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Après
son retour à la vie civile, suite à l'armistice
de 1940 concernant la marine, pendant
l'occupation et
alors que, tous les jours, des troupes passaient sous les
fenêtres de la maison de mes parents au pas
cadencé, notre mère les entendant dit
à Papy-Louis :" tu entends
les bottes " ? Or il ne les entendait pas.... Il a bien
sûr
consulté et
ce fut le début d'une longue série. Il a souffert
de surdité
partielle jusqu'à son décès. A
l'âge de
trente-trois ans, une intervention chirurgicale de la cloison nasale
devait lui permettre de remédier à ces premiers
symptômes.
Malheureusement, l'ouie de Louis n'a cessé de
baisser et, en
1956, il s'est fait prescrire une prothèse auditive de
type
"boîtier". Bien sûr, ces modèles
étaient analogiques et l'embout
faisait office de haut-parleur. Le boîtier pouvait se
porter dans une
poche de veston pour les travailleurs sédentaires; pour ma
part, notre mère lui avait confectionné des
petits "sacs" suspendus au cou
qu'il pouvait porter pour travailler en extérieur
quelle que soit
sa tenue
.... mais vous imaginez la gêne provoquée, en
particulier en
été.
Vers 1965, ayant de plus en plus de
difficultés à suivre les
émissions télévisées, alors
que la télévision devenait un moyen de
communication important, tant comme vecteur d'information que de
divertissement, son fils ainé d'abord, puis
moi-même lui avons "bricolé"
différents dispositifs
branchés sur la sortie son du
téléviseur et permettant, par induction,
d'exciter la self du boîtier auditif. Les meilleures bobines,
sur le
plan de l'efficacité, étaient des "cadres" de
réception des postes de
radio.
Dans les années 1975 à 1978, il a
subi deux interventions
chirurgicales des deux oreilles consistant en un remplacement de
l'étrier par des petits vaisseaux
prélevés sur ses mains ... une
merveille supplémentaire de la médecine.
Malheureusement, les opérations ayant
été réalisées un peu
tardivement,
il a seulement récupéré
quelques
décibels mais toutefois stabilisé mon oreille
gauche contrairement à la droite pour laquelle ce fut sans
grand résultat.
Toutefois, grâce à
celles-ci et à des traitements d'entretien des nerfs
auditifs, il a pu jusqu'à la fin, communiquer avec les gens
qui l'entouraient.
Il disait donc "J'ai usé" SIX
appareils "type
boîtier" ........ et il ne
parlait pas du nombre d'embouts nécessaires; car, l' oreille
ne met pas
beaucoup de temps à "s'agrandir" et à laisser
passer un léger filet
d'air, donc d'ondes sonores, retournant au micro de l'appareil et
provocant l'effet "Larsen" extrêmement gênant pour
l'utilisateur mais
aussi pour les autres personnes présentes !
Puis, d'autres modèles plus performants et
plus légers ont
fait leur apparition, il s'agissait de modèles du type "tour
d'oreille", analogiques d'abord, il en a eu DEUX,
puis UN
numérique (son avant-dernier, ci-contre ). Ce dernier
modèle permettait une
reproduction des sons plus fidèle et moins
perturbée par le Larsen ...
qui existe malheureusement quand-même.
La dernière invention qui fut une
cure de jouvence
pour son oreille et donc pour lui fut le micro directionnel. En plus ou
à la
place du
micro intégré au tour d'oreille, un micro
extérieur, qu'il pouvait d'ailleurs poser quelque part ou
confier à une tierce personne ( conférence,
discours, office... ) ou encore
mettre à proximité de la
télévision ou du téléphone
.... et surtout
régler en fonction de l'utilisation. En effet, trois
positions étaient
possibles pour régler le "champ" directionnel
(large :
omnidirectionnel; plus étroit : afin de canaliser dans une
conversation à
plusieurs; très directionnel : pour cibler sur une
personne). Il ne cessait de vanter les mérites des
techniciens, même si, surtout à
l'époque ces appareils coutainet une fortune et celle de
Papy-Louis était limitée...
Si son affection avait été moins
prononcée, il aurait pu opter
pour des modèles discrets qui sont entièrement
placés dans le pavillon,
voire dans le conduit auditif. Mais il faut comprendre que plus
l'appareil est petit, plus la proximité entre le micro et la
sortie
amplifiée est grande avec les effets "Larsen" qui s'en
trouvent
augmentés, ce qui ne permet pas une amplification aussi
importante que
celle dont il disposait.
En conclusion, si porter ces prothèses est
contraignant, il était très content de
pouvoir
bénéficier de ces progrès qui lui
permettaient de mener une vie quasi normale. Que de chemin parcouru
depuis le cornet auditif de son oncle (première vignette -
en haut à
gauche - et son premier "sonotone" des années 1930
alimenté par une
pile accrochée à la ceinture ...
Une seule ombre à ce tableau : il
avait pourtant
cotisé pendant sa
longue carrière à toutes les assurances sociales
mais ces
nombreux achats de prothèses ont été
financés, par obligation et en
grande partie, par ses propres deniers .
En écrivant le brouillon de ce texte, il
tenait à dire "Merci encore à tous ceux qui ont
contribué à ces avancées
médicales et techniques ainsi qu'aux
audioprothésistes; en particulier,
monsieur C de la rue l'Alsace à Angers qui est toujours
'à l'écoute' et
à mes fils qui n'ont cessé de chercher
à améliorer l'ouie de Papy Louis'
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