Jusque dans les années
60, il était construit en terre tamisée et
battue. Une terre
très
fine qui provenait d'une carrière de
Guédéniau, près de Bauge (Cf. carte).
Bernard
Loppe
était l'un de ces "faiseurs de jeu".
"Pour
un seul jeu, il fallait 12 m3 de terre. Pendant une quinzaine de jours,
elle devait
être
brassée sans cesse à la pelle pour qu'elle
sèche. Avant qu'elle ne soit prête à
l'emploi,
il
fallait encore briser les mottes, la passer au crible. A l'ensemble, il
fallait ensuite
donner
la forme, arroser et rouler... et attendre que la terre soit bien ferme
pour la livrer
aux
joueurs".
Les
terrains étaient également tous en plein air.
Forcément exposés aux intempéries qui
les
dégradaient rapidement, les jeux sont désormais
tous couverts. Sur 300 sociétés en Maine-et-Loire,
il en reste cinq à ciel ouvert et sept ou huit en terre
battue.
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Les joueurs se sont donc
enfermés. Il y a bien sûr un avantage : on peut
jouer en toute
saison
! Mais nous allons le voir, cela a sûrement
contribué à rendre cette activité plus
secrète.
En tout cas, à voir les bâtiments actuels qui
abritent les jeux, qui peut se douter
qu'il existe de tels
lieux d'agrément. Emile Joulain, poète patoisant
de l'Anjou, décrit ces
bâtiments
dans son livre sur la boule :
"L'architecture des temples
consacrés à cette divinité
païenne, la boule de fort angevine,
est classiquement
élémentaire : une longue maison basse, que les
invités identifient de
loin mais qui laisse
les touristes rêveusement perplexes; des fenêtres
"à tout touche" qui
l'été,
font du jeu une serre et l'hiver, une glacière ; au bout,
une salle, "la chambre",
chauffée
par une cheminée ou un poêle, pour les
réunions, la buvette et les parties de
carte ; un petit
grenier surmontant la chambre mais, au-dessus du jeu, seul le bois de la
charpente et
l'ardoise du toit".
Aujourd'hui, comme les boules, les
jeux sont en plastique aggloméré. Cette structure
a renforcé
une règle : "interdit d'aller en chaussures sur la piste".
Ces nouveaux jeux sont aussi
plus courts. Ils mesurent entre 21,50 m et 24 m. Les bords
longitudinaux, les pentes,
sont
relevés selon un gabarit. Seuls quelques constructeurs ont
le secret de cette
opération.
Ils sont trois en Maine-et-Loire : M.M Margas, Desonnay et Loiseau (Cf. annexes). Des secrets, il en
demeure bien d'autres, à commencer par l'origine exacte du
jeu.
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