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               Au jour le jour 1914                 

                 Extraits des communiqués du journal "Pendant la bataille"            

     

Arrière grand-père Le grand-père de Papy-Louis lisait, à partir du mois d'août 1914, le journal "Pendant la Bataille". Puis, dès que la famille a commencé à être durement touchée, il a, semble-t-il, arrêté de lire ou au moins de conserver les exemplaires.
Je vous livre les communiqués des premiers mois de guerre. Ils sont particulièrement intéressants pour la compréhension de l'enchaînement des premières provocations, alliances et ensuite des premiers combats.

Pendant la bataille 1914 Pendant la bataille 1914 Pendant la bataille 1914 Pendant la bataille 1914 Pendant la bataille 1914 Pendant la bataille 1914 Pendant la bataille 1914 Pendant la bataille 1914
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Pendant la bataille 1914 N° 9 Pendant la bataille N° 10 1914 manquant  manquant Pendant la bataille 1914 Pendant la bataille 1914 Pendant la bataille 1914 fin
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Joffre

LA MOBILISATION ALLEMANDE

 

Berlin, 31 juillet (4 h. 1/2). – I’Empereur, conformément a l'article 68 de la constitution de l’Empire a décrété l'état dit de menaces «  militaires »
Pour la Bavière, une ordonnance semblable est prise.
L'état concerne toutes les mesures militaires à la frontière et la protection des chemins de fer, la restriction du service postal et télégraphique et des chemins de fer au profit des besoins militaires.
Il en résulte aussi la déclaration de l'état de guerre, qui équivaut à l'état de siège en Prusse avec défense de publier des nouvelles sur les mouvements de troupes et sur les moyens de défense.
Cet état comporte en soi-même l'état de siège.

 

ORDRE DE MOBILISATION GENERALE EN FRANCE

Samedi 1er août.

Par décret du Président de la République, la mobilisation des armées de terre et de mer est ordonnée ainsi que la réquisition des animaux. voitures et harnais nécessaires au complément de ces armées.
Le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août. Tout Français soumis aux obligations militaires, doit, sous peine d'être puni avec toute la rigueur des lois, obéir aux prescriptions du fascicule de mobilisation (page coloriée placée dans son livret).
Sont visés par 1e présent ordre, tous les hommes présents sous les drapeaux et appartenant :
1° A l’armée de terre, y compris les troupes coloniales et les hommes du service auxiliaire ;
2° A l’armée de mer, y compris les inscrits maritimes et les armuriers de la marine.
Les autorités civiles et militaires sont responsables de l’exécution du présent  Décret.
LE MINISTRE DE LA GUERRE, LE MINISTRE DE LA MARINE.

 

PROCLAMATION DU PRESIDENT DE LAREPUBLIQUE

Samedi 1° août.

Depuis quelques jours, l'état de l‘Europe s'est considérablement aggravé. En dépit des efforts de la diplomatie, l'horizon s'est assombri. A l'heure présente, la plupart des nations ont mobilisé leurs forces; même des pays protégés par la neutralité ont cru devoir prendre cette mesure a titre de précaution.
Des puissances dont la législation constitutionnelle ou militaire ne ressemble pas à la notre ont, sans avoir pris un décret de mobilisation, commencé et poursuivi des préparatifs qui équivalent, en réalité, à la mobilisation même, et qui n'en sont que l'exécution anticipée.
La France, qui a toujours affirmé ses volontés pacifiques, qui a, dans des jours tragiques, donné à l’Europe des conseils de modération et un vivant exemple de sagesse, qui a multiplié ses efforts pour maintenir la paix du monde, s'est, elle-même, préparée a toutes les éventualités et a pris, dès maintenant, les premières dispositions indispensables à la sauvegarde de son territoire.
Mais notre législation ne permet pas de rendre ces préparatifs complets s'il n'intervient pas un décret de mobilisation.
Soucieux de sa responsabilité, sentant qu'il manquerait à un devoir sacré s'il laissait les choses en l'état, le Gouvernement vient de prendre le décret qu'impose la situation.
La mobilisation n'est pas la guerre. Dans les circonstances présentes, elle apparait, au contraire, comme le meilleur moyen d'assurer la paix dans l'honneur.
 
Fort de son ardent désir d'aboutir a une solution pacifique de la crise, le Gouvernement, à l’abri de ces précautions nécessaires, continuera ses efforts diplomatiques et il espère encore réussir.
Il compte sur le sang-froid de cette noble nation pour quelle ne se laisse pas aller à une émotion injustifiée. Il compte sur le patriotisme de tous les Français et sait qu'il n‘en est pas un seul qui ne soit prêt a faire son devoir.
A cette heure, il n'y a plus de partis, il y a la France éternelle, la France pacifique et résolue, il y a la patrie du droit et de la justice, tout entière unie dans le calme, la vigilance et la dignité.

 
LA REPONSE BELGE A L’ULTIMATUM ALLEMAND

 

Par sa note du 2 août 1914, le Gouvernement allemand a fait connaitre que, d'après des nouvelles sûres, les forces françaises auraient l’intention de marcher sur la Meuse, par Givet et Narnur, et que la Belgique, malgré sa meilleure volonté, ne serait pas en état de repousser sans secours les marches en avant des troupes françaises.
Le Gouvernement allemand s’estimerait dans l’obligation de prévenir cette attaque et de violer le territoire belge.
Dans ces conditions, l’Allemagne propose au Gouvernement du Roi de prendre, vis-à-vis d’elle, une attitude amicale et elle s'engage, au moment de la paix, à garantir l’intégrité du royaume et de ses possessions dans toute leur étendue.
La note du Gouvernement allemand ajoute que, si la Belgique fait des difficultés à la marche en avant des troupes allemandes, l’Allemagne sera obligée de la considérer comme ennemie et de laisser le règlement ultérieur des deux Etats, l'un vis-à-vis de l'autre, à la décision des armes.
Cette note a provoqué chez le Gouvernement du Roi un profond et douloureux étonnement. Les intentions qu'elle attribue à la France sont en contradiction formelle avec celles qui nous ont été faites le 1er août au nom du Gouvernement de la République. D’ailleurs, si, contrairement à cette note, une violation de la neutralité belge venait à être commise par la France, la Beigique remplirait tous ses devoirs internationaux et son armée s’opposerait à l’envahisseur avec la plus vigoureuse résistance.
Les traités de 1839 confirmés par ceux de 1870, consacrent l’indépendance et la neutralité de la Belgique, sous la garantie des puissances, et notamment du Gouvernement de S.M. le Roi de Prusse.
La Belgique a toujours été fidèle à ses obligations internationales. Elle a accompli ses devoirs dans un esprit de loyale impartialité. Elle n’a négligé aucun effort pour maintenir et faire respecter sa neutralité.
L’atteinte à son indépendance dont la menace le Gouvernement allemand constituerait une flagrante violation du droit des gens. Aucun intérêt stratégique ne justifie la violation du droit de neutralité.
Le Gouvernement belge, en acceptant les propositions qui lui sont notifiées, sacrifierait l’honneur de la nation en même temps qu’il trahirait ses devoirs vis-à-vis de l’Europe.
Conscient du rôle que la Belgique joue depuis plus de quatre-vingts ans dans la civilisation du monde, elle se refuse à croire que l’indépendance de la Belgique ne puisse être conservée qu’au prix de la violation de sa neutralité.  
Si cet espoir est déçu, le Gouvernement belge est fermement décidé à repousser, par tous les moyens en son pouvoir, toute atteinte à son droit.

 

MESSAGE PRESIDENTIEL AUX CHAMBRES

Mardi 4 août.

 

La France vient d'être l'objet d‘une agression brutale et préméditée, qui est un insolent défi au droit des gens. Avant qu‘une déclaration de guerre nous eut encore été adressée, avant même que l’ambassadeur d’Allemagne eut demandé ses passeports, notre territoire a été violenté. L’empire d’Allemagne n’a fait, hier soir, que donner tardivement le nom veritable à un état de fait qu'il avait déjà créé.
Depuis plus de quarante ans, les Français, dans un amour sincère de la paix,ont refoulé ou fond de leur cœur le désir des réparations légitimes. Ils ont donné au monde l’exemple d'une grande nation qui, définitivement relevée de la défaite par la volonté, par la patience et le travail, n'a usé de sa force renouvelée et rajeunie que dans l'intérêt du progrès et pour le bien de l'humanité.

Depuis que l'ultimatum de l’Autriche a ouvert une crise menaçante pour l’Europe entière, la France s'est attachée à suivre et à recommander partout une politique de prudence, de sagesse et de modération. On ne peut lui imputer aucun acte, aucun geste, aucun mot qui n'ait été pacifique et conciliant. A l'heure des premiers combats, elle a le droit  de se rendre solennellement cette justice, qu'elle a fait, jusqu'au dernier moment, des efforts suprêmes pour conjurer la guerre qui vient d’éclater et dont l'empire Allemand supportera, devant l'histoire, l'écrasante responsabilité.
Au lendemain même du jour ou nos alliés et nous, nous exprimions publiquement l'espérance de voir se poursuivre pacifiquement les négociations engagées près du cabinet de Londres, l’Allemagne a déclaré subitement la guerre à la Russie.
Elle a envahi le territoire du Luxembourg, elle a outrageusement insulté la noble nation belge, notre voisine et notre amie, elle a essayé de nous surprendre traîtreusement, en pleine conversation diplomatique.
Mais la France veillait. Aussi attentive que pacifique, elle s'était préparée et nos ennemis vont rencontrer sur leur chemin nos vaillantes troupes de couverture, qui sont à leur poste de bataille et à l'abri desquelles s'achèvera méthodiquement la mobilisation générale de toutes nos forces nationales.
Notre belle et courageuse armée, que la France accompagne aujourd'hui de sa pensée maternelle s'est levée toute frémissante pour défendre l'honneur du drapeau et le sol sacré de la patrie. Le Président de la République, interprète de l'unanimité du pays, exprime à nos troupes de terre et de mer l'admiration et la confiance de tous les Français. Etroitement unie en un même sentiment, la nation persévèrera dans le sang-froid dont elle a donné depuis l'ouverture de la crise, la preuve quotidienne. Elle saura, comme toujours, concilier les plus généreux élans et les ardeurs les plus enthousiastes, avec cette maîtrise de soi qui est le signe des énergies durables et la meilleure garantie de la victoire.
Dans la guerre qui s'engage, la France aura pour elle le droit dont les peuples non plus que les individus ne sauraient impunément méconnaître l'éternelle puissance morale; elle sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera, devant l'ennemi, l'union sacrée et qui sont aujourd'hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l'agresseur et dans une même foi patriotique.
Elle est fidèlement secondée par le Russie, notre alliée, elle est soutene par la loyale amitié de l’Angleterre et, déjà, de tous les points du monde civilisé viennent à elle les sympaties et les vœux, car elle représente aujourd'hui, une fois de plus, devant l’univers, la liberté, la justice et la raison.
Haut les coeurs et Vive la France ! ! !

LA DECLARATION DE GUERRE DE L’ANGLETERRE

 

LONDRES, lundi 4 août. - A la Chambre des Communes, dans la séance de lundi soir, sir Edward Grey a annoncé que l’Allemagne avait demadé à la Belgique, dimanche, à 7 heures du soir, qu'elle observe une neutralité amicale et permette aux troupes allemandes de traverser ses territoires, lui promettant de respecter l'indépendance de la Belgique après la conclusion de la paix et la menaçant de la traiter en ennemie en cas de refus.
L’Allemagne donnait à la Belgique douze heures pour répondre. La Belgique refusa, se disant fermement décidée à repousser l’agression par tous les moyens possibles.
Le Gouvernement anglais, a ajouté sir Edward Grey, prend en grave considération cette information.

LONDRES, mercredi 5 août. - Mardi soir, à 7 heures, M. Goschen ambassadeur d’Angleterre à Berlin, s'est rendu à la Wilhelmstrasse et a remis la déclaration de guerre de l’Angleterre au Ministre des Affaires étrangères, puis il a réclamé ses passeports.
 
LONDRES, 5 août. - La mobilisation de l'armée anglaise est signée, une ordonnance paraît au «Journal officiel ».

 

LA VIOLATION DE LA NEUTRALITE BELGE

 

BRUXELLES, 5 août. - Le journal « Le Vingtième Siècle » de Bruxelles, annonce que l’Allemagne a déclaré officiellement la guerre à la Belgique.

LONDRES, 5 août. - On annonce officiellement que les Allemands ont envahi la Belgique. Ils ont dynamité les ponts de la vallée de Vesdre.

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LA PROTESTATION DU LUXEMBOURG

 
Paris, 4 août. - M. Eyschen, ministre d’Etat du Luxembourg a adressé à M. Viviani, 1a protestation suivante :
« J’ai l'honneur de porter à la connaissance de Votre Excellence les faits suivants : Dimanche 3 août, de grand matin. les troupes allemandes, d'après des informations qui sont parvenues au gouvernement grand-ducal à l'heure actuelle, ont pénétré sur le territoire luxembourgeois par les ponts de Wasserbillig et de Remich, se dirigeant spécialement vers le Sud du pays et vers la ville de Luxembourg, capitale du grand-duché. Un certain nombre de trains blindés, avec des troupes et des munitions, ont été acheminés par la voie du chemin de fer de Wasserbillig à Luxembourg, où
l'on attend de les voir arriver d'un moment à l'autre.
Ces faits impliquent des actes manifestement contraires à la neutralité du grand-duché, garantie par le traité de Londres de 1867.
Le gouvernement luxembourgeois n'a pas manqué «le protester énergiquement contre cette agression auprès des représentants de S. M. l’Empereur d’Allemagne à Luxembourg ».
 
LA MOBILISATION GENERALE ANGLAISE
 
LONDRES, 5 août. - La mobilisation de l'armée anglaise est signée, une ordonnance parait au Journal Officiel ».
 
UN LIVRE BLANC
 
LONDRES, 6 août. - - ll vient d’être distribué un Livre Blanc renfermant la correspondance entre Sir Edward Grey et les ambassadeurs de la Grande-Bretagne à Berlin, à Vienne, à Saint-Pétersbourg, à Rome et à Paris, en ce qui concerne le maintien de la paix. On y voit comment, les efforts de l’Angleterre se sont heurtés aux résistances de L’Allemagne et de l’Autriche.
Sir Edward Grey rapporte, du 29 juillet, que l’Angleterre invitait l’Allemagne à proposer une procédure permettant aux quatre puissances de maintenir la paix entre l’Autriche et la Russie. Le même jour, l’Allemagne offrait, en échange de la neutralité de l’Angleterre de s’engager à n'enlever à la France aucun territoire en Europe, mais ne promettait pas de respecter l’intégrité du domaine colonial français. Quant aux opérations allemandes en Belgique, elles dépendraient de la ligne de conduite de la France. En tous ans, à la fin de la guerre, l'intégrité de la Belgique serait respectée, pourvu que la Belgique n'eût pas porté les armes contre l’Allemagne.
Sir Edward Grey fait savoir à l'ambassadeur de France que si la France est impliquée dans la crise, l’Angleterre, libre de tout engagement, agira dans le sens des intérêts purement britanniques. Mais il informe, d'autre part, l'ambassadeur d’Allemagne que l’Angleterre pourrait intervenir si certaines éventualités se produisaient, et il ajoute que l’Angleterre ne peut pas accepter les propositions allemandes en vue d'obtenir sa neutralité pour de nombreuses raisons. Un pareil marchandage avec l’Allemagne, au détriment de la France, serait une honte pour l’Angleterre; elle ne peut pas faire de ses obligations relativement à la neutralité de la Belgique, l'objet d'un troc. Elle entend conserver sa pleine liberté d'action. Le meilleur moyen pour l’Allemagne de conserver de bonnes relations avec L’Angleterre est de travailler avec elle pour le maintien de la paix.
Le 31 juillet, sir Edward Grey dit à l'ambassadeur d’Allemagne que si l’Autriche et l’Allemagne peuvent faire quelques propositions équitables, l’Angleterre les appuiera énergiquement à Paris et à Saint-Pétersbourg.
Sir Edward Grey informe la France que l’Angleterre ne peut pas s'engager à intervenir dans la guerre; toutefois tout dépendra des événements. Sir Edward Grey assure M. Cambon que l’Angleterre n'a plus donné au Gouvernement allemand l'impression qu'elle conservera sa neutralité.
Le 2 août, on apprend que le Luxembourg est envahi. Sir Edward Grey promet de demander au Parlement que la flotte anglaise protège le littoral et la marine marchande de la France contre des attaques éventuelles de l’Allemagne, mais l’Angleterre ne s'engage nullement a déclarer la guerre à l’Allemagne. En cas d'une guerre franco-allemande, cette protection du littoral et de la marine marchande de la France par l’Angleterre permettra a la France de maintenir toute sa flotte dans 1a Méditerranée.
M. Cambon demande a sir Edward Grey ce que l’AngIeterre dirait d'une violation de la neutralité belge. Sir Edward Grey répond que ce serait 1à une affaire autrement plus sérieuse pour l’Angleterre que la violation du Luxembourg et, le jour même, le Gouvernement examinait si ce cas ne devrait pas être matière à « casus belli ».

LA MOBILISATION
 
PARIS, 7 août. - Le gouverneur militaire de Paris à signé un ordre de mobilisation appelant sous les drapeaux les 13, 15 et 17 août, les classes 1892. 1891, 1890 et 1889 de 1a réserve et de 1a territoriale de l'artillerie et du génie.
 
LORD KlTCHENER MINISTRE DE LA GUERRE
 
LONDRES, 7 août. - Lord Kitchener est nommé ministre de la Guerre, en remplacement de M. Asquith, qui avait pris ce portefeuille lors des troubles d’Irlande.
 
LE TZAR « EMBRASSE LA FRANCE "
 
SAINT-PETERSBOURG, 7 août. - L'empereur Nicolas a reçu en audience notre ambassadeur, M. Paléologue, à. Péterhof, mercredi après-midi. Le tzar a tenu à exprimer à notre ambassadeur, dans les termes les plus émus, la gratitude et l'admiration qu'i1 éprouve envers la France pour sa fidélité envers son alliée.
A l'issue de son entrevue. 1e tzar a serré M, Paléologue dans ses bras en lui disant « qu'il embrassait avec lui toute la France ».
 
LES DEUX FANIONS
 
Le grand-duc Nicolas, commandant en chef des armées russes, a adressé au général Joffre l'assurance de sa foi robuste dans la victoire. Le généralissime russe fera porter, à coté de son fanion, au cours de la campagne, le fanion français que le general Joffre lui a donné, lorsqu'il y a deux ans ce dernier est allé assister aux manœuvres françaises.
 
LA VILLE DE LIEGE DECOREE
 
PARIS. 8 août. - L’ « Officiel publie le rapport suivant du ministre des Affaires étrangères au Président «le la République :
« Au moment où l’Allemagne, violant délibérément la neutralité de la Belgiue, reconnue par les traités, n'hésita pas à envahir le territoire belge, la ville de Liège, appelée en première ligne à subir le contact des troupes allemandes, vient de réussir, dans une lutte aussi inégale qu’héroïque, à tenir en échec l'armée des envahisseurs.
Ce splendide fait d'armes constitue, pour le Belgique, et la ville de Liège en Particulier, un titre admirable de gloire dont il convient que le Gouvernement de la République perpétue le souvenir mémorable en conférant à la ville de Liège la croix de la Légion d'honneur.
J'ai, en conséquence, l'honneur de vous prier de bien vouloir revêtir de votre signature le projet de décret ci-joint, approuvé par le Conseil de l'Ordre de la Légion d'honneur et décidant que la croix de la Légion d'honneur est conférée à la ville de Liège.
Le Président de la République française, sur la proposition du Ministre des Affaires étrangères, décrète : La croix de chevalier de la Légion d'honneur est conférée à la ville de Liège ».
 
UNE PROCLAMATION DU ROI DES BELGES
 
BRUXELLES, 8 août. - Un ordre du jour du roi à la troisième division et à la quinzième brigade mixte dit que, attaqués par des forces quatre fois supérieures, elles repoussèrent tous les assauts.
Aucun fort n'a été enlevé. Liège est toujours en leur pouvoir. Des étendards et de nombreux prisonniers ont été capturés. Le roi salue, au nom de la nation, la troisième division et la quinzième brigade mixte, qui ont rempli tout leur devoir. Elles ont fait honneur aux armées belges et montré à l’ennemi ce que coûte d'attaquer injustement un peuple paisible, puisant sa force invincible dans une juste cause. La patrie a le droit d’être fière d'eux. L'armée belge n'oubliera pas qu’elle est l'avant-garde des armées de cette lutte gigantesque: et elle attend l'arrivée des frères d'armes pour marcher à la victoire. Le monde entier fixe les yeux sur elle. L'armée montrera par la vigueur de ses coups que le pays entend vivre libre et indépendant. Le roi termine ainsi :
« La France, noble pays, associée dans l’Histoire aux causes justes et généreuses, vole à notre secours. Ses armées entrent sur notre territoire. En votre nom. je leur adresse un salut fraternel. »  
 
L'UNION FRANCO-BELGE
 
PARIS, 10 août. - Les gouvernements français et belge ont donné des ordres précis afin que les ressources industrielles des deux pays soient intégralement mises en commun. Dès maintenant, les fournitures de matériel militaire seront acheminée sur la Belgique et les fabriques de revolvers belges travaillent pour l’armée française. Le charbon et 1e blé seront utilisés en commun.
 
LE ROI ALBERT MEDAILLE MILITAIRE
 
PARIS, 10 août. - M. Poincaré a signé un décret conférant au roi Albert la médaille militaire, c'est-à-dire la plus haute distinction militaire française, celle qu'on accorde aux généraux qui se sont distingués sur le champ de bataille.
 
LES COMMUNIQUES
 
Communiqué officiel du 6 août 1914 (11 h. 30). - Dans la journée d'aujourd'hui jeudi, le calme a été a peu près complet sur tout le front. Les opérations de mobilisation et de concentration s'exécutent sans incidents. Nos troupes qui, jusqu'au jour de la déclaration de guerre, avaient respecté une zone de 8 kilomètres en deçà de la frontière, l'ont franchie sur divers points. Nos escadrons ont occupé Vic et Moyen-Vic. Du coté du Luxembourg, les Allemands n'ont pas encore débouché.

Communiqué du Gouvernement. - PARIS, 7 août. - Les nouveaux renseignements arrivés de Liège montrent que la résistance des forts a été admirable et se maintient. La bataille a été particulièrement importante. Plusieurs corps d'armée allemands sont engagés contre 40.000 Belges. Les pertes allemandes, morts et hors de combat, atteignent plusieurs milliers; il s'agit donc d’une véritable bataille qui est jusqu’ici favorable aux Belges.
 
8 août (Officiel). - Un débarquement de troupes anglaises s’opère sous la direction d'officiers français.
 
PARIS, 8 août. (Officiel). – Des escadrons français entrés en Lorraine à Vic et Moyen-Vic ont rapporté des affiches militaires fournissant des renseignements sur la mobilisation et prouvant que les Allemands préparaient la guerre pendant l'effort pacifique de la Triple Entente.
 
8 août. 20 heures (Officiel). - Les troupes françaises ont franchi la frontière d’Alsace et ont livré un très violent combat à Altkirch. Ils prirent la ville, et les troupes allemandes battent actuellement en retraite devant les nôtres. Les Français les poursuivent et continuent leur marche vers Mulhouse. Le succès remporté par nous a été très brillant. Dans leur joie à voir les Français, les Alsaciens renversent les poteaux de la frontière.
 
8 août. 22 heures. - Le Gouvernement français est avisé que les troupes françaises sont entrées à Mulhouse.
 
9 août. - Le général Joffre a fait afficher en Alsace la proclamation suivante :
« Enfants d’Alsace, après quarante-quatre années d'une douloureuse attente, des soldats français foulent à nouveau le sol de votre noble pays; ils sont les premiers ouvriers de la grande œuvre de la revanche; pour eux, quelle émotion et quelle fierté ; pour parfaire cette œuvre, ils ont fait le sacrifice de leur vie. La nation française, unanimement, les pousse et, dans les plis de leurs drapeaux, sont inscrits les noms magiques du Droit et de la Liberté. Vive l’Alsace! Vive la Frange!  »
Le Général on chef des Armées françaises : JOFFRE.
 
PARIS, 10 août (Officiel). - Les Français tiennent toujours Cernay, Mulhouse et Altkirch. Ils enlevèrent, sur les crêtes des Vosges; après un violent combat. samedi, les cols du Bonhomme et de Sainte-Marie; dimanche, Sainte-Marie-aux-Mines.
 
(Officiel). - Le total des pertes françaises dans l'affaire d'Altkirch ne dépasse pas cent morts ou blessés. Par contre, dans l'engagement de Sainte-Marie-aux-Mines, nos pertes ont été plus fortes.
 
BRUXELLES, 9 août (Officiel). - Le grand état-major de l'armée dit que la situation des troupes allemandes ne s'est guère modifiée depuis samedi. Il y a lieu, cependant, de signaler un recul de leurs détachements avancés de cavalerie, sous la poussée irrésistible des troupes françaises, dont les effectifs sont considérables. Tout le territoire au sud de la Meuse est débarrassé des troupes allemandes.
Les troupes françaises et belges vont prendre simultanément l'offensive, conformément au plan concerté.
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Liege 1914

L’ETAT DE GUERRE AVEC L’AUTRICHE

PARIS, 10 août. - On annonce que l'ambassadeur d’Autriche a quitté Paris ce soir, a sept heures quinze.

Avant son départ, le comte Szecsen est venu au Quai d'0rsay. Le gouvernement français, en raison de la situation internationale et vu l'insuffisance des explications fournies par le gouvernement. austro-hongrois au sujet de l'envoi de troupes autrichiennes en Allemagne, a fait connaître à l'ambassadeur autrichien qu'il se voyait dans l'obligation de rappeler en France l'ambassadeur de la République à Vienne, M. Dumaine. L'ambassadeur a répondu à cette communication en priant M. Doumergue de bien vouloir lui faire remettre ses passeports.

 

LE LIVRE BLANC ALLEMAND

 

PARIS, 14 août. - Le Livre blanc allemand qui vient d'être publié contient les lettres échangées entre le tzar Nicolas II et l'empereur Guillaume II, à la suite de la déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Serbie.
Ces documents sont particulièrement intéressants, car on peut y suivre l'évolution savamment combinée du souverain allemand.
 
Guillaume II à Nicolas II, 28 juillet. 10 h. 45 du soir :
 
Avec une grande inquiétude, j'apprends l'impression que l'action austro-hongroise a produite dans ton Empire. L'agitation sans scrupule qui s'exerce depuis des années en Serbie a déterminé l'assassinat de François-Ferdinand. Les Serbes sont encore dominés par l'esprit qui 1es a poussés à l'assassinat de leur roi et de leur reine. Sans aucun doute, tu conviendras avec moi que tous deux, comme tous les autres souverains, avons intérêt à ce que ceux qui portent la responsabilité de cet horrible crime soient punis.
D'autre part, je comprends très bien combien pour toi et ton Gouvernement il est difficile d'aller contre l'opinion publique. Grâce a l'amitié qui depuis longtemps me lie étroitement à François-Joseph, je déploie sur l’Autriche-Hongrie toute mon influence pour la pousser à s'entendre ouvertement et pacifiquement avec la Russie. J'espère ardemment que tu aideras mes efforts pour éloigner les difficultés existantes. Ton dévoué cousin, »
GUILLAUME.
 
L'empereur de Russie a répondu aussitôt en plaçant la question sur son véritable terrain.
Nicolas II à Guillaume II, 29 juillet, 10 heures matin :
« Je me réjouis de te savoir rentré en Allemagne en ce moment sérieux. Je te prie vivement de m'aider. Une guerre honteuse a été déclarée à un pays faible.
L'indignation est énorme en Russie, je la partage. Je prévois que bientôt je ne pourrai plus résister aux pressions qui s'exercent sur moi et que je serai obligé de prendre des mesures qui provoqueront la guerre.
Pour éviter le malheur que serait une guerre européenne, je te prie, au nom de notre ancienne amitié, de faire tout le possible pour empêcher l’alliée d'aller trop loin. »
NICOLAS.
Le 29, Guillaume proteste contre le mot « honteuse ». Il croit possible une entente directe entre Vienne et Saint-Pétersbourg.
 
Le 30, il écrit : « Tu as la responsabilité de la guerre ou de la paix ». Il estime, d'autre part, qu'il lui est difficile, sinon impossible, à lui Guillaume, de tenter une médiation.
Le tsar, espérant encore dans 1a cause de la paix, malgré le ton de la dépêche de l'empereur allemand, écrit :
Nicolas II à Guillaume II, 30 juillet, dans la soirée :
« Je te remercie cordialement pour ta médiation qui fait espérer une solution pacifique. Véritablement, il est impossible d‘arrêter nos préparatifs militaires, rendus nécessaires par la mobilisation autrichienne. Nous ne désirons pas une guerre et tant que dureront les tractations avec l’Autriche, mes troupes ne prendront aucune attitude hostile, je t'en donne solennellement ma parole. J'ai confiance dans la grâce de Dieu, et j’espère en le succès de ta médiation a Vienne, pour le bien de nos pays et la paix européenne. Cordialement et tout dévoué à toi.
NICOLAS
L'empereur d’Allemagne envoie alors cette note menaçante :
Guillaume II à Nicolas II, 30 juillet, minuit :
« Pendant que ma médiation, assumée selon ton désir, entre ton gouvernement et le gouvernement viennois était en plein action, tes troupes ont été mobilisées contre mon alliée l’Autriche-Hongrie, ce qui a rendu mon action presque illusoire.
Néanmoins, je la continuai. Or, je reçois des nouvelles certaines sur tes préparatifs belliqueux à mes frontières. La responsabilité de la sûreté de mon empire m'oblige à prendre des contre-mesures défensives.
J'ai fait tous mes efforts en faveur du maintien de la paix. Je ne porterai pas la responsabilité du malheur qui menace le monde civilisé. En ce moment, tu as encore la possibilité de le conjurer. Personne ne menace l'honneur et la force de la Russie, qui aurait pu attendre le résultat de mes efforts. L'amitié que pour toi, pour ton pays, j'ai jurée au lit de mort de mon grand-père, m'a toujours été sacrée et je suis demeuré fidèle à la Russie dans les moments les plus difficiles, dans la dernière guerre notamment. Aujourd’hui, la paix européenne ne peut être sauvée que par toi, si la Russie se décide à arrêter les mesures militaires qui menacent l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. »
GUILLAUME.

UN NOBLE GESTE DU TZAR

 

SAINT-PETERSBOURG, 15 août. - L’empereur Nicolas a adressé aux populations polonaises de la Russie, de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie une proclamation annonçant son intention de restituer à la Pologne son intégrité territoriale.
La Pologne ainsi reconstituée serait dotée d'une complète autonomie locale et pourvue de garanties en ce qui concerne l’exercice du culte et l'emploi de la langue polonaise. Elle serait placée sous la direction d'un lieutenant-gouverneur désigné par l'empereur de Russie.
D'autre part, voici le texte de l'appel que le généralissime, le grand-duc Nicolas, adresse aux Polonais :
« Polonais, l’heure a sonné où le rêve sacré de vos pères et de vos aïeux peut être réalisé. Il y a un siècle et demi que le corps vivant de la Pologne fut déchiré par morceaux, mais son âme ne mourut pas. Elle vivait de l'espérance que, pour le peuple polonais, viendrait l'heure de la résurrection et de sa réconciliation fraternelle avec la grande Russie. Les troupes russes vous portent la nouvelle solennelle de cette réconciliation. Que le peuple polonais s‘unifie sous le sceptre du Tzar russe. Sous ce sceptre renaître la Pologne, libre dans sa religion, dans sa langue et dans son autonomie.
La Russie n'attend de vous que le respect des droits de ces nationalités auxquelles l'histoire vous a liés. Le cœur ouvert, la main fraternellement tendue, la grande Russie vient à votre rencontre. Le glaive qui trappe nos ennemis auprès de Gruenwald n'est pas encore rouillé. Des rivages de l'Océan Pacifique jusqu'aux mers septentrionales marchent les armées russes. L'aube d'une nouvelle vie commence pour vous. Que dans cette aube resplendisse le signe de la croix, le symbole de la souffrance et de la résurrection des peuples !

 

L’ARRIVEE DU GENERAL FRENCH

 

PARIS, 15 août. - Le général French, commandant en chef de l'armée anglaise, est arrivé a la gare du Nord, à midi 25, par train spécial. Il était accompagné de ses officiers d'état-major. Les Parisiens lui ont fait un accueil enthousiaste.

 

ULTIMATUM DU JAPON A L’ALLEMAGNE

 

TOKIO, 16 août. - Par l'intermédiaire de son ambassadeur à Berlin, le gouvernement japonais a fait remettre au gouvernement allemand un ultimatum qui a été également communiqué à l'ambassadeur d’Allemagne à Tokio dans l’après-midi d'hier.
Le gouvernement japonais demande au gouvernement allemand : 1° De retirer des eaux japonaises et chinoises ses bâtiments de guerre ou de les désarmer ; 2° D’évacuer, dans le délai d'un mois, le territoire du protectorat de Kiao-Tchéou.
Le gouvernement japonais se réserve de restituer éventuellement ce territoire à la Chine.
Dans la déclaration qui accompagne cet ultimatum, le gouvernement japonais insiste sur la nécessité de respecter les intérêts en vue desquels fut conclue l'alliance anglo-japonaise, ainsi que sur son désir d'éviter toute cause de trouble dans les mers d’Extrème-Orient.
Avant d'agir, le Japon a réglé son attitude de concert avec l’Angleterre.

 

LES COMMUNIQUES

 

PARIS, 11 août (Officiel). - Au cours de l’avant-dernière nuit, des forces allemandes très considérables, venant de Mulheim et de Neu-Brisach, ont attaqué les avant-gardes françaises qui avaient été poussées en flèche sur Cernay et Mulhouse.
Devant cette attaque, le commandant des troupes françaises a quitté Mulhouse et rassemble ses forces légèrement en arrière, sur des emplacements où il a arrêté l’offensive de l'ennemi, supérieur en nombre.
Les actions de détail ont été très brillantes pour nos troupes qui restent maîtresses de la Haute Alsace.
De nombreux mouvements de troupes ont lieu vers Morhange.
Dans la région de Blamont, une tentative a été faite sur Rogervillers et Hublin-ville. Grâce à l'appui du canon du fort de Manonvillers, cette tentative a complètement échoué.
D’après les derniers renseignements relatifs à notre action contre les cols de Sainte-Marie-aux-Mines et du Bonhomme, ces deux affaires font le plus grand honneur a nos troupes.
Nos avions survolent constamment les zones de débarquement de l'ennemi, salués au passage par des fusillades et des coups de canon dont ils ne se préoccupent pas.

 

(Communiqué à la presse du 11 août 1914. 10 heures). - Sur le front. il n’y a eu aucun mouvement pendant la nuit de lundi a mardi.

 

(Communiqué du Ministère de la Guerre du 11 août. 23 h. 30). - Les troupes françaises sont sur presque tout le front en contact avec l'ennemi. Les soldats français montrent partout un courage et une ardeur irrésistibles.
Dans la région de Spincourt, a Mangiennes, les Allemands ont attaqué, dans la soirée du 10, les avant-postes français qui se sont repliés d'abord devant l’ennemi, mais qui ont repris ensuite l'offensive avec l’appui de la réserve. L’ennemi a été repoussé avec des pertes considérables. L’artillerie française a détruit une batterie allemande. Les Français ont pris trois canons, trois mitrailleuses, deux caissons et des munitions.
Les régiments de cavalerie allemande ont été très éprouvés.
Dans la région de Château-Salins, vers Moncel, un bataillon et une batterie allemande, provenant de Vic, ont tenté d'attaquer nos avant-postes. Ils ont été repoussés avec de grosses pertes.
Dans la même région, le village de Lagarie, en territoire annexe, a été enlevé à la baïonnette.
Les Allemands se sont présentés devant Longwy, qu'ils ont sommé de se rendre. Le commandant a refusé fièrement. Longwy est une petite place forte. Elle possède une simple enceinte de la deuxième moitie du XVII ème siècle.

 

(Communiqué du Ministère de la Guerre. 12 août. 10 heures.) - On a raconté qu'un engagement important aurait eu lieu aux environs de Givet ; rien n'est moins exact, mais ce qui semble avoir donné naissance à ce bruit, c'est que depuis le début des hostilités, de nombreux cavaliers en patrouille ont été capturés aux abords de la frontière franco-belge entre Dinant, Rochefort et Givet et qu'après avoir été dirigés chaque jour sur Mézières, ils ont été transférés, à cause de leur nombre, dans la direction de Reims.
Par contre, en Belgique, un engagement assez sérieux a eu lieu du coté de Tirlemont et l'armée belge a 1à encore, résisté énergiquement à l'attaque allemande.

 

PARIS, 13 août (Officiel). – L’artillerie lourde allemande a bombardé Pont-à-Mousson.
Une centaine de gros obus détruisirent des maisons et tuèrent ou blessèrent quelques habitants.
Le bombardement n'a produit aucune impression sur la patriotique population de la ville.

 

(Communiqué officiel du 13 août, 10 heures du matin). - Un combat vient de se dérouler dans la région de Diest, au nord de Hasselt, entre une division de cavalerie allemande soutenue par de l'infanterie et de l'artillerie, et une division de cavalerie belge, soutenue par une brigade mixte.
La lutte, qui fut des plus vives, se termina à l'entier avantage des Belges qui ne paraissent pas avoir trop souffert.
Les Allemands, après avoir éprouvé des pertes énormes, furent rejetés vers Hasseldt et Saint-Trond.
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TROUPIER 1914

LES COMMUNIQUES

 

13 août, 15 heures. - Un combat qui s'est livré sur l’Othain, au Sud de Longuyon, le 11 août, s'est poursuivi le 12 août dans des conditions très brillantes.
Il convient d'en résumer les péripéties:
Le premier acte a été l'attaque de deux bataillons français par des forces allemandes très supérieures en nombre. Les deux bataillons se sont repliés, mais, dans la nuit même, ils ont, avec du renfort, prononce une contre-attaque extrêmement vigoureuse.
Cette contre-attaque, appuyée par notre artillerie, a obligé les Allemands a une retraite précipitée, au cours de laquelle ils ont perdu de nombreux morts et blessés. Nous avons fait de nombreux prisonniers.
C'est au cours de cette contre-attaque que les Allemands ont abandonné une batterie d'artillerie, trois mitrailleuses et plusieurs caissons de munitions.
Notre avantage s'est poursuivi le 12 août.
Une batterie française a surpris le 21ème  régiment de dragons allemands pied a terre. Nos places ont immédiatement ouvert le feu et le régiment a été anéanti.
Le résultat de ce double succès a été immédiatement sensible. Non seulement le mouvement en avant des forces allemandes s'est arrêté dans cette région, mais leurs colonnes se sont repliées, suivies de près par les nôtres.
C'est au cours de cette poursuite que nous avons trouvé, dans les villages voisins, de nombreux blessés allemands atteints dans le combat de la veille.
Neuf officiers et un millier d'hommes blessés ou prisonniers sont restés dans nos mains. 
14 août, 23 heures. - La ville et le col de Saales sont maintenant occupés par les troupes françaises qui, jeudi, avaient pris le plateau voisin. L’artillerie française a pris à revers les positions allemandes et son feu a grandement facilité la tâche de notre infanterie, qui a eu quelques blessés, mais pas un tué.
Nous avons trouvé à Saaies des monceaux d'effets d'équipements abandonnés, ce qui indique une vraie débandade. 
(communiqué). - PARIS, 14 aout. - La liaison entre les armées belge et française est assurée par un échange d'officiers.
Au grand quartier général de l'armée belge ont été détachés : le lieutenant-colonel Aldebert, le commandant du génie attaché militaire à Bruxelles, le capitaine de Cholet.
Au grand quartier général des armées françaises ont été détachés : le colonel de cavalerie d'Orjo de Marchovelette, major de cavalerie, et le chevalier Melotto, attaché militaire belge à Berlin.
Les troupes allemandes, battues avant-hier a Diest et qui se sont retirées sur Hasselt y ont été très éprouvées. Elles ont essayé de reprendre l’offensive sur le flanc Sud des Belges. La division de cavalerie allemande, chargée de cette opération, a été repoussée dans la soirée. Une colonne d'infanterie allemande s'est mise en mouvement dans la direction de Vise, Tongres. Aucun engagement nouveau n'a été signalé. 
BRUXELLES, 15 août. (Officiel). - La situation de l'armée belge est toujours fort bonne. Les derniers combats victorieux livrés à l’ennemi ont encore relevé son moral.
La situation stratégique est avantageuse pour elle.
Les détonations entendues aujourd'hui provenaient souvent de destructions par la poudre effectuées par le génie en divers endroits.
Les forts de Liège tiennent toujours et font le plus de mal possible aux Allemands. Un de leurs commandants, qui a eu les cuisses traversées par des balles, continue cependant son service en se taisent conduire dans un fauteuil roulant. 
PARIS, 16 août. - On peut préciser ainsi les résultats acquis jusqu'à présent :
Echec du plan allemand primitif d’une double attaque brusquée de notre couverture, tant du coté de Nancy, où elle avorta, à peine dessinée, que par la frontière belge, où les forces allemandes sont accrochées depuis huit jours sur la ligne de la Meuse par la résistance des forts de Liège, la vaillance de l'armée belge et l'intervention de 1a cavalerie française.
Régularité parfaite de la mobilisation et de la concentration françaises obtenues dans le délai minimum.
Gràce a cet échec, à la coordination de nos mouvements avec les armées alliées chez lesquelles les Belges ont joué brillamment 1e rôle de couverture, les Anglais ont débarqué sans peine leur corps expéditionnaire.
Les Russes accélèrent leur mobilisation et les Serbes, dès maintenant maîtres de l’Herzégovine, feront hésiter l’Autriche à continuer d'envoyer des troupes en Haute-Alsace.
Enfin, la maîtrise de la mer est acquise. incontestée aux alliés. 
PARIS, 16 août, 17 h. 30. (Communiqué officiel). - Les Allemands ont attaqué Dinant avec la division de cavalerie de la garde, la cinquième division de cavalerie, plusieurs bataillons d'infanterie et des compagnies de mitrailleuses.
La cavalerie française les a repoussés en désordre sur la rive droite et s'empara de plusieurs centaines de chevaux de uhlans.
Notre élan admirable a enthousiasme les Belges.
Dans la Basse-Alsace, nous avons remporté un nouveau succès en avant de Cirey, où nous avons fait reculer, pour la seconde fois, le corps d'armée bavarois.
Nous occupons ainsi les positions en avant de la frontière.
Dans la Haute-Alsace, la situation est excellente. Nous tenons fortement au pied des Vosges sur le versant allemand. 
PARIS. (Dépêche Officielle). - Les affaires de Blamont et de Cirey ont été particulièrement brillantes. L'ennemi était fortement retranché par des ouvrages de campagne, mais les troupes françaises, appuyées par l'artillerie, dessinèrent un double mouvement débordant qui détermina la retraite des troupes allemandes dans la direction de Sarrebourg.
Pendant l'occupation du massif du Donon, nous avons fait plus de cinq cents prisonniers. 
PARIS, 17 août, 15 heures. (Communiqué officiel). - Notre marche en avant continue a se développer. Après 1e combat de Blamont, nos troupes ont enlevé les hauteurs au nord de la frontière, sur la ligne qui passe à Abreschwiller, Lorquin, Azoudange. Marsal.
Dans la région de Donon, nous occupons Schirmeck, à douze kilomètres en aval de Saales.
Le nombre de canons de campagne pris par nous sur ce point n'est pas de quatre mais de douze, plus douze caissons et huit mitrailleuses.
Noire cavalerie a poussé jusqu'à. Lutzelhausen et Muhlbach.
Plus au Sud, nous avons occupé la ville et le col d'Urbeis. Sur la route de Schlestadt, Sainte-Croix-aux-Mines, en aval de Sainte-Marie, a été pris avec de l'artillerie lourde de campagne.
En Haute-Alsace, nous sommes fortement appuyés par la ligne de Thann, Cernay,  Dannemarie.
Au cours des opérations engagées dans la Haute-Alsace, le drapeau du 182° d’infanterie allemand a été pris à Saint-Blaise, dans la vallée de la Bruche, par le 10ème  bataillon de chasseurs. Il a été apporté ce matin à Paris, au ministère de la Guerre, par le colonel Serret, hier encore notre attaché militaire en Allemagne.
Le drapeau sera transféré ensuite aux Invalides.
A remarquer que c'est le 10ème  bataillon de chasseurs qui, a Solférino, a pris un drapeau autrichien et fait décorer le drapeau des chasseurs a pied. Le ministre de la Guerre lui-même, ancien capitaine de chasseurs a pied, a adressé immédiatement une dépêche de félicitations aux bataillons. 
PARIS, 17 août. 23 h. 30. (Communiqué officiel). - La situation continue à être bonne et notre progression méthodique continue.
En Haute-Alsace, les forces allemandes se retirent en grand désordre, les unes vers le Nord, les autres vers l’Est. La preuve de ce désordre se trouve dans l'abandon d'un énorme matériel tombé entre nos mains (approvisionnement d'obus, voitures fourragères, etc.)
Il se confirme que dans les engagements qui ont eu lieu depuis le début de la campagne dans cette région, l'ennemi a subi des pertes beaucoup plus élevées que nous ne l'avion cru au premier abord; on s'en rend compte tant par les cadavres retrouvés que par le témoignage des prisonnier.
Nous progressons également dans les vallées de Sainte-Marie et de Ville.
Dans la vallée de la Bruche, nous continuons, fortement appuyés sur le Donon, à nous avancer dans la direction de Strasbourg. Il se confirme que les troupes allemandes rencontrées devant nous dans cette région sont complètement désorganisées.
Sur la ligne Lorquin, Azoudange, Marsal, nos troupes gagnent aussi du terrain.
Nous avons donc, sur la ligne frontière, depuis Chambrey jusqu'à  Beltort, gagné sur l'ennemi une distance qui varie de 10 à 20 kilomètres et pris pied fortement en Alsace aussi bien qu'en Lorraine. 
(communiqué officiel). - Le ministre de la Guerre a reçu du commandant en chef le télégramme suivant :
« Grand quartier général des armées de l’Est. 18 août. 9 h. 15.
Pendant toute la journée d'hier, 17 août, nous n'avons cessé de progresser en Haute-Alsace.
La retraite de l'ennemi s’effectue de ce coté en désordre. Il abandonne partout ses blessés et son matériel.
Noue avons conquis la majeure partie des vallées des Vosges sur le versant d’Alsace, d'où nous atteindrons bientôt la plaine.
Au Sud de Sarrebourg, l'ennemi avait organisé devant nous une position fortifiée, solidement tenue avec de l'artillerie lourde.
Les Allemands se sont repliés précipitamment dans l'après-midi d'hier. Actuellement, notre cavalerie les poursuit. Nous avons, d'autre part, occupé toute la région des étangs jusque vers l'ouest de Fenetrange. Nos troupes débouchent de la vallée de la Seille, dont une partie des passages ont été évacués par les Allemands. Notre cavalerie est a Château-Salins.
Dans toutes les actions engagées au cours de ces dernières journées, en Lorraine et en Alsace, les Allemands ont subi des pertes importantes.
Notre artillerie a des effets démoralisants et foudroyants pour l'adversaire.
De façon générale, nous avons donc obtenu, au cours des journées précédentes, des succès importants et qui font le plus grand honneur à la troupe dont l'ardeur est incomparable, et aux chefs qui la conduisent au combat.

Signé : Général Joffre.
 

(Communiqué officiel du 19 août. - Le bruit a couru a diverses reprises que le Gouvernement belge s'était retiré a Anvers. Cette nouvelle n'est pas confirmée, mais elle ne comporte, en tous cas, en elle-même, aucun symptôme grave et encore moins inattendu.
L'organisation défensive de la Belgique telle que l'a conçue le général Brialment, telle qu'elle a toujours été présentée dans tous les ouvrages techniques, suppose que le centre de résistance du pays est a Anvers, considéré comme centre de la défense.
Ce port, qui assure le maintien des communications de la Belgique avec la mer et qui se place dans le flanc d'une armée ennemie d'invasion, a été fortifié avec soin et constitue un  camp retranché.
Anvers pourrait donc devenir même le refuge momentané de l'armée belge, ce dont il ne peut d'ailleurs pas être question, sans que cela ait une portée quelconque sur la suite des opérations ni sur le rôle de l’armée belge, qui est certainement appelée a jouer un rôle important dans la bataille. 
(Communiqué à la presse du 19 août 1914, 23 heures). - La situation reste sans grand changement en Alsace. Toutefois, dans la Haute-Alsace, nous avons continué à progresser. Dans les Vosges, les Allemands ont repris le village de Ville, où nous avions une avant garde. Nos troupes sont sur la Seille. Elles occupent Château-Salins et Dieuze, malgré des fortifications fortifiées et solidement tenues.
Nous avons progressé rapidement dans l'après-midi au-delà de la Seille, dans la partie centrale. En fin de journée, nous avons atteint Delme d‘un côte, Morhange de l’autre.
A signaler une rencontre de cavalerie heureuse pour nos armes à Florenville. 
(Communiqué officiel, 20 août. matin). - En Belgique, à l'est de la Meuse, les Allemands atteignent la ligne Dinant-Neufchâteau.
Des forces importantes ont continué à passer la Meuse entre Liège et Namur, leurs avant-gardes ont atteint la Dyle.
Devant ce mouvement, l'armée belge a commencé à se retirer dans la direction d’Anvers. 
(Communique officiel. 20 août. 15 heures). - Notre situation demeure la même aux cols des Vosges.
En Haute-Alsace nous avons occupé Guebwiller après un combat très vif.
Nous avons enlevé à la baïonnette un des faubourgs de Mulhouse ; six canons et six caissons sont restés entre nos mains et Mulhouse a été réoccupé par nous.
En Lorraine, notre ligne s'étend dans la région au Nord de Sarrebourg en passant par Morhange jusqu'à Delme.
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Sir Edward GREY

LES COMMUNIQUES

 

(Communiqué officiel, 21 août, 15 heures). - Les forces allemandes continuent à passer la Meuse aux environs de Huy, et une concentration importante est en voie d'exécution en Belgique.
Il est agréable de constater que, vendredi matin, il n'y avait plus aucun point du territoire français occupé par l'ennemi, sauf une légère enclave à Audun-le-Roman, dans l'arrondissement de Briey (Meurthe-et-Moselle).
Ainsi, le vingtième jour de la mobilisation, en dépit de toutes les assurances allemandes, des écrits de leurs auteurs les plus connus et de ceux même du grand état-major, non seulement les Allemands n'ont pas encore obtenu les avantages décisifs qu'ils comptaient, mais encore ils n'ont pu porter la guerre sur notre territoire.
Cet avantage, dont il convient d'ailleurs de ne pas exagérer outre mesure l'importance, a néanmoins une valeur morale qu'il est bon de signaler.

Communiqué officiel du 22 août, 2 h. 45 soir). -L'entrée des Allemands à Bruxelles est, pour les Belges, une épreuve douloureuse. Elle est cruellement sentie par tous les Français, et le gouvernement de la République a tenu a affirmer que les souffrances de la Belgique étaient aussi les nôtres.
Du jour où le sol belge a été foulé par les soldats allemands, où le sang belge a été versé pour s'opposer à leur passage, les causes des deux pays sont devenues indissolublement unies, et elles se confondent désormais.
La France, résolue à tout faire pour libérer le territoire de son alliée, considère que son devoir n'aura été entièrement accompli que lorsqu'il ne restera plus un soldat allemand en Belgique.
Il n'a pas été possible, en raison des nécessités stratégiques, de participer plus tôt, avec l'armée belge, à la défense du pays, mais les engagements que nous avons pris n'en sont que plus solennels, notre coopération n'en sera que plus étroite et elle se poursuivra avec une extrême énergie.
La retraite de l'armée belge sous le canon d‘Anvers est une opération prévue qui ne porte aucune atteinte à sa valeur ni à son incontestable puissance. Lorsque le moment en sera venu, l'armée belge se trouvera aux cotés de l'armée française, à laquelle les circonstances l'ont étroitement et fraternellement unis.

(Communiqué du 22 août 1914, 23 heures). - En Belgique, la situation reste sensiblement la même. Le mouvement des forces allemandes continue vers l’Ouest, précédé par des forces de cavalerie éclairant dans les directions de Gand, d'une part, de la frontière française, de l'autre. L'armée belge est prête dans le camp retranché d’Anvers.
Dans la Wœvre, la situation n'est pas modifiée.

PARIS, 23 août (Communique officiel). - L'armée russe a remporté deux nouveaux succès importants près de Gumbinen, sur la ligne Gumbinen-Goldap-Lyck, à quarante kilomètres environ de la frontière. Elle renversa trois corps allemands, captura de nombreux canons ainsi que du matériel roulant, fit une quantité de prisonniers et s'empara de Goldap et Lyck.

PARIS, 23 août 1914, 23 heures (Communiqué à la presse). - La bataille est engagée sur tout le front.
Dans les Vosges, la situation générale nous a déterminé a, ramener en arrière nos troupes du Donon et du col de Saales. Ces points n'avaient plus, en effet, d'importance, étant donné que nous occupons la ligne fortifiée qui commence au Grand-Couronne de Nancy.
Lunéville a été occupé par les Allemands.
A Namur, les Allemands font un grand effort contre les forts qui résistent énergiquement. Les forts de Liège tiennent toujours.
L'armée belge est tout entière concentrée dans le camp retranché d’Anvers.
Mais, c'est sur 1a vaste ligne allant de Mons à la frontière luxembourgeoise que se joue la grosse partie. Nos troupes ont pris partout l’offensive : leur action se poursuit régulièrement en liaison avec l'armée anglaise.
Nous trouvons, en face de nous, dans ce mouvement offensif, la presque totalité de l'armée allemande : formations actives et formations de réserve.
Le terrain des opérations, surtout à notre droite, est boisé et difficile. Il est à présumer que la bataille durera plusieurs jours.
L'énorme extension du front et l’importance des effectifs engagés empêchent de suivre pas a pas les mouvements de chacune de nos armées.
Il convient, en effet, pour apprécier cette situation, d'attendre un résultat qui serve de conclusion à la première phase du combat. Si l'on procédait autrement, on fournirait à la presse des données divergentes et contradictoires, puisqu’une telle bataille est nécessairement faite d'action et de réaction qui se succèdent et s’enchaînent de façon continue.
D'ailleurs, des informations fournies au cours du combat sur la position momentanée de nos armées risqueraient, d'autre part, de procurer à l'ennemi des renseignements.

Héroïsme des artilleurs liégeois. - Le fort de Chaudfontaine, à Liège, a été le théâtre d'un acte d’héroïsme qui affirme, une fois de plus, avec éclat, la valeur de l'armée belge.
Ce fort qui commande la voie ferrée d’Aix-la-Chapelle à Liège, par Verviers et le tunnel de Chaudfontaine, était commandé par le major Namèche; il a été soumis par les Allemands à un bombardement continuel extrêmement violent. Lorsque le fort ne fut plus qu'un monceau de décombres et que le commandant jugea la résistance impossible, il barra le tunnel en y faisant entrer en collision plusieurs locomotives et en mettant ensuite le feu aux fourneaux de mine.
Sa mission était, dès lors, terminée. Le commandant Namèche ne voulut pas cependant que le drapeau allemand flottât même sur les ruines de son fort. Il mit le feu à ses poudres et le fit sauter.
Un tel acte d’héroïsme se passe de commentaires.
SAINT-PÉTERSBOURG, 23 août. (Communique de l'état-major du généralissime ) – Les combats des 17, 18, 19 et 20 août, dans la Prusse Orientale, ont été livrés avec un grand acharnement. L'esprit des troupes est excellent. Le front de combat s'étend sur 40 verstes. Les troupes russes ont occupé Goldaparis. La retraite du vingtième corps allemand aux environs de Lyck ressemblait à une déroute. Dans la région de Willenburg, les troupes ennemies évacuent la frontière. La population allemande abandonne les villages et fuit vers le Nord.
Le 20 août, dans les environs de Gumbinen, l'armée allemande engagea dans un combat trois corps d'armée qui tentèrent d’envelopper l'aile droite russe. C'est de ce coté que le combat atteignit son plus haut degré d'acharnement. Les troupes du centre russe prirent l'offensive et s'emparèrent de nombreux canons. L'ennemi demanda un armistice pour enterrer ses morts. Cette demande fut rejetée.
Le 21, la victoire couronna les efforts de l'armée russe. Les Allemands, qui ont subi des pertes énormes, se replient, poursuivis par les troupes russes.
Sur le front autrichien, on ne signale, jusqu'au 20 août, aucune collision sérieuse. Aux environs de Berestetschka, les Russes ont chassé dans les marais un escadron du 9ème  hussards et lui ont fait prisonniers deux officiers et cent cinq soldats. Les troupes russes ont obligé un bataillon à évacuer la bourgade russe de Rasa.

WILNA. - On annonce de source autorisée qu'après un nouveau combat, les troupes russes occupèrent lntersbourg.

PARIS, 24 août. matin. (Communiqué officiel). - La grande bataille entre le gros des forces françaises et anglaises et le gros des forces allemandes continue.
Pendant que cette action se poursuit, dans laquelle nous avons l'importante mission de retenir la presque totalité des armées ennemies, nos alliés de l’Est, les Russes, obtiennent de gros succès dont les conséquences doivent être considérables.
En Prusse orientale, ils ont poursuivi leur mouvement en avant et occupé le front Tilsitt-Intersburg-Arys, à soixante-dix kilomètres environ de la frontière.
La population allemande évacue Villenherg, à raison de l'arrivée des forces russes de Pologne, qui ont déjà pénétré très avant vers Soldau.
En Serbie, après leur défaite sur la Drina, les Autrichiens, qui avaient tenté un mouvement offensif vers Chabatz, ont été repoussés, et les Serbes sont prêts à envahir les territoires situés au Nord de la Save.

 

PARIS, 24 août. 3 h. 1/2. (Communiqué officiel). - Nos armées, placées face à leurs objectifs, se sont ébranlées avant-hier samedi, prenant partout résolument l’offensive.
Depuis la Moselle jusqu'à Mons, la bataille générale est maintenant engagée et la parole n'est plus qu'aux combattants eux-mêmes.
Leur situation peut être résumée comme suit :
En Haute-Alsace, sur les Vosges et dans la Meurthe, l'ensemble de nos troupes est placé sous le commandement du général Pau.
Ces forces tiennent le front précédemment indiqué, qui n'a pas subi de modifications (Badonviller et Lunéville sont occupés par les Allemands, Amance et Dieulouard occupés par les Français).
Une armée française, partant de la Woevre septentrionale et se portant sur Neufchâteau, a attaqué les forces allemandes qui ont défilé dans le grand duché de Luxembourg et sur la rive droite de Semoy, se portant, vers l'ouest.
Une autre armée, partie de la région de Sedan et traversant l'Ardenne, attaque des corps allemands en marche entre la Liesse et la Meuse.
Une troisième armée, partant de la région de Chimays, s'est portée à l'attaque de la droite allemande entre la Sambre et la Meuse. Elle est appuyée par l'armée anglaise, partie de la région de Mons.
Le mouvement des Allemands, qui avaient cherché à déborder notre aile gauche, a été suivi pas a pas, et leur aile droite se trouve donc maintenant attaquée par notre armée d'aile gauche, en liaison avec l'armée anglaise.
De ce coté, la bataille se poursuit vivement depuis plus d'une journée.
Sur tout le reste du front, elle est aussi engagée avec le plus grand acharnement et déjà les pertes sont sérieuses de part et d'autre.
A notre extrême-gauche, un fort groupement a été constitué dans le Nord pour parer à tout événement de ce coté.

 

(Communiqué à 1a presse du 24 août 1914, 23 heures). - L'armée anglaise, qui se trouvait à notre gauche a été attaquée par les Allemands. Admirable sous le leu, elle a résisté à l'ennemi avec son impassibilité ordinaire.
L’armée française, qui opérait dans cette région, s'est portée à l'attaque. Deux corps d'armée, dont les troupes d’Afrique, qui se trouvaient en première ligne, entraînés par leur élan, ont été reçus par un feu très meurtrier. Ils n'ont pas cédé ; mais, contre-attaqués par la garde prussienne, ils ont dû ensuite se replier.
Ils ne l'ont fait qu'après avoir infligé à leur, adversaire des pertes énormes.
Le corps d'élite de la garde a été très éprouvé.
A l'Est de la Meuse, nos troupes se sont portées en avant, à travers un pays des plus difficiles. Vigoureusement attaquées au débouché des bois, elles ont dû se replier après un combat très vif au Sud de la Semoy.
Sur l’ordre du général Joffre, nos troupes et les troupes anglaises ont pris position sur les emplacements de couverture qu'elles n'eussent pas quittés si l'admirable effort des Belges ne nous avait pas permis d'entrer en Belgique. Elles sont intactes. Notre cavalerie n'a aucunement souffert ; notre artillerie a affirmé sa supériorité. Nos officiers et nos soldats demeurent dans le meilleur état physique et moral.
Du fait des ordres donnés, la lutte va changer d'aspect. Pendant quelques jours, l’armée française restera pour un temps sur la défensive. Au moment venu, choisi par le commandant en chef, elle reprendra une vigoureuse Offensive.
Nos pertes sont importantes. Il serait prématuré de les chiffrer. I1 ne le serait pas moins de chiffrer celles de l'armée allemande qui a cependant souffert au point de devoir s'arrêter dans ses mouvements de contre-attaque pour s'établir sur de nouvelles positions.

La situation en Lorraine. - Nous avons hier contre-attaqué à quatre reprises en partant des positions que nous occupons au Nord de Nancy, et nous avons infligé aux Allemands de très grosses pertes.

Aperçu d'ensemble. - D’une manière générale, nous avons conservé la pleine liberté de notre réseau ferré et toutes les mers nous sont ouvertes pour nous approvisionner.
Nos opérations ont permis à la Russie d'entrer en action et de pénétrer jusqu’au cœur de la Prusse Orientale. On doit évidemment regretter que le plan offensif, par suite de difficultés d'exécution impossibles à prévoir, n’ait pas atteint son but ; cela eut abrégé la guerre. Mais notre situation défensive demeure entière en présence d’un ennemi déjà affaibli.
Tous les Français déploreront l’abandon momentané des portions du territoire annexé que nous avions occupées.
D’autre part, certaines parties du territoire national souffriront malheureusement des événements dont elles seront le théâtre. Epreuve inévitable, mais provisoire ! C'est ainsi que des éléments de cavalerie allemande appartenant à une division indépendante opérant à. l'extrême-droite ont pénétré dans la région de Roubaix-Tourcoing qui n'est défendue que par des éléments territoriaux.
Le courage de notre vaillante population saura supporter cette épreuve avec une foi inébranlable dans le succès final qui n‘est pas douteux.
En disant au pays la vérité entière, le gouvernement et les autorités militaires lui donnent la plus forte preuve de leur absolue confiance dans la victoire qui ne dépend que de notre persévérance et de notre ténacité.
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M.A.Millerand

LES COMMUNIQUES.

LONDRES, 24 août. (Communiqué anglais). - Les forces britanniques ont atteint avec plein succès leurs nouvelles positions. Le combat continue sans interruption, mais l'ennemi n’a pas efficacement empêché nos opérations. Les mouvements ont été exécutés avec beaucoup de décision par le commandant des premier et deuxième corps d'armée.
Nos pertes ne peuvent pas être évaluées exactement, mais elles ne sont pas lourdes.
Nos troupes étaient opposées à deux corps d’armée allemands et a dix régiments de cavalerie. L'ennemi a été très fortement éprouvé.
Les positions que nous occupons actuellement sont bien protégées; la situation générale est bonne.
Les alliés ont poursuivi le combat dimanche et lundi, mais en présence de la supériorité numérique écrasante des forces que les Allemands avaient massées, le commandant en chef français décida de retirer ses troupes sur la ligne de défense originelle où elles sont fortement établies.
Deux divisions françaises ont souffert assez sérieusement, mais le gros des forces n‘a pas été touché et reste plein d'enthousiasme.
Les pertes allemandes, surtout dans le corps d'armée de la garde, sont lourdes.
Le moral des troupes alliées est excellent.
(Communique à la presse du 25 août, 23 heures). - En Belgique, à l’Ouest de la Meuse, par suite des ordres donnés dimanche par le général en chef, les troupes qui doivent demeurer sur la ligne de couverture, pour y prendre une attitude défensive, se sont massées de la manière suivante :
Les troupes franco-anglaises occupent une ligne de front passant dans le voisinage de Givet. Elles ont gagné ce front en combattant et en tenant en respect leur adversaire, dont l’offensive a été nettement arrêtée.
A l’Est de la Meuse, sur ce front aussi, par ordre du général en chef, nos troupes ont regagné leurs emplacements de départ en maîtrisant les débouchés de la grande forêt des Ardennes.
Plus à droite, nous avons pris une vigoureuse offensive en faisant reculer l'ennemi.
Mais le général Joffre a fait arrêter la poursuite, pour rétablir, sur les lignes qu'il avait assignées dimanche, le front de combat.
Dans cette offensive, nos troupes ont montré un admirable entrain. Le 6° corps a, notamment, fait subir a l’ennemi, du coté de Virton, des pertes considérables.
En Lorraine, les deux armées ont pris une offensive combinée : l'une partant du Couronné de Nancy, l'autre du Sud de Lunéville.
La bataille engagée lundi continue au moment où est communiqué ce bulletin.
On n’entend plus le canon comme on l’entendait lundi aux environs de Nancy.
Le 15ème corps qui, fortement éprouvé depuis la dernière affaire, avait été replié en arrière et s'était reconstitué, faisait partie d'une des deux armées combinées.
Il a exécuté une contre-attaque très brillante dans la vallée de la Vezouze.
L'attitude des troupes a été très belle et montre qu'il ne reste aucun souvenir de la surprise du 20 août.
En Haute-Alsace, le général en chef ayant fait appel, pour faire face sur la Meuse, à toutes les troupes, avait donné l'ordre d'évacuer progressivement le pays occupé. Mulhouse a été de nouveau évacué.
La grande bataille est engagée entre Maubeuge et le Donon. C‘est la que le général en chef appelle, pour l'attaque décisive, toutes les troupes de la nation.
L'action militaire entreprise dans la vallée du Rhin en distrairait des troupes dont dépend peut-être la victoire. Il leur faut donc quitter momentanément l’Alsace, pour lui en assurer la délivrance définitive, quel que soit leur chagrin de n'avoir pu la soustraire déjà à la barbarie allemande. C'est une cruelle nécessité, que l'armée d’Alsace et son chef ont eu peine à subir et à laquelle ils ne se sont soumis qu’à la dernière extrémité.
Dans le Nord, des partis de cavalerie, qui s'étaient montrés dimanche dans la région de Lille, Roubaix, Tourcoing, ont apparu lundi du cote de Douai. Cette cavalerie ne peut s'avancer davantage qu'en s‘exposant à tomber dans les lignes anglaises, renforcées lundi par des troupes françaises.
Malgré les énormes fatigues imposées par trois jours consécutifs de combat et malgré les pertes subies, le moral des troupes est excellent, et elles ne demandent qu’à combattre.
Dans la journée de dimanche, le fait saillant a été la rencontre formidable des tirailleurs algériens et sénégalais avec la troupe réputée de la garde prussienne. Sur cette troupe solide, nos soldats africains se sont jetés avec une inexprimable furie.
La garde a été éprouvée dans un combat qui dégénérait en corps a corps.
L'oncle de l'empereur, le général prince Aldebert, a été tué. Son corps a été transporté à Charleroi.
Notre armée, calme et résolue, va continuer son magnifique effort. Elle sait le prix de cet effort; elle combat pour la civilisation. La France tout entière la suit des yeux, elle aussi calme et forte, et sachant que tous ses fils supportent seuls, pour le moment, avec l’héroïque armée belge qui, lundi, a repris Malines, et la vigoureuse armée anglaise, le poids d'un combat sans précédent par l'acharnement réciproque et par la durée.
Pendant ce temps, les Russes marchent par les chemins de la Prusse Orientale et l’Allemagne est envahie.

 

(Communiqué officiel du 26 sont, 23 heures). - PARIS - D'une façon générale, notre offensive progresse entre Nancy et les Vosges. Toutefois, notre droite a eu légèrement se replier dans la région de Saint-Dié.
L'ennemi paraît avoir subi des pertes considérables. On a trouvé plus de 1.500 cadavres dans un espace très restreint. Dans une tranchée, une section tout entière avait été fauchée par nos obus. Les morts étaient cloués sur place, encore dans la position de mise en joue.
Il se livre, dans cette région, depuis trois jours, des combats acharnés, qui paraissent, dans l'ensemble, tourner à notre avantage.
Aucun fait saillant en Wœvre, où les forces opposées semblent se recueillir, après les combats de ces derniers jours.
Dans le Nord, les lignes franco-anglaises ont été légèrement ramenées en arrière. La résistance continue.
PARIS, 27 août, 3 heures soir. (Communiqué officiel) - Sur le front, les événements de mercredi, dans la région du Nord, n'ont a aucun degré compromis ni modifié les dispositions prises en vue du développement ultérieur de nos opérations.
Dans la région située entre les Vosges et Nancy, nos troupes continuent à progresser.
En Prusse Orientale, les troupes allemandes ont évacué, après la victoire des Russes, la région de Mazurenland. Les Russes n’ont subi aucun arrêt dans ce terrain très difficile dont ils occupaient hier les débouchés à l’Ouest.
Il se confirme qu'ils prirent cent canons à l'ennemi.
En Galicie, l'offensive russe se poursuit normalement dans la région située au sud et au sud-ouest de Tarnopol. 

Le prince de Saxe-Meiningen blessé et prisonnier. - On confirme qu'au cours d'un engagement le prince Ernest de Saxe-Meiningen a été grièvement blessé. Il a été hospitalisé à Maubeuge.

Les Autrichiens reculent devant les Serbes. - Les victoires remportées par l'armée serbe ont amené les troupes austro-hongroises, qui s'étaient avancées dans l'ancien Sandjack de Novi-Bazar, sur Priepolje et Nova-Varos, à évacuer cette dernière ville et à se retirer du Sandjack.

 

LE NOUVEAU MINISTERE

 

PARIS, 26 août. - Voici les termes de la lettre que M. Viviani a remise à M. Poincaré :
« Monsieur le Président,
Dans les circonstances que le pays traverse, il m'a paru nécessaire d’élargir les bases du ministère que je présidais. J'ai réuni mes collègues en Conseil de Cabinet et, après les avoir remerciés tous du dévouement patriotique avec lequel ils ont rempli leur rôle difficile, je leur ai fait part de mon désir, leur exposant que je vous remettrais ma démission et vous prierais de charger une personne politique de continuer l'œuvre que nous avons commencée.
Mes collaborateurs ont bien voulu accepter les raisons que je faisais valoir, et j'ai l'honneur de vous remettre, avec ma propre démission, celle du Cabinet. »
M. Poincaré a alors accepté la démission que lui remettait M. Viviani, le chargeant de constituer le nouveau Cabinet.
M. Viviani est retourné, à onze heures, à l’Elysée, où il a fait connaître au Président de la République la composition du nouveau Cabinet qui est ainsi constitué :
Président du Conseil sans portefeuille, M. Viviani;
Justice, M. Aristide Briand;.
Affaires étrangères, M. Delcassé;
Intérieur, M. Malvy;
Guerre, M. Millerand; ,
Marine, M. Augagneur ;
Finances, M. Ribot;
Instruction publique, M. Serrant ;
Travaux publics, M. Marcel Sembat;
Commerce. M. Thomson;
Colonies, M. Gaston Doumergue;
Agriculture, M. Fernand David;
Travail, M. Bienvenu-Martin;
Ministre sans portefeuille, M. Jules Guesde;
Sous-Secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts, M. Dalimier.

LE NOUVEAU GOUVERNEUR DE PARIS

PARlS, 27 août. - Ce matin, a paru au « Journal Officiel » un décret nommant le général Galliéni commandant de l'armée de Paris et gouverneur militaire.

LETTRE DE M. MILLERAND AU GENERALISSIME JOFFRE

PARIS, 27 août._- Le Ministre de la Guerre a adressé au général Joffre, commandant en chef, la lettre suivante :
« Mon cher Général,
Au moment où je reprends la direction du Ministère de la Guerre, je veux que mon premier acte soit pour envoyer aux troupes qui combattent sous vos ordres et à leurs chefs le témoignage d'admiration et de confiance du Gouvernement et du pays tout entier.
La France, assurée de la victoire, parce qu'elle est résolue à l'obtenir, à votre exemple et à celui de vos armées, gardera jusqu'au bout le calme et la maîtrise de soi, gages du succès. »
Soumise au fer, qui est la loi et la force des armées, la nation tout entière levée pour la défense de son sol et de ses libertés, a accepté d'avance, d'un cœur ferme, toutes les épreuves, même les plus cruelles.
Patiente et tenace, forte de son droit, sûre de sa volonté, elle tiendra.
Je vous donne l’accolade. »
Signé : A. MILLERAND.

LE MANIFESTE DU GOUVERNEMENT 

PARIS, 27 août. - Voici le texte du manifeste que 1e Gouvernement a décidé d'adresser au pays :

Français,
Le Gouvernement nouveau vient de prendre possession de son poste d'honneur et de combat. Le pays sait qu'il peut compter sur sa vigilance, sur son énergie et que, de toute son âme, il se donne à sa défense.
Le Gouvernement sait qu'il peut compter sur le pays.
Ses fils répandent leur sang pour la patrie et la, liberté aux côtes des héroïques armées belge et anglaise; ils reçoivent sans trembler le plus formidable ouragan de fer et de feu qui ait jamais été déchaîné sur un peuple, et tous se tiennent droits.
Gloire à. eux, gloire aux vivants et aux morts. Les hommes tombent, la nation continue.
Grâce à tant d’héroïsme, la victoire finale est assurée.
Un combat se livre, capital, certes, mais non décisif. Quelle qu‘en soit l'issue, la lutte continuera. La France n'est pas la proie facile que s'est imaginée l’insolence de l’ennemi.

 

Français,
Le devoir est tragique, mais est simple : repousser l’envahisseur, le poursuivre, sauver de sa souillure notre sol et de son étreinte la liberté, tenir tant qu’il faudra, jusqu'au bout, hausser nos esprits et nos âmes au-dessus du péril, rester maîtres de nos destins.
Pendant ce temps, nos alliés russes marchent d'un pas décidé vers la capitale de 1'A11emagne, que l'anxiété gagne, et infligent des revers multiples à des troupes qui se replient.
Nous demanderons au pays tous les sacrifices, toutes les ressources qu‘il peut fournir en hommes et en énergies. Soyez donc fermes et résolus. Que la vie nationale, aidée par des mesures financières et administratives appropriées, ne soit pas suspendue.
Ayons confiance en nous-mêmes, oublions tout ce qui n'est pas la patrie.
Face à la frontière ! Nous avons la méthode et la volonté, nous aurons la victoire.

(Suivent les signatures des ministres.)

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Grand Duc NICOLAS

LES COMMUNIQUES
 

(Communiqué 0 la presse du 27 août, 23 heures). - 1° Dans les Vosges, nos troupes ont repris l'offensive et refoulé les forces allemandes qui les avaient, mercredi, fait reculer du coté de Saint-Dié. Les Allemands ont, mercredi, bombardé Saint-Dié, ville ouverte.
2° Dans la région entre les Vosges et Nancy, notre offensive est ininterrompue depuis cinq jours. Les pertes allemandes sont considérables. On a trouvé, au Sud-Est de Nancy, sur un front de trois kilomètres, 2.500 morts allemands. Dans la région de Vitrimont, sur un front de quatre kilomètres, 4.500.
3° Longwy, très vieille forteresse, dont la garnison ne comportait qu'un bataillon, bombardé depuis le 3 août, a capitulé jeudi, après avoir tenu vingt-quatre jours. Plus de la moitié de l'effectif est tué ou blessé. Le lieutenant-colonel d’Arche, gouverneur de Longwy, est nommé officier de la Légion d'honneur pour sa conduite héroïque dans la défense de Longwy.
4° Sur la Meuse, nos troupes ont repoussé avec une extrême vigueur plusieurs attaques allemandes. Un drapeau a été pris.
5° Les troupes belges de la défense mobile de Namur et le régiment français qui les appuyait ont rejoint nos lignes.
6° Dans le Nord, l'armée anglaise, attaquée par des forces très supérieures en nombre, a dû, après une brillante résistance, se reporter un peu en arrière. A sa droite, nos armées ont maintenu leurs positions.
7° En Belgique, l'armée d’Anvers, par son effectif, a attiré et retenu devant elle plusieurs divisions allemandes. 
En Prussc Orientale. - PARIS, 28 août, 1.5 h. 30. (Communiqué officiel). - Repoussées par l'armée russe, les troupes allemandes continuent leur mouvement de retraite sur Kœnigsherg et Allenstein.
La défense mobile de Kœnigsberg est progressivement refoulée dans la place.
En Galice. - Par une offensive énergique, les Russes, après des combats heureux du côté de Romanov, marchent sur Lemberg, dont ils ne sont plus séparés que par une trentaine de kilomètres.
 
Sur mer. - On confirme que le croiseur allemand « Magdeburg » s'est échoué dans le golfe de Finlande et que des croiseurs russes s'en sont emparés.
D'autre part, il est exact que le croiseur léger anglais « Highlyer » a coulé le croiseur auxiliaire allemand «  Kaizer-Wilhelm-der-Grosse » au large de Rio-de-Oro. 

(Communiqué à la presse du 28 août. 23 heures). - La situation de notre front de la Somme aux Vosges est restée aujourd'hui ce qu'elle était hier. Les forces allemandes paraissent avoir ralenti leur marche.
 

(Communiqué officiel du 29 août. 23 heures). - En Lorraine, la progression de nos forces s'est accentuée.
Nous sommes maîtres de la ligne de la Mortagne et notre droite avance.
Rien à signaler sur le front de la Meuse.
Une violente action a eu lieu vendredi dans la région de Launois, Signy-l’Abbaye
Novion-Porcien, sans résultat décisif. L'attaque reprendra aujourd'hui dimanche.
A notre aile gauche, une véritable bataille a été menée par quatre de nos corps d’armée.
La droite de ces quatre corps, prenant l'offensive, a repoussé sur Guise (Aisne) et a lEst, une attaque conduite par le 10ème corps allemand et la garde qui ont subi des pertes considérables.
Notre gauche a été moins heureuse contre les forces allemandes dans la direction de La Fère.
(Communiqué à la Presse du 30 août, a minuit). - La situation dans l'ensemble est la même que dimanche matin.
Après une accalmie, la bataille a repris dans les Vosges et en Lorraine.
Sur la Meuse, à Sassaye, près de Dun, un régiment d'infanterie ennemi, qui avait tenté de passer la rivière, a été presque complètement anéanti.
A notre couche, les progrès de l'aile marchante allemande nous obligent à céder du terrain.
Un avion allemand sur Paris. - Dimanche après-midi, vers une heure et demie, un avion allemand, qui se trouvait a une hauteur d'environ deux mille mètres, a laissé tomber une bombe sur Paris.
Les dégâts sont nuls, l'effet moral aussi. Il n'y a pas eu de victimes.
(Communiqué à la Presse du 31 août 1914, 16 heures 45). - La situation d'ensemble est actuellement la suivante :
Vosges et Lorraine. - On se rappelle que nos forces qui avaient pris l'offensive dans les Vosges et en Lorraine dès le début des opérations et repoussé l'ennemi au-delà de nos frontières, ont ensuite subi des échecs sérieux devant Sarrebourg et dans la région de Morhange, où elles se sont heurtées a des organisations défensives très solides.
Ces forces ont dû se replier pour se reconstituer, les unes sur le Grand-Couronné de Nancy, les autres dans les Vosges françaises.
Les Allemands sont alors passés a l'offensive, mais, après avoir repoussé les attaques ennemies sur les positions de repli qu'elles avaient organisées, nos troupes ont repris l'attaque depuis deux jours.
Cette attaque n'a cessé de progresser, bien que lentement.
C'est une véritable guerre de siège qui se livre dans cette région : toute position occupée est immédiatement organisée de part et d'autre ; c'est ce qui explique la lenteur de notre avance, qui n'en est pas moins caractérisée, chaque jour, par de nouveaux succès locaux.
 
La région de Nancy et de la Wœvre méridionale- Depuis le début de la campagne, cette région, comprise entré la place de Mets (coté allemand) et les places de Toul et de Verdun (coté français), n'a été le théâtre d'aucune opération importante.
 
Direction de la Meuse entre Verdun et Mézières. - On se rappelle que les forces françaises avaient initialement pris l'offensive dans la direction de Longwy, Neul-château et Paliseul.
Les troupes opérant dans la région de Spincourt et Longuyon ont fait éprouver un échec a l'ennemi (armée du prince royal).
Dans les régions de Neuchâteau et Paliseul, au contraire, certaines de nos troupes ont subi des échecs partiels qui les ont contraintes a s'appuyer sur la Meuse, sans toutefois être entamées dans leur ensemble.
Ce mouvement de recul a obligé les forces opérant dans la région de Spincourt à se replier aussi vers la Meuse.
Au cours de ces dernières journées, l'ennemi a cherché à déboucher de la Meuse avec des forces considérables, mais, par une vigoureuse contre-offensive, il a été rejeté dans la rivière, après avoir subi de très grosses pertes.
Cependant des forces nouvelles allemandes se sont avancées par la région de Rocroy, marchant dans la direction de Retlhel.
Actuellement, une action d'ensemble est engagée dans la région comprise entre la Meuse et Rethel, sans qu'il soit possible d'en prévoir l'issue définitive.

Opérations dans le Nord. - Les forces franco-anglaises se sont initialement portées jusque dans la région de Dinant, Çharleroy et Mons.
Quelques échecs partiels subis et le forcement de la Meuse par les Allemands, dans la région de Givet, sur notre flanc, ont contraint nos troupes à se replier.
Les Allemands cherchant toujours a nous déborder par l’Ouest, c'est dans ces conditions que nos alliés anglais, attaqués par un ennemi très supérieur en nombre, dans la région du Cateau et Cambrai, ont dû se replier vers le Sud, au moment où nos forces opéraient dans la région d’Avesnes et de Chimay.
Le mouvement de recul s'est prolongé dans les journées suivantes.
Cependant une bataille générale a été engagée, avant-hier, dans la région de
Saint-Quentin et de Vervins, en même temps que dans la région Ham-Péronne.
Cette bataille a été marquée, pour nous, par un succès important sur notre droite, où nous avons rejeté la garde prussienne et le 10ème corps.
Dans l’Oise, par contre, et toujours en raison des progrès de l'aile droite allemande, où nos adversaires ont réuni leurs meilleurs corps d'armée, nous avons dû marquer un nouveau mouvement de recul.
En résumé. a notre droite, après des échecs partiels, nous avons pris l’offensive et l'ennemi recule devant nous.
Au centre, nous avons eu des alternatives d'échecs et de succès, mais la bataille générale est de nouveau engagée.
A gauche, par une série de circonstances qui ont tourné en la faveur des Allemands, et malgré des contre-offensives heureuses, les forces anglo-françaises ont du céder du terrain.
Nulle part encore, nos armées, malgré quelques échecs incontestables, n'ont été réellement entamées.
L'état moral de la troupe est excellent, malgré les pertes considérables subies ; mais les envois des dépôts ont pu boucher les vides.
(Communiqué officiel du mardi ler septembre. 15heures). - La situation générale ne s'est modifiée que sur nos ailes.
A notre gauche, les Allemands- ont gagné quelque terrain.
Dans le centre, pas de modifications sensibles; on ne s'est pas battu.
En Lorraine, nous avons remporté de nouveaux avantages.
(Communiqué à la presse du ler septembre, 23 heures). -- 1° A notre aile gauche, par suite du mouvement enveloppant des Allemands, et dans le but de ne pas accepter une action décisive qui aurait pu être engagée dans de mauvaises conditions, nos troupes se sont repliées partie vers le Sud, partie vers le Sud-Ouest.
L'action engagée dans la région de Rethel a permis à nos forces d'arrêter momentanément l'ennemi. .
2° Au centre et à notre droite (Wœvre, Lorraine et Vosges), la situation est sans changement.
Les aéroplanes allemands. - Il a été organisé une escadrille d’aéroplanes blindés et munis de mitrailleuses pour faire la chasse aux aéroplanes allemands qui survolent Paris.
Le Comité américain, constitué par M. l'ambassadeur des Etats-Unise a pris parmi les plus hautes notabilités américaines présentes à Paris, au jour de la déclaration de guerre. a demandé au ministre de la Guerre de bien vouloir lui donner les preuves que les bombes, tombées sur Paris, avaient été jetées par un avion allemand.
M. Millerand, répondant à ce désir, a fait mettre sous les yeux de M. l’ambassadeur des Etats-Unis et de deux délégués du Comité tout le dossier. L'ambassadeur, après avoir pris, ainsi que les membres du Comité, connaissance des pièces qui lui ont été soumises, a décidé d'adresser par câble à son Gouvernement un rapport sur ces procédés de guerre qui, non seulement sont des actes contre l'humanité. mais encore sont en violation absolue de la Convention de La Haye, signée par l’Allemagne elle-même.
Le Comité a, en outre, décidé de demander au gouvernement américain, tout en demeurant fidèle à sa déclaration de neutralité, de protester énergiquement auprès du gouvernement allemand.
(Communiqué officiel du 2 septembre). - A notre aile gauche, dans la journée du 1er  septembre, un corps de cavalerie allemande, dans sa marche vers la foret de Compiègne, a eu un engagement avec les Anglais qui lui prirent dix canons.
Un autre corps de cavalerie allemande a poussé jusqu'à la ligne de Soissons-Anizy-le-Château.
Dans la région de Rethel et la Meuse, l'ennemi n'a manifesté aucune activité.
En lorraine, nous avons continué à progresser sur la rive droite du Sanon.
Au Sud, la situation est inchangée.
En Haute-Alsace, les Allemands ne semblent avoir laissé devant Beltort qu'un rideau de troupes.
Dans la région du Nord, on ne signale pas d'ennemis à Lille, Arras, Douai,
Béthune et Lens.
Ca annonce de Belgique que des fractions appartenant s, plusieurs corps d'armée allemandes se sont mises en mouvement vers l'Est et rentrent en Allemagne.

(Communiqué du Ministère de la Guerre, 2 septembre, 23 heures). - Les Russes ont remporté en Galicie une grande victoire, mais les détails n'en sont pas encore complètement connus.
PETROGRAD, 2 septembre. (Communiqué de l'état-major du généralissime}: Après un combat de sept jours. L’armée  russe, s'emparant des positions de Lemberg, très fortifiées et avancées à quinze ou vingt verstes à l'est de la ville, s'approcha des forts principaux.
Une bataille extrêmement tenace eut lieu, à la suite de laquelle, le 1er septembre, les  Autrichiens furent jetés dans une déroute désordonnée, abandonnant des pièces d'artillerie grosse et légère, des parcs d'artillerie entiers, des cuisines de campagne.
Nos avant-gardes et notre cavalerie poursuivirent l'ennemi, qui subit d'énormes pertes en tués, blessés et prisonniers.'
L'armée autrichienne opérant dans la région de Lemberg était composée des troisième, onzième et douzième corps et de parties des septième et quatorzième corps.
Cette armée parait être complètement défaite.
Pendant la poursuite que leur donnaient les troupes russes, les Autrichiens, qui battaient en retraite de Gnilalipa, furent obligés d'abandonner encore trente et un canons.
Nos troupes opèrent leur mouvement par des routes encombrées de parcs d‘artillerie, de convois surchargés de provisions de toutes sorte.
Le total des canons que les Russes ont pris dans la région ne Lemberg s'élève à cent cinquante.
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Pendant la bataille 1914 GALLIENI

LE GOUVERNEMENT A BORDEAUX

 

PARIS, 2 septembre, 23heures. - Le Président de la République et le Gouvernement ont quitté Paris, cette nuit, pour Bordeaux.
Le Président de la République et le Gouvernement ont décidé d'adresser au pays le manifeste suivant :
« Français,
Depuis plusieurs semaines, des combats acharnés mettent aux prises nos troupes héroïques et l'armée ennemie.
La vaillance de nos soldats leur a valu, sur plusieurs points, des avantages marqués, mais, au Nord, la poussée des forces allemandes nous a contraint à nous replier.
Cette situation impose au Président de la République et au Gouvernement une décision douloureuse. Pour veiller au salut de la nation, les Pouvoirs publics ont le devoir de s'éloigner, pour l'instant, de la ville de Paris.
Sous le commandement d'un chef éminent, une armée française, pleine de courage et d'entrain, défendra, contre l'envahisseur, la capitale et sa patriotique population.
Mais la guerre doit se poursuivre en même temps sur le reste du territoire.
Sans paix ni trêve, sans arrêt ni défaillance, continuera la lutte sacrée pour l’honneur de la nation et pour la réparation du droit violé.
Aucune de nos armées n'est entamée ; si quelques-unes d'entre elles ont subi des pertes trop sensibles, les vides ont été immédiatement comblés par les dépôts et l'appel des recrues nous assure, pour demain, de nouvelles ressources en hommes et en énergies.
Durer et combattre, tel doit être le mot d‘ordre des armées alliées anglaises, russes, belges et françaises.
Durer et combattre pendant que, sur mer, les Anglais nous aident à couper les communications de nos ennemis avec le monde.
Durer et combattre pendant que les Russes continuent à s'avancer, pour porter au cœur de l’Empire d’Allemagne le coup décisif.
C’est au Gouvernement de la République qu'il appartient de diriger cette résistance opiniâtre. Partout, pour l’indépendance, les Français se lèveront. Mais, pour donner a cette lutte formidable tout son élan et toute son efficacité, il est indispensable que le Gouvernement demeure libre d'agir.
A la demande de l'autorité militaire, le Gouvernement transporte donc momentanément sa résidence sur un point du territoire d'où il puisse rester en relations constantes avec l'ensemble du pays. Il invite les membres du Parlement à ne pas se tenir éloignés de lui, pour pouvoir former devant l'ennemi, avec le Gouvernement et avec leurs collègues, le faisceau de l'unité nationale.
Le Gouvernement ne quitte Paris qu'après avoir assuré la défense de la ville et du camp retranché par tous les moyens en son pouvoir. Il sait qu'il n'a pas besoin de recommander à l’admirable population parisienne le calme, la résolution, et le sang-froid. Elle montre tous les jours qu'elle est à la hauteur des plus grands devoirs.
Français,
Soyons tous dignes de ces tragiques circonstances. Nous obtiendrons la victoire finale. Nous l’obtiendrons par la volonté inlassable, par l'endurance et la ténacité.
Une nation qui ne veut pas périr et qui, pour vivre, ne recule ni devant la souffrance ni devant les sacrifices, est sûre de vaincre.
Signé : Le Président de la République, Raymond POINCARÉ.
Le Président du Conseil, René VIVIANI. Le Ministre de la Justice, BRIAND le Ministre des Aflaires étrangères. Ducasse; le Ministre de l'intérieur, L. MALVY; le Ministre des Finances. RIBOT ; le Ministre de la Guerre, MILLERAND ; le Ministre de la Marine, AUGAGNEUR ; 1e Ministre de l'instruction publique, A. SARRAUT; le Ministre des Travaux publics, Marcel SEMBAT; le Ministre du Commerce, THOMSON ; le Ministre de l’Agriculture, Fernand DAVID; Le Ministre des Colonies, Gaston DOUMERGUE. le Ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, BIENVENU-MARTIN; le Ministre sans portefeuille , Jules GUESDE.

 

UNE PROCLAMATION DU GENERAL GALLIENI

 

PARIS, 3 septembre. - Le général Galliéni a fait afficher la proclamation suivante :
Armée de Paris, Habitants de Paris,
Les membres du Gouvernement de la République ont quitté Paris pour donner une impulsion nouvelle à la Défense nationale. J'ai reçu le mandat de défendre Paris contre l'envahisseur. Ce mandat, je le remplirai jusqu’au bout.

 

UN TELEGRAMME TRIOMPHANT DU GRAND-DUC NICOLAS

 

PETROGRAD, 3 septembre. - Le grand-duc Nicolas a adressé au Tzar le télégramme suivant : Avec une joie extrême, et en remerciant Dieu, j'annonce à Votre Majesté victorieuse qu'aujourd'hui, au matin, l'armée du général Rouzsky a pris Lemberg.
L'armée du général Broussiloff a, de son coté, pris Halicz.
Je sollicite pour le général Rouzsky, en récompense de sa conduite dans les batailles précédentes et pour la prise de Lemberg, la croix de Saint-Georges.
Je demande pour le général Broussiloff la même décoration de 3° classe, en raison de sa conduite dans tous les combats et la croix de la 4‘ classe pour la prise de Halicz. »

 

PAS DE PAIX SEPAREE

 

LONDRES, 5 septembre. - Le Ministre des Affaires étrangères et les ambassadeurs de France et de Russie ont signé, ce matin, au Foreign Office, une déclaration disant que les soussignés, dûment autorisés par leurs gouvernements respectifs, font la déclaration suivante :
« Les Gouvernements de Grande-Bretagne, de France et de Russie s'engagent mutuellement à ne pas conclure la paix séparément au cours de la présente guerre.
Les trois Gouvernements conviennent que, lorsqu'il y aura lieu de discuter les termes de la paix, aucune des puissances alliées ne pourra poser des conditions de paix sans accord préalable avec chacune des autres alliées. »
Ont signé : Sir Edward GREY, ministre des Affaires étrangères; Paul CAMBON, ambassadeur de France à Londres; le comte de BENKNDORFF, ambassadeur de Russie à Londres.

 

LES COMMUNIQUES

 

(Communiqué du Gouvernement militaire de Paris, 3 septembre. 23 heures). -
Armée de Paris. - Aucun contact ne s'est produit depuis hier, mercredi, avec l'ennemi, signalé dans la région de Compiègne et Senlis. Les précautions étaient d'ailleurs prises pour enrayer tout mouvement offensif de l'ennemi.
Les mesures prévues pour assurer la chasse aux avions allemands et notamment des croisières d'avions français, fortement armés, ont empêché les avions allemands de survoler à nouveau Paris.
Armée au Nord-Est. - La situation respective de l'ensemble des forces reste la même qu'hier mercredi.

 

(Communiqué officiel du Gouvernement utilitaire de Paris, 4 septembre, 15 h.). -
Armée de Paris. - Les mouvements des armées opposées se sont poursuivis sans qu'il y ait eu encore contact.
Armées du Nord. - Dans la région de Verdun, les forces allemandes ont subi certains échecs.
En Lorraine et dans les Vosges. - Nos troupes ont remporté de nouveaux succès partiels.
La situation générale s'est peu sensiblement modifiée.
Du coté russe. _ En Galicie, la nouvelle de la prise de la forteresse de Lemberg par l'armée russe est officielle.

 

(Communiqué de l'état-major du généralissime). - PETROGRAD, 4 septembre. -
Pour une offensive contre le front Lublin-Kholn, les forces principales autrichiennes se développèrent sur la ligne de bataille Zavichost-Ianoff-Belgarai-Tomaschoff et Belz.
Dans le but de couvrir cette opération du côté de l'arrondissement militaire de Kieff, dans la région Est de Bamberg, les Autrichiens réunirent une deuxième armée composée des 3ème,  11ème , 12ème corps et de 5 divisions de cavalerie.
Au moment où les troupes russes prirent l'offensive, la concentration autrichienne n'était pas encore achevée et la situation topographique obligea l'ennemi à renforcer encore cette armée des troupes des 7ème , 13éme et 14ème  corps, soit au total 12 divisions et plusieurs brigades de landsturm.
Les troupes russes des régions de Loutsk, Doubno et Proskouroff passèrent la frontière le 20 août, se dirigeant vers Lemberg, dans le but de rompre la couverture autrichienne et d'agir contre le flanc et les derrières de l'ennemi.
Cette offensive fut embarrassée par les nombreux affluents du Dniester qui coupent toutes les routes ; en outre, l'ennemi disposait, sur le Dniester, d'une série de fortifications destinées à 1a défense des ponts et qui lui permettaient de menacer le flanc gauche russe et les communications avec 1a Russie.
Du 17 août au 3 septembre, l'aile gauche russe parcourut 820 verstes en combattant tout 1e temps.
Le gros des forces ennemies, retranchées dans les puissantes positions de Kamenka et de Kalitch, accepta le combat et fut battu à plate couture.
Dans une bataille acharnée, livrée du 31 août au 1er septembre, dans la seule région de la Guilalipa inférieure, où l'ennemi fut enfoncé, les Autrichiens eurent 20.000 tués et blessés. .
La retraite de l'armée ennemie, à la suite de la défaite de Lemberg, prit le caractère de fuite désordonnée et de panique.
Les Russes prirent 300 canons, des convois et firent 10.000 prisonniers.
Le reste de 1a deuxième armée autrichienne n'a plus aucune valeur militaire.
Dès le 2 septembre, les troupes russes s’approchèrent de Lemberg, à une portée de canon, et les forts de la ville n’arrêtèrent pas la poussée.
Le, 2 septembre. Lemberg fut étroitement entouré par les troupes russes, et les Autrichiens l’abandonnèrent dans une fuite hâtive.
Lemberg a une grande importance politique et administrative, comme centre de la Galicie.
Sa prise est très grave au point de vue stratégique, car elle forme le nœud des routes conduisant sur 1e Dniester et vers les derrières des armées autrichiennes arrêtées maintenant sur la ligne opposée de Zamostis-Belz.
La prise de Lemberg donnera aux troupes russes la faculté de rendre leur poussée encore plus intense.

 

(Communiqué du bureau de la Presse du Ministère de la Guerre). - BORDEAUX, 5 septembre. - A notre aile gauche, l'ennemi parait négliger Paris pour poursuivre une tentative de mouvement débordant. Il a atteint La Ferté-sous-Jouarre, dépassé Reims et il descend 1e long et à 1‘Ouest de l’Argonne.
Cette manœuvre n'a pas plus atteint son but aujourd’hui que les jours précédents.
A notre droite, en Lorraine, dans les Vosges, le combat continue pied à pied avec des alternatives diverses.
Maubeuge, violemment bombardé, résiste vigoureusement.

 

(Communiqué du Gouvernement militaire de Paris, 5 septembre, 15 heures. - L'ennemi poursuivant son large mouvement de conversion, continue de laisser le camp retranche de Paris sur sa droite et de marcher dans la direction du Sud-Est.

 

(Communiqués officiels à la presse) - PARIS, 6 septembre, 15 heures. – Les troupes de la défense avancée sur Paris ont pris, samedi, le contact avec des forces adverses paraissant couvrir, sur l’Ourcq, vers le Sud-Est, le mouvement du gros de l'aile droite allemande.
Le petit engagement qui en résulta a tourné à notre avantage.

 

PARIS, 6 septembre, 23 heures. - 1° A notre aile gauche, nos armées ont repris contact, dans de bonnes conditions, avec l'aile droite ennemie, sur les rives du Grand Morin.
2° Sur notre centre et à droite (Lorraine et Vosges), on continue à se battre.
Aucun changement à signaler.
3° A Paris, l'engagement qui s'est produit hier entre les éléments de la défense avancée et la flanc-garde de l'aile droite allemande a pris aujourd'hui plus d'ampleur. Nous nous sommes avancés jusqu'à l’Ourcq sans rencontrer de grande résistance.
La situation des armées alliées parait bonne dans son ensemble.
4° Maubeuge continue a résister héroïquement.

 

(Communiqué officiel), _ PARIS. 7 septembre, 15 heures. - Une action générale est engagée sur une ligne passant par Nanteuil-le-Haudouin, Meaux, Sezanne, Vitry-le-François et s'étendant jusqu'à Verdun. Grâce à une action très vigoureuse de nos troupes, puissamment aidées par l'armée britannique, les troupes allemandes qui s'étaient avancées, avant-hier et hier, jusque dans la région de Coulommiers et de La Ferté-Gaucher, ont dû, dans la soirée d'hier, marquer un mouvement de recul.
 
Les opérations Austro-Russes. - Douze divisions de l'armée autrichienne de Lemherg ont été complètement détruites. Une seconde armée autrichienne, opérant sur le front de Krosno a Sodwopol (région de Lublin), a subi de très grosses pertes. Elle se tient, maintenant, sur la défensive et a, par endroits, battu en retraite.

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Pendant la bataille 1914 N° 9

LES COMMUNIQUES

 

(Communiqué officiel du 7 septembre, 23 heures). - A notre aile gauche, les armées alliées ont progressé sans que l’ennemi s'y soit énergiquement opposé.
A notre centre (région de Verdun), alternatives d’avance et de recul.
A droite, la situation est inchangée; Dans les Vosges, nous avons eu quelques succès partiels.
Les éléments de la défense avancée de Paris ont livré, dans le voisinage de l‘Ourcq, des combats dont l'issue nous a été favorable.
L’héroïque défense de Maubeuge. - Le Ministre de la Guerre a adressé au gouverneur de Maubeuge la dépêche suivante :
« Au nom du Gouvernement de la République et du pays tout entier, j’envoie aux héroïques défenseurs de Maubeuge et à sa vaillante population, l'expression de ma profonde admiration. Je sais que vous ne reculerez devant rien pour prolonger la résistance jusqu’à l’heure, que j'espère prochaine, de votre délivrance. »
D'autre part, le commandant en chef a cité à l’ordre du jour des armées le gouverneur de Maubeuge pour sa belle défense.
(Communique officiel du 8 septembre, 13 heures). - 1° A l'aile gauche, les armées alliées, y compris les éléments de la défense avancée de Paris, sont en progression continue, depuis les rives de l'Ourcq, jusque dans la région de Montmirail. L'ennemi se replie dans la direction de la Marne.
Entre Meaux et Sezanne, les troupes franco-anglaises ont fait de nombreux prisonniers, dont un bataillon d’infanterie, une compagnie de mitrailleuses et de nombreux caissons.
2° A notre centre, de violents combats se sont livrés entre La Fère-Champenoise, Vitry-le-François et la pointe Sud de l’Argonne. Nous n'avons été refoulés nulle part et l'ennemi a perdu du terrain aux abords de Vitry-le-François, où un mouvement de repli de sa part a été nettement constaté.
3° A notre droite, une division allemande a attaqué, sur l’axe Château-Salins-Nancy, mais elle a été repoussée au nord de la forêt de Champenoux.
D'autre part, plus à l’Est, nos troupes ont repris la crête de Mandray et le col des Journaux.
4° Pas de modifications à la situation en Alsace.
Théâtre d'opérations austro-russes. - En Galicie. L’offensive russe contre les Autrichiens se continue avec succès. Malgré ses tourelles à coupoles cuirassées et ses trois lignes de fortifications, Nicolaïeff, au Sud de Lemberg, a été pris par l'armée russe qui y a capturé 40 canons et un grand nombre de munitions.
Les Autrichiens se retirent en abandonnant un nombre considérable de canons de trains et de prisonniers.
La cavalerie russe est déjà sur les crêtes des Karpathes.
La seconde armée autrichienne opérant dans la région de Lublin a été fortement éprouvée. A l'Ouest de Krasnotow, un régiment entier, le 45éme, s’est rendu en entier.
(Communiqué officiel du 8 septembre, 23 heures). - A l’aile gauche, les Allemands ayant franchi, dans leur mouvement de retraite, le Petit-Morin, se sont livrés, en vue de protéger leurs communications, a de violentes mais infructueuses attaques contre celles de nos forces qui occupent la rive droite de l’Ourcq.Nos alliés les Anglais poursuivent leur offensive dans la direction de la Marne.
Sur les plateaux au Nord de Sezanne, nos troupes progressent, bien que péniblement.
A notre centre, de violents combats continuent avec des alternatives d'avance et de recul partiels.
A notre aile droite, la situation est bonne en avant de Nancy et dans les Vosges.
(Communiqué officiel du 9 septembre. 15 heures}. - 1° A l’aile gauche, bien que les Allemands aient renforcé leurs troupes, la situation demeure satisfaisante.
L'ennemi se replie devant l'armée anglaise.
2° Au centre, notre avance est lente, mais générale.
A l'aile droite, aucune action de l'ennemi contre le Grand-Couronné de Nancy.
Dans les Vosges et en Alsace, pas de modifications.
Sur tout le front, les Allemands semblent esquisser un mouvement de retraite assez sensible. La situation stratégique de nos troupes paraît meilleure. Toutefois, il ne faut pas préjuger du résultat final, la bataille s'étendant sur plusieurs centaines de kilomètres. D'autre part, il semble que les Allemands éprouvent certaines difficultés pour leur ravitaillement. En résumé, il parait y avoir pour nos troupes une progression générale.
Deux drapeaux ennemis sont pris. - Au cours des combats engagés aux bord de l'Ourcq, deux drapeaux ont été enlevés aux Allemands. Ils furent apportés aujourd’hui au quartier général de l’armée de Paris.
Le général Gallieni a remis la médaille militaire au fantassin réserviste Guilmard, qui a conquis de vive force un de ces drapeaux, qui appartient au 36ème d'infanterie des fusiliers de Magdebourg. Il avait été, en 1870, décoré de la Croix de Fer.
(Communiqué officiel du 9 septembre, 23 heures). - A l'aile droite, toutes les tentatives allemandes pour rompre celles de nos troupes qui se trouvent sur la rive droite de l’Qurcq ont échoué.
L’armée anglaise a franchi la Marne.
L'ennemi a reculé d'environ quarante kilomètres.
Au centre et à l'aile droite, aucun changement notable.
(Communiqué officiel du 10 septembre, 23 heures). - 1° A l'aile gauche, les troupes anglo-françaises ont franchi la Marne, entre La Ferté-sous-Jouarre, Charly et Château-Thierry, poursuivant l'ennemi en retraite.
Au cours de sa progression, l'armée britannique a fait de nombreux prisonniers et pris des mitrailleuses.
Depuis quatre jours que dure la bataille, les armées alliées ont, sur cette partie du théâtre des opérations, gagné plus de soixante kilomètres.
Entre Château-Thierry et Vitry-le-François, la garde prussienne a été rejetée au Nord des marais de Saint-Gond.
L'action continue avec une grande violence dans la région comprise entre le camp de Mailly et Vitry-le-François.
L'état moral et sanitaire de nos troupes reste excellent.
2° Au centre et à l‘aile droite, la situation reste stationnaire sur l’Ornain et en Argonne, où les deux adversaires maintiennent leurs positions.
Du côté de Nancy, l'ennemi a légèrement progressé sur la route de Château-Salins; par contre, nous avons gagné du terrain dans la foret de Champenoux.
Les pertes sont considérables de part et d'autre.
3° Aucune confirmation n'est parvenue jusqu'ici de la nouvelle donnée par les journaux allemands de la chute de Maubeuge.

Encore un drapeau allemand. - Un nouveau drapeau allemand a été apporté, ce soir, aux Invalides. C'est le drapeau prussien du 94° d'infanterie. Il a été pris avant-hier, à trois kilomètres de Senlis, par M. de Sonnois, capitaine commandant au 5ème hussards. Le drapeau, qui porte au centre l'aigle allemand, est orné, à chaque angle, de la couronne impériale. Sur la lance qui surmonte la hampe est gravé le numéro du régiment.

(Communiqué officiel du 11 septembre, 15 heures). - La bataille de la Marne du 8 au 10 septembre. - L'autorité militaire française s'est attachée à ne donner que des nouvelles exactes, ainsi que nous l'avons annoncé.
Une bataille est engagée depuis le 6 septembre, sur le front s'étendant d'une façon générale de Paris à Verdun.
Dès le début de l’action, l'aile droite allemande, qui avait atteint, le 6, la région au Nord de Provins (armée commandée par le général Von Kluck), se voyait obligée de se replier devant la menace d’enveloppement dont elle était l'objet.
Par une série de mouvements habiles et rapides, cette armée parvenait à échapper a l'étreinte dont elle était menacée et se jetait avec la majeure partie de ses forces, contre notre aile enveloppante, au Nord de la Marne et à l’Ouest de l'Ourcq. Mais les troupes françaises qui opéraient dans cette région, puissamment aidées par la bravoure de nos alliés anglais, infligèrent à l'ennemi des pertes considérables et tinrent bon le temps nécessaire pour permettre à notre offensive de progresser par ailleurs.
Actuellement et de ce coté, l'ennemi est en retraite vers l'Aisne et vers 1‘0ise ; il a donc reculé de 60 à 75 kilomètres depuis quatre jours.
Entre temps, les forces franco-anglaises qui opéraient au Sud de la Marne n'ont pas cessé de poursuivre leur offensive. Parties, les unes de la région au Sud de la forêt de Crécy, les autres de la région au Nord de Provins et au Sud d'Esternay, elles ont débouché de la Marne au Nord de Château-Thierry.
De violents combats ont été engagés dès le début dans 1a région de La Ferté-Gaucher, d‘Esternay et de Montmirail.
La gauche de l'armée du général Von Kluck, ainsi que l'armée du général Von Bulow se replient devant nos troupes.
C'est dans la région comprise entre les plateaux au Nord de Sézanne et Vitry-le-François que se sont livrés les combats les plus acharnés.
Là opéraient, outre la gauche de l'armée de Bulow, l'armée saxonne et une partie de l'armée commandée par le prince de Wurtemberg.
Par de violentes attaques répétées, les Allemands ont tenté de rompre notre centre sans y parvenir.
Nos succès, sur les plateaux au Nord de Sézanne, nous ont permis à notre tour de passer à l'offensive et, au cours de la nuit dernière, l'ennemi a rompu le combat sur le front compris entre les marais de Saint-Gond et la région de Sommesous, pour se replier dans la région immédiatement a l'Ouest de Vitry-le-François.
Sur, l’Ornain, de même qu'entre l’Argonne et la Meuse, où opèrent les armées du prince de Wurtemberg et du Kronprinz, le combat dure encore avec des alternatives d'avance et de recul, mais sans grand changement dans la situation d'ensemble.
Ainsi, la première phase de la bataille de la Marne se dessine en faveur des armées alliées puisque l'aile droite allemande et le centre sont actuellement en retraite.
A notre droite, la situation reste sans changement notable, dans les Vosges et devant Nancy, que quelques pièces allemandes à longue portée ont essayé de bombarder.
La situation générale s'est donc complètement transformée depuis quelques jours, tant au point de vue stratégique qu'au point de vue tactique. Non seulement nos troupes ont arrêté la marche des Allemands que ceux-ci croyaient victorieuse, mais l'ennemi recule devant nous sur presque tous les points.
(Communiqué officiel du 11 septembre. minuit) - A l'aile gauche, notre succès s'accentue. Nos progrès ont continué au Nord de le Marne et dans la direction de Soissons et Compiègne.
Les Allemands nous ont abandonné de nombreuses munitions, du matériel, des blessés et des prisonniers, Nous avons pris un nouveau drapeau.
L'armée britannique s'empara de onze canons et d'un matériel important, et fit douze à quinze cents prisonniers.
Au centre, l'ennemi a cédé sur tout le front, entre Sézanne et Revigny.
Dans 1'Argonne, les Allemands n'ont pas encore reculé.
Malgré les efforts fournis par nos troupes au cours de ces cinq journées de bataille, elles trouvent encore l'énergie de poursuivre l'ennemi.
A l'aile droite (Lorraine et Vosges), rien de nouveau.
Théâtre des opérations austro-russes. - L'armée autrichienne, défaite a Lemberg, n'a pu reprendre l'offensive, malgré des renforts importants. Elle est rejetée sur un front jalonné par Rawa, Ruska et le Dniester.
Les Russes assiègent la position fortifiée Grodeck.
Une seconde armée autrichienne, attaquée aux environs de Tomaschow, a. été contrainte à la retraite.

Théâtre d'opérations austro-serbes. - Les troupes serbes ont franchi la Save à Chabatz et Obrenovatz. En Bosnie, elles ont pris l'offensive vers Visegrad,

(Communiqué officiel du 12 septembre, 15 heures). - 1° A notre aile gauche, les Allemands ont entamé un mouvement de retraite générale entre l'Oise et la Marne.
Hier, 1eur front était jalonné par Soissons, Braine, Fismes et la montagne de Reims. Leur cavalerie semble épuisée.
Les forces anglo-françaises, qui les poursuivent, n'ont trouvé devant elles, dans la journée du,11, que de faibles résistances.
2° Au centre et à notre aile droite, les Allemands ont évacué Vitry-le-Francois, où ils s’étaient fortifiés, et le cours de 1a Saulx.
Attaqués à Sermaize et à Revigny, ils ont abandonné un nombreux matériel.
Les forces allemandes occupant l’Argonne ont commencé a céder. Elles battent en retraite vers le Nord, par la forêt de Belnoue.
En Lorraine, nous avons légèrement, progressé. Nous occupons la lisière Est de la forêt de Champenoux, Rehainviller et Gerbeviller. Les Allemands ont évacué Saint Dié.

Les peuples héroïques. - L'armée belge agit vigoureusement contre les troupes allemandes qui observent le camp retranché d’Anvers.

Les Serbes ont occupé Semlin.

Nos généraux a l'honneur. - A la demande du général Joffre, et sur la proposition du Ministre de la Guerre, le Gouvernement a décidé de conférer la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur aux généraux Maunoury et Dubail, et celle de grand-officier au général Foch. 

Les communications postales. - Le Conseil a pris des mesures pour améliorer les communications postales.

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Pendant la bataille N° 10 1914

FELICITATIONS PRESIDENTIELLES A L'ARMEE

 

BORDEAUX, 11 septembre. - M. Raymond Poincaré vient d'adresser à M. Millerand 1a lettre suivante :
« Mon cher Ministre,
Nos vaillantes armées ont, de nouveau, donné, dans les quatre dernières journées de combat, des preuves éclatantes de leur bravoure et de leur entrain.
L’idée stratégique que le général commandant en chef avait conçue avec tant de clairvoyance et réalisée avec tant de sang-froid, de méthode et de résolution, s'est traduite, dans les opérations récentes, par une tactique impeccable.
Loin d'être fatiguées par de longues semaines de marches et de batailles incessantes, nos troupes ont montré plus d'endurance et de mordant que jamais.
Avec 1e vigoureux concours de nos alliés anglais, elles ont refoulé l'ennemi à l’Est de Paris, et les brillants succès qu‘el1es ont remportés, les magnifiques qualités qu'elles ont déployées sont 1e gage certain des victoires définitives.
Je vous prie, mon cher Ministre, de vouloir bien transmettre au général commandant en chef, aux officiers et aux soldats, avec l’expression émue de mon admiration et avec mes vœux les plus ardents, les félicitations et les encouragements du Gouvernement de la République
Croyez, mon cher Ministre, à mes sentiments affectueux et dévoués. »
Raymond Poincaré.

Le Ministre de la Guerre a transmis en ces termes, au général Joffre, la lettre du Président de la République :
« Mon cher Général,
j’ai reçu, et je suis heureux de vous transmettre, en saisissant cette occasion de vous renouveler l'expression de mes félicitations personnelles, la lettre suivante de M. le Président de la. République. (Suit le texte de la lettre.) M. le Président du Conseil a bien voulu me demander de joindre a cette manifestation si flatteuse du Chef de l’Etat, l'expression des vives félicitations du gouvernement de la République tout entier. Croyez, mon cher Général, à mes sentiments d’affectueuses sympathies.
MILLERAND.

 

UNE PROCLAMATION DE GEORGE V AUX COLONIES BRITANNIQUES

LONDRES, 11 septembre. - La proclamation royale suivante vient d'être adressée aux colonies britanniques :
Durant les dernières semaines, tous les peuples de mon empire, de la mère-patrie et des colonies, se sont mis en mouvement avec l'intention unanime de faire face pour repousser une agression sans précédent contre la civilisation et la paix du monde entier.
Je n’ai pas cherché un conflit désastreux. Au contraire, ma voix s'est toujours élevée en faveur de 1a paix. Mes ministres ont fait tous leurs efforts pour atténuer la tension et aplanir des difficultés auxquelles mon empire n'était pas intéressé.
Me serais-je tenu à l'écart, quand, en dépit des traités signés, auxquels mon empire est partie contractante, le sol de la Belgique était violé et ses villes dévastées, et quand la nation française était menacée d'extinction !
J'aurais sacrifié mon honneur et voué à la destruction la liberté de mon empire et de l'humanité.
Je me réjouis que toutes les parties de mon empire aient approuvé ma décision.
La Grande-Bretagne et l'empire considèrent comme un héritage commun le respect absolu de la parole donnée et des traités signés par les rois et peuples.
Mes peuples au-delà des mers ont montré qu'ils approuvaient la grave décision qu'il était nécessaire de prendre, en me donnant leur appui complet, et je suis fier de montrer au monde entier que les peuples des colonies sont aussi déterminés que ceux du Royaume-Uni à poursuivre une cause juste jusqu'à ce qu'un résultat satisfaisant ait été obtenu.
Ils ont ainsi démontré, malgré les diversités des origines et d'une façon complète, l'unité fondamentale de l’Empire.

 

1.200 000 HOMMES EN LIGNE

 

LONDRES, 11 septembre. - A la Chambre des Communes, M. Asquith a déposé un projet de résolution pour augmenter de cinq cent mille hommes les effectifs de l'armée.
Quand la guerre a éclaté, a-t-il dit, nous avions quatre cent mille hommes, y compris les réserves et les Colonies.
Le 5 août, j'ai propose une augmentation de cinq cent mille hommes, ce qui portait le total a neuf cent mille hommes.
Au 10 septembre, le nombre des engagements atteignait 439.999.
Si le projet de résolution est voté, le pays sera en position de mettre en ligne un million deux cent mille hommes pour la mère patrie, à l'exclusion des territoriaux, de 1a réserve nationale, et de la magnifique contribution promise par les Indes et les autres colonies.
En ce qui concerne les crédits nécessaires, le Premier a dit qu'il est sûr que l’Assemblée les votera sans hésitation quand besoin sera.
Il tient surtout à affirmer que ceux qui répondent à l'appel du pays à une époque critique seront traités généreusement et peuvent être assurés qu'un confort absolu leur sera donné, afin qu'ils puissent accomplir plus facilement leur tâche patriotique dans une armée magnifique, si digne de sa tradition splendide, pendant la dernière quinzaine, (Applaudissements nourris).
Sir Bonard Law a assuré ensuite le Gouvernement de l'appui de l'opposition.

 

ORDRE DU GENERAL EN CHEF DES ARMEES

12 septembre.

La bataille qui se livre depuis cinq jours s'achève en une victoire incontestable.
La retraite des première, deuxième et troisième armées allemandes s'accentue devant notre gauche et notre centre.
A son tour, la quatrième armée ennemie commence à se replier au nord de Vitry et de Sermaize.
Partout l'ennemi laisse sur place de nombreux blessés et des quantités de munitions; partout on tait des prisonniers.
En gagnant du terrain, nos troupes constatent les traces de l’intensité de la lutte et de l'importance des moyens mis en œuvre par les Allemands pour essayer de résister à notre élan.
La reprise vigoureuse de l'offensive a déterminé le succès,
Tous, officiers, sous-officiers et soldats, vous avez répondu à mon appel ; tous vous avez bien mérité de la patrie.

Signé : Général JOFFRE

 

ORDRE DU GOUVERNEUR  MILITAIRE DE PARIS

 

« Le Gouverneur militaire de Paris est heureux de porter le télégramme ci-dessus à la connaissance des troupes sous ses ordres ; il y ajoute ses propres félicitations pour l'armée de Paris, en raison de la participation qu'elle a prise aux opérations.
Il félicite aussi les troupes du camp retranché de l'effort qu'elles ont donné pendant cette période, effort qui doit continuer sans relâche.

Signé : Général GALLIÉNI.

 

UN TELEGRAMME DU GÉNÉRAL JOFFRE

 

BORDEAUX, 13 septembre. - Le Conseil des Ministres s'est réuni, dimanche matin, sous la présidence de M. Poincaré, M. Millerand, ministre de la Guerre, a donné connaissance au Conseil du télégramme suivant, reçu le matin, du général Joffre :
« Notre victoire s'affirme de plus en plus complète. Partout" l’ennemi est en retraite ; partout les Allemands abandonnent des prisonniers, des blessés et du matériel.
Après les efforts héroïques dépensés par nos troupes pendant cette lutte formidable, qui a duré du 5 au 12 septembre, toutes nos armées, surexcitées par le succès, exécutèrent une poursuite sans exemple par son extension.
A notre gauche, nous avons franchi l’Aisne, en aval de Soissons, gagnant ainsi plus de cent kilomètres en six jours de lutte.
Nos armées, au Centre, sont déjà au Nord de la Marne.
Nos armées de la Lorraine et des Vosges arrivent a 1a frontière.
Nos troupes, comme celles de nos alliés, sont admirables de moral, d'endurance et d'ardeur.
La poursuite sera continuée avec toute notre énergie.
Le Gouvernement de la République peut être fier de l'armée qu'il a préparée.

Signé : JOFFRE.

 

LES COMMUNIQUES

 

(Communiqué officiel du 12 septembre, 23 heures). - 1° A notre aile gauche, le mouvement général de retraite des Allemands continue devant les forces anglo-françaises qui ont atteint le cours inférieur de l’Aisne.
2° De même, au centre, les armées allemandes poursuivent leur mouvement de retraite.
Nous avons franchi la Marne, entre Epernay et Vitry-le-François.
A notre aile droite, l'ennemi a également entamé aujourd'hui son mouvement de recul, abandonnant la région autour de Nancy.
Nous avons réoccupé Lunéville.

La poursuite de l'ennemi après la bataille de la Marne. - Malgré les fatigues occasionnées par cinq jours de combats incessants, nos troupes poursuivent vigoureusement l'ennemi dans sa retraite générale.
Cette retraite parait plus rapide que n'avait été sa progression. Elle a été si précipitée sur certains points que nos troupes ont ramassé dans les quartiers généraux, notamment à Montmirail, des cartes, documents, papiers personnels, abandonnés par l'ennemi, ainsi que des paquets de lettres reçues ou a expédier.
Partout, et entre autres dans la région de Fromentières, l'ennemi a abandonné des batteries d‘obusiers et de nombreux caissons.
Les prisonniers donnent une impression marquée de dénuement, de surmenage et de découragement. Les chevaux sont particulièrement harassés.

 

Intéressant rapprochement. - 

Le 6 septembre, le général commandant en chef les armées françaises adressait l'ordre du jour suivant à ses troupes :
« Au moment où s'engage une bataille d'où dépend le salut du pays, il importe de rappeler a tous que le moment n'est plus de regarder en arrière ; tous les efforts doivent être employés à attaquer et refouler l'ennemi.
Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place, plutôt que de reculer.
Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. »
On sait comment ces instructions ont été suivies et 1e brillant résultat obtenu.

Or, à l'entrée de nos troupes victorieuses à Vitry-le-François, on a trouvé, dans le local où s'était installé l'état-major du 8ème corps d'armée allemand, l'ordre suivant, signé du général-lieutenant Tulff von Tscheppe und Weidenhach :
Vitry-le-François, 7 septembre, à 10 h 50.
Le but poursuivi par nos marches longues et pénibles est atteint. Les principales forces françaises ont du accepter le combat, après s'être continuellement repliées.
Une grande décision est indiscutablement proche. Demain, donc, la totalité des forces de l'armée allemande, ainsi que toutes celles de notre corps d'armée, devront être engagées, sur toute la Ligne allant de Paris à Verdun pour sauver le bien-être et l'honneur de l’Allemagne.
J’attends de chaque officier et soldat malgré les combats durs et héroïques de ces derniers jours, qu'il accomplisse son devoir entièrement et jusqu'au dernier souffle. Tout dépend du résultat de la journée de demain. »

Ce rapprochement était intéressant à faire. Il démontre que les Allemands n’attachaient pas moins d'importance que notre généralissime à l'issue de la bataille de la Marne.

 

(Communique officiel du 13 septembre, 15 heures.) - 1° A notre aile gauche, l'ennemi continue son mouvement de retraite. Il a évacué Amiens, se repliant vers l’Est.
Entre Soissons et Reims, les Allemands se sont retirés au nord de la Vesle; ils n'ont pas défendu la Marne au Sud-Est de Reims.
2° Au centre, l'ennemi, qui a perdu Revigny et Brabant-le-Roi, tient encore dans le sud de l'Argonne.
3° A notre aile droite, les forces adverses qui étaient sur la Meurthe battent en retraite.
Outre Saint-Dié et Lunéville, nous avons réoccupé Raon-l’Etape, Baccarat, Reméreville, Nomeny et Pont-à-Mousson.

 

Succès belge. - L'armée belge a poussé une offensive vigoureuse au sud de Lierre.

 

Grosse victoire russe. - En Russie, la bataille engagée en Galicie depuis dix-sept jours s'est terminée par une grande victoire des armées russes.
Les Autrichiens sont en retraite sur tout le front, laissant aux mains des Russes un grand nombre de prisonniers et un matériel important.



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Pendant la bataille 1914 N°13

LES COMMUNIQUES

 

(Communiqué officiel du 27 septembre, 23 heures). - Il se confirme que dans la nuit du 25 au 26 et jusque dans la journée du 27, nuit et jour, les Allemands n'ont cessé de renouveler, sur tout le front, des attaques d'une violence inouïe, dans un ensemble qui dénote des instructions du haut commandement de chercher la solution de la bataille.
Non seulement ils n'y sont pas parvenus, mais, au cours de l'action, nous avons pris un drapeau, des canons et fait de nombreux prisonniers. Le drapeau a été enlevé à l’ennemi par 1e 24‘ régiment d’infanterie coloniale. Tous nos commandants d'armée signalent que le moral de nos troupes, malgré les fatigues résultant de cette lutte ininterrompue reste excellent, et qu’i1s ont même du mal à les retenir dans leur désir d'aller aborder l'ennemi abrité dans des organisations défensives.

(Communiqué officiel du 28 septembre, 15 heures). - Rien de nouveau dans la situation générale.
Calme relatif sur une partie du front; toutefois, sur certains points, notamment entre l’Aisne et l’Argonne, l'ennemi a tenté de nouvelles et violentes attaques qui ont été repoussées.

(Communique officiel du 28 septembre. 23 heures). - A notre aile gauche. – Les renseignements sur la situation sont favonables.
Au centre. - Nos troupes ont supporté avec succès de nouvelles et très violentes attaques. Nous avons avancé légèrement sur les Hauts de Meuse.
Dans la Woëvre. - Un brouillard intense a suspendu, en fait, les opérations.
A notre aile droite (Lorraine et Vosges). - Situation sans changement.

(Communiqué officiel du 29 septembre, 15 heures). - A notre aile gauche. -
Au nord de la Somme et entre la Somme et l'Oise, l'ennemi a tenté, de nuit et de
Jour, plusieurs attaques qui ont été repoussées; au nord de l’Aisne, aucun changement.
Au centre. - En Champagne et à l'est de l’Argonne, l'ennemi s'est borné à de fortes canonnades. Entre l’Argonne et la Meuse, légers progrès de nos troupes, qui trouvent devant elles des positions fortement organisées sur les Hauts de Meuse.
Dans la Woëvre et à l’aile droite (Lorraine et Vosges). - Pas de modification notable.
D'une façon générale notre front est. jalonné, de l'est a l'ouest, comme il suit :
Région de Pont-à-Mousson, Apremont, la Meuse ;
Dans la, région de Saint-Mihiel : les hauteurs au nord de Spada et la partie des Hauts de Meuse au sud-est de Verdun ;
Région de Varennes : le nord de Souain, la Chaussée romaine qui aboutit à Reims, les avancées de Reims à Berry-au-Bac, les hauteurs dites du Chemin des Dames sur la rive droite de l’Aisne. La ligne se rapproche ensuite de l’Aisne jusque dans la région de Soissons. Entre Soissons et la forêt de l’Aigle, elle comprend les premiers plateaux de la rive droite de l’Aisne.
Entre 1’Oise et la Somme, elle passe par Ribécourt (qui est a nous), Lassigny (occupé par l’ennemi), Roye (a nous), Chaulnes (à l’ennemi) ;
Au nord de la. Somme, elle se prolonge sur les plateaux entre Albert et Combles.
Nous avons fait encore de nombreux prisonniers au cours de la journée d’hier : ils appartiennent notamment au VIIème corps actif, au Vllème de réserve, aux Xème , XIIème , XVème et XIXème corps d'armée allemands.  

(Communiqué officiel du 29 septembre. 23 heures). – Rien de nouveau dans la situation.

(Communiqué officiel du 30 septembre. 15 heures). - A notre aile gauche. -
Au nord de la Somme, l’action continue a se développer de plus en plus, vers le nord. Entre l'Oise et l’Aisne, l'ennemi a prononcé une vigoureuse attaque sur Tracy-le-Mont, au nord-est de la forêt de l’Aigle, et a été repoussé avec de fortes pertes.  

Au centre. - Accalmie sur le front qui s’étend de Reims à la Meuse.

Entre Argonne et Meuse. - Nous avons légèrement progressé.
En Woëvre. - Violents combats; nos troupes ont avancé sur plusieurs points, notamment à l’Est de Saint-Mihiel.
A notre aile droite (Lorraine et Vosges). - Pas de modification.

En Galicie. - Les tentatives de sortie de la garnison de Przemysl ont échoué. Les armées autrichiennes continuent à battre en retraite en désordre, perdant de nombreux prisonniers, des canons et du matériel.
Au col d'Ozsok (sud de Przemysl, dans les Carpathes). - Un détachement russe a défait une brigade hongroise et pénétré en Hongrie.
 
(Communiqué officiel du 30 septembre, 23 heures). - La situation générale est satisfaisante. Aucune modification sensible du front, saut en Woëvre méridionale, où nous avons occupé Seicheprey et poussé jusque sur les pentes du Rupt-de-Mad.
 
(Communiqué officiel du 1er octobre. 15 heures). - Pas de modification dans la situation d'ensemble.
Nous avons progressé cependant à notre gauche, au nord de la Somme, et à notre droite, en Woëvre méridionale.
 
(Communiqué officiel du 1er octobre, 23 heures). - Rien de particulier à signaler, sauf dans la région de Roye, où une violente action a heureusement tourné pour nous, et dans l’Argonne, où nous avons fait quelques progrès nouveaux.
L’impression générale reste satisfaisante.
 
(Communiqué officiel du 2 octobre, 15 heures). - A notre aile gauche. _
La bataille continue très violente, notamment dans la région de Roye, où les Allemands paraissent avoir concentré des forces importantes. L'action s'étend de plus en plus vers le nord ; le front de combat se prolonge actuellement jusque dans la région au sud d’Arras.
Sur la Meuse. - Les Allemands ont tenté de jeter, près de Saint-Mihiel, un pont qui a été détruit cette nuit.
En Woëvre. - Notre offensive continue, elle progresse pas à pas, notamment dans la région entre Apremont et Saint-Mihiel.
Sur tout 1e reste du front. - Il n'a été tenté, de part et d'autre, que des opérations partielles.
 
(Communiqué officiel du 2 octobre. 23 heures). - A notre aile gauche. -
Un de nos détachements, qui débouchait d’Arras, a légèrement reculé, a l'est et au nord de cette ville.
Au nord de la Somme. - Nous avons progressé en avant d’Albert.
Entre Roye et Lassigny - L'ennemi a prononcé de violentes attaques qui se sont brisées contre notre résistance.
Calme sur le reste du front. - On signale qu’aux abords de Saint-Mihiel, il ne reste plus d’ennemis sur la rive gauche de la Meuse.
 
(Communiqué officiel du 3 octobre, 15 heures). - A notre aile gauche. -
L'action violente engagée depuis hier continue, en particulier dans la région de Roye, où nous avons repoussé toutes les attaques, bien que, sur cette partie du front, l'ennemi ait été renforcé par de nouveaux prélèvements opérés sur le centre de sa ligne.
Au centre. - Rien à signaler de Reims à l’Argonne.
Dans l’Argonne. - Le XVIème corps allemand (armée du Kronprinz), qui avait essayé de se glisser dans le bois de la Grurie, a été refoulé au nord de la route Varennes-La Harazée-Vienne-la-Ville.
En Woëvre. Dans les Hauts de Meuse. - Notre progression est toujours lente, mais continue.  

En Belgique. _- Les Allemands bombardent le front sud-est de la place d’Anvers, sans avoir pu obtenir encore d’effets considérables sur les ouvrages ; ils ont prononcé plusieurs attaques d'infanterie qui ont été repoussées.

En Russie. - Une armée allemande, forte de quatre corps d'armée, établie entre la frontière de la. Prusse Orientale et le Niémen, a eu son aile gauche rejetée sur Mariamplo et Suwalki. Au centre, la ville d’Augustow a été prise par les Russes. A l'aile droite allemande la lutte continue autour de la place d‘Ossowetz (entre Lyck et Bjelostoc).

En Galicie. - Les arrière-gardes autrichiennes reculent en désordre au-delà de la Vistule. 

En Bosnie. - Les colonnes serbes et monténégrines s’avancent sur Sarajevo.

(Communiqué officiel du_ 3 octobre, 23 heures). - Aucun détail nouveau à signaler. L'impression générale est favorable. 

(Communiqué officiel du 4 octobre, 15 heures). - A notre aile gauche. – Après avoir repoussé toutes les attaques ennemies, nous avons repris l'offensive sur plusieurs points ; sur les autres, nos positions sont sensiblement maintenues.
Au centre. - Rien à signaler jusqu'à l’Argonne.
Dans l’Argonne, nous avons refoulé l'ennemi vers 1e nord.
Dans la Woëvre méridionale, nous progressons, mais très lentement.
A notre droite (Lorraine et Vosges). - Rien de nouveau.
 
(Communiqué officiel du 4 octobre. 23 heures). - A notre aile gauche. – La lutte bat son plein dans la région d’Arras, sans qu'aucune décision n'ait été encore obtenue. L'action a été moins violente entre la vallée supérieure de l'ancre et la Somme et entre la Somme et 1'Oise.
Nous avons progressé dans la région de Soissons; où des tranchées ont été prises.
Sur tout 1e reste du front, l’accalmie déjà signalée persiste.
En Woëvre. - Nous avons fait quelques progrès entre Apremont et la Meuse et sur le Rupt-de-Mad.

(Communiqué officiel du 5 octobre, 15 heures). - A notre aile gauche. – Au nord de l’Oise, la bataille continue très violente et son résultat reste indécis ; nous avons dû, sur certains points, céder du terrain.
Sur le reste du iront. - Rien de changé. 

En Russie. - Après une bataille qui a duré dix jours, l'armée allemande qui opérait entre la frontière de la Prusse orientale et le Niémen a été battue sur toute la ligne et effectue sa retraite en abandonnant un nombreux matériel. Elle a complètement évacué le territoire des gouvernements de Suwalki et de Lomja.

(Communique officiel du 5 octobre, 23 heures). - La situation générale est stationnaire.
A notre aile gauche. - L'action dure toujours.
Dans l’Argonne et sur les Hauts de Meuse. - Nous avons repoussé des attaques de nuit et de jour.
Le grand-duc Nicolas a adressé au ministre de la guerre, pour être communiqué au général Joffre, un télégramme annonçant la victoire d’Augustow.
Le général Joffre a envoyé, en son nom et au nom de l'armée française, ses plus vives félicitations au généralissime de l'armée amie et alliée, pour sa victoire remportée, gage de succès futurs.
 
(Communiqué officiel du 6 octobre. 15 heures) - A notre aile gauche.- Le front prend une extension de plus en plus grande. Des masses de cavalerie allemande très importantes sont signalées aux environs de Lille, précédant des éléments ennemis qui font un mouvement par la région nord de la ligne Tourcoing-Armentières.
Autour d'Arras et sur la rive droite de la Somme, la situation se maintient sensiblement. Entre la Somme et l’Oise, il y a eu des alternatives d'avance et de recul.
Près de Lassigny, l'ennemi a tenté une attaque importante qui a échoué. Sur la rive droite de l’Aisne, au nord de Soissons, nous avons avancé légèrement. Avec la coopération très efficace de l'armée britannique, nous avons réalisé quelques progrès dans la région de Berry-au-Bac.
Sur le reste du front, rien à. signaler.
 
En Belgique. - Les forces belges qui défendent Anvers ont occupé solidement la ligne de Rupel et de la Nethe, contre laquelle les attaques allemandes ont échoué.

(Communique officiel du 6 octobre, 23 heures). - Les caractéristiques de la situation restent les mêmes.
A notre aile gauche. - Au nord de l'0ise, action de plus en plus violente.
Au centre. - Calme relatif.
Un peu de terrain a été gagné dans 1a partie nord des Hauts de Meuse.
 
(Communiqué officiel du 7 octobre, 15 heures).- A notre aile gauche - La bataille continue toujours avec une grande violence. Les fronts opposés s'étendent jusque dans la région de Lens-La Bassée, prolongée par des masses de cavalerie qui sont aux prises jusque dans la région d’Armentières.
Sur‘ le front, depuis la Somme jusqu'à la Meuse, rien à signaler.
En Woëvre. - L'ennemi a tenté un nouvel effort pour arrêter nos progrès, mais ses attaques ont encore échoué.
 
En Russie - L'armée allemande, défaite à la bataille d'Augustow, qui a duré du 25 septembre au 3 octobre, tente d'arrêter la poursuite sur des positions préparées le long de la frontière de Wirballen à Lyck.
Les troupes russes continuent d'avancer et ont pénétré, sur plusieurs points, en Prusse orientale.
En résumé, l'offensive allemande, sur le Niémen, s'est terminée par un échec complet et des pertes très considérables.


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Pendant la bataille 1914 N°14

LA VISITE DU PRESIDENT AUX QUARTIERS GENERAUX

Le 5 octobre, 1e Président de la. République, accompagné du président du Conseil et du ministre de la, guerre, a rendu visite aux armées sur le front. Le 7 octobre, il a visité 1e camp retranché de Paris.

A l’issue de ces visites, M. Poincaré a télégraphie à M. Millerand :

« Mon cher Ministre,
La visite que nous venons de rendre aux armées a été profondément émouvante.
Jamais ne se sont épanouies plus complètement que dans la guerre actuelle les impérissables vertus militaires qui ont fait depuis de longs siècles 1a force de notre race et la grandeur de notre pays, et la vue de ces troupes magnifiques, synthèse vivante de l’énergie nationale, éveille dans l'esprit les souvenirs les plus glorieux de notre histoire.
Elles ont autant d'endurance que de flamme, autant d’opiniâtreté que d’élan ; elles savent que la victoire ne sera pas seulement le prix de la bravoure, mais celui de la persévérance et de la ténacité, et les nombreux succès qu'elles ont déjà remportés et qu'elles ont dus à une heureuse alliance de ces qualités diverses leur ont inspiré une légitime confiance dans le triomphe définitif.
Elles ont des officiers résolus, fiers eux-mêmes de les conduire au feu, sous les ordres de généraux qui ont fait leurs preuves sur les champs de bataille, et sous le commandement suprême d'un chef dont la méthode et l’impassibilité sont un objet d'admiration pour tous ceux qui le voient à l’œuvre.
Je vous serais reconnaissant, mon cher Ministre, de vouloir bien transmettre mes nouvelles et très vives félicitations au général en chef, aux commandants d'armées, aux commandants de corps, à tous les officiers, sous-officiers et soldats. Tous, ils servent la France avec le même dévouement ; tous, ils méritent sa gratitude la plus ardente.
Croyez, mon cher Ministre, à mes sentiments les plus dévoués.

Signé : POINCARE.

 

M. Millerand a télégraphié au général Joffre :

« Mon cher général,
Je suis heureux de vous communiquer la lettre que je viens de recevoir de M le Président de la République et qui exprime si éloquemment les sentiments unanimes de la France.
Elle sera, j'en suis sûr, comme la visite même de M. le Président de la République et de M. 1e président du Conseil, pour vos admirables armées, et pour vous le plus précieux des réconforts.
Vous voudrez bien, en la transmettant aux troupes placées sous vos ordres, y joindre l'expression de mes plus vives félicitations à mes sentiments les meilleurs. »

Signé : MILLERAND.

 

 M. Poincaré a d'autre part, télégraphié à. M. Millerand :

Paris, 7 octobre 1914.
« Mon Cher Ministre,
La tournée que nous venons de faire dans le camp retranché de Paris nous a permis d'apprécier les excellentes mesures qu’a prises le général Galliéni pour assurer plus complètement la défense éventuelle de la Capitale ; je vous serais obligé de lui exprimer de nouveau mes meilleures félicitations.
Croyez, mon Cher Ministre, à mes sentiments dévoués.

Signé : POINCARÉ.

 

M. Millerand a télégraphie au général Galliéni : Paris. 7 octobre.

« Mon cher Gouverneur,
Je suis heureux de vous communiquer la lettre que je viens de recevoir de M. le Président de la République. Vous voudrez bien, en la transmettant aux troupes solides et entraînées que nous avons admirées ce matin, y joindre l'expression de nos félicitations personnelles.
Croyez, mon cher Gouverneur, à mes sentiments les meilleurs.

Signé : MILLERAND.

 

Après sa visite à l’armée anglaise, le président de la République a adressé au roi d’Angleterre, le télégramme suivant :

« A Sa Majesté le roi George V, roi de Grande-Bretagne et d’Irlande, Londres.
En quittant 1e quartier général français, j'ai eu le grand plaisir de rendre visite aujourd'hui au maréchal French, au quartier général anglais et aux vaillantes troupes britanniques.
Je saisis cette agréable occasion de renouveler à votre Majesté mes plus cordiales félicitations, et 1e lui serais reconnaissant de bien vouloir les transmettre à la belle armée qui combat fraternellement aux côtés des Français.»

Signé : Raymond POINCARÉ.

 

Le roi d’Angleterre a répondu au Président :

Monsieur le Président de la République Française, France.
« Je vous remercie cordialement, de vouloir bien m’informer de la visite que vous avez eu l’amabilité de faire au quartier général de mon armée en France.
Je transmettrai avec plaisir votre message de félicitations à mes troupes, qui sont fières de combattre côte à côte avec la vaillante armée française.

Signé : GEORGE V.

LES COMMUNIQUES

(Communique officiel du 7 octobre, 23 heures). - Saut aux deux ailes, où les attaques allemandes ont été repoussées, le calme a été à peu près complet sur le front.
A notre aile gauche. - La cavalerie allemande a été maintenue au nord de Lille, où elle avait été refoulée.
Entre Chaulnes et Roye. - Le terrain précédemment cédé a été repris.
Au centre. - Nous avons avancé sur certains points.
A notre aile droite. - Rien à signaler.

(Communiqué officiel du 8 octobre, 15 heures). -.A notre aile gauche. – Dans 1a région du nord, l'ennemi n'a progressé nulle part et a reculé sur certains points, particulièrement au nord d’Arras, où l'action se déroule dans de bonnes conditions pour nous.
Les opérations des deux cavaleries se développent jusqu'à la mer du Nord.
Entre la Somme et l’Oise, dans la région de Roye, l'ennemi est toujours en force, mais nous avons repris la majeure partie des positions que nous avions dû céder.
Au nord de l’Aisne, la défensive des troupes allemandes semble diminuer.
Au centre. - Entre Reims et la Meuse, rien à signaler.
Sur les Hauts de Meuse, entre Verdun et Saint-Mihiel, l'ennemi a reculé au nord d’Hatonchâtel ; il tient toujours Saint-Mihiel et quelques positions au nord de cette ville sur la rive droite de la Meuse.
En Woëvre. - Les attaques violentes tentées par l'ennemi à l’ouest d’Apremont ont échoué.
A l’Aile droite (Lorraine et Vosges). - Pas de modifications.

En Russie. - Sur le front de la Prusse orientale, l’offensive russe continue ; des combats très vifs se livrent sur la frontière, à l'ouest de Suwalki.

(Communiqué officiel du 8 octobre. 23 heures). - Dans l’ensemble, la situation est stationnaire. Les positions occupées demeurent les mêmes, malgré quelques violents combats, notamment dans la région de Roye.

(Communiqué officiel du 9 octobre, 15 heures). - La situation générale n’a pas subi de modification.
A notre aile gauche. - Les deux cavaleries opèrent toujours au nord de Lille et de La Bassée, et la bataille se poursuit sur la ligne jalonnée par les régions de Lens, Arras, Chaulnes, Roye et Lassigny.
Au centre. - De l‘Oise à la Meuse, on ne signale que des actions de détail.
A notre droite. - En Woëvre, il y a eu lutte d'artillerie sur tout le front.
En Lorraine, dans les Vosges et en Alsace. - Pas de changement.  

En Bosnie. - Les troupes montenegrines ont continué leur marche, dans la direction de Sarejevo, jusqu’à la ligne fortifiée qui protège la ville à une distance de huit kilomètres.

(Communique officiel du 9 octobre, 28 heures). - Rien de nouveau à signaler, sinon une vive action dans la région de Roye, où, depuis deux jours, nous avons fait 1600 prisonniers.

(Communiqué officiel du 10 octobre, 15 heures). – L’action continue dans des conditions satisfaisantes ; tout notre front de combat a été maintenu malgré de violentes attaques de l'ennemi sur plusieurs points.
A notre aile gauche. - Dans la région comprise entre La Bassée, Armentières et Cassel, les combats engagés entre les cavaleries opposées ont été assez confus, en raison de la nature du terrain.
Au nord de 1'Oise, nos troupes ont marqué de réels avantages sur plusieurs parties de leurs zones d'action.
Dans la région de Saint-Mihiel, nous avons fait des progrès sensibles.  

En Belgique. - On annonce qu'Anvers a été pris hier, sans qu'on connaisse actuellement les conditions dans lesquelles cette place aurait été enlevée par l'ennemi.

En Russie - Des combats très vifs continuent sur la frontière de la Prusse orientale, où les troupes russes ont eu des succès partiels ; elles ont occupé la ville de Lyck. Le siège de Przemysl se poursuit dans des conditions favorables pour les Russes, qui ont pris d'assaut un des forts de la ligne principale. 

(Communiqué officiel du 10 octobre. 23 heures). - Les renseignements arrivés ce soir du Grand Quartier général ne nous signalent que des contacts entre les deux cavaleries, au sud-ouest de Lille, une violente action au sud, à, l'est et au nord d’Arras, et de très vives attaques de l'ennemi sur les Hauts de Meuse.

(Communique officiel du 11 octobre, 15 heures). - A notre aile gauche. – La cavalerie allemande, qui s'était emparée de certains points de passage sur la Lys, à l'est d'Aire, en a été chassée dans la journée du 10 et s'est retirée, dans 1a soirée, dans la région d’Armentières.
Entre Amas et l'Oise, l'ennemi a attaqué très vivement, sur la rive droite de l’Ancre, sans réussir a faire des progrès.
Au centre. - Entre l’Oise et Reims, nos troupes ont légèrement progressé au nord de l’Aisne, notamment dans la région au nord-ouest de Soissons.
Entre Craonne et Reims, les attaques allemandes, exécutées la nuit, ont été repoussées.
De Reims à la Meuse, rien a signaler.
En Woëvre, les Allemands ont prononcé de très violentes attaques dans la région d’Apremont, à l'est de Saint-Mihiel, au cours de la nuit du 9 au 10 et dans la journée du 10. Apremont, pris et repris, est resté entre nos mains.
A notre aile droite (Lorraine, Alsace, Vosges). - Rien à signaler.
En résume, partout nous avons conservé toutes nos positions.

En Russie. - Les combats continuent avec les arrière-gardes allemandes. Au sud-est de Wirballen et sur les lignes des lace, a l'ouest lie Suwalki.

(Communiqué officiel du 11 octobre, 23 heures). - Aucun détail nouveau à signaler, sauf la prise d'un drapeau près de Lassigny.
L'impression de la journée est satisfaisante.  

(Communiqué officiel du 12 octobre, 15 heures). - A notre aile gauche. – Les actions de cavalerie continuent dans la région de La Bassée-Estaires-Hazebrouck.
Entre Arras et 1’Oise, l'ennemi a tenté plusieurs attaques qui ont échoué, notamment entre Lassigny et Roye.
Au centre. - Nous avons marqué quelques progrès sur les plateaux de la rive droite de l’Aisne, en aval de Soissons, ainsi qu'à l'est et au sud-est de Verdun.
A notre aile droite. - Dans les Vosges, l'ennemi a attaqué de nuit, dans la région de Bande-Sapt, au nord de Saint-Dié ; il a été repoussé.
Le drapeau pris hier, près de Lassigny, appartient au 6° régiment d'infanterie actif poméranien n° 49 du IIème corps d'armée prussien.
La brigade des fusiliers marins a été engagée pendant toute la journée du 9, et 1a nuit du 9 au 10 contre des forces allemandes qu'elle a repoussées en leur infligeant de fortes pertes : 200 tués, 50 prisonniers. Les pertes françaises sont de 9 tués. 39 blessés, 1 disparu.

En Belgique. - D'après les derniers renseignements reçus sur Anvers, les Allemands n'occupent encore que les faubourgs de la ville, les 24 forts des deux rives de l’Escaut résistent énergiquement.

En Russie. - La lutte continue toujours avec acharnement, sur les frontières de la Prusse Orientale. Au nord-ouest de Lyck, les Allemands battent en retraite en détruisant les ponts.
Dans la Pologne Méridionale, entre Ivangorod et Sandomir, des combats d'artillerie sont engagés avec les colonnes ennemies qui atteignent la Vistule.  

(Communiqué officiel du 12 octobre, 23 heures.) - Aucun renseignement de détail. De violentes attaques sont signalées sur le front. Sur beaucoup de points, nous avons gagné du terrain ; nulle part, nous n'en avons perdu.

 



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Pendant la bataille 1914 N°15

LE GOUVERNEMENT BELGE EN FRANCE

 

BORDEAUX, 13 octobre. - Le gouvernement belge ne trouvant plus, sur son territoire, toute la liberté nécessaire au plein exercice de son autorité, a demandé l’hospitalité à la France, et a manifesté son désir de transporter au Havre sa résidence.
Le gouvernement de la République a aussitôt répondu que, de même qu'il confond dans sa sollicitude l'armée belge avec l'armée française, c'est de tout cœur qu'il recevra, au Havre, le gouvernement du roi à qui il assurera, avec la plénitude de ses droits souverains, le complet exercice de l'autorité et des devoirs gouvernementaux.
M. Augagneur, ministre de la Marine, a quitté Bordeaux se rendant au Havre, où il recevra les ministres belges et procédera à leur installation.
Le transfert dans la ville du Havre du gouvernement belge et des membres du corps diplomatique accrédités auprès de lui constitue un événement dont il est superflu de souligner l'importance.
Ainsi que l'indique le communiqué officiel, le gouvernement français a pris toutes les mesures nécessaires pour que l'installation des ministères belges eut lieu dans les meilleures conditions et que le service de leurs départements respectifs fut complètement assuré.
Seul des membres du Cabinet belge, le ministre de la Guerre ne s‘est pas rendu au Havre et est resté provisoirement avec le roi Albert.
Ce transfert soulève des questions de droit international qui ont été naturellement résolues de manière à donner complète satisfaction à nos alliés.
Le gouvernement belge jouira de l’exterritorialité et aura, en matière télégraphique, la franchise et la priorité.
Il bénéficiera, en somme, des mêmes droits que ceux donnés au Saint-Siège par l’Italie dans les lois de garanties.

 

UNE PROCLAMATION DU GOUVERNEMENT BELGE

 

LE HAVRE, 14 octobre. - Le gouvernement du roi des Belges, en quittant la Belgique, a fait afficher la proclamation suivante :
« Concitoyens,
Depuis près de deux mois et demi, au prix d'efforts héroïques, les soldats belges défendent pied à pied le sol de la Patrie. L'ennemi comptait bien anéantir notre armée à Anvers, mais une retraite dont l'ordre et la dignité ont été irréprochables, a déjoué cet espoir et nous a assuré la conservation de forces militaires qui continueront a lutter sans trêve pour la plus juste et la plus belle des causes.
Dès maintenant, ces forces opèrent vers notre frontière du Sud, où elles sont appuyées par les Alliés.
Grâce à cette valeureuse coopération, la victoire du droit est certaine. Toutefois, aux sacrifices déjà acceptés par la nation belge, avec un courage qui n’a d'égal que leur étendue, les circonstances du moment ajoutent une nouvelle épreuve.
Sous peine de servir les desseins de l'envahisseur, il importe que le Gouvernement belge rétablisse provisoirement son siège dans un endroit où il puisse, en contact avec notre armée d'une part, avec la France et l’Angleterre d'autre part, poursuivre l'exercice et assurer la continuité de la souveraineté nationale.
C'est pourquoi il quitte aujourd’hui Ostende avec le souvenir reconnaissant de l'accueil que cette ville lui a fait.
Il s'établira provisoirement au Havre où la noble amitié du Gouvernement de la République française lui offre, en même temps que la plénitude de ses droits souverains, le complet exercice de son autorité et de ses devoirs.
Concitoyens,
Cette épreuve momentanée, à laquelle notre patriotisme doit se plier, aura, nous en sommes convaincus, sa prompte revanche. Les services belges continueront à fonctionner dans toute la mesure ou les circonstances locales le leur permettront.
Le Roi et le Gouvernement comptent sur la sagesse de votre patriotisme. De votre coté, comptez sur notre entier dévouement, sur la vaillance de notre armée et le concours des Alliés pour hâter l'heure de la délivrance commune.
Notre chère Patrie, si odieusement trahie et traitée par une des puissances qui avaient juré de garantir sa neutralité, a suscité, une admiration croissante dans le monde entier.
Grâce à l'union, au courage et à la clairvoyance de tous ses enfants, elle demeurera digne de cette admiration qui la réconforte aujourd'hui. Demain, elle sortira de ces épreuves plus grande et plus belle ayant souffert pour la justice et pour l'honneur même de la civilisation.
Vive la Belgique libre et indépendante !

(Signé par tous les ministres).

 

LES COMMUNIQUES

 

(Communiqué officiel du 13 octobre, 15 heures.) - A notre aile gauche. – Nos forces ont repris l'offensive, dans les régions d’Hazebrouck et de Béthune, contre des éléments ennemis composés, en majeure partie, de cavalerie, venant du front Bailleul-Estaires-La Bassée.
La ville de Lille, tenue par un détachement territorial, a été attaquée et occupée par un corps d'armée allemand.
Entre Arras et Albert, nous avons fait des progrès marqués.
Au centre. - Nous avons progressé dans la région de Berry-au-Bac et avancé légèrement, vers Souain, a l’ouest de l’Argonne et au nord de Malancourt (entre Argonne et Meuse). Sur la rive droite de la Meuse, nos troupes, qui tiennent les Hauts de Meuse, à l'est de Verdun, ont avancé au sud sur la route de Verdun à Metz.
Dans la région d’Apremont, nous avons gagné un peu de terrain à notre droite et repoussé une attaque allemande à notre gauche.
A notre aile droite (Vosges et Alsace). - Pas de changement.
En résumé, la journée d'hier a été marquée par un progrès sensible de nos forces sur divers points du champ de bataille.

En Galicie. - Les corps autrichiens, battus en Galicie, tentent de se reformer a 40 kilomètres à l'ouest de Przemysl.

(Communiqué officiel du 13 octobre, 23 heures.) - Rien à signaler, sinon une avance assez notable dans la région de Berry-au-Bac. 

(Communiqué officiel du 14 octobre. 15 heures.) - En Belgique. - Dans la région de Gand, quelques engagements ont eu lieu dans la nuit du 12 au 13 et dans la journée du 13. Des troupes anglo-françaises ont occupé Ypres.
A notre aile gauche. - Jusqu'à 1'Oise, les opérations se poursuivent normalement.
Au centre. - Les progrès de nos armées, dans la région de Berry-au-Bac et de Craonne, sont confirmés.
A notre aile droite. - Rien de nouveau.

Un démenti formel aux: Allemands. - Bien que nous n'ayons pas l'habitude de relever les inexactitudes de la presse allemande, il nous parait utile de dénoncer la fausse nouvelle publiée par certains journaux allemands sur la prétendue destruction de deux divisions de cavalerie française.
Ca renseignement est complètement faux.
La vérité est que des forces de cavalerie française et allemande, avec des soutiens, sont engagées depuis plusieurs jours sur le front La Bassée-Estaires-Bailleul.
La cavalerie allemande a pu progresser, très légèrement du reste, entre le canal de La Bassée et la Lys, mais elle a été obligée de se replier au Nord de la Lys.
Les pertes de la cavalerie allemande sont certainement au moins aussi sensibles que les nôtres.
Une de ses divisions a particulièrement souffert, parce qu'elle a pu être poursuivie pendant toute une journée par nos, aviateurs, qui n'ont cessé de lui lancer des bombes.
De même, les Allemands annoncent qu'ils procèdent à. l'investissement de Verdun.
Là encore, pour connaître la vérité, il suffit de se reporter à la situation définie par les communiques français.
Les Allemands ne sont même pas arrivés, jusqu'ici, à se heurter directement à la place de Verdun.
Ils ont fait deux tentatives infructueuses pour essayer d’envelopper, à grande distance, nos forces qui opèrent autour de cette place ; l'une de ces tentatives a été marquée par leur essai de progresser dans la foret de l’Argonne, entre Binarville et Varennes.
On se rappelle qu'elle a échoué avec des pertes très importantes. Nous n'avons même pas annoncé que deux bataillons allemands y avaient été anéantis.
L'autre effort allemand, tenté avec des effectifs d'ailleurs beaucoup plus importants, a été de franchir la Meuse dans la direction de Saint-Mihiel.
Si les Allemands ont pu atteindre cette rivière, sur le front Maizoy-Chauvoncourt, tous leurs efforts pour déboucher ont échoué, les Allemands s'étant trouvés pris de flanc par celles de nos troupes qui s’avançaient du Sud au Nord, dans la partie méridionale des Hauts de Meuse et par la Wœvre méridionale.  

(Communiqué officiel du 14 octobre. 23 heures.) - Les renseignements, d'ailleurs très généraux, reçus ce soir, n'indiquent aucune modification de la situation.

(Communiqué officiel du 15 octobre, 15 heures). - En Belgique. - Des troupes allemandes, venant d’Anvers, se sont mises en marche vers l'ouest et ont atteint, dans la soirée du 14, la région de Bruges et de Thielt.
A notre aile gauche. - L'ennemi a évacué la rive gauche de la Lys.
Entre la Lys et le canal de La Bassée, 1a situation est stationnaire.
Dans la région de Lens et entre Arras et Albert nos progrès ont été notables.
Entre la Somme et l’Oise, aucun changement : les Allemands ont canonné notre ligne sans nous prononcer d’attaque d'infanterie.
Au centre. - Entre l‘Oise et la Meuse, nous avons avancé vers Craonne, au nord-est de la route de Berry-au-Bac à, Reims, et au nord de Prunay. Dans la direction de Beine, plusieurs tranchées allemandes ont été enlevées.
Entre Meuse et Moselle, après avoir repoussé, dans la, nuit du 13 au 14, des attaques au sud-est de Verdun, nos troupes ont progressé le 14, au sud de la route de Verdun à Metz.
A notre aile droite. - L'offensive partielle prise par les Allemands, dans le Ban-de-Sapt, au nord de Saint-Dié, a été définitivement enrayée.  

En Russie. - Les combats se poursuivent sur le front à partir de la région de Varsovie, 1e long de la Vistule et du San, jusqu'à Przemysl et, plus loin, vers le sud, jusqu'au Dniester. Aucun changement en Prusse Orientale. 

(Communique officiel du 15 octobre, 23 heures). - Les nouvelles de la journée indiquent des gains sur plusieurs points : à l'aile gauche, au nord de la Lys, où nous avons pris Estaires ; au centre, au nord et à l'est de Reims, où nous avons progressé de près de 2 kilomètres ; sur les Hauts de Meuse et dans la Woëvre, au sud de Saint-Mihiel et près de Marcheville.

(Communiqué officiel du 16 octobre, 15 heures). - Les progrès indiqués dans le communiqué d'hier soir sont confirmés.
A notre aile gauche. - L'action des forces alliées s'étend de la. région d’Ypres à la mer.  

En Russie. - Sur la rive gauche de la Vistule, dans la journée du 13, les troupes russes ont refoulé les attaques allemandes dirigées sur Varsovie et Ivangorod. Un combat est engagé au sud de Przemysl.

(Communiqué officiel du 16 octobre, 23 heures). - A notre aile gauche. - L'action a continué avec vigueur ; partout nous tenons. Nous avons gagné du terrain sur certains points et occupé, notamment, Laventie, à l'est d’Estaires, dans la direction de Lille.
Aucun incident notable à signaler sur les autres parties du front, sauf une attaque infructueuse des Allemands dans la région de Malancourt, au nord-ouest de Verdun.

(Communiqué officiel du 17 octobre, 15 heures). - En Beigique. - Les troupes allemandes occupant la Belgique Occidentale n'ont pas dépassé la ligne Ostende-Thourout-Roulers-Menin.
Calme relatif sur la majeure partie du front.
A notre aile gauche. - Pas de modification dans la région d'Ypres. Sur la rive droite de la Lys, les troupes alliées ont occupé Fleurbaix, ainsi que les abords immédiats d’Armentières.
Dans la région d’Arras et dans celle de Saint-Mihiel, nous avons continué à gagner du terrain.

En Russie. - Aucun changement notable sur le front de la Prusse Orientale.
Sur le cours moyen de 1a Vistule, les armées austro-allemandes ont été réduites à 1a défensive. Sur tout 1e front, au sud de Przemysl, les combats continuent. Les Russes ont fait 500 prisonniers.  

(Communiqué officiel du 17 octobre, 23 heures). - A notre aile gauche. – Les progrès continuent. Les troupes britanniques se sont emparées de Fromelles, au sud-ouest de Lille. Sur Le canal d'Ypres à la mer, nos fusiliers marins ont repoussé une attaque allemande.

(Communiqué officiel du 18 octobre, 15 heures). -_ En Belgique. - L'armée belge a vigoureusement repoussé plusieurs attaques dirigées par les Allemands contre les points de passage de l’Yser.
A notre aile gauche. - Au nord du canal de La Bassée, les troupes alliées ont occupé le mont Givenchy-Iîlies-Fromelles et repris Armentières.
Au nord d’Arras. - La journée d'hier a été marquée par une avance sensible de notre part. Entre la région d‘Arras et l’Oise nous avons légèrement progressé sur certains points.
Au centre et à notre aile droite. - Le situation est stationnaire.

(Communiqué officiel du 18 octobre, 23 heures). - Dans la nuit dernière deux violentes attaques ont été tentées par les Allemands, au nord et à l'est de Saint-Dié. Elles ont été repoussées avec des pertes sérieuses pour l'ennemi.
Aucun autre renseignement important n'est encore parvenu sur les opérations de la journée d'hier.

 


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