Son carnet (3 pages et mourir 2/3 ) : /
Deuxième
page du carnet rapporté à ma mère
après son décès :
"Du 9 septembre au 15, on a entendu le canon du matin au soir et même la nuit mais le 14 septembre, le canon allemmand a donné sur nous une quinzaine de coups dont trois nous ont fait replier. Ils sont tombés entre 30 et 60 mètres de nous.Du 14 au 19, 3 nuits au bivouac, 2 nuits de garde, aux Petites Loges et le 20 au matin, on a fait la cuisine dans une maison défoncée par le canon à Prosnes, en attendant notre position. |
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Le soir, on a commencé à rentrer dans les tranchées. Nous sommes commes les ours, on ne voyage que la nuit pour prendre les positions. Le 22 septembre au 23, nuit claire et froide, journée belle, soleil chaud, toujours dans les trous. La nuit du 24, fait tranchées, près des pruscôts. Le matin, gelés, rentrés au bivouac une heure avant le jour et ordre de prendre position vers 7 heures." |
Le
9, au matin,
violente canonnade ;
le
régiment est
engagé cote 166 (N. de
FÈRE-CHAMPENOISE) et bientôt le combat devient
très meurtrier. L’artillerie
ennemie se démasque subitement, prenant nos mitrailleuses
d’enfilade, elle les
contraint à se replier malgré une
héroïque résistance. Le
lieutenant-colonel
GRAUX et son adjoint le capitaine PONS sont blessés et faits
prisonniers. Le
colonel GRAUX parvint à regagner nos lignes la nuit
suivante, le capitaine PONS
était mort quelques heures après sa blessure.
Tous les chefs de bataillon sont
tués ou blessés, c’est le capitaine
SANCERET qui commande le régiment. Les
hommes sans ravitaillement depuis 2 jours, sans eau, sont
exténués. Le 10, la
marche reprend vers FÈRE-CHAMPENOISE, sous le commandement
du commandant
DELETOILE, qui rentre de convalescence. L’ennemi a
laissé de nombreux cadavres
sur le terrain. On retrouve les corps des commandants NOBLET et PONS
qui sont
inhumés à FÈRE-CHAMPENOISE. Nous
retraversons
Le
12 nous atteignons les GRANDES-LOGES, où les puits sont
contaminés ; le
13, nous ramassons quelques traînards ennemis à
MOURMELON-LE-PETIT. Le quart du
régiment traverse
PROSNES
et reprend le contact avec l’ennemi qui tient les
hauteurs de MORONVILLIERS. Malgré de violents feux
d’artillerie et de
mousqueterie nous
conservons le village de PROSNES. Le
commandant DELETOILE est
blessé, le capitaine ABBADIE prend le commandement du
régiment.
C’est le
commencement de la période de stabilisation et de
l’interminable guerre de
tranchées, qui convient mal
à notre caractère audacieux, mais à
laquelle nous
sommes obligés de nous plier, jusqu’au jour
où nos moyens d’attaque deviendront
supérieurs aux moyens de défense de
l’ennemi.