L'origine du mot Carnaval
viendrait du latin "carne levare" soit "lever la chaire" donc supprimer
la viande pendant la période du Carême.
Les recherches faites à propos du Carnaval de Nice permettent de
remonter à une date très lointaine, 1294, quand Charles
d'Anjou, Comte de Provence, aurait fait mention des "jours joyeux de
Carnaval".
Il y a souvent confusion dans les esprits entre le mardi gras et la Mi-Carême car les fêtes du Carnaval précédaient le mercredi des cendres, fête catholique marquant le début du Carême
(depuis Novembre et qui se terminait en apothéose par la
"fête du Bœuf gras"), mais a été
ajouté à cette période une pause dans le
jeûne et les privations du Carême : la Mi-Carême
(fête pouvant durer jusqu'à 6 jours au début du
XXème siècle !), avec ses déguisements, et l'élection de reines.
Revenons donc à cette Mi-Carême
pour laquelle les premières traces écrites remontent
à 1659. On commence à élire des rois et des reines
chez les étudiants, les vendeurs de charbon, les porteurs d'eau,
les écosseuses, mais c'est l'élection de la Reine des
blanchisseuses qui reste le phénomène le plus marquant
dans les esprits surtout entre 1891 et 1930.
La Fête des Blanchisseuses a également porté les
noms de "cortège des lavoirs" ou "Fête des grenouilles".
Elle n'était pas fêtée qu'à Paris mais en
banlieue et en province aussi.
La Mi-Carême est une fête populaire mais féminine
durant laquelle les femmes s'amusent entre elles, et élisent des
reines.
N'oublions pas que les femmes françaises n'auront le droit de
vote qu'en 1945, c'est donc l'occasion pour elles de voter mais aussi
d'être éligibles !
Quelques femmes font un passage occasionnel sur le lavoir, pour les
besoins de la famille, mais la plupart y exercent ce métier
à longueur d'années. Leur lieu de travail, le lavoir en
général est un passage obligé pour la quasi
totalité des femmes sauf pour celles qui font laver leur
linge... C'est un lieu d'échanges privilégiés
où souvent plusieurs femmes d'une même famille y
travaillent entre 12 et 15 heures par jour, 6 jours sur sept, sans
congés et sans droit à la maladie et tout cela pour
une bouchée de pain !
Rien qu'à Paris, la corporation comptait plus de 100 000 femmes
dispersées sur plusieurs dizaines de bateaux lavoirs,
appelés également « bateaux
lessives ».
Les blanchisseuses
élisent leur reine dans chaque grand lavoir,
décoré et pavoisé le jour de la fête et vont
ensuite à l'église.
À la fin du
XIXe siècle, ces bateaux-lavoirs vivent leurs
dernières années. Ce n'est pas une disparition
spontanée. Elle est voulue et planifiée par les
autorités. Georges Montorgueil écrit en 1895 :
"Tradition appelée
à disparaître. Il ne se concède plus de lavoirs
nouveaux ; ceux existants mourront de vieillesse, sans le droit de
prolonger, par des modifications confortatives, une existence plus que
séculaire. La gaîté des rives y perdra quelque
chose"(Paris au hasard, texte de Georges Montorgueil, gravures et
dessins de Auguste Lepère, Henri Béraldi éditeur,
Paris 1895, page 30)
Georges Montorgueil note
également dans le même livre que la Mi-Carême a
cessé d'être fêtée sur les
bateaux-lavoirs : "Il n'est plus de Mi-Carême pour ces
laveuses, qui voient, indifférentes, défiler le
cortège de leurs sœurs de la terre ferme.(Opus
cité, page 41). - wiki -
La publicité s'invite aux festivités : « Le
Triomphe », char automobile électrique construit par
la maison De Dion-Bouton, sur lequel défile en 1903 la Reine des
Reines de Paris - wiki -
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Entre 1920 et 1930, les communistes entrent dans le cortège :
Une « reine » à l'Humanité !…
La
camarade Marie Rolland « reine » des employées des maisons bourgeoises,
accompagnée de ses deux demoiselles d'honneur, Marie Bricault et Pinas
Stanislova, et d'une délégation du Syndicat, est venue, jeudi jour de
Mi-Carême, saluer notre journal.
Contrairement
à la coutume bourgeoise, cette « reine » n'est pas allé s'exhiber sur
les boulevards. Dans la matinée, elle se rendait au ministère du
Travail pour présenter les revendications de ses camarades qui
l'avaient élue.
"Combien d'interdictions aussi n'avez-vous pas
prononcées contre des bals ouvriers ! Dans l'espace d'un mois, à
Saint-Denis, vous avez interdit le bal d'une organisation ouvrière
féminine, le bal du Secours rouge international et, le jour de la
mi-carême, vous avez été jusqu'à interdire un bal d'enfants travestis."
Le 13 mars 1933 on lit dans L'Humanité l'annonce d'un « bal de mi-carême rouge» :
"Prenez
note qu'au bal de mi-carême rouge aura lieu un concours de travestis
entre ceux et celles qui auront su le mieux ridiculiser nos adversaires
de classe".
Par la suite, les communistes français paraissent
retrouver une certaine neutralité vis-à-vis de la
Mi-Carême.
(wiki)
Un sursaut à la moitié du
siècle : Les étudiants s'étaient eux-aussi octroyé cette fête depuis
1893. Aussi, après le désengouement pour les blanchisseuses, ils sont
après guerre, avec les forts des Halles de Paris et les grands journaux
parisiens, les organisateurs du grand cortège du jeudi de la Mi-Carême
28 mars 1946, dernier cortège du Carnaval de Paris sorti à grande
échelle au XXe siècle.
Le Comité des
fêtes de Paris à partir de 1921 se révèle
incapable de gérer ce qui reste de la fête des
blanchisseuses. Il discute même de l'idée de
déplacer la Mi-Carême à un autre moment de
l'année situé en dehors de la période
traditionnelle et où le temps serait plus doux... Après
diverses innovations douteuses, la fête disparaît dans les
années 1930.
À la Mi-Carême défile encore un grand
cortège le 28 mars 1946 et des cortèges d'enfants sur les
Champs-Élysées dans les années 1950. Pour ma
part, je me souviens bien avoir défilé et m'être
promené masqué dans les années 50 en Anjou.
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