp retranché par tous
les moyens en son pouvoir. Il
sait qu'il n'a pas besoin de recommander à
l’admirable population parisienne le
calme, la résolution, et le sang-froid. Elle montre tous les
jours qu'elle est
à la hauteur des plus grands devoirs.
Français,
Soyons tous dignes de ces tragiques circonstances. Nous
obtiendrons la victoire finale. Nous l’obtiendrons par la
volonté inlassable,
par l'endurance et la ténacité.
Une nation qui ne veut pas périr et qui, pour vivre, ne
recule ni devant la souffrance ni devant les sacrifices, est
sûre de vaincre.
Signé : Le
Président de
la République, Raymond POINCARÉ.
Le Président du Conseil, René VIVIANI. Le
Ministre de la
Justice, BRIAND le Ministre des Aflaires
étrangères. Ducasse; le Ministre de
l'intérieur, L. MALVY; le Ministre des Finances. RIBOT ; le
Ministre de la
Guerre, MILLERAND ; le Ministre de la Marine, AUGAGNEUR ; 1e Ministre
de
l'instruction publique, A. SARRAUT; le Ministre des Travaux publics,
Marcel SEMBAT;
le Ministre du Commerce, THOMSON ; le Ministre de
l’Agriculture, Fernand DAVID;
Le Ministre des Colonies, Gaston DOUMERGUE. le Ministre du Travail et
de la
Prévoyance sociale, BIENVENU-MARTIN; le Ministre sans
portefeuille , Jules GUESDE.
UNE PROCLAMATION DU
GENERAL GALLIENI
PARIS, 3 septembre. -
Le général Galliéni a fait afficher la
proclamation suivante :
Armée de Paris, Habitants de Paris,
Les membres du Gouvernement de la République ont
quitté
Paris pour donner une impulsion nouvelle à la
Défense nationale. J'ai reçu le
mandat de défendre Paris contre l'envahisseur. Ce mandat, je
le remplirai
jusqu’au bout.
UN TELEGRAMME
TRIOMPHANT DU GRAND-DUC NICOLAS
PETROGRAD, 3
septembre. - Le grand-duc Nicolas a adressé au Tzar le
télégramme suivant :
Avec une joie extrême, et en remerciant Dieu, j'annonce
à Votre Majesté
victorieuse qu'aujourd'hui, au matin, l'armée du
général Rouzsky a pris
Lemberg.
L'armée du général Broussiloff a, de
son coté, pris Halicz.
Je sollicite pour le général Rouzsky, en
récompense de sa
conduite dans les batailles précédentes et pour
la prise de Lemberg, la croix
de Saint-Georges.
Je demande pour le général Broussiloff la
même décoration de
3° classe, en raison de sa conduite dans tous les combats et la
croix de la 4‘
classe pour la prise de Halicz. »
PAS DE PAIX SEPAREE
LONDRES, 5 septembre.
- Le Ministre des Affaires étrangères et les
ambassadeurs de France et de
Russie ont signé, ce matin, au Foreign Office, une
déclaration disant que les
soussignés, dûment autorisés par leurs
gouvernements respectifs, font la
déclaration suivante :
« Les Gouvernements de Grande-Bretagne, de France et
de
Russie s'engagent mutuellement à ne pas conclure la paix
séparément au cours de
la présente guerre.
Les trois Gouvernements conviennent que, lorsqu'il y aura
lieu de discuter les termes de la paix, aucune des puissances
alliées ne pourra
poser des conditions de paix sans accord préalable avec
chacune des autres
alliées. »
Ont signé : Sir Edward GREY, ministre des Affaires
étrangères; Paul CAMBON, ambassadeur de France
à Londres; le comte de BENKNDORFF,
ambassadeur de Russie à Londres.
LES COMMUNIQUES
(Communiqué
du Gouvernement militaire de Paris, 3 septembre.
23 heures). -
Armée de Paris. -
Aucun contact ne s'est produit depuis hier, mercredi, avec l'ennemi,
signalé
dans la région de Compiègne et Senlis. Les
précautions étaient d'ailleurs
prises pour enrayer tout mouvement offensif de l'ennemi.
Les mesures prévues pour assurer la chasse aux avions
allemands et notamment des croisières d'avions
français, fortement armés, ont
empêché les avions allemands de survoler
à nouveau Paris.
Armée au Nord-Est.
- La situation respective de l'ensemble des forces reste la
même qu'hier
mercredi.
(Communiqué
officiel du Gouvernement utilitaire de Paris, 4
septembre, 15 h.). -
Armée de Paris. -
Les mouvements des armées opposées se sont
poursuivis sans qu'il y ait eu
encore contact.
Armées du Nord. -
Dans la région de Verdun, les forces allemandes ont subi
certains échecs.
En Lorraine et dans
les Vosges. - Nos troupes ont remporté de nouveaux
succès partiels.
La situation générale s'est peu sensiblement
modifiée.
Du coté russe. _
En Galicie, la nouvelle de la prise de la forteresse de Lemberg par
l'armée
russe est officielle.
(Communiqué
de l'état-major du généralissime). - PETROGRAD, 4
septembre. -
Pour une offensive contre le front Lublin-Kholn, les forces
principales autrichiennes se développèrent sur la
ligne de bataille
Zavichost-Ianoff-Belgarai-Tomaschoff et Belz.
Dans le but de couvrir cette opération du
côté de
l'arrondissement militaire de Kieff, dans la région Est de
Bamberg, les
Autrichiens réunirent une deuxième
armée composée des 3ème, 11ème
, 12ème corps et
de 5 divisions de cavalerie.
Au moment où les troupes russes prirent l'offensive, la
concentration autrichienne n'était pas encore
achevée et la situation
topographique obligea l'ennemi à renforcer encore cette
armée des troupes des 7ème
, 13éme et 14ème corps, soit
au total 12 divisions et plusieurs brigades de landsturm.
Les troupes russes des régions de Loutsk, Doubno et
Proskouroff passèrent la frontière le 20
août, se dirigeant vers Lemberg, dans
le but de rompre la couverture autrichienne et d'agir contre le flanc
et les
derrières de l'ennemi.
Cette offensive fut embarrassée par les nombreux affluents
du Dniester qui coupent toutes les routes ; en outre, l'ennemi
disposait, sur
le Dniester, d'une série de fortifications
destinées à 1a défense des ponts et
qui lui permettaient de menacer le flanc gauche russe et les
communications
avec 1a Russie.
Du 17 août au 3 septembre, l'aile gauche russe parcourut 820
verstes en combattant tout 1e temps.
Le gros des forces ennemies, retranchées dans les puissantes
positions de Kamenka et de Kalitch, accepta le combat et fut battu
à plate
couture.
Dans une bataille acharnée, livrée du 31
août au 1er
septembre, dans la seule région de la Guilalipa
inférieure, où l'ennemi fut
enfoncé, les Autrichiens eurent 20.000 tués et
blessés. .
La retraite de l'armée ennemie, à la suite de la
défaite de
Lemberg, prit le caractère de fuite
désordonnée et de panique.
Les Russes prirent 300 canons, des convois et firent 10.000
prisonniers.
Le reste de 1a deuxième armée autrichienne n'a
plus aucune
valeur militaire.
Dès le 2 septembre, les troupes russes
s’approchèrent de
Lemberg, à une portée de canon, et les forts de
la ville n’arrêtèrent pas la
poussée.
Le, 2 septembre. Lemberg fut étroitement entouré
par les
troupes russes, et les Autrichiens l’abandonnèrent
dans une fuite hâtive.
Lemberg a une grande importance politique et administrative,
comme centre de la Galicie.
Sa prise est très grave au point de vue
stratégique, car
elle forme le nœud des routes conduisant sur 1e Dniester et
vers les derrières
des armées autrichiennes arrêtées
maintenant sur la ligne opposée de
Zamostis-Belz.
La prise de Lemberg donnera aux troupes russes la faculté de
rendre leur poussée encore plus intense.
(Communiqué
du bureau de la Presse du Ministère de la
Guerre). - BORDEAUX,
5 septembre. - A
notre aile gauche, l'ennemi parait négliger Paris pour
poursuivre une tentative
de mouvement débordant. Il a atteint La
Ferté-sous-Jouarre, dépassé Reims et
il
descend 1e long et à 1‘Ouest de
l’Argonne.
Cette manœuvre n'a pas plus atteint son but
aujourd’hui que
les jours précédents.
A notre droite, en Lorraine, dans les Vosges, le combat
continue pied à pied avec des alternatives diverses.
Maubeuge, violemment bombardé, résiste
vigoureusement.
(Communiqué
du Gouvernement militaire de Paris, 5 septembre,
15 heures. - L'ennemi poursuivant son large mouvement de conversion,
continue
de laisser le camp retranche de Paris sur sa droite et de marcher dans
la
direction du Sud-Est.
(Communiqués
officiels à la presse) - PARIS,
6 septembre, 15 heures. – Les troupes de
la défense avancée sur Paris ont pris, samedi, le
contact avec des forces adverses
paraissant couvrir, sur l’Ourcq, vers le Sud-Est, le
mouvement du gros de
l'aile droite allemande.
Le petit engagement qui en résulta a tourné
à notre
avantage.
PARIS, 6 septembre, 23
heures. - 1° A notre aile gauche, nos armées ont
repris contact, dans de bonnes
conditions, avec l'aile droite ennemie, sur les rives du Grand Morin.
2° Sur notre centre et à droite (Lorraine et
Vosges), on
continue à se battre.
Aucun changement à signaler.
3° A Paris, l'engagement qui s'est produit hier entre les
éléments de la défense
avancée et la flanc-garde de l'aile droite allemande a
pris aujourd'hui plus d'ampleur. Nous nous sommes avancés
jusqu'à l’Ourcq sans
rencontrer de grande résistance.
La situation des armées alliées parait bonne dans
son
ensemble.
4° Maubeuge continue a résister
héroïquement.
(Communiqué
officiel), _ PARIS.
7 septembre, 15 heures. - Une action générale est
engagée sur une ligne passant
par Nanteuil-le-Haudouin, Meaux, Sezanne, Vitry-le-François
et s'étendant
jusqu'à Verdun. Grâce à une action
très vigoureuse de nos troupes, puissamment
aidées par l'armée britannique, les troupes
allemandes qui s'étaient avancées,
avant-hier et hier, jusque dans la région de Coulommiers et
de La Ferté-Gaucher,
ont dû, dans la soirée d'hier, marquer un
mouvement de recul.
Les opérations
Austro-Russes. - Douze divisions de l'armée
autrichienne de Lemherg ont été
complètement détruites. Une seconde
armée autrichienne, opérant sur le front de
Krosno a Sodwopol (région de Lublin), a subi de
très grosses pertes. Elle se
tient, maintenant, sur la défensive et a, par endroits,
battu en retraite.

LES COMMUNIQUES
(Communiqué
officiel du 7 septembre, 23 heures). - A notre
aile gauche, les armées alliées ont
progressé sans que l’ennemi s'y soit
énergiquement opposé.
A notre centre (région de Verdun), alternatives
d’avance et
de recul.
A droite, la situation est inchangée; Dans les Vosges, nous
avons eu quelques succès partiels.
Les éléments de la défense
avancée de Paris ont livré, dans
le voisinage de l‘Ourcq, des combats dont l'issue nous a
été favorable.
L’héroïque
défense de Maubeuge.
- Le Ministre de la Guerre a adressé au gouverneur de
Maubeuge la dépêche
suivante :
« Au nom du Gouvernement de la République
et du pays
tout entier, j’envoie aux héroïques
défenseurs de Maubeuge et à sa vaillante
population, l'expression de ma profonde admiration. Je sais que vous ne
reculerez
devant rien pour prolonger la résistance
jusqu’à l’heure, que j'espère
prochaine, de votre délivrance. »
D'autre part, le commandant en chef a cité à
l’ordre du jour
des armées le gouverneur de Maubeuge pour sa belle
défense.
(Communique officiel du
8 septembre, 13 heures). - 1° A
l'aile gauche, les armées alliées, y compris les
éléments de la défense
avancée
de Paris, sont en progression continue, depuis les rives de l'Ourcq,
jusque
dans la région de Montmirail. L'ennemi se replie dans la
direction de la Marne.
Entre Meaux et Sezanne, les troupes franco-anglaises ont
fait de nombreux prisonniers, dont un bataillon d’infanterie,
une compagnie de
mitrailleuses et de nombreux caissons.
2° A notre centre, de violents combats se sont
livrés entre
La Fère-Champenoise, Vitry-le-François et la
pointe Sud de l’Argonne. Nous
n'avons été refoulés nulle part et
l'ennemi a perdu du terrain aux abords de Vitry-le-François,
où un mouvement de repli de sa part a
été nettement constaté.
3° A notre droite, une division allemande a attaqué,
sur l’axe
Château-Salins-Nancy, mais elle a été
repoussée au nord de la forêt de
Champenoux.
D'autre part, plus à l’Est, nos troupes ont repris
la crête
de Mandray et le col des Journaux.
4° Pas de modifications à la situation en Alsace.
Théâtre
d'opérations austro-russes.
- En Galicie. L’offensive russe contre les Autrichiens se
continue avec succès.
Malgré ses tourelles à coupoles
cuirassées et ses trois lignes de fortifications,
Nicolaïeff, au Sud de Lemberg, a été
pris par l'armée russe qui y a capturé 40 canons
et un grand nombre de munitions.
Les Autrichiens se retirent en abandonnant un nombre
considérable de canons de trains et de prisonniers.
La cavalerie russe est déjà sur les
crêtes des Karpathes.
La seconde armée autrichienne opérant dans la
région de Lublin
a été fortement éprouvée. A
l'Ouest de Krasnotow, un régiment entier, le
45éme,
s’est rendu en entier.
(Communiqué officiel du 8 septembre, 23 heures). - A
l’aile
gauche, les Allemands ayant franchi, dans leur mouvement de retraite,
le
Petit-Morin, se sont livrés, en vue de protéger
leurs communications, a de
violentes mais infructueuses attaques contre celles de nos forces qui
occupent
la rive droite de l’Ourcq.Nos alliés les Anglais
poursuivent leur offensive dans la
direction de la Marne.
Sur les plateaux au Nord de Sezanne, nos troupes
progressent, bien que péniblement.
A notre centre, de violents combats continuent avec des
alternatives d'avance et de recul partiels.
A notre aile droite, la situation est bonne en avant de
Nancy et dans les Vosges.
(Communiqué
officiel du 9 septembre. 15 heures}. - 1° A l’aile
gauche, bien que les Allemands aient renforcé leurs troupes,
la situation
demeure satisfaisante.
L'ennemi se replie devant l'armée anglaise.
2° Au centre, notre avance est lente, mais
générale.
A l'aile droite, aucune action de l'ennemi contre le
Grand-Couronné de Nancy.
Dans les Vosges et en Alsace, pas de modifications.
Sur tout le front, les Allemands semblent esquisser un
mouvement de retraite assez sensible. La situation
stratégique de nos troupes
paraît meilleure. Toutefois, il ne faut pas
préjuger du résultat final, la
bataille s'étendant sur plusieurs centaines de
kilomètres. D'autre part, il semble
que les Allemands éprouvent certaines difficultés
pour leur ravitaillement. En
résumé, il parait y avoir pour nos troupes une
progression générale.
Deux
drapeaux ennemis
sont pris. - Au cours des combats engagés aux bord
de l'Ourcq, deux
drapeaux ont été enlevés aux
Allemands. Ils furent apportés aujourd’hui au
quartier général de l’armée
de Paris.
Le général Gallieni a remis la
médaille militaire au
fantassin réserviste Guilmard, qui a conquis de vive force
un de ces drapeaux,
qui appartient au 36ème d'infanterie
des fusiliers de Magdebourg. Il
avait été, en 1870, décoré
de la Croix de Fer.
(Communiqué
officiel du 9 septembre, 23 heures). - A l'aile
droite, toutes les tentatives allemandes pour rompre celles de nos
troupes qui
se trouvent sur la rive droite de l’Qurcq ont
échoué.
L’armée anglaise a franchi la Marne.
L'ennemi a reculé d'environ quarante kilomètres.
Au centre et à l'aile droite, aucun changement notable.
(Communiqué
officiel du 10 septembre, 23 heures). - 1° A
l'aile gauche, les troupes anglo-françaises ont franchi la
Marne, entre La Ferté-sous-Jouarre,
Charly et Château-Thierry, poursuivant l'ennemi en retraite.
Au cours de sa progression, l'armée britannique a fait de
nombreux prisonniers et pris des mitrailleuses.
Depuis quatre jours que dure la bataille, les armées
alliées
ont, sur cette partie du théâtre des
opérations, gagné plus de soixante
kilomètres.
Entre Château-Thierry et Vitry-le-François, la
garde
prussienne a été rejetée au Nord des
marais de Saint-Gond.
L'action continue avec une grande violence dans la région
comprise entre le camp de Mailly et Vitry-le-François.
L'état moral et sanitaire de nos troupes reste excellent.
2° Au centre et à l‘aile droite, la
situation reste
stationnaire sur l’Ornain et en Argonne, où les
deux adversaires maintiennent
leurs positions.
Du côté de Nancy, l'ennemi a
légèrement progressé sur la
route de Château-Salins; par contre, nous avons
gagné du terrain dans la foret
de Champenoux.
Les pertes sont considérables de part et d'autre.
3° Aucune confirmation n'est parvenue jusqu'ici de la
nouvelle donnée par les journaux allemands de la chute de
Maubeuge.
Encore un drapeau
allemand. - Un nouveau drapeau allemand a
été apporté, ce soir, aux
Invalides. C'est le drapeau prussien du 94° d'infanterie. Il a
été pris
avant-hier, à trois kilomètres de Senlis, par M.
de Sonnois, capitaine
commandant au 5ème hussards. Le
drapeau, qui porte au centre l'aigle
allemand, est orné, à chaque angle, de la
couronne impériale. Sur la lance qui
surmonte la hampe est gravé le numéro du
régiment.
(Communiqué
officiel du 11 septembre, 15 heures). - La
bataille de la Marne du 8 au 10 septembre. - L'autorité
militaire française
s'est attachée à ne donner que des nouvelles
exactes, ainsi que nous l'avons
annoncé.
Une bataille est engagée depuis le 6 septembre, sur le front
s'étendant d'une façon
générale de Paris à Verdun.
Dès le début de l’action, l'aile droite
allemande, qui avait
atteint, le 6, la région au Nord de Provins
(armée commandée par le
général Von
Kluck), se voyait obligée de se replier devant la menace
d’enveloppement dont
elle était l'objet.
Par une série de mouvements habiles et rapides, cette
armée
parvenait à échapper a l'étreinte dont
elle était menacée et se jetait avec la
majeure partie de ses forces, contre notre aile enveloppante, au Nord
de la
Marne et à l’Ouest de l'Ourcq. Mais les troupes
françaises qui opéraient dans
cette région, puissamment aidées par la bravoure
de nos alliés anglais, infligèrent
à l'ennemi des pertes considérables et tinrent
bon le temps nécessaire pour
permettre à notre offensive de progresser par ailleurs.
Actuellement et de ce coté, l'ennemi est en retraite vers
l'Aisne et vers 1‘0ise ; il a donc reculé
de 60 à 75 kilomètres depuis
quatre jours.
Entre temps, les forces franco-anglaises qui opéraient au
Sud de la Marne n'ont pas cessé de poursuivre leur
offensive. Parties, les unes
de la région au Sud de la forêt de
Crécy, les autres de la région au Nord de
Provins et au Sud d'Esternay, elles ont débouché
de la Marne au Nord de Château-Thierry.
De violents combats ont été engagés
dès le début dans 1a
région de La Ferté-Gaucher, d‘Esternay
et de Montmirail.
La gauche de l'armée du général Von
Kluck, ainsi que l'armée
du général Von Bulow se replient devant nos
troupes.
C'est dans la région comprise entre les plateaux au Nord de
Sézanne et Vitry-le-François que se sont
livrés les combats les plus acharnés.
Là opéraient, outre la gauche de
l'armée de Bulow, l'armée
saxonne et une partie de l'armée commandée par le
prince de Wurtemberg.
Par de violentes attaques répétées,
les Allemands ont tenté
de rompre notre centre sans y parvenir.
Nos succès, sur les plateaux au Nord de Sézanne,
nous ont permis
à notre tour de passer à l'offensive et, au cours
de la nuit dernière, l'ennemi
a rompu le combat sur le front compris entre les marais de Saint-Gond
et la
région de Sommesous, pour se replier dans la
région immédiatement a l'Ouest de
Vitry-le-François.
Sur, l’Ornain, de même qu'entre l’Argonne
et la Meuse, où
opèrent les armées du prince de Wurtemberg et du
Kronprinz, le combat dure
encore avec des alternatives d'avance et de recul, mais sans grand
changement
dans la situation d'ensemble.
Ainsi, la première phase de la bataille de la Marne se
dessine en faveur des armées alliées puisque
l'aile droite allemande et le
centre sont actuellement en retraite.
A notre droite, la situation reste sans changement notable,
dans les Vosges et devant Nancy, que quelques pièces
allemandes à longue portée
ont essayé de bombarder.
La situation générale s'est donc
complètement transformée
depuis quelques jours, tant au point de vue stratégique
qu'au point de vue
tactique. Non seulement nos troupes ont arrêté la
marche des Allemands que
ceux-ci croyaient victorieuse, mais l'ennemi recule devant nous sur
presque
tous les points.
(Communiqué
officiel du 11 septembre. minuit) - A l'aile
gauche, notre succès s'accentue. Nos progrès ont
continué au Nord de le Marne
et dans la direction de Soissons et Compiègne.
Les Allemands nous ont abandonné de nombreuses munitions, du
matériel, des blessés et des prisonniers, Nous
avons pris un nouveau drapeau.
L'armée britannique s'empara de onze canons et d'un
matériel
important, et fit douze à quinze cents prisonniers.
Au centre, l'ennemi a cédé sur tout le front,
entre Sézanne
et Revigny.
Dans 1'Argonne, les Allemands n'ont pas encore reculé.
Malgré les efforts fournis par nos troupes au cours de ces
cinq journées de bataille, elles trouvent encore
l'énergie de poursuivre
l'ennemi.
A l'aile droite (Lorraine et Vosges), rien de nouveau.
Théâtre
des opérations
austro-russes. - L'armée autrichienne,
défaite a Lemberg, n'a pu reprendre
l'offensive, malgré des renforts importants. Elle est
rejetée sur un front
jalonné par Rawa, Ruska et le Dniester.
Les Russes assiègent la position fortifiée
Grodeck.
Une seconde armée autrichienne, attaquée aux
environs de
Tomaschow, a. été contrainte à la
retraite.
Théâtre
d'opérations
austro-serbes. - Les troupes serbes ont franchi la Save
à Chabatz et
Obrenovatz. En Bosnie, elles ont pris l'offensive vers Visegrad,
(Communiqué
officiel du 12 septembre, 15 heures). - 1° A
notre aile gauche, les Allemands ont entamé un mouvement de
retraite générale
entre l'Oise et la Marne.
Hier, 1eur front était jalonné par Soissons,
Braine, Fismes
et la montagne de Reims. Leur cavalerie semble
épuisée.
Les forces anglo-françaises, qui les poursuivent, n'ont
trouvé devant elles, dans la journée du,11, que
de faibles résistances.
2° Au centre et à notre aile droite, les Allemands
ont
évacué Vitry-le-Francois, où ils
s’étaient fortifiés, et le cours de 1a
Saulx.
Attaqués à Sermaize et à Revigny, ils
ont abandonné un
nombreux matériel.
Les forces allemandes occupant l’Argonne ont
commencé a
céder. Elles battent en retraite vers le Nord, par la
forêt de Belnoue.
En Lorraine, nous avons légèrement,
progressé. Nous occupons
la lisière Est de la forêt de Champenoux,
Rehainviller et Gerbeviller. Les
Allemands ont évacué Saint Dié.
Les peuples
héroïques.
- L'armée belge agit vigoureusement contre les troupes
allemandes qui observent
le camp retranché d’Anvers.
Les Serbes ont occupé
Semlin.
Nos généraux a l'honneur.
- A la demande du général Joffre, et sur la
proposition du Ministre de la
Guerre, le Gouvernement a décidé de
conférer la dignité de grand-croix de la
Légion d'honneur aux généraux Maunoury
et Dubail, et celle de grand-officier au
général Foch.
Les
communications
postales. - Le Conseil a pris des mesures pour
améliorer les communications
postales.
FELICITATIONS
PRESIDENTIELLES A L'ARMEE
BORDEAUX, 11
septembre. - M. Raymond Poincaré vient d'adresser
à M. Millerand 1a lettre
suivante :
« Mon cher Ministre,
Nos vaillantes armées ont, de nouveau, donné,
dans les
quatre dernières journées de combat, des preuves
éclatantes de leur bravoure et
de leur entrain.
L’idée stratégique que le
général commandant en chef avait
conçue avec tant de clairvoyance et
réalisée avec tant de sang-froid, de
méthode et de résolution, s'est traduite, dans
les opérations récentes, par une
tactique impeccable.
Loin d'être fatiguées par de longues semaines de
marches et
de batailles incessantes, nos troupes ont montré plus
d'endurance et de mordant
que jamais.
Avec 1e vigoureux concours de nos alliés anglais, elles ont
refoulé
l'ennemi à l’Est de Paris, et les brillants
succès qu‘el1es ont remportés, les
magnifiques qualités qu'elles ont
déployées sont 1e gage certain des victoires
définitives.
Je vous prie, mon cher Ministre, de vouloir bien transmettre
au général commandant en chef, aux officiers et
aux soldats, avec l’expression
émue de mon admiration et avec mes vœux les plus
ardents, les félicitations et
les encouragements du Gouvernement de la République
Croyez, mon cher Ministre, à mes sentiments affectueux et
dévoués. »
Raymond
Poincaré.
Le Ministre de la Guerre a transmis en ces termes, au
général Joffre, la lettre du Président
de la République :
« Mon cher Général,
j’ai reçu, et je suis heureux de vous transmettre,
en
saisissant cette occasion de vous renouveler l'expression de mes
félicitations
personnelles, la lettre suivante de M. le Président de la.
République. (Suit le
texte de la lettre.) M. le Président du Conseil a bien voulu
me demander de
joindre a cette manifestation si flatteuse du Chef de l’Etat,
l'expression des
vives félicitations du gouvernement de la
République tout entier. Croyez, mon
cher Général, à mes sentiments
d’affectueuses sympathies.
MILLERAND.
UNE PROCLAMATION DE
GEORGE V AUX COLONIES BRITANNIQUES
LONDRES, 11
septembre.
- La proclamation royale suivante vient d'être
adressée aux colonies
britanniques :
Durant les dernières semaines, tous les peuples de mon
empire, de la mère-patrie et des colonies, se sont mis en
mouvement avec
l'intention unanime de faire face pour repousser une agression sans
précédent
contre la civilisation et la paix du monde entier.
Je n’ai pas cherché un conflit
désastreux. Au contraire, ma
voix s'est toujours élevée en faveur de 1a paix.
Mes ministres ont fait tous
leurs efforts pour atténuer la tension et aplanir des
difficultés auxquelles
mon empire n'était pas intéressé.
Me serais-je tenu à l'écart, quand, en
dépit des traités
signés, auxquels mon empire est partie contractante, le sol
de la Belgique
était violé et ses villes
dévastées, et quand la nation
française était menacée
d'extinction !
J'aurais sacrifié mon honneur et voué
à la destruction la
liberté de mon empire et de l'humanité.
Je me réjouis que toutes les parties de mon empire aient
approuvé ma décision.
La Grande-Bretagne et l'empire considèrent comme un
héritage
commun le respect absolu de la parole donnée et des
traités signés par les rois
et peuples.
Mes peuples au-delà des mers ont montré qu'ils
approuvaient
la grave décision qu'il était
nécessaire de prendre, en me donnant leur appui
complet, et je suis fier de montrer au monde entier que les peuples des
colonies sont aussi déterminés que ceux du
Royaume-Uni à poursuivre une cause
juste jusqu'à ce qu'un résultat satisfaisant ait
été obtenu.
Ils ont ainsi démontré, malgré les
diversités des origines
et d'une façon complète, l'unité
fondamentale de l’Empire.
1.200 000 HOMMES EN
LIGNE
LONDRES, 11
septembre.
- A la Chambre des Communes, M. Asquith a déposé
un projet de résolution pour
augmenter de cinq cent mille hommes les effectifs de
l'armée.
Quand la guerre a éclaté, a-t-il dit, nous avions
quatre
cent mille hommes, y compris les réserves et les Colonies.
Le 5 août, j'ai propose une augmentation de cinq cent mille
hommes, ce qui portait le total a neuf cent mille hommes.
Au 10 septembre, le nombre des engagements atteignait
439.999.
Si le projet de résolution est voté, le pays sera
en
position de mettre en ligne un million deux cent mille hommes pour la
mère
patrie, à l'exclusion des territoriaux, de 1a
réserve nationale, et de la magnifique
contribution promise par les Indes et les autres colonies.
En ce qui concerne les crédits nécessaires, le
Premier a dit
qu'il est sûr que l’Assemblée les votera
sans hésitation quand besoin sera.
Il tient surtout à affirmer que ceux qui
répondent à l'appel
du pays à une époque critique seront
traités généreusement et peuvent
être
assurés qu'un confort absolu leur sera donné,
afin qu'ils puissent accomplir
plus facilement leur tâche patriotique dans une
armée magnifique, si digne de
sa tradition splendide, pendant la dernière quinzaine,
(Applaudissements
nourris).
Sir Bonard Law a assuré ensuite le Gouvernement de l'appui
de l'opposition.
ORDRE DU GENERAL EN
CHEF DES ARMEES
12 septembre.
La bataille qui se livre depuis cinq jours s'achève en une
victoire incontestable.
La retraite des première, deuxième et
troisième armées
allemandes s'accentue devant notre gauche et notre centre.
A son tour, la quatrième armée ennemie commence
à se replier
au nord de Vitry et de Sermaize.
Partout l'ennemi laisse sur place de nombreux blessés et des
quantités de munitions; partout on tait des prisonniers.
En gagnant du terrain, nos troupes constatent les traces de
l’intensité de la lutte et de l'importance des
moyens mis en œuvre par les
Allemands pour essayer de résister à notre
élan.
La reprise vigoureuse de l'offensive a déterminé
le succès,
Tous, officiers, sous-officiers et soldats, vous avez
répondu à mon appel ; tous vous avez bien
mérité de la patrie.
Signé :
Général JOFFRE
ORDRE DU GOUVERNEUR MILITAIRE DE
PARIS
« Le Gouverneur militaire de Paris est heureux de porter le
télégramme ci-dessus à la connaissance
des troupes sous ses ordres ; il y
ajoute ses propres félicitations pour l'armée de
Paris, en raison de la
participation qu'elle a prise aux opérations.
Il félicite aussi les troupes du camp retranché
de l'effort
qu'elles ont donné pendant cette période, effort
qui doit continuer sans
relâche.
Signé :
Général GALLIÉNI.
UN TELEGRAMME DU
GÉNÉRAL JOFFRE
BORDEAUX, 13
septembre. - Le Conseil des Ministres s'est réuni, dimanche
matin, sous la
présidence de M. Poincaré, M. Millerand, ministre
de la Guerre, a donné connaissance
au Conseil du télégramme suivant, reçu
le matin, du général Joffre :
« Notre victoire s'affirme de plus en plus
complète.
Partout" l’ennemi est en retraite ; partout les
Allemands abandonnent
des prisonniers, des blessés et du matériel.
Après les efforts héroïques
dépensés par nos troupes pendant
cette lutte formidable, qui a duré du 5 au 12 septembre,
toutes nos armées,
surexcitées par le succès,
exécutèrent une poursuite sans exemple par son
extension.
A notre gauche, nous avons franchi l’Aisne, en aval de
Soissons, gagnant ainsi plus de cent kilomètres en six jours
de lutte.
Nos armées, au Centre, sont déjà au
Nord de la Marne.
Nos armées de la Lorraine et des Vosges arrivent a 1a
frontière.
Nos troupes, comme celles de nos alliés, sont admirables de
moral, d'endurance et d'ardeur.
La poursuite sera continuée avec toute notre
énergie.
Le Gouvernement de la République peut être fier de
l'armée
qu'il a préparée.
Signé : JOFFRE.
LES COMMUNIQUES
(Communiqué officiel du 12 septembre, 23 heures). -
1° A
notre aile gauche, le mouvement général de
retraite des Allemands continue
devant les forces anglo-françaises qui ont atteint le cours
inférieur de l’Aisne.
2° De même, au centre, les armées
allemandes poursuivent
leur mouvement de retraite.
Nous avons franchi la Marne, entre Epernay et
Vitry-le-François.
A notre aile droite, l'ennemi a également entamé
aujourd'hui
son mouvement de recul, abandonnant la région autour de
Nancy.
Nous avons réoccupé Lunéville.
La poursuite de
l'ennemi après la bataille de la Marne. -
Malgré les fatigues occasionnées
par cinq jours de combats incessants, nos troupes poursuivent
vigoureusement
l'ennemi dans sa retraite générale.
Cette retraite parait plus rapide que n'avait été
sa
progression. Elle a été si
précipitée sur certains points que nos troupes
ont
ramassé dans les quartiers généraux,
notamment à Montmirail, des cartes,
documents, papiers personnels, abandonnés par l'ennemi,
ainsi que des paquets
de lettres reçues ou a expédier.
Partout, et entre autres dans la région de
Fromentières,
l'ennemi a abandonné des batteries d‘obusiers et
de nombreux caissons.
Les prisonniers donnent une impression marquée de
dénuement,
de surmenage et de découragement. Les chevaux sont
particulièrement harassés.
Intéressant
rapprochement. -
Le 6 septembre, le général commandant en chef les
armées
françaises adressait l'ordre du jour suivant à
ses troupes :
« Au moment où s'engage une bataille
d'où dépend le salut du
pays, il importe de rappeler a tous que le moment n'est plus de
regarder en
arrière ; tous les efforts doivent être
employés à attaquer et refouler
l'ennemi.
Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que
coûte,
garder le terrain conquis et se faire tuer sur place, plutôt
que de reculer.
Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut
être tolérée. »
On sait comment ces instructions ont été suivies
et 1e
brillant résultat obtenu.
Or, à l'entrée de nos troupes victorieuses
à
Vitry-le-François, on a trouvé, dans le local
où s'était installé
l'état-major
du 8
ème corps d'armée
allemand, l'ordre suivant, signé du
général-lieutenant Tulff von Tscheppe und
Weidenhach :
Vitry-le-François, 7 septembre, à 10 h 50.
Le but poursuivi par nos marches longues et pénibles est
atteint. Les principales forces françaises ont du accepter
le combat, après s'être
continuellement repliées.
Une grande décision est indiscutablement proche. Demain,
donc, la totalité des forces de l'armée
allemande, ainsi que toutes celles de
notre corps d'armée, devront être
engagées, sur toute la Ligne allant de Paris à
Verdun pour sauver le bien-être et l'honneur de
l’Allemagne.
J’attends de chaque officier et soldat malgré les
combats
durs et héroïques de ces derniers jours, qu'il
accomplisse son devoir
entièrement et jusqu'au dernier souffle. Tout
dépend du résultat de la journée
de demain. »
Ce rapprochement était
intéressant à faire. Il démontre que
les Allemands n’attachaient pas moins d'importance que notre
généralissime à
l'issue de la bataille de la Marne.
(Communique officiel du 13 septembre, 15 heures.) - 1° A
notre aile gauche, l'ennemi continue son mouvement de retraite. Il a
évacué
Amiens, se repliant vers l’Est.
Entre Soissons et Reims, les Allemands se sont retirés au
nord de la Vesle; ils n'ont pas défendu la Marne au Sud-Est
de Reims.
2° Au centre, l'ennemi, qui a perdu Revigny et
Brabant-le-Roi, tient encore dans le sud de l'Argonne.
3° A notre aile droite, les forces adverses qui
étaient sur
la Meurthe battent en retraite.
Outre Saint-Dié et Lunéville, nous avons
réoccupé Raon-l’Etape,
Baccarat, Reméreville, Nomeny et Pont-à-Mousson.
Succès
belge. -
L'armée belge a poussé une offensive vigoureuse
au sud de Lierre.
Grosse victoire russe.
- En Russie, la bataille engagée en Galicie depuis dix-sept
jours s'est terminée
par une grande victoire des armées russes.
Les Autrichiens sont en retraite sur tout le front, laissant
aux mains des Russes un grand nombre de prisonniers et un
matériel important.
LES COMMUNIQUES
(Communiqué officiel du 27 septembre, 23 heures). - Il se
confirme que dans la nuit du 25 au 26 et jusque dans la
journée du 27, nuit et
jour, les Allemands n'ont cessé de renouveler, sur tout le
front, des attaques
d'une violence inouïe, dans un ensemble qui dénote
des instructions du haut
commandement de chercher la solution de la bataille.
Non seulement ils n'y sont pas parvenus, mais, au cours de
l'action, nous avons pris un drapeau, des canons et fait de nombreux
prisonniers. Le drapeau a été enlevé
à
l’ennemi par 1e 24‘ régiment
d’infanterie
coloniale. Tous nos commandants d'armée signalent que le
moral
de nos troupes,
malgré les fatigues résultant de cette lutte
ininterrompue reste excellent, et
qu’i1s ont même du mal à les retenir
dans leur
désir d'aller aborder l'ennemi
abrité dans des organisations défensives.
(Communiqué officiel du 28 septembre, 15 heures). - Rien de
nouveau dans la situation générale.
Calme relatif sur une partie du front; toutefois, sur
certains points, notamment entre l’Aisne et
l’Argonne, l'ennemi a tenté de
nouvelles et violentes attaques qui ont été
repoussées.
(Communique officiel du 28 septembre. 23 heures). - A notre
aile gauche. – Les renseignements sur la situation sont
favonables.
Au centre. - Nos troupes ont supporté avec succès
de
nouvelles et très violentes attaques. Nous avons
avancé légèrement sur les
Hauts de Meuse.
Dans la Woëvre. - Un brouillard intense a suspendu, en fait,
les opérations.
A notre aile droite (Lorraine et Vosges). - Situation sans
changement.
(Communiqué officiel du 29 septembre, 15 heures). - A notre
aile gauche. -
Au nord de la Somme et entre la Somme et l'Oise, l'ennemi a
tenté, de nuit et de
Jour, plusieurs attaques qui ont été
repoussées; au nord de l’Aisne,
aucun changement.
Au centre. - En Champagne et à l'est de l’Argonne,
l'ennemi
s'est borné à de fortes canonnades. Entre
l’Argonne et la Meuse, légers progrès
de nos troupes, qui trouvent devant elles des positions fortement
organisées
sur les Hauts de Meuse.
Dans la Woëvre et à l’aile droite
(Lorraine et Vosges). -
Pas de modification notable.
D'une façon générale notre front est.
jalonné, de l'est a
l'ouest, comme il suit :
Région de Pont-à-Mousson, Apremont, la Meuse ;
Dans la, région de Saint-Mihiel : les hauteurs au nord de
Spada et la partie des Hauts de Meuse au sud-est de Verdun ;
Région de Varennes : le nord de Souain, la
Chaussée romaine
qui aboutit à Reims, les avancées de Reims
à Berry-au-Bac, les hauteurs dites
du Chemin des Dames sur la rive droite de l’Aisne. La ligne
se rapproche
ensuite de l’Aisne jusque dans la région de
Soissons. Entre Soissons et la forêt
de l’Aigle, elle comprend les premiers plateaux de la rive
droite de l’Aisne.
Entre 1’Oise et la Somme, elle passe par Ribécourt
(qui est
a nous), Lassigny (occupé par l’ennemi), Roye (a
nous), Chaulnes (à l’ennemi) ;
Au nord de la. Somme, elle se prolonge sur les plateaux
entre Albert et Combles.
Nous avons fait encore de nombreux prisonniers au cours de
la journée d’hier : ils appartiennent notamment au
VIIème corps actif, au Vllème
de réserve, aux Xème , XIIème ,
XVème et XIXème corps d'armée
allemands.
(Communiqué officiel du 29
septembre. 23 heures). – Rien de
nouveau dans la situation.
(Communiqué officiel du 30 septembre. 15 heures). - A notre
aile gauche. -
Au nord de la Somme, l’action continue a se
développer de
plus en plus, vers le nord. Entre l'Oise et l’Aisne, l'ennemi
a prononcé une
vigoureuse attaque sur Tracy-le-Mont, au nord-est de la forêt
de l’Aigle, et a
été repoussé avec de fortes pertes.
Au centre.
-
Accalmie sur le front qui s’étend de Reims
à la Meuse.
Entre Argonne et Meuse. - Nous avons légèrement
progressé.
En Woëvre. - Violents combats; nos troupes ont
avancé sur
plusieurs points, notamment à l’Est de
Saint-Mihiel.
A notre aile droite (Lorraine et Vosges). - Pas de modification.
En Galicie. - Les
tentatives de sortie de la garnison de Przemysl ont
échoué. Les armées
autrichiennes continuent à battre en retraite en
désordre, perdant de nombreux
prisonniers, des canons et du matériel.
Au col d'Ozsok (sud de Przemysl, dans les Carpathes). - Un
détachement russe a défait une brigade hongroise
et pénétré en Hongrie.
(Communiqué officiel du 30 septembre, 23 heures). - La
situation générale est satisfaisante. Aucune
modification sensible du front,
saut en Woëvre méridionale, où nous
avons occupé Seicheprey et poussé jusque
sur les pentes du Rupt-de-Mad.
(Communiqué officiel du 1
er octobre.
15 heures).
- Pas de modification dans la situation d'ensemble.
Nous avons progressé cependant à notre gauche, au
nord de la
Somme, et à notre droite, en Woëvre
méridionale.
(Communiqué officiel du 1
er octobre,
23 heures).
- Rien de particulier à signaler, sauf dans la
région de Roye, où une violente
action a heureusement tourné pour nous, et dans
l’Argonne, où nous avons fait
quelques progrès nouveaux.
L’impression générale reste
satisfaisante.
(Communiqué officiel du 2 octobre, 15 heures). - A notre
aile gauche. _
La bataille continue très violente, notamment dans la
région
de Roye, où les Allemands paraissent avoir
concentré des forces importantes.
L'action s'étend de plus en plus vers le nord ; le front de
combat se prolonge
actuellement jusque dans la région au sud d’Arras.
Sur la Meuse. - Les Allemands ont tenté de jeter,
près de
Saint-Mihiel, un pont qui a été
détruit cette nuit.
En Woëvre. - Notre offensive continue, elle progresse pas
à
pas, notamment dans la région entre Apremont et
Saint-Mihiel.
Sur tout 1e reste du front. - Il n'a été
tenté, de part et
d'autre, que des opérations partielles.
(Communiqué officiel du 2 octobre. 23 heures). - A notre
aile gauche. -
Un de nos détachements, qui débouchait
d’Arras, a légèrement
reculé, a l'est et au nord de cette ville.
Au nord de la Somme. - Nous avons progressé en avant
d’Albert.
Entre Roye et Lassigny - L'ennemi a prononcé de violentes
attaques qui se sont brisées contre notre
résistance.
Calme sur le reste du front. - On signale qu’aux abords de
Saint-Mihiel, il ne reste plus d’ennemis sur la rive gauche
de la Meuse.
(Communiqué officiel du 3 octobre, 15 heures). - A notre
aile gauche. -
L'action violente engagée depuis hier continue, en
particulier dans la région de Roye, où nous avons
repoussé toutes les attaques,
bien que, sur cette partie du front, l'ennemi ait
été renforcé par de nouveaux
prélèvements opérés sur le
centre de sa ligne.
Au centre. - Rien à signaler de Reims à
l’Argonne.
Dans l’Argonne. - Le XVIème corps allemand
(armée du
Kronprinz), qui avait essayé de se glisser dans le bois de
la Grurie, a été
refoulé au nord de la route Varennes-La
Harazée-Vienne-la-Ville.
En Woëvre. Dans les Hauts de Meuse. - Notre progression est
toujours lente, mais continue.
En Belgique.
_-
Les Allemands bombardent le front sud-est de la place
d’Anvers, sans avoir pu
obtenir encore d’effets considérables sur les
ouvrages ; ils ont prononcé
plusieurs attaques d'infanterie qui ont été
repoussées.
En Russie.
- Une
armée allemande, forte de quatre corps d'armée,
établie entre la frontière de
la. Prusse Orientale et le Niémen, a eu son aile gauche
rejetée sur Mariamplo
et Suwalki. Au centre, la ville d’Augustow a
été prise par les Russes. A l'aile
droite allemande la lutte continue autour de la place
d‘Ossowetz (entre Lyck et
Bjelostoc).
En Galicie.
- Les
arrière-gardes autrichiennes reculent en désordre
au-delà de la Vistule.
En Bosnie.
- Les
colonnes serbes et monténégrines
s’avancent sur Sarajevo.
(Communiqué officiel du_ 3
octobre, 23 heures). - Aucun
détail nouveau à signaler. L'impression
générale est favorable.
(Communiqué officiel du 4 octobre, 15 heures). - A notre
aile gauche. – Après avoir repoussé
toutes les attaques ennemies, nous avons
repris l'offensive sur plusieurs points ; sur les autres, nos positions
sont
sensiblement maintenues.
Au centre. - Rien à signaler jusqu'à
l’Argonne.
Dans l’Argonne, nous avons refoulé l'ennemi vers
1e nord.
Dans la Woëvre méridionale, nous progressons, mais
très
lentement.
A notre droite (Lorraine et Vosges). - Rien de nouveau.
(Communiqué officiel du 4 octobre. 23 heures). - A notre
aile gauche. – La lutte bat son plein dans la
région d’Arras, sans qu'aucune
décision n'ait été encore obtenue.
L'action a été moins violente entre la
vallée supérieure de l'ancre et la Somme et entre
la Somme et 1'Oise.
Nous avons progressé dans la région de Soissons;
où des
tranchées ont été prises.
Sur tout 1e reste du front, l’accalmie
déjà signalée
persiste.
En Woëvre. - Nous avons fait quelques progrès entre
Apremont
et la Meuse et sur le Rupt-de-Mad.
(Communiqué officiel du 5 octobre, 15 heures). - A notre
aile
gauche. – Au nord de l’Oise, la bataille continue
très violente et son résultat
reste indécis ; nous avons dû, sur certains
points, céder du terrain.
Sur le reste du iront. - Rien de changé.
En Russie.
- Après
une bataille qui a duré dix jours, l'armée
allemande qui opérait entre la
frontière de la Prusse orientale et le Niémen a
été battue sur toute la ligne
et effectue sa retraite en abandonnant un nombreux matériel.
Elle a complètement
évacué le territoire des gouvernements de Suwalki
et de Lomja.
(Communique officiel du 5 octobre, 23 heures). - La
situation générale est stationnaire.
A notre aile gauche. - L'action dure toujours.
Dans l’Argonne et sur les Hauts de Meuse. - Nous avons
repoussé des attaques de nuit et de jour.
Le grand-duc Nicolas a adressé au ministre de la guerre,
pour être communiqué au
général Joffre, un
télégramme annonçant la victoire
d’Augustow.
Le général Joffre a envoyé, en son nom
et au nom de l'armée
française, ses plus vives félicitations au
généralissime de l'armée amie et
alliée, pour sa victoire remportée, gage de
succès futurs.
(Communiqué officiel du 6 octobre. 15 heures) - A notre aile
gauche.- Le front prend une extension de plus en plus grande. Des
masses de
cavalerie allemande très importantes sont
signalées aux environs de Lille,
précédant des éléments
ennemis qui font un mouvement par la région nord de la
ligne Tourcoing-Armentières.
Autour d'Arras et sur la rive droite de la Somme, la
situation se maintient sensiblement. Entre la Somme et
l’Oise, il y a eu des
alternatives d'avance et de recul.
Près de Lassigny, l'ennemi a tenté une attaque
importante
qui a échoué. Sur la rive droite de
l’Aisne, au nord de Soissons, nous avons
avancé légèrement. Avec la
coopération très efficace de l'armée
britannique,
nous avons réalisé quelques progrès
dans la région de Berry-au-Bac.
Sur le reste du front, rien à. signaler.
En Belgique. - Les
forces belges qui défendent Anvers ont occupé
solidement la ligne de Rupel et
de la Nethe, contre laquelle les attaques allemandes ont
échoué.
(Communique officiel du 6 octobre, 23 heures). - Les
caractéristiques de la situation restent les
mêmes.
A notre aile gauche. - Au nord de l'0ise, action de plus en
plus violente.
Au centre. - Calme relatif.
Un peu de terrain a été gagné dans 1a
partie nord des Hauts
de Meuse.
(Communiqué officiel du 7 octobre, 15 heures).- A notre aile
gauche - La bataille continue toujours avec une grande violence. Les
fronts
opposés s'étendent jusque dans la
région de Lens-La Bassée, prolongée
par des
masses de cavalerie qui sont aux prises jusque dans la
région d’Armentières.
Sur‘ le front, depuis la Somme jusqu'à la Meuse,
rien à
signaler.
En Woëvre. - L'ennemi a tenté un nouvel effort pour
arrêter
nos progrès, mais ses attaques ont encore
échoué.
En Russie -
L'armée allemande, défaite à la
bataille d'Augustow, qui a duré du 25 septembre
au 3 octobre, tente d'arrêter la poursuite sur des positions
préparées le long
de la frontière de Wirballen à Lyck.
Les troupes russes continuent d'avancer et ont
pénétré, sur
plusieurs points, en Prusse orientale.
En résumé, l'offensive allemande, sur le
Niémen, s'est terminée
par un échec complet et des pertes très
considérables.
LA VISITE DU
PRESIDENT AUX QUARTIERS GENERAUX
Le 5 octobre, 1e Président
de la. République, accompagné du
président du Conseil et du ministre de la, guerre, a rendu
visite aux armées
sur le front. Le 7 octobre, il a visité 1e camp
retranché de Paris.
A l’issue de ces visites,
M. Poincaré a télégraphie à
M.
Millerand :
« Mon cher Ministre,
La visite que nous venons de rendre aux armées a
été
profondément émouvante.
Jamais ne se sont épanouies plus complètement que
dans la
guerre actuelle les impérissables vertus militaires qui ont
fait depuis de
longs siècles 1a force de notre race et la grandeur de notre
pays, et la vue de
ces troupes magnifiques, synthèse vivante de
l’énergie nationale, éveille dans
l'esprit les souvenirs les plus glorieux de notre histoire.
Elles ont autant d'endurance que de flamme, autant
d’opiniâtreté
que d’élan ; elles savent que la victoire ne sera
pas seulement le prix de la
bravoure, mais celui de la persévérance et de la
ténacité, et les nombreux
succès qu'elles ont déjà
remportés et qu'elles ont dus à une heureuse
alliance
de ces qualités diverses leur ont inspiré une
légitime confiance dans le triomphe
définitif.
Elles ont des officiers résolus, fiers eux-mêmes
de les
conduire au feu, sous les ordres de généraux qui
ont fait leurs preuves sur les
champs de bataille, et sous le commandement suprême d'un chef
dont la méthode
et l’impassibilité sont un objet d'admiration pour
tous ceux qui le voient à l’œuvre.
Je vous serais reconnaissant, mon cher Ministre, de vouloir
bien transmettre mes nouvelles et très vives
félicitations au général en chef,
aux commandants d'armées, aux commandants de corps,
à tous les officiers,
sous-officiers et soldats. Tous, ils servent la France avec le
même dévouement
; tous, ils méritent sa gratitude la plus ardente.
Croyez, mon cher Ministre, à mes sentiments les plus
dévoués.
Signé : POINCARE.
M. Millerand a
télégraphié au
général Joffre :
« Mon cher général,
Je suis heureux de vous communiquer la lettre que je viens
de recevoir de M le Président de la République et
qui exprime si éloquemment
les sentiments unanimes de la France.
Elle sera, j'en suis sûr, comme la visite même de
M. le
Président de la République et de M. 1e
président du Conseil, pour vos
admirables armées, et pour vous le plus précieux
des réconforts.
Vous voudrez bien, en la transmettant aux troupes placées
sous vos ordres, y joindre l'expression de mes plus vives
félicitations à mes
sentiments les meilleurs. »
Signé : MILLERAND.
M.
Poincaré a d'autre
part, télégraphié à. M.
Millerand :
Paris, 7 octobre 1914.
« Mon Cher Ministre,
La tournée que nous venons de faire dans le camp
retranché
de Paris nous a permis d'apprécier les excellentes mesures
qu’a prises le
général Galliéni pour assurer plus
complètement la défense éventuelle de
la Capitale
; je vous serais obligé de lui exprimer de nouveau mes
meilleures
félicitations.
Croyez, mon Cher Ministre, à mes sentiments
dévoués.
Signé : POINCARÉ.
M. Millerand a
télégraphie au général
Galliéni : Paris. 7
octobre.
« Mon cher Gouverneur,
Je suis heureux de vous communiquer la lettre que je viens
de recevoir de M. le Président de la République.
Vous voudrez bien, en la
transmettant aux troupes solides et entraînées que
nous avons admirées ce
matin, y joindre l'expression de nos félicitations
personnelles.
Croyez, mon cher Gouverneur, à mes sentiments les meilleurs.
Signé
: MILLERAND.
Après sa visite
à l’armée anglaise, le
président de la
République a adressé au roi
d’Angleterre, le télégramme suivant :
« A Sa Majesté le roi George V, roi de
Grande-Bretagne
et d’Irlande, Londres.
En quittant 1e quartier général
français, j'ai eu le grand
plaisir de rendre visite aujourd'hui au maréchal French, au
quartier général
anglais et aux vaillantes troupes britanniques.
Je saisis cette agréable occasion de renouveler à
votre
Majesté mes plus cordiales félicitations, et 1e
lui serais reconnaissant de
bien vouloir les transmettre à la belle armée qui
combat fraternellement aux côtés
des Français.»
Signé : Raymond POINCARÉ.
Le roi d’Angleterre a
répondu au Président :
Monsieur le Président de la République
Française, France.
« Je vous remercie cordialement, de vouloir bien
m’informer
de la visite que vous avez eu l’amabilité de faire
au quartier général de mon
armée en France.
Je transmettrai avec plaisir votre message de félicitations
à
mes troupes, qui sont fières de combattre côte
à côte avec la vaillante armée
française.
Signé : GEORGE V.
LES COMMUNIQUES
(Communique officiel du 7 octobre, 23 heures). - Saut aux
deux ailes, où les attaques allemandes ont
été repoussées, le calme a
été à peu
près complet sur le front.
A notre aile gauche. - La cavalerie allemande a
été
maintenue au nord de Lille, où elle avait
été refoulée.
Entre Chaulnes et Roye. - Le terrain précédemment
cédé a été
repris.
Au centre. - Nous avons avancé sur certains points.
A notre aile droite. - Rien à signaler.
(Communiqué officiel du 8 octobre, 15 heures). -.A notre
aile gauche. – Dans 1a région du nord, l'ennemi
n'a progressé nulle part et a
reculé sur certains points, particulièrement au
nord d’Arras, où l'action se
déroule dans de bonnes conditions pour nous.
Les opérations des deux cavaleries se développent
jusqu'à la
mer du Nord.
Entre la Somme et l’Oise, dans la région de Roye,
l'ennemi
est toujours en force, mais nous avons repris la majeure partie des
positions
que nous avions dû céder.
Au nord de l’Aisne, la défensive des troupes
allemandes
semble diminuer.
Au centre. - Entre Reims et la Meuse, rien à signaler.
Sur les Hauts de Meuse, entre Verdun et Saint-Mihiel,
l'ennemi a reculé au nord
d’Hatonchâtel ; il tient toujours
Saint-Mihiel
et quelques positions au nord de cette ville sur la rive droite de la
Meuse.
En Woëvre. - Les attaques violentes tentées par
l'ennemi à l’ouest
d’Apremont ont échoué.
A l’Aile droite (Lorraine et Vosges). - Pas de modifications.
En Russie.
- Sur
le front de la Prusse orientale, l’offensive russe continue ;
des combats très
vifs se livrent sur la frontière, à l'ouest de
Suwalki.
(Communiqué officiel du 8
octobre. 23 heures). - Dans l’ensemble,
la situation est stationnaire. Les positions occupées
demeurent les mêmes,
malgré quelques violents combats, notamment dans la
région de Roye.
(Communiqué officiel du 9 octobre, 15 heures). - La
situation générale n’a pas subi de
modification.
A notre aile gauche. - Les deux cavaleries opèrent toujours
au nord de Lille et de La Bassée, et la bataille se poursuit
sur la ligne
jalonnée par les régions de Lens, Arras,
Chaulnes, Roye et Lassigny.
Au centre. - De l‘Oise à la Meuse, on ne signale
que des
actions de détail.
A notre droite. - En Woëvre, il y a eu lutte d'artillerie
sur tout le front.
En Lorraine, dans les Vosges et en Alsace. - Pas de
changement.
En Bosnie.
- Les
troupes montenegrines ont continué leur marche, dans la
direction de Sarejevo,
jusqu’à la ligne fortifiée qui
protège la ville à une distance de huit
kilomètres.
(Communique officiel du 9 octobre, 28
heures). - Rien de
nouveau à signaler, sinon une vive action dans la
région de Roye, où, depuis
deux jours, nous avons fait 1600 prisonniers.
(Communiqué officiel du 10 octobre, 15 heures). –
L’action
continue dans des conditions satisfaisantes ; tout notre front
de combat a
été maintenu malgré de violentes
attaques de l'ennemi sur plusieurs points.
A notre aile gauche. - Dans la région comprise entre La
Bassée, Armentières et Cassel, les combats
engagés entre les cavaleries
opposées ont été assez confus, en
raison de la nature du terrain.
Au nord de 1'Oise, nos troupes ont marqué de
réels avantages
sur plusieurs parties de leurs zones d'action.
Dans la région de Saint-Mihiel, nous avons fait des
progrès
sensibles.
En Belgique.
- On
annonce qu'Anvers a été pris hier, sans qu'on
connaisse actuellement les
conditions dans lesquelles cette place aurait été
enlevée par l'ennemi.
En Russie
- Des
combats très vifs continuent sur la frontière de
la Prusse orientale, où les
troupes russes ont eu des succès partiels ; elles ont
occupé la ville de Lyck.
Le siège de Przemysl se poursuit dans des conditions
favorables pour les Russes,
qui ont pris d'assaut un des forts de la ligne principale.
(Communiqué officiel du 10
octobre. 23 heures). - Les
renseignements arrivés ce soir du Grand Quartier
général ne nous signalent que
des contacts entre les deux cavaleries, au sud-ouest de Lille, une
violente
action au sud, à, l'est et au nord d’Arras, et de
très vives attaques de
l'ennemi sur les Hauts de Meuse.
(Communique officiel du 11 octobre, 15 heures). - A notre
aile gauche. – La cavalerie allemande, qui s'était
emparée de certains points
de passage sur la Lys, à l'est d'Aire, en a
été chassée dans la journée
du 10
et s'est retirée, dans 1a soirée, dans la
région d’Armentières.
Entre Amas et l'Oise, l'ennemi a attaqué très
vivement, sur
la rive droite de l’Ancre, sans réussir a faire
des progrès.
Au centre. - Entre l’Oise et Reims, nos troupes ont
légèrement progressé au nord de
l’Aisne, notamment dans la région au nord-ouest
de Soissons.
Entre Craonne et Reims, les attaques allemandes,
exécutées
la nuit, ont été repoussées.
De Reims à la Meuse, rien a signaler.
En Woëvre, les Allemands ont prononcé de
très violentes
attaques dans la région d’Apremont, à
l'est de Saint-Mihiel, au cours de la
nuit du 9 au 10 et dans la journée du 10. Apremont, pris et
repris, est resté
entre nos mains.
A notre aile droite (Lorraine, Alsace, Vosges). - Rien à
signaler.
En résume, partout nous avons conservé toutes nos
positions.
En Russie.
- Les
combats continuent avec les arrière-gardes allemandes. Au
sud-est de Wirballen
et sur les lignes des lace, a l'ouest lie Suwalki.
(Communiqué officiel du 11 octobre, 23 heures). - Aucun
détail nouveau à signaler, sauf la prise d'un
drapeau près de Lassigny.
L'impression de la journée est satisfaisante.
(Communiqué officiel du 12 octobre, 15 heures). - A notre
aile gauche. – Les actions de cavalerie continuent dans la
région de La Bassée-Estaires-Hazebrouck.
Entre Arras et 1’Oise, l'ennemi a tenté plusieurs
attaques
qui ont échoué, notamment entre Lassigny et Roye.
Au centre. - Nous avons marqué quelques progrès
sur les
plateaux de la rive droite de l’Aisne, en aval de Soissons,
ainsi qu'à l'est et
au sud-est de Verdun.
A notre aile droite. - Dans les Vosges, l'ennemi a attaqué
de nuit, dans la région de Bande-Sapt, au nord de
Saint-Dié ; il a été
repoussé.
Le drapeau pris hier, près de Lassigny, appartient au
6°
régiment d'infanterie actif poméranien n°
49 du IIème corps d'armée prussien.
La brigade des fusiliers marins a été
engagée pendant toute
la journée du 9, et 1a nuit du 9 au 10 contre des forces
allemandes qu'elle a
repoussées en leur infligeant de fortes pertes : 200
tués, 50 prisonniers. Les
pertes françaises sont de 9 tués. 39
blessés, 1 disparu.
En Belgique.
-
D'après les derniers renseignements reçus sur
Anvers, les Allemands n'occupent
encore que les faubourgs de la ville, les 24 forts des deux rives de
l’Escaut
résistent énergiquement.
En Russie. - La
lutte continue toujours avec acharnement, sur les frontières
de la Prusse
Orientale. Au nord-ouest de Lyck, les Allemands battent en retraite en
détruisant les ponts.
Dans la Pologne Méridionale, entre Ivangorod et Sandomir,
des combats d'artillerie sont engagés avec les colonnes
ennemies qui atteignent
la Vistule.
(Communiqué officiel du 12
octobre, 23 heures.) - Aucun renseignement
de détail. De violentes attaques sont signalées
sur le front. Sur beaucoup de
points, nous avons gagné du terrain ; nulle part, nous n'en
avons perdu.
LE GOUVERNEMENT
BELGE EN FRANCE
BORDEAUX, 13
octobre.
- Le gouvernement belge ne trouvant plus, sur son territoire, toute la
liberté
nécessaire au plein exercice de son autorité, a
demandé l’hospitalité à la
France, et a manifesté son désir de transporter
au Havre sa résidence.
Le gouvernement de la République a aussitôt
répondu que, de
même qu'il confond dans sa sollicitude l'armée
belge avec l'armée française,
c'est de tout cœur qu'il recevra, au Havre, le gouvernement
du roi à qui il
assurera, avec la plénitude de ses droits souverains, le
complet exercice de
l'autorité et des devoirs gouvernementaux.
M. Augagneur, ministre de la Marine, a quitté Bordeaux se
rendant au Havre, où il recevra les ministres belges et
procédera à leur
installation.
Le transfert dans la ville du Havre du gouvernement belge et
des membres du corps diplomatique accrédités
auprès de lui constitue un
événement dont il est superflu de souligner
l'importance.
Ainsi que l'indique le communiqué officiel, le gouvernement
français a pris toutes les mesures nécessaires
pour que l'installation des
ministères belges eut lieu dans les meilleures conditions et
que le service de
leurs départements respectifs fut complètement
assuré.
Seul des membres du Cabinet belge, le ministre de la Guerre
ne s‘est pas rendu au Havre et est resté
provisoirement avec le roi Albert.
Ce transfert soulève des questions de droit international
qui ont été naturellement résolues de
manière à donner complète satisfaction
à
nos alliés.
Le gouvernement belge jouira de l’exterritorialité
et aura,
en matière télégraphique, la franchise
et la priorité.
Il bénéficiera, en somme, des mêmes
droits que ceux donnés
au Saint-Siège par l’Italie dans les lois de
garanties.
UNE PROCLAMATION DU
GOUVERNEMENT BELGE
LE HAVRE, 14
octobre.
- Le gouvernement du roi des Belges, en quittant la Belgique, a fait
afficher
la proclamation suivante :
« Concitoyens,
Depuis près de deux mois et demi, au prix d'efforts
héroïques, les soldats belges défendent
pied à pied le sol de la Patrie. L'ennemi
comptait bien anéantir notre armée à
Anvers, mais une retraite dont l'ordre et la
dignité ont été
irréprochables, a déjoué cet espoir et
nous a assuré la
conservation de forces militaires qui continueront a lutter sans
trêve pour la
plus juste et la plus belle des causes.
Dès maintenant, ces forces opèrent vers notre
frontière du
Sud, où elles sont appuyées par les
Alliés.
Grâce à cette valeureuse coopération,
la victoire du droit
est certaine. Toutefois, aux sacrifices déjà
acceptés par la nation belge, avec
un courage qui n’a d'égal que leur
étendue, les circonstances du moment
ajoutent une nouvelle épreuve.
Sous peine de servir les desseins de l'envahisseur, il
importe que le Gouvernement belge rétablisse provisoirement
son siège dans un
endroit où il puisse, en contact avec notre armée
d'une part, avec la France et
l’Angleterre d'autre part, poursuivre l'exercice et assurer
la continuité de la
souveraineté nationale.
C'est pourquoi il quitte aujourd’hui Ostende avec le
souvenir reconnaissant de l'accueil que cette ville lui a fait.
Il s'établira provisoirement au Havre où la noble
amitié du
Gouvernement de la République française lui
offre, en même temps que la
plénitude de ses droits souverains, le complet exercice de
son autorité et de
ses devoirs.
Concitoyens,
Cette épreuve momentanée, à laquelle
notre patriotisme doit
se plier, aura, nous en sommes convaincus, sa prompte revanche. Les
services
belges continueront à fonctionner dans toute la mesure ou
les circonstances
locales le leur permettront.
Le Roi et le Gouvernement comptent sur la sagesse de votre
patriotisme. De votre coté, comptez sur notre entier
dévouement, sur la
vaillance de notre armée et le concours des
Alliés pour hâter l'heure de la
délivrance commune.
Notre chère Patrie, si odieusement trahie et
traitée par une
des puissances qui avaient juré de garantir sa
neutralité, a suscité, une
admiration croissante dans le monde entier.
Grâce à l'union, au courage et à la
clairvoyance de tous ses
enfants, elle demeurera digne de cette admiration qui la
réconforte
aujourd'hui. Demain, elle sortira de ces épreuves plus
grande et plus belle
ayant souffert pour la justice et pour l'honneur même de la
civilisation.
Vive la Belgique libre et indépendante !
(Signé par tous les
ministres).
LES COMMUNIQUES
(Communiqué officiel du 13 octobre, 15 heures.) - A notre
aile gauche. – Nos forces ont repris l'offensive, dans les
régions d’Hazebrouck
et de Béthune, contre des éléments
ennemis composés, en majeure partie, de
cavalerie, venant du front Bailleul-Estaires-La Bassée.
La ville de Lille, tenue par un détachement territorial, a
été attaquée et occupée par
un corps d'armée allemand.
Entre Arras et Albert, nous avons fait des progrès
marqués.
Au centre. - Nous avons progressé dans la région
de
Berry-au-Bac et avancé légèrement,
vers Souain, a l’ouest de l’Argonne et au
nord de Malancourt (entre Argonne et Meuse). Sur la rive droite de la
Meuse,
nos troupes, qui tiennent les Hauts de Meuse, à l'est de
Verdun, ont avancé au
sud sur la route de Verdun à Metz.
Dans la région d’Apremont, nous avons
gagné un peu de
terrain à notre droite et repoussé une attaque
allemande à notre gauche.
A notre aile droite (Vosges et Alsace). - Pas de changement.
En résumé, la journée d'hier a
été marquée par un progrès
sensible de nos forces sur divers points du champ de bataille.
En Galicie.
- Les
corps autrichiens, battus en Galicie, tentent de se reformer a 40
kilomètres à
l'ouest de Przemysl.
(Communiqué officiel du 13
octobre, 23 heures.) - Rien à
signaler, sinon une avance assez notable dans la région de
Berry-au-Bac.
(Communiqué officiel du 14 octobre. 15 heures.) - En
Belgique. - Dans la région de Gand, quelques engagements ont
eu lieu dans la
nuit du 12 au 13 et dans la journée du 13. Des troupes
anglo-françaises ont occupé
Ypres.
A notre aile gauche. - Jusqu'à 1'Oise, les
opérations se
poursuivent normalement.
Au centre. - Les progrès de nos armées, dans la
région de
Berry-au-Bac et de Craonne, sont confirmés.
A notre aile droite. - Rien de nouveau.
Un démenti formel aux:
Allemands. - Bien que nous n'ayons pas l'habitude de relever
les
inexactitudes de la presse allemande, il nous parait utile de
dénoncer la
fausse nouvelle publiée par certains journaux allemands sur
la prétendue destruction
de deux divisions de cavalerie française.
Ca renseignement est complètement faux.
La vérité est que des forces de cavalerie
française et
allemande, avec des soutiens, sont engagées depuis plusieurs
jours sur le front
La Bassée-Estaires-Bailleul.
La cavalerie allemande a pu progresser, très
légèrement du
reste, entre le canal de La Bassée et la Lys, mais elle a
été obligée de se
replier au Nord de la Lys.
Les pertes de la cavalerie allemande sont certainement au
moins aussi sensibles que les nôtres.
Une de ses divisions a particulièrement souffert, parce
qu'elle a pu être poursuivie pendant toute une
journée par nos, aviateurs, qui
n'ont cessé de lui lancer des bombes.
De même, les Allemands annoncent qu'ils procèdent
à.
l'investissement de Verdun.
Là encore, pour connaître la
vérité, il suffit de se
reporter à la situation définie par les
communiques français.
Les Allemands ne sont même pas arrivés, jusqu'ici,
à se
heurter directement à la place de Verdun.
Ils ont fait deux tentatives infructueuses pour essayer
d’envelopper,
à grande distance, nos forces qui opèrent autour
de cette place ; l'une de ces
tentatives a été marquée par leur
essai de progresser dans la foret de l’Argonne,
entre Binarville et Varennes.
On se rappelle qu'elle a échoué avec des pertes
très
importantes. Nous n'avons même pas annoncé que
deux bataillons allemands y
avaient été anéantis.
L'autre effort allemand, tenté avec des effectifs d'ailleurs
beaucoup plus importants, a été de franchir la
Meuse dans la direction de
Saint-Mihiel.
Si les Allemands ont pu atteindre cette rivière, sur le
front Maizoy-Chauvoncourt, tous leurs efforts pour déboucher
ont échoué, les
Allemands s'étant trouvés pris de flanc par
celles de nos troupes qui s’avançaient
du Sud au Nord, dans la partie méridionale des Hauts de
Meuse et par la Wœvre
méridionale.
(Communiqué officiel du 14
octobre. 23 heures.) - Les
renseignements, d'ailleurs très
généraux, reçus ce soir, n'indiquent
aucune
modification de la situation.
(Communiqué officiel du 15 octobre, 15 heures). -
En Belgique. - Des troupes allemandes,
venant d’Anvers, se sont mises en marche vers l'ouest et ont
atteint, dans la
soirée du 14, la région de Bruges et de Thielt.
A notre aile gauche. - L'ennemi a évacué la rive
gauche de
la Lys.
Entre la Lys et le canal de La Bassée, 1a situation est
stationnaire.
Dans la région de Lens et entre Arras et Albert nos
progrès
ont été notables.
Entre la Somme et l’Oise, aucun changement : les
Allemands ont canonné notre ligne sans nous prononcer
d’attaque d'infanterie.
Au centre. - Entre l‘Oise et la Meuse, nous avons
avancé
vers Craonne, au nord-est de la route de Berry-au-Bac à,
Reims, et au nord de
Prunay. Dans la direction de Beine, plusieurs tranchées
allemandes ont été
enlevées.
Entre Meuse et Moselle, après avoir repoussé,
dans la, nuit
du 13 au 14, des attaques au sud-est de Verdun, nos troupes ont
progressé le
14, au sud de la route de Verdun à Metz.
A notre aile droite. - L'offensive partielle prise par les
Allemands, dans le Ban-de-Sapt, au nord de Saint-Dié, a
été définitivement
enrayée.
En Russie.
- Les
combats se poursuivent sur le front à partir de la
région de Varsovie, 1e long
de la Vistule et du San, jusqu'à Przemysl et, plus loin,
vers le sud, jusqu'au
Dniester. Aucun changement en Prusse Orientale.
(Communique officiel du 15 octobre,
23 heures). - Les
nouvelles de la journée indiquent des gains sur plusieurs
points : à l'aile
gauche, au nord de la Lys, où nous avons pris
Estaires ; au centre, au
nord et à l'est de Reims, où nous avons
progressé de près de 2 kilomètres ;
sur
les Hauts de Meuse et dans la Woëvre, au sud de Saint-Mihiel
et près de
Marcheville.
(Communiqué officiel du 16 octobre, 15 heures). - Les
progrès indiqués dans le communiqué
d'hier soir sont confirmés.
A notre aile gauche. - L'action des forces alliées
s'étend de
la. région d’Ypres à la mer.
En Russie.
- Sur
la rive gauche de la Vistule, dans la journée du 13, les
troupes russes ont
refoulé les attaques allemandes dirigées sur
Varsovie et Ivangorod. Un combat
est engagé au sud de Przemysl.
(Communiqué officiel du 16 octobre, 23 heures). - A notre
aile gauche. - L'action a continué avec vigueur ; partout
nous tenons. Nous
avons gagné du terrain sur certains points et
occupé, notamment, Laventie, à
l'est d’Estaires, dans la direction de Lille.
Aucun incident notable à signaler sur les autres parties du
front, sauf une attaque infructueuse des Allemands dans la
région de Malancourt,
au nord-ouest de Verdun.
(Communiqué officiel du 17 octobre, 15 heures). -
En Beigique. - Les troupes allemandes
occupant la Belgique Occidentale n'ont pas
dépassé la ligne Ostende-Thourout-Roulers-Menin.
Calme relatif sur la majeure partie du front.
A notre aile gauche. - Pas de modification dans la région
d'Ypres. Sur la rive droite de la Lys, les troupes alliées
ont occupé Fleurbaix,
ainsi que les abords immédiats
d’Armentières.
Dans la région d’Arras et dans celle de
Saint-Mihiel, nous
avons continué à gagner du terrain.
En Russie. - Aucun
changement notable sur le front de la Prusse Orientale.
Sur le cours moyen de 1a Vistule, les armées
austro-allemandes
ont été réduites à 1a
défensive. Sur tout 1e front, au sud de Przemysl, les
combats
continuent. Les Russes ont fait 500 prisonniers.
(Communiqué officiel du 17
octobre, 23 heures). - A notre
aile gauche. – Les progrès continuent. Les troupes
britanniques se sont emparées
de Fromelles, au sud-ouest de Lille. Sur Le canal d'Ypres à
la mer, nos
fusiliers marins ont repoussé une attaque allemande.
(Communiqué officiel du 18 octobre, 15 heures). -_
En Belgique. - L'armée belge a
vigoureusement
repoussé plusieurs attaques dirigées par les
Allemands contre les points de
passage de l’Yser.
A notre aile gauche. - Au nord du canal de La Bassée, les
troupes alliées ont occupé le mont
Givenchy-Iîlies-Fromelles et repris Armentières.
Au nord d’Arras. - La journée d'hier a
été marquée par une
avance sensible de notre part. Entre la région
d‘Arras et l’Oise nous avons
légèrement progressé sur certains
points.
Au centre et à notre aile droite. - Le situation est
stationnaire.
(Communiqué officiel du 18 octobre, 23 heures). - Dans la
nuit dernière deux violentes attaques ont
été tentées par les Allemands, au
nord et à l'est de Saint-Dié. Elles ont
été repoussées avec des pertes
sérieuses pour l'ennemi.
Aucun autre renseignement important n'est encore parvenu sur
les opérations de la journée d'hier.

Vous êtes le
ème visiteur.