Certains disent que la boule de fort viendrait des Plantagenêt et que les Anglais l'auraient introduite en venant chercher leur vin dans la région. Actuellement, en Angleterre, on joue dans certains endroits à la boule mais avec une boule non ferrée et sur un terrain en gazon bombé au lieu d'être creusé. 

C'est le cas aussi en Australie. Mais pour les Angevins, les Anglais se sont inspirés du jeu local. 

On retrouve la boule sur la frontière franco-belge. Elle n'est pas ferrée non plus. En revanche, la piste est incurvée même si elle est moins large. 

Et récemment, un Angevin a découvert un jeu de boule presque identique à Florence, en Italie. L'origine du jeu reste donc obscure.

Jeu ouvert ou fermé ? :

En Maine-et-Loire, les premiers jeux fabriqués remontent aux alentours de 1730 et des étudiants lillois ont retrouvé des écrits de 1532 où l'on parle de pratique de la boule de fort.

En Anjou, où la Loire alimente souvent les légendes, on dit aussi que des mariniers auraient inventé le jeu en jouant à la boule dans le fond de leur bateau. "On oublie que les bateaux de Loire anciens sont plus courts que les jeux, écrit Jean-Luc Marais*, que le fond est traversé par les membrures de la coque. D'ailleurs, on comprend mal pourquoi, alors que les mariniers circulent de Nantes à Orléans et même au-delà, le jeu ne se serait répandu qu'en Anjou et en Touraine."

D'autres historiens locaux font référence aux prisonniers espagnols, de Louis XV, qui étaient employés à la construction des digues de la Loire entre 1715 et 1719. Ils utilisaient, dit-on, dans des tranchées incurvées, ces grosses billes de bois de gaïac qui composaient les roulements des moulins à vent. L'usure inégale de ces roulements expliquerait le côté "fort" et le côté "faible".

Personne n'en sait vraiment rien...

Une chose est sûre : Mazé, situé tout près de la Loire, est le berceau de la boule de fort en Anjou.

Ce gros bourg de 2500 habitants abrita autrefois jusqu'à 3l sociétés. Il en existait près de 1000 au début du siècle dans tout le département. Et pourquoi autant ?  

La raison est historique pour Jean-Luc Gaillard, ancien instituteur et premier vice-président de la fédération de boule de l'Ouest. Sous le second Empire (1850-1870), la période où une majorité de sociétés se sont créées. Napoléon III qui craignait les conspirations, avait édicté une loi qui interdisait les rassemblements publics dépassant dix personnes. Les Angevins ont donc trouvé le moyen de détourner cette loi en créant les sociétés.

Le 2 juin 1907, la Fédération des joueurs de boule de fort de l'Ouest est fondée. En 1908, 64 sociétés y ont adhéré ; 220 en 1933.  

Un prospectus récent recense 384 sociétés comptant 49 sections, dont 300 en Maine-et-Loire, 40 en Sarthe, autant en Touraine, trois en Loire-Atlantique et une en Mayenne. Cela représente 40 000 pratiquants, répartis entre Tours et St-Nazaire, en suivant la Loire.

*Les Sociétés d'hommes